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Vous devez aller voir le Sel de la Terre, à propos de Salgado

Je vous ai déjà parlé de Sebastião Salgado ici.

Cette exposition Genesis, c'était une merveille.

Le livre qui en est tiré est magnifique.

Salgado incarne pour moi le noir et blanc fort, puissant, que j'ai découvert avec son oeuvre entamée en 1986, «La main de l'homme» dans laquelle le photographe montre la révolution industrielle et ses implications sur l'homme.

Je me souviens entre autres d'une locomotive à vapeur pilotée par des hommes noirs, poignante, et c'est à cette image que j'ai longtemps associé l'artiste.

J'ai suivi de loin son travail, jusqu'à l'exposition dont je parlais plus haut.

Exposition d'une beauté renversante, la dernière oeuvre de Salgado (pour l'instant!), qui montre l'espoir après les horreurs vécues et montrées pendant toute sa carrière.

Salgado est un témoin.

Un témoin qui prend le temps de réfléchir. Chacune de ses oeuvres, ou chacun de ses reportages, c'est plusieurs années de sa vie qui y sont consacrées.

Mais pourquoi est-ce que je vous reparle de cet artiste, de ce témoin formidable de notre humanité?

Parce qu'en ce moment passe sur nos écrans un film exceptionnel qui lui est consacré: le Sel de la Terre.

 

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Ce film d'une heure et cinquante minutes est réalisé par Wim Wenders et Juliano Ribeiro Salgado, son fils qui suit les reportages du père depuis quelques années.

Nous faisons un voyage avec Salgado à travers sa vie, et les grands moments de son oeuvre.

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C'est ainsi que nous voyons Salgado nous parler dans ce film délicat et intelligent.

 

Les premières images de ce film nous montrent ses photos prises dans la mine d'or en 1986 à Serra Pelada, dans l’État brésilien de Pará.

50'000 hommes qui travaillent dans un trou à ciel ouvert, à donner le vertige. Vous pouvez en voir de magnifiques images ici.

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Photo tirée du site tecnicoemineracao.com

 

Ces photos, fixes bien sûr et en noir et blanc, sur grand-écran, vous aspirent en leur centre, c'est impressionnant.

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Alors que j'écris cette humeur, j'apprends que René Burri le photographe suisse est mort.

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Certainement la photo la plus connue de René Burri

 

Je suis bien triste de cette nouvelle. Un bel artiste s'en est allé.

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Sebstião Salgado nous montre aussi le Sahel, la famine, les migration, l'horreur du Rwanda, l'ex Yougoslavie et ses guerres, toutes ces épreuves vécues avec les populations qui souffrent, pendant des mois, des années, qui ont failli casser l'homme et sa volonté de montrer, d'être un témoin,

Parfois, de plus en plus souvent pour lui, être témoin était certes un devoir, mais devenait de plus en plus insupportable, avec une vision bien noire de ce que pouvait être l'humain.

Et puis, deux projets magnifiques sont venus lui redonner l'espoir.

Le premier, qui n'est pas photographique, n'est pas le plus étonnant.

Sa famille a toujours vécu au Brésil (même si lui-même, de gauche, a dû fuir pendant des années la dictature brésilienne de sa jeunesse), dans une région féconde, où son père faisait de l'élevage.

Au retour de Sebstião de son exil, les terres de son père sont devenues désertiques, en partie parce que des sécheresses ont dévasté la région, mais aussi parce que le bois a été surexploité pendant des décennies (son père nous explique comment son exploitation a permis à ses enfants d'êtres tous diplômés, les choses ne sont pas simplistes).

La femme incroyable de Sebstião, Lélia Wanick Salgado a alors eu une idée géniale: et si nous replantions la forêt?

Vous en saurez plus en allant sur le site de The Instituto Terra, et vous verrez comment l'équipe a fait d'un désert une forêt luxuriante.

C'est magique, même si derrière cette magie, il y a deux millions d'arbres qui ont été replantés, et bien plus de petites pousses qui vont l'être de plus en plus loin autour des terres de Salgado, qui ont été transformées en parc national, à l'écosystème revenu comme avant que l'homme ne commence par le détruire.

