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Bouboule: comment ont-ils osé?

Depuis le mois de juillet, nous avons pris une carte Pathé Ciné, qui nous donne accès gratuitement, si l'on peut dire, à tous les films passant dans des salles… Pathé.

Il y a deux multiplex à Lausanne qui sont gérés par cette entreprise, pratiquement 70% des salles, je pense, et à peu près 100% de tout ce qui sort sur le marché et dont on parle dans les journaux dédiés.

Je disais "gratuitement, si l'on peut dire", parce que la carte coûte tout de même 480 francs par année (397 €) plus 10 francs  (8.2 €) la première fois pour le prix de la carte, je trouve ça un peu mesquin.

480 francs, ça fait 40 francs par mois (33 €), et lorsqu'on connaît le prix des cinémas à Lausanne (19 francs ou 15.8 € par séance, 23 (19 €) lorsqu'il s'agit de films en 3D, sans compter les lunettes), on voit que 2 films par mois suffisent à rentabiliser la chose.

Or nous y allons 8 fois par mois, sur deux week-ends, avec Madame K, lorsque nous n'avons pas nos enfants respectifs.

Ça fait gentiment 4 films par week-end, c'est dense, mais on aime ça.

Oui, pouvoir se dire "on va voir ce film", sans se poser la moindre question financière, ça permet une certaine ouverture qui nous amène à voir des choses parfois certes décevantes, mais aussi de jolies surprises.

Ça nous pousse à sortir aussi, ce qui est une bonne chose, lorsqu'on est un peu paumé au milieu de la campagne vaudoise.

Vendredi passé, nous sommes allés, parce que je l'ai demandé, voir Bouboule.

 

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Rien que le titre pourtant ne me disait rien (je n'avais pas vu l'affiche, je ne me serais plus posé de questions), mais après lecture de la présentation du film, je me suis dit que le sujet pouvait m'intéresser.

Comme je l'ai déjà écrit ici, lorsque j'étais petit, j'étais un enfant dodu (mais très loin d'être obèse), et j'en ai beaucoup souffert.

Comme le réalisateur du film, Bruno Deville, expliquait avoir été obèse lorsqu'il était petit, et qu'il voulait, par ce film, montrer le vécu d'un enfant souffrant de cette maladie, je me suis dit que le sujet m'interpellait également.

Je m'attendais à une analyse en finesse de cette problématique: quelle erreur!

Tout va de travers dans ce film.

Parlons technique tout d'abord: l'acteur principal, David Thielemans est une vraie catastrophe.

Il me fait penser à des élèves qui sont en tout début de répétition d'un spectacle scolaire, qui ne savent pas bouger, ne montrent pas d'expression, déclament indistinctement.

Sauf que nous les faisons travailler, ces élèves, et que lorsqu'ils sont sur scène devant les parents, ils bougent, ils montrent des expressions, et ils articulent.

Alors bien sûr, il n'y peut rien, il fait ce qu'il peut.

Mais c'est franchement pénible.

Le montage ensuite: mais mon Dieu, quel ratage! Des longueurs sur les plans incompréhensibles, un manque total de rythme, c'est juste incroyable de mettre en salle un film comme ça.

Certes, les autres acteurs, en particulier Swann Arlaud et le chanteur-acteur François Hadji-Lazaro sont bien meilleurs, mais ça ne suffit pas pour sauver le film. Que viennent-ils faire dans ce naufrage, d'ailleurs?

Mais là n'est pas le pire.

Le problème, le vrai, ou tout au moins la question que je me pose, c'est: mais mon Dieu, qu'est-ce que Bruno Deville, le réalisateur, a bien voulu montrer dans ce film?

Montrer les problématiques des gros? Mis à part qu'il nous montre que beaucoup se fichent d'eux ou se montrent violents à leur encontre, ce que tout le monde sait, eh bien rien, nada.

