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Une vie au Sénégal

À travers les articles que j'ai écrits pour Cuk et les Commentaires que j'ai postés en réaction à d'autres articles, je donne une vision assez décousue de moi-même.

Je pense que cet article permettra de mieux cerner l'auteur à la réplique un peu rude que je suis parfois, même si la vie m'a appris que le consensus vaut mieux que polémique inutile.

Je suis arrivé au Sénégal le 24 juillet 1957.

Alors que nous venions de fêter mes douze ans, mon père est mort brutalement d’un AVC le 15 janvier 1958. Mon grand-père, M. Maurice Callet, m’a proposé de rester à Dakar alors que ma mère voulait retourner en France avec ma sœur.

Il prendrait en charge mon éducation. J’ai accepté (en pensant surtout à la Plage de NGor, où le chauffeur me déposait chaque jeudi, samedi et dimanche). Cette décision a déterminé toute la suite de ma vie.

Études Secondaires
À la rentrée d’octobre 1957, je suis entré en classe de Cinquième au Collège des Pères Maristes de Hann. J’étais inscrit en demi-pension.

À la mort de mon père, j’ai demandé à être mis pensionnaire, mon expérience des trois années passées enfermé au Collège Saint-Nicolas de Buzenval (chez les Frères de Saint-Jean Baptiste de la Salle) m’ayant montré que c’était là que j’aurai une vraie liberté (!).

Je suis resté chez les Maristes jusqu’en Première, l’année de la Première partie du Baccalauréat, que j’ai obtenu en juin 1962.

C’est là que se sont arrêtées mes études formelles, ce qui m’a permis quarante ans plus tard de me présenter au Sénateur Cantegrit sous l’appellation de « Bac -1 » alors que je venais de faire un exposé apprécié sur l’Internet et les réseaux au Sénégal et que mes voisins de tables pouvaient se dire Bac +8 et Bac +9 (c'étaient des amis médecins) !

Vie professionnelle
Mon Premier Bac en poche, en juillet 1962, j’ai demandé à mon grand-père d’aller passer mes vacances d’été à Port-Étienne en Mauritanie (l’actuelle Nouhadibou) sur le chantier des Toitures et Bardages de l’Atelier Central des Chemins de fer de MIFERMA. J’y avais passé quinze jours à Pâques et j’avais trouvé l’ambiance, certes un peu rude, fort sympathique. Le sort a voulu que le Conducteur de Travaux de notre entreprise doive être rapatrié pour se faire soigner d’un cancer de la gorge. Je l’ai remplacé pendant trois mois. Je n’avais pas dix-sept ans et quarante ouvriers à diriger…

Bref, ce fut une belle aventure dans ce désert mauritanien si bien décrit plus tard par Jean-Christophe Rufin dans « Katiba ».

Pour diverses raisons, dont ce séjour en Mauritanie, les études ne m’intéressaient plus. De guerre lasse après deux échecs successifs au Baccalauréat Mathématiques Élémentaires, mon grand-père m’a fait signer mon premier contrat de travail le 1er juillet 1964 avec le poste de Conducteur de Travaux dans la Catégorie Ingénieur P2A (!).

Dès le courant de l’année 1963, j’avais entrepris l’étude de la toiture du Théatre National Daniel Sorano à Dakar suivant le procédé mis en œuvre sur le chantier de MIFERMA. J’ai réalisé les travaux entre juillet et septembre 1964. J’avais dix-huit ans. Cinquante ans plus tard, cette toiture n’a jamais été reprise.

Elle restera mon « Chef d'œuvre » de débutant.

En 1968, mon grand-père me conféra par acte notarié les pleins pouvoirs au sein de l’entreprise qu’il avait crée en 1948. Entre 1968 et 1981, nous avons été de tous les chantiers importants du Sénégal, des Phosphates de Taïba au Club Méditerranée (Almadies et Cap Skirring) en passant par la Foire de Dakar, l’Hôtel Téranga, l’Hôtel Diarama à NGor et la plupart des chantiers d’EGCAP, la plus grosse entreprise de génie civil de l’époque.

En 1981, j’amorçai un tournant dans la vie de l’entreprise en la lançant dans les « Travaux Spéciaux », avec l’espoir que cette spécialisation pourrait compenser le ralentissement intervenu sur le marché des Travaux d’Étanchéité, son activité de base.

