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Est-ce que quelqu’un m’aime, ici?

Je ne sais pas si vous l’avez constaté, mais aujourd’hui, un smartphone ne se range plus dans une poche ou dans une housse quelconque. Un smartphone, aujourd’hui, se tient en permanence dans la main ou, dans certains cas sur une table devant soi. Au restaurant, on pourra le placer à gauche de la fourchette ou à droite du couteau. Au travail, il siégera à proximité immédiate de l’ordinateur portable. Il n’y a que dans les salles de spectacles où le problème reste entier. En effet, dans ces lieux maudits, le smartphone est mal venu et un cerbère vous rappelle à chaque fois qu’il faut éteindre le petit objet. Pendant la séance, on voit souvent un de ces petits appareils s’allumer presque en cachette, ceci pour que son propriétaire puisse lire ou répondre à un message. En règle générale, les petits écrans sont à nouveau tous en activités avant que la lumière de la salle ne revienne pour annoncer la fin de la torture.

Mais pourquoi cette omniprésence? C’est un psychologue qui m’a mis un jour la puce à l’oreille: «Les gens ont besoin de savoir si on les aime», m’a-t-il dit! Fadaise? Étudions la chose:

Prenons notre terminal internet et allons sur la page «Facebook». Que voyons-nous? Une suite de messages publiés par des personnes nous informant qu’elles sont dans un lieu donné ou dans une situation particulière et qu’elles sont heureuse de l’être. Le message est souvent illustré d’une photo montrant l’auteur dans une situation si possible à son avantage. Sous le message, la clé du mystère: le fameux bouton «like» (j’aime). Plus on a de «like», plus on est apprécié. Pour les gens pressés, il est possible d’acheter sur des site spécialisés des «like» qui feront vite comprendre à vos amis que, décidément, on vous aime beaucoup! Bien sûr, il y a aussi les commentaires. Sur Facebook, ils peuvent souvent se résumer à cet exemple:

Le proposant: «ce matin, jour de sortie pour mon nouveau sweat jaune.»

Le commentaire 1 (ringard): «Cool!»

Le commentaire 2 (branché): «L.O.L.»

Le commentaire 3 (méchant): «Jaune cocu?»

On constate ici la haute portée du contenu littéraire et la qualité de l’échange! En fait, Facebook et assimilés sont le plus souvent de simples suites de monologues et rien d’autre.

Pourtant, tout cela peut parfois mal tourner. Certains internautes n’hésitent pas à partir dans des remarques très agressives. C’est le cas sur des sites touchant les adolescents. Ce qui est grave, c’est que ça démarre dans la cour d’école ou un pauvre bougre joue le rôle de bouc émissaire (ça, ça a toujours existé). Mais avant, quand la victime rentrait à la maison, elle retrouvait la paix. Aujourd’hui, la personne visée a la continuité des insultes sur son ordinateur et la pression persiste. Dans certains cas, cela débouche sur de véritables drames.

Alors, peut-on quand même échanger sur internet? Bien sûr, un site comme Cuk en est la preuve. Mais ce qui empêche le dialogue, c’est la plupart du temps la personne elle-même qui, souvent, refuse de se dévoiler. Un exemple tout simple vécu dernièrement: j’ai mis en location un studio d’habitation placé dans un lieu à forte demande. J’ai reçu un grand nombre d’offres, ce qui semble normal. Pourtant, la plupart ne contenaient ni nom, ni prénom, ni numéro de téléphone. Pas terrible, pour une entrée en matière! La plus belle se résumait en un seul mot: «régie?». Le studio est maintenant loué. La personne qui l’a reçu m’avait envoyé un message complet, bien écrit, avec tous les renseignements possibles et des formules de politesse. Est-ce un hasard? Je précise encore que dans ceux qui avaient postulé pour une visite, certains ne se sont pas présentés, car… ils avaient oublié le rendez-vous!

Qu’on le veuille ou non, l’amour passe encore aujourd’hui par l’échange, qu’il soit physique ou virtuel. Un selfie n’est pas une proposition d’échange. C’est juste une affirmation qui dévoile un personnage fabriqué de toute pièce. C’est souvent rigolo (et encore!), mais pas vraiment utile pour augmenter sa cote d’amour.

Bon, c’est bien joli tout cela, mais il faut que je vous laisse, j’ai mes messages à consulter!

18 commentaires
1)
Warrik
, le 10.04.2015 à 01:09

Bien que le fond soit en partie juste, que la critique des réseaux sociaux soit dans certains cas bienvenue et que je ne déteste rien de plus que les gens qui consultent leur smartphones dans une salle de spectacle, je trouve que cette humeur souffre du même symptôme que 90 % des humeurs sur ce sujet, à savoir que son auteur ne connaît pas lesdits réseaux sociaux (à savoir qu’il n’y a pas de compte ou alors qu’il en a un utilisé quelques minutes, « juste pour voir »). Je me trompe ?

A partir de là, forcément, quand on critique quelque-chose qu’on observe d’un regard extérieur sans le connaître, ça donne un article au ton moralisateur rempli de préjugés qui tombent à plat.