Le film commence sur un gros plan du ventre très particulier de l'enfant. Tellement particulier même que l'on ne comprend pas tout de suite ce que l'on nous montre. C'est seulement lorsqu'on s'éloigne du sujet que l'on voit l'enfant, obèse, en slip, assis sur la chaise d'un médecin.

À quoi sert ce plan? À nous montrer ce qu'est le corps d'une personne obèse? Il y avait d'autres manières de le faire.

Tout le long du film, on nous montre cet enfant sans la moindre pudeur.

Et par ricochet, nous devenons des voyeurs.

Qu'a fait le public dans la salle dans certaines situations? Elle rit, alors que l'on devrait être en plein drame.

Mais ce film est tellement raté que certains spectateurs ne trouvent rien d'autre à faire que de ce moquer eux-mêmes de l'enfant.

En particulier certains jeunes.

Quand je pense que l'on nous a proposé ce film en avant-première pour les enseignants! Et même qu'on nous le propose pour les écoles vaudoises.

Seul mon devoir de réserve m'empêche de dire ce que je pense de cette proposition.

Je sors de ce film en me disant que:

  • je me suis ennuyé pendant une heure et demie;
  • on m'a forcé à être voyeur sans faire autre chose que me choquer de ce que je voyais;
  • je ressors avec un sentiment de gêne: cette mère qui tâte en les patrigotant les seins (il faut bien parler comme ça) de son fils me met par exemple mal à l'aise, comme plusieurs autres moments du film;

Et surtout, je ne comprends pas comment le réalisateur a utilisé cet enfant.

Je le plains, maintenant, ce pauvre David.

Et je ne comprends pas ses parents, qui ont laissé l'équipe du film montrer leur fils sous toutes ses coutures (ah ben tiens, non, on ne l'a quand même pas montré tout nu, cette limite n'a pas été franchie).

Moi à leur place, je serais pour le moins mal à l'aise.

Ah, tout de même, une chose positive dans ce désastre: la chanson de M, pour le générique.

 

 

22 commentaires
1)
Saluki
, le 21.11.2014 à 00:14

F. Hadji-Lazaro me ramène au groupe des Garçons Bouchers.
C’est loin, tout ça…

2)
fxc
, le 21.11.2014 à 00:23

je me suis ennuyé pendant une heure et demie;

tu es courageux d’attendre 1h 1/2, si un film me déplait, je tiens entre 5 min et un 1/4 d’heure et comme à la télé je zappe, juste avec une impression que je me suis fait avoir et que ma soirée est foutue.

J’ai juste la chance de connaitre, à qlqs Km de chez moi, un cinéma associatif (asbl, association sans but lucratif) qui me permet de voir les films pour la somme faramineuse de 5 euros, films en 3d grace à un nouveau projecteur, son parfait, fauteuils agréables, pas d’emm… qui bouffent ou jouent avec leur natel.

3)
Argos
, le 21.11.2014 à 06:51

Ce n’est hélas plus que rarement que l’on trouve des films satisfaisants. De plus en plus le talent et l’innovation se manifestent dans les séries. Ce n’est pas pour rien qu’un Scorsese s’est investi dans Boardwalk Empire, qui à travers le destin d’un gangster qui n’a jamais atteint la célébrité de ses confrères Capone ou Luciano, nous plonge dans l’univers criminel de l’Amérique des années vingt et du début des années trente. En France, hélas, pas grand chose, même La Vie d’Adèle qui a quelque peu agité les médias se révèle un grosse baudruche ennuyeuse.Pour moi, le meilleur film français récent reste Le Bruit des glaçons du trop rare Bertrand Blier.

4)
Zallag
, le 21.11.2014 à 07:28

Entre un e pour un a et un s manquant, mon coeur balance …

5)
Puzzo
, le 21.11.2014 à 07:33

Mes parents sont allés le voir en avant-première.
Ma mère qui en principe sort d’un film en trouvant toujours quelques points positifs m’a dit : C’est nul. Y a rien. On ne sait pas où il veut aller… et y a de grande chance que ce soit nulle part.