Je trouve assez belle cette image des terres détruites pour (entre autres) pouvoir payer à Salgado des études, et cette réparation de ce dernier, de Lélia et de leur équipe qui refont l'endroit "plus beau qu'avant".

Il y a dans cette réalisation un espoir fantastique pour l'avenir de la planète: si l'on veut, on peut!

Et puis, il y a, toujours dans le domaine de l'espoir, ce magnifique projet qui a abouti sur plusieurs expositions, Genesis, dont j'ai déjà parlé ici.

Je vous laisse relire cet article si vous voulez en savoir plus.

Mais si vous aimez la photo, si l'histoire récente de notre planète vous tient à coeur, vous devez aller voir Le Sel de La Terre.

Il est partout, sur vos écrans.

11 commentaires
1)
ToTheEnd
, le 22.10.2014 à 00:52

Oui, excellent photographe et qui peut s’imprégner d’une maniere hallucinante de ce qui l’entoure; dans le meilleur et le pire.

En plus du livre et expos, je recommande le visionnage d’une conférence TED qu’il a donné il y a quelque temps. Extraordinaire et édifiant..:

The Silent Drama of Photography

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2)
Dom' Python
, le 22.10.2014 à 06:04

Quelle belle personne que ce monsieur! Quel parcours, quel retournement, quelle résurrection!
Merci pour cette magnifique découverte, et merci aussi à TTE pour le lien.

3)
Franz Kappa
, le 22.10.2014 à 06:30

Un tout petit bémol, les accointances entre la famille Salgado et le géant minier brésilien Vale… Pour le reste, un film à la fois spectaculaire et bouleversant. Deux des plus beaux films de cette année (celui-ci et Finding Vivian Maier) ont été consacrés à la photographie !

4)
Renaud LAFFONT
, le 22.10.2014 à 06:33

question béte: c’est un film qui est sorti au cinéma ou disponible en VOD?

6)
Tilékol
, le 22.10.2014 à 07:51

Il y a 25 ans, j’ai eu la chance de voir « en vrai » Salgado photographier.
C’était impressionnant. Il était là, discutait tranquillement et puis d’un coup, son regard devenait intense, il sortait en une fraction de seconde son Leica et prenait sa photo.
On aurait dit, au choix, Lee Van Cleef dégommant à l’improviste un méchant dans un saloon ou un cobra attaquant sa proie.

7)
Caplan
, le 22.10.2014 à 11:31

Certainement la photo la plus connue de René Burri

Il y a aussi un certain François Cuneo qui s’est pas mal débrouillé…

8)
ysengrain
, le 22.10.2014 à 12:31

Oui Salgado témoin photographe, mais il n’est pas seul. Au hasard: Dieuzaide, Doisneau, Brassaï, JE Atwood. Ronis.

On peut aussi être paparazzi, faire de la mode.

En clair, d’autres témoignages

9)
François Cuneo
, le 22.10.2014 à 15:19

Franz Kappa, les deux films ont été relatés sur Cuk!:-)

Et point d’autres, comme quoi nous avons des références communes.

Caplan: et je ne l’ai même pas fait exprès, par contre le balayeur cubain oui je pense!:-)

10)
pelerin
, le 22.10.2014 à 16:57

Vous devez aller voir le Sel de la Terre, à propos de Salgado

Merci infiniment à François pour sa suggestion…

je recommande le visionnage d’une conférence TED

et à ToTheEnd pour la sienne !

11)
ToTheEnd
, le 28.12.2014 à 01:39

Ai été voir ce film ce soir et j’ai invité une prof. J’ai beaucoup aimé ce documentaire et les idées qui y sont défendues/vendues pas Salgado.

Malheureusement, la seconde partie de soirée fut très penible avec cette prof qui a trouvé beaucoup de choses à redire à ce documentaire.

Ça m’apprendra… La prochaine fois, j’irai seul!

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