Je ne sais pas si j'ai été traumatisé dans mon enfance par la grandeur de Goldorak ou si j'ai refoulé un amour secret pour Candy, toujours est-il que je n'aime pas les Mangas.
Vous savez, les mangas, ces BDs ou dessins animés japonais dans lesquels les personnages ont des yeux comme ça: 
et des bouches comme ça: 
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Ben j'aime pas...
Mais récemment une oeuvre a beaucoup fait parler d'elle dans la presse BD. Cette même oeuvre a obtenu le prix du meilleur scénario au festival international de la BD d'Angoulème. Il s'agit de Quartier Lointain.
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Le problème ? L'auteur, Jirô Taniguchi est un véritable Mangaka, un dessinateur de Mangas.
Forcément, cela me refroidissait un peu. Mais je me suis dit que je ne pouvais pas mourir idiot et que je devais essayer.
Et bien ils n'avaient pas tort ces gens d'Angoulème !
Ce diptyque est sublime !
Le dessin de Taniguchi est magnifique, tout en légèreté. Même s'il est fidèle au "style" manga, il n'a en pas cet excès que je lui ai toujours reproché (dans les expressions, par exemple).
L'Alph-Art du meilleur scénario est pour le moins amplement mérité. Sans dévoiler complètement l'intrigue voici un bref résumé:
Hiroshi Nakahara est un employé japonais de classe moyenne. Marié et père, il mène une vie ordinaire, sans trop de passion. Un jour, en rentrant chez lui il se trompe de train et se retrouve par hasard dans la ville de son enfance. C'est en se rendant sur la tombe de sa mère que se produit une sorte de miracle, il se retrouve projeté dans le passé dans son corps d'adolescent. Il doit donc faire cohabiter un esprit de quarante ans avec ce passé qu'il avait peut-être un peu trop oublié. Et retrouver une famille qu'il avait trop vite perdue.
Le voici revenu dans le quartier de son enfance, un quartier si lointain...
Un tel retour dans le temps mène forcément à la question maintes fois posée: peut-on influencer son destin ?
Mais heureusement l'auteur aborde ce sujet de manière inhabituelle en se demandant si l'on serait prêt à sacrifier son présent en modifiant le passé.
Taniguchi s'interroge aussi sur cette fraîcheur propre à l'adolescence et que nous avons malheureusement trop tendance à perdre en prenant de l'âge. Mais malgré cette insouciance et cette légèreté retrouvées, Hiroshi ne peut oublier qu'il a une vie et une famille qui l'attendent dans le présent. L'auteur parvient magnifiquement bien à mêler ces deux sentiments et à nous en faire prendre conscience.
Ce qui me plaît c'est cette sobriété, tant dans le dessin que dans les textes. Sobriété également dans la manière d'aborder un sujet qui donne lieu normalement à une grande débauche d'effets dramatiques et de paradoxes plus saugrenus les uns que les autres.
Taniguchi ne s'intéresse pas tant à la situation qu'au personnage, à ce qu'il ressent, ce qu'il vit. Son histoire est forcément touchante et le lecteur ne peut que s'identifier et se poser la question: "Et si ça m'arrivait ?".
Et nul doute que vous allez vous aussi poser ce livre, fermer les yeux et vous remémorer cette époque merveilleuse de l'adolescence...avec peut-être un petit pincement au coeur.