Du coup, avec l’avis de François en plus, je crois vraiment que je ne vais pas aller le voir !

6)
Caplan
, le 21.11.2014 à 08:21

Ah, tout de même, une chose positive dans ce désastre: la chanson de M, pour le générique.

Normal: une chanson de M pour un film de m…

8)
Blues
, le 21.11.2014 à 09:20

Ce n’est hélas plus que rarement que l’on trouve des films satisfaisants.

Perso, je fais un choix avant d’aller dans une salle à grand écran nommée Cinema. Je me connecte sur divers sites de cinéphiles comme celui-ci ce qui me donne des idées, orientations et des avis, qui si possible doivent correspondre à mes envie du moment. Cela m’évite de me planter (pour l’instant rarement le cas) et de « perdre inutilement mon temps ».

Je trouve par contre qu’il y a pleins de bons films ces dernière années, comme par ex. en 2014 : Dallas Buyers Club, Her, States of Grace (mais je n’ai pas aimé Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ?)

Pour tous le reste = projections privées (DVD, fichiers ou streaming) sur ma TV me conviennent parfaitement. On peut au moins arrêter quand on veut sans avoir l’impression d’avoir gâché sa soirée (et son argent).

9)
ToTheEnd
, le 21.11.2014 à 09:44

C’est rigolo parce que ce compte rendu confirme encore un peu plus mon agacement quand j’entends l’émission de Couleur 3 sur le cinéma qui s’appelle Brazil (dès les premiers mots, généralement, je change de stream). La chronique peut être écoutée sur leur site et en résumé, Fifi trouve le film génial et, je cite: bourré de tendresse et de poésie malgré la gravité des sujets […] avec des acteurs excellents sans exception, le réalisateur pour son premier long métrage entre dans la cour des grands.

T

PS: dès la 12ème minute dans mon lien…

10)
François Cuneo
, le 21.11.2014 à 09:58

Incroyable!

Ils l’ont vu ou quoi?

Franchement, je me pose des questions, même si, bien évidemment, j’admets qu’on puisse être d’un autre avis, mais là…

11)
guru
, le 21.11.2014 à 10:21

Hé fxc, c’est Le Parc dont tu parles ?

13)
iYannick
, le 21.11.2014 à 11:45

Bon déjà, quand je vois l’affiche, ça ne me donne pas envie d’aller voir ce film. La tête du gamin n’inspire rien de bon, on a l’impression que l’on va aller voir les aventures d’un sale gosse.

Ensuite, après lecture du plot sur allociné, rien ne m’intrigue. Au contraire, ces quelque lignes pourraient tout aussi bien se retrouver dans le Télétop Matin pour décrire un ABE sur la malbouffe. On y apprend au passage que l’enfant en question s’appelle Kevin, prénom que tout parent aimant ne donne plus à son rejeton en 2014, fût-il fictif.

S’agissant de l’obésité au cinéma, clairement il y a un tabou, à tout le moins une gêne. Mais il y a des films qui ont le mérite de se pencher sur le sujet un peu plus sérieusement que le film décrit dans l’article, là où le réalisateur/scénariste n’est pas tombé dans le piège de faire une comédie romantique où l’on se paie la tête « des gros » plutôt que de comprendre leur calvaire.

Moins grand public, je ne citerai que Terri, film qui a le mérite de ne pas faire tourner l’obèse en bourrique et montre à quel point ce genre de personne peut être marginalisé.

