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Vivre

Voilà c'est mon tour.

Et je ne sais pas quoi raconter.

Pourtant, il s'en est passé des choses depuis un mois. Mais je n'y arrive pas.

Je suis mal.

J'ai envie de hurler un énorme "P.....", un encore plus gros "F...".

Qu'est-ce qui se passe ?

Oui, je comprends. Je lis. Je vois. J'attends.

Pourtant c'est à n'y rien comprendre.

La Belgique c'est mon pays: je suis né à Uccle d'une mère wallonne et d'un père flamand. On ne peut pas faire plus Belge.

Et la France m'a adopté. J'y habite depuis 26ans. Mon épouse est françaises. Et mes deux filles ont la double nationalité.

Et aujourd'hui j'ai mal pour ces deux parties de moi.

Je me considère autant Belge que Français et vice-versa.

Vendredi soir j'étais à New-York en vacances lorsque j'ai reçu ce sms d'un collègue :" Charles reste à New-York, il y a plein d'attentats à Paris".

Tout s'est arrêté : l'appétit, le plaisir d'être là.

Nous avons passé la soirée à chercher l'information, rencontré un autre français à l'hôtel, contacté tout le monde pour commencer à arrêter d'avoir peur.

La Bataclan, j'y vais quasiment une fois par an.

Pour ma part, aucune personne n'a été touchée par ces attentats. En revanche pour des amis d'amis...

Mes parents vivent en Belgique.

Certains Cukiens vivent en Belgique.

Tous les matins je me lève et je vérifie ce qui s'est passé ou ce qui se passe.

Et chaque jour qui passe en continuant à vivre c'est comme brandir un énorme doigt.

Et l'un des plus beaux doigts c'est celui-là.

Merci à tous pour votre soutien.

 

Lettre de M. HAZANAVICIUS.

"Donc ça y est, c’est officiel, vous êtes en guerre contre nous. Ce qui est frustrant, c’est que vous n’avez ni uniforme ni signe distinctif, on ne sait pas vous reconnaître, et nous n’avons donc personne contre qui se battre.

Frustration qui j’espère n’entraînera pas la désignation de faux coupables.

Pourtant même si chaque mort représente sans doute pour vous une victoire, il faut que vous sachiez que vous n’êtes pas prêts de gagner. A dire vrai c’est même impossible.

Parce que quoi que vous fassiez, vous ne nous changerez pas.

Ici, en France, nous ce qu’on aime, c’est la vie. Et tous les plaisirs qui vont avec. Pour nous, entre naître et mourir le plus tard possible, l’idée est principalement de baiser, rire, manger, jouer, baiser, boire, lire, faire la sieste, baiser, discuter, manger, argumenter, peindre, baiser, se promener, jardiner, lire, baiser, offrir, s’engueuler, dormir, regarder des films, se gratter les couilles, péter pour faire rire les copains, mais surtout baiser, et éventuellement se taper une joyeuse petite branlette. On est le pays du plaisir, plus que de la morale. Ici un jour, il y aura peut être une place Monica Lewinsky, et ça nous fera rire. Personne ne l’a jugée, ici.

Alors dans la baise, c’est vrai que nous en France, on fait des trucs avec lesquels vous avez du mal. On aime bien lécher le sexe des femmes. Pas tous, sûrement, mais beaucoup d’entre nous. Et les fesses et le cul, aussi. Là aussi, pas tous, mais bon. Et les femmes aiment bien faire des fellations. On appelle ça des pipes. C’est très agréable. Bien sûr là aussi, toutes les filles n’aiment pas ça, et on ne force personne, mais ça se fait. Régulièrement. Et avec beaucoup de plaisir. Et puis il y a des garçons qui aiment bien ça, aussi. Se faire des fellations ou se lècher ou se pénetrer entre eux. Et les filles pareil. En fait, ici, ce qu’on aime, c’est faire ce qu’on veut. On essaye de pas gêner les autres, c’est le principe, mais on n’aime pas trop qu’on nous dise trop fort ce qu’on doit faire ou ce qu’on ne doit pas faire. Ça s’appelle la Liberté. Retenez bien ce mot, parce qu’au fond, c’est ça que vous n’aimez pas chez nous. Ce n’est ni les Français, ni les caricaturistes, ni les Juifs, ni les clients de café ni les amateurs de rock ou de foot, c’est la Liberté.

