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Le Sigma DP1 Quattro, plaisir de la «slow photo»

Voici un appareil étrange : il ne filme pas, n’a pas de zoom, pas de port hdmi, pas de flash intégré, pas de viseur, pas de stabilisateur, pas de 100’000 iso, pas de GPS ni Wi-fi, ni écran tactile… Il fait cependant des photos, et la qualité est au rendez-vous !

Personellement, j’adore son design très original, et son ergonomie assez agréable. Trop gros pour aller dans une poche, mais quand on le tient en mains, son poids et sa construction tout métal en font un appareil très stable lors de la prise de vues.

Et de la stabilité, il vaut mieux en avoir vu les risques de bougé, 800 iso étant difficilement dépassable en haute sensibilité - et encore - en RAW exclusivement ! En termes clairs, la photo de nuit à main levée, vaut mieux oublier!

Seul défaut de conception, d’après moi : le bouton de marche/arrêt de type poussoir, beaucoup trop sensible. Compte tenu de la faible autonomie de batterie, c’est un problème.  Heureusement, l’appareil est livré avec deux accus…

Les menus sont très simples et classés par couleurs, il y manque une section «menu personnalisé» mais vu le peu d’options disponibles, ce n’est pas bien grave.

On a entendu toutes sorte de critiques sur ce design biscornu, fait pour des mains d’extra-terrestres, mais moi, j’aime bien. Compact mais pas trop, assez lourd et stable. Par contre, les photos à la volée d’une seule main, c'est un peu limite!

Il n’y a qu’une seule trappe: lecteur de cartes SD et port USB. Les cartes Eye-fi sont reconnues. L’insertion de la carte (côté gauche) exige des doigts de fée.

L’intérêt d’un Sigma réside essentiellement dans la technologie Foveon du capteur format APS: un système à 3 couches (rouge, vert, bleu), qui donne des résultats assez proche du film dia, avec des couleurs très saturées. L’avantage, c’est que la couleur est décomposée par le passage successif des photosites RVB superposés, et non recomposée par les pixels adjacents comme sur les matrices de Bayer. Ce qui est censé générer moins d’aberrations chromatiques et de bordures colorées, ainsi qu’un meilleur modelé.

Et surtout : pas de filtre passe-bas ! inutile vu la disposition irrégulière des pixels. Résultat: un piqué remarquable, pour autant qu'on ne dépasse pas 400 iso, et en RAW.

Le gros défaut par contre, est un manque de sensibilité qui se traduit vite par du bruit. La cause : l’épaisseur du capteur avec ses 3 couches qui font que la lumière le traverse difficilement pour arriver à la dernière «couche» du rouge.

Voici d’ailleurs un schéma pour comprendre le principe, basé sur la transparence du silicium :

Foveon_Quattro

C’est donc un capteur 30Mpx, mais Il faut bien comprendre que l’image est «aplatie» par le logiciel de traitement d’image, et que la résolution finale est de 20Mpx, avec néanmoins une très bonne restitution des détails et peu d’accentuation. Mon imprimante ne dépasse pas A3+, mais je peux voir que le rendu est excellent.

Il y a aussi un mode Super High (40 Mpx) mais ce n’est pas mieux qu’une interpolation dans Photoshop.

Le Sigma Quattro existe en 4 versions : DP0 (objectif équivalent 21mm), DP1 (équivalent 28mm), DP2 (équivalent 45mm) et DP3 (équivalent 75mm). Un complément optique est disponible pour le DP3 afin d'obtenir un équivalent 90mm.

Donc 4 appareils pour une gamme d’objectifs non-interchangeables : à environ Fr 1000.– l’unité, ça fait cher ! Au moins une consolation : pas de poussières sur le capteur !