14)
Argos
, le 21.11.2014 à 11:49

François, il se trouve que j’en vois passablement, y-compris des productions plutôt exotiques. J’ai jeté un oeil sur la programmation genevoise. Oui, il y a bien Chef qui m’amuse et dont la musique cubaine m’enchante, mais franchement, la bouffe du Sud des Etats-Unis représente plutôt un élément folklorique que gastronomique. Et le dernier Woody Allen ressemble tellement aux précédents… Donc pour moi, le programme de la semaine : The Lost Weekend, un Billy Wider de 1945, quelques Hitchcock muets et Don’t Look Now, un film inclassable de Nicholas Roegg où Julie Christie et Donald Sutherland affrontent une Venise inquiètante.

15)
Blues
, le 21.11.2014 à 14:03

on a l’impression que l’on va aller voir les aventures d’un sale gosse

C’est exactement ça, et le film existait déjà

S’agissant de l’obésité au cinéma, clairement il y a un tabou…

A ce propos je ne peux que vous conseiller la sympatique comédie-film israélien « sumo » qui est une leçon de tolérance.

16)
Gilles Theophile
, le 23.11.2014 à 09:38

Pour moi, le cinéma doit être avant tout une fête, un spectacle, un endroit où on en prend plein la vue et on se distrait. Et certainement pas un endroit pour s’appesantir sur des drames sociaux ou psychologiques, et encore moins de voir des productions francophones à deux balles, largement financées par l’état (et donc, indirectement, mes impôts).

Autant je ferai des pieds et des mains pour voir un Lawrence d’Arabie, un Grand Bleu, un Blade Runner ou un Rencontres du 3e Type sur un écran de cinéma, autant il ne me viendrait pas à l’idée d’aller voir un film genre Bouboule dans une salle de ciné et, au vu du nombre probable d’entrées qu’il va faire, je pense qu’une exploitation directe à la TV de ce genre d’oeuvre permettrait de libérer des salles pour d’autres versions des grands films à l’affiche, en VO par exemple, ce qui manque cruellement en province en France.

Contrairement aux années 80, je ne vais plus guère au ciné et mes filles sont devenues assez grandes pour se passer de papa à la projection.

Hier, j’ai d’ailleurs été voir Interstellar, un très bon film même si, à l’habitude du réalisateur (C. Nolan), certains éléments de l’histoire sont un peu confus, sans parler d’une charge émotionnelle recherchée mais pas toujours réussie.

17)
François Cuneo
, le 23.11.2014 à 14:06

Nous sommes aussi allés voir Interstellar. Pas tout compris, mais super bien fait: 3 heures de spectacle.

18)
Gilles Theophile
, le 23.11.2014 à 15:17

Et en plus, en Suisse, tu as probablement pu le voir en VO, non ?

Ça me manque terriblement – et lorsque je vivais en Alsace et que j’étais frontalier, j’allais voir les films à Bâle car ils étaient en VO, et la qualité des prestations et de l’accueil des cinés y étaient à des années-lumière au-dessus de ce qu’on trouve en France, en province en tout cas.

19)
ToTheEnd
, le 23.11.2014 à 18:25

Vu Interstellar hier au cinéma en IMAX et en VO. Premier cinema depuis 3 ans sauf erreur! J’ai adoré et suis convaincu que si je revois cette affaire encore 3 ou 4 fois, y aura plein de trucs qui sortiront!

Ce film plus Fed en 24h, très bon weekend!!!

T

20)
François Cuneo
, le 23.11.2014 à 21:21

On en reparle vendredi, avec le recul, et après être allé les recevoir demain à La Place de La Navigation!:-)

21)
Gilles Theophile
, le 24.11.2014 à 07:24

Ce film plus Fed en 24h, très bon weekend!!!

Je suis très heureux pour Federer et la Suisse. Les français ont été médiocres et les médias particulièrement arrogants et excessivement optimistes quant à leurs chances.
Tsonga avait mal au coude : normal, à force d’attraper des Kinder Bueno dans le placard.

22)
Hervé
, le 24.11.2014 à 11:42

Sur un site « vaudois », on aurait pu écrire « Ce film plus Fed et Stan…. et c’est un Genevois qui le dit !