La deuxième chose, c’est qu’en tuant comme ça, à l’aveugle, avec un objectif uniquement comptable, vous prenez le risque de tuer des français de plus en plus représentatifs de la France. A la limite en ne tuant que des juifs, ou que des dessinateurs, les non juifs qui ne savent pas dessiner pouvaient toujours vous trouver des excuses ou se sentir étrangers à cette guerre, mais là ça va être de plus en plus dur.

Parce qu’en atteignant un échantillon représentatif de la France, vous allez toucher à ce que nous sommes vraiment. Et qui sommes nous, vraiment? Et bien c’est justement ce qui est beau ici, c’est que nous sommes plein de trucs. Bien sûr il y a quelques Français français français. Mais il y a des Français italiens, des Français espagnols, des Français arabes, des Français polonais, des Français chinois, des Français rwandais, des Français sénégalais, des Français algériens, berbères, ukrainiens, géorgiens, américains, belges, portugais, tunisiens, marocains, tchétchènes, ivoiriens, maliens, syriens, des Français catholiques, des Français juifs, des Français musulmans, des Français taoïstes, des Français bouddhistes, des Français athées, des Français agnostiques, des Français anticléricaux, des Français de gauche, des Français de droite, des Français du centre, des Français abstentionnistes, des Français d’extrême gauche, d’extrême droite, il y a même sans doute des Français djihadistes et même des Français futurs terroristes que vous risquez de tuer. Il y a des Français riches, des Français pauvres, des Français sympas, des Français gros cons, des Français amoureux, des Français égoïstes, des Français misanthropes.

La liste pourrait s’étendre presque à l’infini, avec toutes les combinaisons et tous les sous groupes possibles. Il y a même des Français non français, parce que la France étant si belle, il y a toujours et constamment une partie de notre population qui est les touristes. Sans compter les clandestins, qui ne sont peut être pas officiellement français, mais quand même ils vivent là, donc vous pouvez les tuer comme tout le monde.

Ça, ça s’appelle l’égalité. Face à la mort, vous pouvez toujours cibler ce que vous voulez, vous nous toucherez tous. Et on va comprendre, nous, ce à quoi vous vous attaquez. Nos valeurs. Simples. Celles qui font que la vie ici ressemble à ce qu’elle est. Imparfaite certes, avec son lot d’injustices c’est vrai, mais ce sont ces valeurs qui font que nous vivons dici de manière aussi digne que possible. Ce pays dans lequel nos pères, et les pères de nos pères et leurs pères avant eux ont choisi de vivre, et pour lequel beaucoup d’entre eux se sont battus.

Et ce qui va arriver, à un moment ou un autre, c’est que nous allons être solidaires, grâce à vous. Nous allons comprendre que ces valeurs sont en danger. Et nous allons les aimer et les faire vivre encore plus fort. Ensemble. Ça ça s’appelle la fraternité.

C’est pour ça que vous ne pourrez pas gagner. Vous allez faire des morts, oui. Mais aux yeux de l’Histoire, vous ne serez que les symptomes abjects d’une idéologie malade.

Bien sûr nous ne gagnerons pas non plus. Des gens vont mourir, pour rien. D’autres vont décider de s’en remettre à des Le Pen, des Assad ou des Poutine pour se débarasser de vous, et nous allons peut être doublement perdre.

Mais vous ne gagnerez pas.

Et ceux qui resteront continueront de baiser, de boire, de dîner ensemble, de se souvenir de ceux qui seront morts, et de baiser."

16 commentaires
1)
Lebarron
, le 24.11.2015 à 02:06

La réaction de la jeunesse me rassure.

2)
ysengrain
, le 24.11.2015 à 08:26

La réaction de la jeunesse me rassure.

Sans doute que cette réaction est appropriée, salutaire et rassurante.
Je suis beaucoup moins rassuré par celles de nos politiques de quelque bord qu’ils soient.
Avant d’aller plus loin, on ne trouvera dans aucun de mes propos une quelconque approbation de l’action de ces gens qui sèment la violence la plus extrême: en clair, je les exècre.

Nos politiques donc, au premier rang le Président de la République.
Dans le discours du 13, peu de temps après les actes criminels, il a dit
– « c’est une horreur »
– « J’ai pris la décision de fermer les frontières »

Le 14 Novembre, dans son discours au lendemain des attentats, il a qualifié les attentats « d’actes de guerre ».