La même année, mon grand-père est mort d'une cirrhose alcoolique, le 6 décembre, après une agonie de six mois à la Clinique Brévié de l’Hôpital Principal de Dakar. Dès 1983, nous ne faisions plus de Travaux d’Étanchéité et l’expérience acquise dans les Travaux Spéciaux me valut rapidement le surnom de « Docteur Béton ».

Notre chef d’œuvre actuel date de 2013. C’est la Réhabilitation du Pont Émile Badiane à Ziguinchor, que nous avons réalisée en sous-traitants d’EIFFAGE Sénégal. Pour nous, c’était un très gros chantier dont nous nous sommes parfaitement sortis techniquement, à la satisfaction du client et de l’AGÉROUTE. La bienveillante attention active de M. Gérard Sénac – PDG d’EIFFAGE Sénégal – nous a permis d’obtenir de la banque les concours et garanties nécessaires à la couverture financière de l’opération.

Connaissances et expertises diverses

Brevet de Pilote Privé Sénégalais n°12 – 1965.
C’est une autre de mes passions, déclenchée par la lecture du Grand Cirque de Pierre Clostermann lorsque j’avais dix ans.

À quinze ans, je construisais mon premier modèle réduit de vol circulaire à moteur thermique.

Lorsque j’ai eu l’âge d’apprendre à piloter, j’ai été ‘lâché’ par mon moniteur après seulement quatre heures et demie de double-commande. Il semble qu’on ne lâche plus un élève aujourd’hui avant dix heures d’apprentissage. Il faut croire que j’étais doué…

Il est vrai que j’avais étudié l’aviation dans les meilleurs ouvrages… À tel point que mon moniteur m’avait sous-traité les cours de Mécanique du Vol qu’il était censé donner aux autres élèves-pilotes, tous adultes et très attentifs à mes dessins au tableau noir.

Membre du Groupe des 12 de SONATEL lors du lancement de SENPAC.
Mes connaissances en Télématique, acquises dès 1985 sur un Apple IIe équipé d’une Carte AppleTell de Roland Moreno et les bonnes relations que j’entretenais avec M. Cheikh Tidiane MBaye – Directeur des Réseaux de SONATEL nouvellement créée (et futur Directeur Général de SONATEL pendant vingt ans) – me firent accréditer en 1988 dans le Groupe des 12 en tant qu’amateur éclairé !

Tous les autres membres du groupe étaient les ingénieurs-système de grandes entreprises du Sénégal. Ce fut un grand moment d’échanges.

Vie sociale et associative

L’Écurie Sénégal
Très actif dans le domaine de la Compétition Automobile, j’ai découvert la vie associative en étant élu Secrétaire Général de l’Écurie Sénégal dans les années soixante-dix.

La Fédération Sénégalaise de Sport Automobile
Par la suite, je fus coopté d’office par François Bob (notre ministre de tutelle) Secrétaire Général de la Fédération Sénégalaise de Sport Automobile présidée par Gabriel Jacques Gomis, grand journaliste sportif disparu trop tôt.

Pour la petite histoire, je fus le dernier contrôleur du Premier Paris-Dakar, sur la plage de Malika en 1979.

Ces deux premiers postes m’ont beaucoup appris de la gestion des réunions, des assemblées générales… Et surtout de la gestion des hommes.

Le Lions Club
Du début des années quatre-vingt et jusqu’en 1994, j’étais membre du Lions Club « Dakar Gaal Gi », éternel Secrétaire…

L’A.E.F.S. (Association d'Entraide des Français du Sénégal)
À la fin des années quatre-vingt-dix, M. Jean Lablanche, mon inséparable complice et mentor du monde du sport automobile arriva à me convaincre de le rejoindre au Bureau de l’A.E.F.S. – dont il était président – pour organiser la gestion informatique des données de l’association.

En janvier 2000, lorsqu’il refusa de se présenter pour un treizième mandat (!), le Bureau du nouveau président me demanda de prendre le poste de Trésorier. Ce que je fis volontiers. Nous sommes en 2014 et j’exerce cette année mon quatorzième mandat de trésorier de cette association.