Deux-trois remarques à l’auteur donc :
– Vous considérez Facebook comme un réseau social uniquement dédié aux échanges entre personnes physiques alors que, dans la plupart des cas, un mur Facebook compte à parts égales des messages d’amis et des messages de pages (médias, marques, théâtres, restaurants, etc.).
– Un selfie n’est pas « un film d’un seul plan » mais une photo…
– Acheter des « j’aime » pour ses publications Facebook privées ? A ma connaissance, c’est un phénomène qui n’existe quasiment pas. Vous devez confondre avec l’achat de followers sur Twitter ou de fans pour une page Facebook, ce qui n’a rien à voir puisque c’est l’oeuvre d’entreprises et non pas de privés.
– « L.O.L. » (qui s’écrit d’ailleurs simplement « lol »), un commentaire branché ? Il y a quinze ans peut-être, et encore…
– « En fait, Facebook et assimilés sont le plus souvent de simples suites de monologues et rien d’autre. » : oui, euh… En lisant les commentaires des publications du Matin ou des fans de Justin Bieber je veux bien qu’on en arrive à cette conclusion, mais c’est une généralité plutôt maladroite…
– Concernant les identités cachées que vous considérez comme un mal de Facebook, je tiens à faire remarquer que les règles d’utilisation de Facebook imposent l’utilisation de sa véritable identité. Alors que sur Cuk, que vous considérez comme une réussite d’échange social, le plupart des inscrits commentent… sous un pseudo. Par conséquent, toute votre théorie suivant cette constatation ne tient pas debout.

2)
Pom
, le 10.04.2015 à 07:11

Le sentiment d’appartenance est placé juste après les besoins physiologiques et le sentiment de sécurité dans la pyramide des besoins de Maslow :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Pyramide_des_besoins_de_Maslow

Donc, cela ne m’étonne pas trop que nous utilisions le Web (et les réseaux sociaux) pour nourrir ce besoin …

3)
toto
, le 10.04.2015 à 07:59

Heuuuu…on dit « sweat », pas « sweet »…

4)
Phil7
, le 10.04.2015 à 08:34

LOL

5)
Roger Baudet
, le 10.04.2015 à 08:58

toto, merci, c’est corrigé!
Pom, bien vu!
Warrik, très beau commentaire. Cependant, cette Humeur ne prétend pas à la rigueur scientifique. Elle a en effet un côté caricatural voulu pour donner un ton un peu léger. Je n’attaque pas Facebook qui n’est qu’un outil. Merci cependant de préciser qu’en effet, « selfie » est au départ une photo (j’ai corrigé). Pour le reste, il y a souvent chez les gens un problème d’image sur internet, une tentative de relation sans entamer la relation. C’est ce que j’ai voulu montrer. Ce qui me frappe, c’est que se désir de se montrer sans se montrer touche parfois des domaines inattendus comme le fait de chercher un appartement. On veut avoir des renseignements sans donner de renseignements! Pour finir, je ne pense pas jouer les moralisateurs, j’observe, c’est tout.

6)
Roger Baudet
, le 10.04.2015 à 08:59

Phil7, cool, ton commentaire :-)

7)
guru
, le 10.04.2015 à 09:02

Je propose que Warrik nous ponde une humeur sur les bienfaits des réseaux sociaux… qu’on puisse nous aussi (les ringards) s’amuser.

Ce sidi (oui je sais on dit ceci dit), voici ce que je lis sur ma page:

« En ce moment, j’essaie de me faire des amis en dehors de Facebook tout en appliquant les mêmes principes.

Alors tous les jours, je descends dans la rue et j’explique aux passants ce que j’ai mangé, comment je me sens, ce que j’ai fait la veille, ce que je suis en train de faire, ce que je vais faire ensuite…
J’écoute aussi les conversations des gens et je leur dis «j’aime!».
Et ça marche : j’ai déjà 3 personnes qui me suivent: 2 policiers et un psychiatre… »

Bon, chacun son truc!

8)
Sébastien Pennec
, le 10.04.2015 à 09:12

Guru, tu peux simplement lire mon article sur Twitter…

Perso, je suis très critique sur Facebook et nettement plus fan de Twitter, mais qu’importe: les résaux sociaux ont des côtés passionnants et d’autres sans aucun intérêt.
Prendre des mauvais commentaires sur FB pour illustrer le site, c’est comme prendre les commentaires YouTube (nettement plus mauvais encore que sur FB) pour résumer la qualité de ce qu’on y trouve. C’est trop réducteur.

9)
Argos
, le 10.04.2015 à 09:32

Facebook vient de me signaler qu’une belle amie a son anniversaire aujourd’hui.
Alors plutôt que lui envoyer un message qu’elle ouvrira en recevant ses notifications je vais lui apporter un bouquet de roses et des truffes au chocolat.

Je vous laisse.

10)
ysengrain
, le 10.04.2015 à 09:36

En ce moment, j’essaie de me faire des amis en dehors de Facebook tout en appliquant les mêmes principes .