La version 21mm m’aurait bien tenté, mais l’objectif énorme le rend difficilement transportable, en plus l’ouverture à f/4 est assez restrictive. Le DP1 est beaucoup plus polyvalent, et l’ouverture de f/2,8 permet un peu de compenser l’absence de hautes sensibiliés. J’ai essayé : le maximum (6400 iso) est un désastre, une sorte de tableau pointilliste avec des couleurs délavées. Même en format RAW, impossible de rattraper un truc pareil avec le logiciel Sigma Photopro, et bien entendu le format Sigma X3F n’est pas reconnu par Adobe Camera Raw ! Les 1600 iso sont vraiment un grand maximum, à condition de passer en noir/blanc… Les 800 iso sont tout juste acceptables en couleurs.

À propos, le mode noir/blanc donne des bons résultats, même si je préfère le mélangeur de couches de Photoshop.

Le mieux avec cet appareil, c’est la photo de paysage, pour autant qu’on ait pas un soleil violent dans le dos, car l’écran de visée n’est pas très lumineux et sa surface est brillante. Hélas le viseur optique est en option… Il s’attache à la griffe flash, est hors de prix, et ne transmet aucune information ! Il existe en option un viseur/loupe adaptable sur l’écran, à un prix plus raisonnable, mais alors l’appareil devient quasiment intransportable vu la taille, et on perd tout l’avantage d’un compact…

Le seul accessoire que j’ai acheté, vraiment indispensable : un tout petit flash.

Comme j’aime les images saturées, je l’ai tout de suite réglé sur le mode «Vivid» : magnifiques couleurs, mais vraiment assez peu réalistes… Alors le mieux c’est de le mettre en mode «paysage».

À noter également que l’autofocus est assez lent, et les 9 collimateurs doivent être sélectionnés un à un, il n’y a pas de sélection multiple automatique sur le premier plan. Donc pas question de photo à la volée avec cet appareil, même s’il y a un mode «suivi autofocus» et une motorisation que je n’ai pas testé… Il faut s’y faire, c’est un appareil lent : la vitesse maxi est le 2000e de seconde. Point agréable, le déclencheur est totalement silencieux, si on coupe le son.

Je n’avais vraiment pas l’habitude de photographier avec un compact, et je m’aperçois que c’est très agréable de pouvoir passer l’appareil à travers une clôture, chose difficile avec un reflex muni d’un zoom diamètre 77mm !

Les menus sont simples et très lisibles, avec une navigation par «pad» ou molettes, au choix. Comme dans la plupart des numériques, il y a trois modes de réglages paramétrables (C1, C2, C3). À noter aussi un mode interne de développement RAW, bien pratique puisque l’Ipad ne reconnaît pas le format d’image Sigma. Mais qui délivre une qualité inférieure au logiciel Sigma Photopro lors du développement : donc vivement une mise à jour du firmware !

De plus, hélas, DXO ne reconnaît pas cet appareil .

Moi, un truc simple et basique comme ce Sigma, ça me plaît bien ; ça me change de mon Canon 6D bourré de gadgets que je n’utiliserai jamais, comme le GPS ou la vidéo HD… Et puis j’aime son côté robuste : plus à mon avis que les optiques Sigma que j’ai possédées. Très bonne qualité optique mais fragiles.

Le reflex Sigma SD1 Merrill m’a intéressé un moment, pour remplacer mon regretté Canon eos 50d, mais son prix, et surtout cette catastrophique gestion des basses lumières m’ont dissuadé. Ce qu’on ne peux pas accepter sur un reflex professionnel, on peut cependant le tolérer sur un compact…

DP1_dos

Forme étrange, mais j'aime assez…

DP1_face

L'objectif est assez gros, et non rétractable.

Trappe_carte

Trappe en caoutchouc assez peu pratique!

DP1_menus1

Menus très simples et accessibles.

Flash_Quattro

Avec le petit flash.

Vivid_Quattro

Le mode couleurs «vivid», un peu fantaisiste (les montagnes!).

Mode_NB_Quattro

Le mode noir-blanc, intéressant.

Lac-automne

400 iso, ça passe.

Chandolin

1000, c'est déjà limite.

Quattro_6400

6400, aïe, aïe, aïe!