C’est une belle aventure, parfois difficile mais c’est certainement à ce poste que je crois avoir réalisé le meilleur de moi-même et avoir le mieux Servi, au sens du Lions Club.

Au fil des années, nous avons réussi à créer des liens très étroits avec le Consulat de France et l’Ambassade, dans le but d’améliorer l’assistance aux Français défavorisés qui vivent au Sénégal.

Quelques anecdotes et souvenirs, certains d'actualité

« Soumission » de Michel Houellebecq ? Ce serait tellement confortable…

Remarque évidemment ironique de ma part, devant ce que je considère comme la moutonnerie des Français de l'Hexagone !

Se soumettre serait pourtant une injure faite à la mémoire de nos anciens.

Mon mariage avec une musulmane

Lorsqu'il était question en 1979 que je me marie avec une jeune femme libanaise musulmane, son père m'avait tenu le discours traditionnel :

« Ma fille est musulmane et ne peut se marier qu'avec un musulman ».

J'étais évidemment prévenu de la règle et j'attendais cette injonction de sa part. Je lui ai répondu :

« Si je suis catholique, c'est parce que mon père l'était. Mon père est mort alors que j'avais 12 ans et ce n'est pas à 33 ans que je vais abjurer la religion de mon père pour me marier avec votre fille. »

Là-dessus, je me suis levé et j'ai quitté la pièce. Il m'a rattrapé dans le couloir pour me dire ensuite « Je vous félicite pour votre franchise et j'accepte que ma fille se marie avec vous sans que vous vous convertissiez à l'islam ».

Ce patriarche, père de onze enfants (!) tous éduqués dans le respect de l'islam n'avait jamais dérogé à "la" règle et a su m'imposer au cercle familial.

C'est ainsi que j'ai été marié pendant seize ans, sans avoir eu d'enfants, hélas. Cela fait vingt ans que nous sommes divorcés et toujours heureux de nous revoir. Je suis resté le beau-frère de toutes et tous et le "tonton" de la ribambelle de neveux et petits-neveux, nièces et petites-nièces qui sont nés au fil des années ;-)

J'en connais tant qui sont "passés chez le cheikh" pour se marier avec une musulmane. C'est indolore et tellement plus confortable. Honte !

De même, je suis Français et je n'ai jamais voulu opter pour la nationalité sénégalaise. Je vis au Sénégal et j'y vivrai tant qu'ils voudront bien de moi !

Alors, soumission ? Certainement pas de mon fait !

Un peu d'actualité

J'étais dimanche matin à Paris pour rejoindre Roissy vers 10h00 et prendre mon avion, retour vers Dakar.

« Je suis Charlie » était partout, en alternance sur l'affichage des portiques lumineux du Périphérique !

À Roissy, le Plan Vigipirate niveau "Alerte Attentat" était lourdement visible.

Au comptoir Enregistrement Air France Sky Priority, sur les écrans d'information le message « Je suis Charlie » côtoyait celui de Vigipirate.

Et après ? Il semble que des solutions émergent pour neutraliser l'action des salafistes en France. L'avenir dira si les politiques suivront les millions d'hommes et de femmes qui ont défilé ce 11 janvier à travers le monde… Pourvu que Cabu ne soit pas mort pour rien…

Le discours de Manuel Valls aujourd'hui à l'Assemblée nationale française donne un espoir « Oui, nous sommes en guerre contre le terrorisme ».

Antoine Sfeir
« Des printemps arabes aux tempêtes du désert »
Conférence donnée le Samedi 29 mars 2013 à Dakar

Sa première phrase, qui m'a beaucoup marqué : « Au Sénégal, les Confréries sont les dernières citadelles contre l'islam radical »

J'ai appris aujourd'hui que des Pakistanais ont ouvert des « Darahs », écoles coraniques dénommées « Madrasas » au Pakistan. On attend la réaction des Confréries sénégalaises (les Mourides de Touba, les Tidjanes de Tivaouane) pour savoir à quel moment elles décideront de neutraliser ces pépinières d'islamistes. Elles en ont les moyens, sans trop devoir s'embarrasser de formes légales (!).