Alors tous les jours, je descends dans la rue et j’explique aux passants ce que j’ai mangé, comment je me sens, ce que j’ai fait la veille, ce que je suis en train de faire, ce que je vais faire ensuite…

J’écoute aussi les conversations des gens et je leur dis « j’aime ! « .

Et je leur dis aussi quand je fais une pause, si c’est pour aller faire pipi, popo ou pour autre chose.

Et ça marche : j’ai déjà trois personnes qui me suivent :

deux policiers et un psychiatre.

11)
guru
, le 10.04.2015 à 09:54

@Sébastien, je le lirais volontiers si je savais comment le trouver. Je ne twitte pas (encore)…

Donne-moi l’adresse.

13)
Tom25
, le 10.04.2015 à 12:46

A quand des boutons « J’aime » sous les commentaires de Cuk ? Mais il faudrait aussi des « J’aime pas » ;-) .

Sur MacUpdate, je trouve ça assez utile, les commentaires pertinents se retrouvent en bonne place. Mais encore faut il que ces commentaires soient notés par des personnes réfléchies. Et là, sur MacUpdate, on n’apprécie pas un commentaire pour se faire apprécier en retour. D’ailleurs c’est anonyme, on ne sait pas qui apprécie ou qui déteste telle ou telle intervention. Ce qui fait que ça fonctionne pas trop mal.

Sur Facebook, le peu que je vois, c’est qu’on va « aimer » un truc pour se faire remarquer en aimant ce que « la masse » va aimer. J’y ressens effectivement le besoin d’appartenir à un groupe. Et si on aime, c’est avant tout pour se sentir aimer par tous ceux qui aimeront la même chose.

14)
François Charlet
, le 10.04.2015 à 14:35

Rien ne m’insupporte plus que la personne avec laquelle je partage un repas pose son smartphone sur la table et le consulte régulièrement, même lorsqu’il n’a pas vibré ou pire, sonné.

J’admets le faire aussi parfois pour des raisons de confort : en étant assis et suivant le type de jeans/pantalon porté, ce n’est pas forcément agréable. Mais dans ce cas, il est mis en mode « ne pas déranger », auquel cas seuls des téléphones importants passent à travers.

A même pas 30 ans, j’ai l’impression que le fait de discuter avec une personne sans regarder mon smartphone toutes les 5 minutes fait « vieux jeu ». Je peux comprendre ce besoin d’être « aimé », ou simplement sollicité, voire être le centre de l’attention. Mais si j’ai accepté de partager un repas avec quelqu’un, n’est-ce pas un message implicite que j’apprécie la personne qui se trouve avec moi ?

Bref, je me sens parfois vieux c… de poser la question, ironique « est-ce que je te dérange, veux-tu être seul ? » quand mon vis-à-vis tatasse son smartphone régulièrement.

Ce qui me sidère, c’est de voir régulièrement une tablée de jeunes (entre 15 et 25 ans en général), dans un bar ou au restaurant, où personne ne se parle mais tout le monde tapote sur son clavier. Peut-être discutent-ils comme ça ?

La seule expression qui me vient à l’esprit à ce moment est « get a life ».

Sur ce, je retourne m’occuper de mes clients. Pas virtuels du tout, ceux-là.

15)
Blues
, le 10.04.2015 à 15:54

Rien ne m’insupporte plus que la personne avec laquelle je partage un repas pose son smartphone sur la table et le consulte régulièrement, même lorsqu’il n’a pas vibré ou pire, sonné.

Idem pour moi, c’est une des raison pour laquelle pendant des décennies je n’ai jamais voulu de Mobile-Natel, tellement cela m’énervait, de peur de me faire aussi avoir par ces rapport virtuels qui « cassent » les rapports réels.
Depuis peu j’en ai un en carte prépay, de ce fait ne l’utilise que très peu et au bon moment, donc en faisant comme si j’en avait pas / reste invisible pour mon entourage :D

16)
Modane
, le 10.04.2015 à 18:13

À mon avis, la seule chose qu’ont apporté les réseaux sociaux, ce n’est pas un surcroît de communication, mais plutôt cette très nouvelle opportunité de promotion 7/7, 24/24. Promotion personnelle avec FaceBook, professionnelle par Viadéo, BtoB grâce à LinkedIn, sociale en passant par Twitter… Si vous avez quelque chose à promouvoir, il n’y a qu’à choisir le media le mieux adapté à votre cible; et si non, vous n’avez rien à y faire! Le reste n’est que mode, posture et folklore, et on a raison d’en rire. Merci Roger!

17)
Tom25
, le 11.04.2015 à 09:32

Et avec tout ça, on oublie de répondre à la question en titre du message.
Mais OUI on t’aime :*)

18)
Le Corbeau
, le 13.04.2015 à 13:04

Je n’ai jamais réussi à m’abonner à ces trucs avec mon téléphone fixe…

Aujourd’hui, la personne visée a la continuité des insultes sur son ordinateur et la pression persiste

Si cela plait à mes connaissances, elles peuvent se foutre de ma gueule sur les réseaux, elles seront toujours frustrées de savoir que je n’y accède pas et que je ne suis donc pas affecté par leur animosité.