Fleurettes

Par contre, le piqué et le modelé sont excellents.

Château_Sec

Portrait_flash

Portrait au flash, mieux vaut ne pas s'approcher plus!

10 commentaires
1)
guru
, le 16.12.2015 à 06:58

A première vue, je ne vois pas l’intérêt d’un tel appareil… et malheureusement les photos ne peuvent pas être agrandies pour juger de leur qualité réelle. Ou alors, je n’ai pas tout compris.

2)
ysengrain
, le 16.12.2015 à 09:47

Les aspects négatifs énumérés sont nombreux.
Refuser de payer le même prix qu’un Dp x pour un reflex porte de l’incohérence.

Ce billet confirme les constatations publiées sur Luminous Landscape

3)
nic
, le 16.12.2015 à 09:47

Oui, dommage qu’on ne puisse pas agrandir les photos. Jolie l’Eglise de Chandolin la nuit.

4)
cvanquick
, le 16.12.2015 à 10:08

J’ai longtemps hésité entre un RICOH GR et ce sigma.
La qualité des photos à basse sensibilité est tout simplement exceptionnel.
Après c’est un appareil bourré de défauts mais qui fait son charme et qui pousse à photographier autrement: prendre son temps, composer, se poser.

Il n’est pas utilisable pour tous les sujets (nuit, sport, sujet trop en mouvement).

En revanche en photo de paysage et de portrait (de toute chose même de rue) et ce jusqu’à 400 iso (max), il est vraiment excellent. En passant en mode manuel, et en utilisant le principe du champ de netteté (comme pour le Ricoh GR qui utilise ce mode de façon bien plus aboutie), le rendu est incroyable et enterre beaucoup d’appareils sur le piqué, la netteté, le modelé et la sensation de vie qui ressort de la photo.

C’est une autre façon de photographier un peu à la marge.

6)
François Cuneo
, le 16.12.2015 à 18:37

Merci Tristan.

Je me suis un peu amusé à la lecture des tes commentaires: la plupart pour moi seraient rédhibitoires, même tout seuls… alors là! :-))

Mais je suis soulagé, c’est ton deuxième appareil.

Cela dit, jolie colorimétrie!

7)
Jean-Yves
, le 16.12.2015 à 23:10

L’objectif est assez gros, et non rétractable.

Pourtant, la technologie du rétractable n’est pas vraiment récente :)

Au risque de trouver, parmi ces appareils antédiluviens, quelques perles rares ayant fixé en leur temps quelques-uns de nos objectifs…

8)
cerock
, le 17.12.2015 à 10:05

J’aurais de la peine a retourner sur un appareil qui ne « monte » plus en sensibilité. Mais c’est vrai que cet appareil a un sacré piquet

9)
Tristan Boy de la Tour
, le 17.12.2015 à 17:20

La solution, c’est d’avoir 2 appareils! Heureusement que mon 6D monte sans problème à 25000 iso… Mais je pense quand même que ce Foveon a de l’avenir. Imaginez un peu un capteur de ce type sur un moyen format! Il se vendrait une fortune, c’est vrai, mais ce serait l’idéal pour ce type d’appareil. Le problème technique principal de ce capteur, c’est qu’il chauffe, d’où sa forte consommation de batteries et sa montée de bruit.

10)
zit
, le 17.12.2015 à 20:41

Pour les optiques Sigma, la nouvelle série Art propose non seulement des cailloux d’un rapport qualité prix imbattable (tout simplement d’une qualité optique époustouflante, pour les focales fixes), mais avec une qualité de fabrication qui n’a pas grand chose à envier aux optiques pro de chez SoNiCa, ils ont fait de gros efforts sur le plan cosmétique (qui était un peu leur point faible). Après faut voir comment ça vieillit, mais ça inspire confiance.

z (par contre, je suis toujours incapable de prendre une photo avec un appareil dépourvu d’un viseur, je répêêêêêêêêêêêêêête : ouais, je sais, aucun effort)