Je commenterai « c’est une horreur » en même temps que les actes de guerre.

Jamais, pas un instant, les frontières ont été fermées. On sait d’ailleurs que Salah Abdesalam a passé la frontière à 3h du matin près de Cambrai.

C’est une horreur et acte de guerre.

Monsieur le Président, s’il vous plait, que fait l’aviation française – loin de moi l’idée de discuter le bien/mal fondé de ces actions – depuis des semaines dans les ciels syrien et irakien ?
Réponse: des bombardements.
Et un bombardement, c’est toujours la guerre que les objectifs soient
– militaires (et civils innocents),
– le feu avec les Canadair (appelés « bombardiers d’eau »)
La guerre génère pour les populations un sentiment d’horreur, et il me parait totalement implicite que ces mêmes populations perçoivent aussi ces bombardements comme des actes de guerre.

Monsieur le Président, j’aurais aimé vous entendre aussi, après la compassion , que le monde est … que nous faisons la guerre à ces voyous et qu’il y a évidemment des représailles … guerrières de leur part.

3)
M.G.
, le 24.11.2015 à 09:29

La réaction de la jeunesse me rassure.

J’éprouve la même impression. Ça bouge. Pourtant, cela ne semble pas régler la compréhension des causes du phénomène en amont… Ce n’est pas avec de bons sentiments que l’on règlera le problème !

4)
cvanquick
, le 24.11.2015 à 09:42

La « jeunesse ». Je vous remercie.
Et oui les bons sentiments ne règleront pas les problèmes qui sont présents depuis plusieurs décennies.
Mais Vivre est sûrement le point de départ de tout.
Et chacun doit réagir avec ses moyens.

J’ai décidé de vivre, de discuter, d’essayer d’expliquer aux gens les multiples raisons du problème actuelle et de conjurer le sort.

Oui j’ai peur et dire l’inverse serait un non-sens mais cela ne m’empêchera pas de vivre au contraire.

5)
nic
, le 24.11.2015 à 10:04

Merci cvanquick!
Je me permets de citer la source de la lettre ouverte

6)
lvme
, le 24.11.2015 à 11:09

Bien entendu, enquis de tout cœur avec les familles des victimes.

Mais j’avoue aussi ma fatigue face au déferlement médiatique qui entourent nos réactions, et ce texte en est une illustration qui m’attriste.

Pourquoi faut-il nous justifier face à ces actes barbares ? Pourquoi 150 lignes pour dire que l’on n’a pas peur ? Pourquoi insister sur l’amour de la vie ?

Tout cela est normal et ne doit, à mon sens, pas être avancé comme argument de résistance, c’est un peu ridicule et montre que l’on adopte qu’une simple stratégie de défense sans vraiment être offensif.

Et je me dis qu’ils doivent bien rigoler les terroristes. Avec un minimum de moyens on arrive juste à les faire pleurer ces fils de croisés, c’est tout, ils n’ont pas d’autre moteur du vivre ensemble que celui de la simple justification du quotidien.

En ce sens, je préfère de loin les réactions de nos amis belges (les chats) et surtout celle des musulmans anglais qui répondent avec beaucoup d’ironie sur Twitter au sondage farfelue du Sun. Pour une fois qu’un réseau sociétal engendre quelque chose de positif qui fait avancer la réflexion, j’adhère complètement.

Voilà deux réactions qui me semble plus saines et appropriés à la situation, mais je peux bien entendu me tromper

7)
lvme
, le 24.11.2015 à 11:34

http://m.lalibre.be/debats/edito/c-est-pas-moi-c-est-lui-le-jeu-dangereux-de-la-presse-francaise-565353fb3570ca6ff9201879?origin=www#.VlQdbFkksuE.twitter

Vive la Belgique libre…. j’aime l’esprit de cet édito, et j’adhère complètement à son dernier paragraphe, comme maître Eolas (lien piqué sur son Twitter).

Pour éviter la psychose ambiante et cette quasi obligation de justifier notre « art de vivre », je propose de revenir au régime médiatique des années 80 sur Ard. 15 minutes de Tageschau, et c’est tout, pas de lobotomisation à outrance, in quart d’heure d’actualité au maximum par jour. Et dans ce quart d’heure, il y a ira tout hein, y compris les bonnes nouvelles, tout comme Pierre Bonte

8)
lvme
, le 25.11.2015 à 07:48

Pas de discussion ou de contradiction.
Dommage

9)
François Cuneo
, le 25.11.2015 à 09:20

Difficile de débattre…

Difficile de contredire.

10)
M.G.
, le 25.11.2015 à 10:07

Pas de discussion ou de contradiction.
Dommage

Dommage, en effet. Mais François a répondu : c’est difficile, d’autant que « Ne pas stigmatiser » et « Pas d’amalgame » reviennent en boucle sur les médias français après seulement quelques heures de silence gêné face à l’horreur des massacres de Paris. Dire la vérité, tout simplement, n’est toujours pas politiquement correct. Le piège se referme. Le réveil sera très dur. Mais puisque personne ne veut entendre la vérité, que ni débat ni contradiction ne sont possibles, je préfère me taire.

11)
ZITOO
, le 25.11.2015 à 11:30

Pas d’accord.
Je vous suggère de regarder chaque jours de la semaine l’émission TV de Yves Calvi sur la 5 à 17h45/19h. Rediffusion en soirée le même jour.
Excellents débats contradicteurs.
Oui c’est possible de débattre et l’on ne tourne pas autour du pot pour nommer les choses, au contraire faut pas se taire, faut vivre, mais faire attention.

Un parisien bien triste.

12)
ZITOO
, le 25.11.2015 à 11:36

L’émission TV est « C dans l’air ».
Lire débat contradictoire et non contradicteur.

Avec mes excuses pour ce correctif.

13)
guru
, le 25.11.2015 à 12:38

Le samedi 14 je rentrais d’Italie vers la Belgique. J’ai donc passé les frontières entre Bâle et Mulhouse (seuls les douanier suisses étaient présents) et entre la France et le Luxembourg (personne en vue)… Simple constat.

Au delà des considérations, très mal informées d’ailleurs, développées dans l’éditorial du Monde (lundi 24/11) qui fut très mal perçu en Belgique, il reste les chats (voir ici)

Si on peut ne pas être d’accord avec la manière dont le gouvernement belge traite la situation – mais qui connaît exactement la marche à suivre en l’occurrence – il faut noter la zenitude prudente de la population et espérer que l’avenir ne nous réservera plus de mauvaises surprises.

Quant à l’amalgame… (voir ici)

Bonjour de Bruxelles !

14)
ToTheEnd
, le 25.11.2015 à 19:39

Je vous suggère de regarder chaque jours de la semaine l’émission TV de Yves Calvi sur la 5 à 17h45/19h. Rediffusion en soirée le même jour.
Excellents débats contradicteurs.

Les goûts et les couleurs… pour moi c’est la pire émission du paf.

T

15)
ToTheEnd
, le 25.11.2015 à 20:36

J’ai du chercher mais voilà, j’ai retrouvé cette citation de 2008:

lilou à dit: Mon cher to the end Imagine que deux avions s’écrasent sur la tour Eiffel et sur Versailles, nous serions en guerre. CQFD

Et Okazou lui répond: Où et contre qui ? Nous irions semer la mort contre quel peuple ? Nos militaires violeraient des femmes de quel pays ? Quels enfants choisirions-nous de mutiler ? Nos bombes déchireraient quelles chairs ?
CQFD : Ce Qu’il Faut Dénoncer.

Voyant que l’assemblée nationale vient de valider la prolongation des frappes en Syrie et que tous les médias se font les porte-paroles de l’armée et de ses déclarations y compris quand son chef des armées dit « que la France est en guerre », j’aimerais quand même rappeler que le monde n’est pas plus dangereux depuis que les tours de New York sont tombées mais depuis que les USA ont amené la liberté en Iraq et ailleurs.

Dans les jours et semaines qui viennent, la France va donc continuer de bombarder des sites et au bout d’un moment, il n’y aura plus de site clairement identifier… que se passera-t-il? La France n’enverra pas de troupes au sol, trop peureux qu’il y ait un mort ou deux dans les rangs de son armée. La France optera pour des frappes via des drones?

Pour le moment, La France ne réagit pas mieux que les USA… voyons comment ça va évoluer dans les prochains mois.

T

16)
M.G.
, le 26.11.2015 à 01:24

Pour le moment, La France ne réagit pas mieux que les USA… voyons comment ça va évoluer dans les prochains mois.

Oui, oui… Voyons donc comment la France va s’en sortir. Je me garderai bien de prendre un quelconque pari sur ce coup-là…