Un film qui montre ce qui risque d'arriver aux pays d'Afrique : « TIMBUKTU » "http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=225923.html"

Des images splendides. Une histoire difficilement compréhensible par les Blancs qui ne connaissent pas les particularités ethniques et sociales de cette région désertique du Sahel.

Quant au reste, bof. C'est trop tiède à mon goût et ça ne va pas au bout de l'horreur. Mais cette lâcheté évitera certainement une Fatwa contre son réalisateur…

J'en retiendrai surtout le bruit que fait exactement la Kalachnikov AK-47, omniprésente ! Un bruit typique, une cadence de tir nettement inférieure à celle du FAMAS français mais en calibre 7,62 au lieu du 5,56… Leurs cibles ? Indifféremment des symboles en bois (ces fameux fétiches religieux dont les touristes raffolent des copies qu'on leur vend pour de l'Art Africain) ou des êtres humains qui ne semblent pas avoir plus de valeur pour le tireur. Quelle dérision, quelle tristesse devant de tels crimes contre la dignité humaine !

Mon expérience vécue des armes de guerre
Souvenir du matin du dimanche 18 décembre 1983 à Ziguinchor où j'ai entendu "en vrai", pour la première fois de ma vie et pendant plus de quarante minutes d'affilée : MAT49 - A52 - FAMAS et la fameuse Mitrailleuse 12,7 dont les projectiles traversent une automobile de part en part !

C'était dans la vraie vie et en ligne de mire il n'y avait que de pauvres diables "armés" d'arcs et de flèches, envoyés au casse-pipe par des politiciens soigneusement planqués (phénomène récurrent)… Bilan officiel : 24 morts. Le vrai chiffre ? Dans les villages casamançais, on parle de 200 à 300 morts.

Plus de 2 000 mots et 10 minutes de lecture d'après iA Writer ! Un début de mes Mémoires, écrits avant que mes neurones ne deviennent défaillants.
--
Marc, l'Africain

9 commentaires
1)
François Cuneo
, le 14.01.2015 à 10:21

Salut Marc,

C’est étonnant comme parcours. Et c’est bien de savoir qui écrit les humeurs sur Cuk.

Pour Timbuktu, je voulais aller le voir dimanche, c’était prévu… avant les événements de la semaine passée.

Ce n’était plus possible, nous étions trop cassés. Impossible d’aller voir un film comme ça. Cela dit, ce que tu appelles de la tiédeur et de la lâcheté, je crois que c’est, d’après ceux qui ont vu ce film, justement une des forces de ce film. Il y a de la retenue.

Je vais absolument essayer d’aller le voir ces prochains jours.

2)
pter
, le 14.01.2015 à 10:31

super debut de mémoires, pourvu qu’on aie d’autres ‘extraits’ bientôt !

3)
M.G.
, le 14.01.2015 à 11:08

Cela dit, ce que tu appelles de la tiédeur et de la lâcheté, je crois que c’est, d’après ceux qui ont vu ce film, justement une des forces de ce film. Il y a de la retenue.

Cette retenue est la même qui interdit au chaînes de télé de diffuser intégralement les films d’exécution d’otages réalisés par les islamistes au prétexte que l’horreur n’est pas visible pendant les journaux télévisés. Lorsque que j’étais à Paris, j’en ai discuté durement avec une nana de Paris Première. « Tu es fou ! Jamais nous ne publierons de telles images, alors que nous les avons toutes, évidemment. »

C’est une erreur de communication dramatique vis-à-vis des millions d’hommes et de femmes qui ont défilé dimanche. Ils ont le droit de savoir !

Lorsqu’il a réalisé « La chute du faucon noir » en 2001, Ridley Scott a eu la souci de « tout montrer », ce qui en fait un excellent film pédagogique sur l’état d’esprit et les méthodes des combattants islamistes… Et l’impuissance de l’armée américaine devant de telles méthodes.

Dans le même ordre d’idée, « Secret Défense » de Philippe Haïm (2008) montre comment on transforme un « Petit Pierre » paumé en « Aziz » meurtrier dans une prison française. Ce film n’a fait que 600 000 entrées en France :-(

Antoine Sfeir, qui joue son propre rôle dans le film et qui a conseillé Philippe Haïm pour le scénario, me disait à Dakar que l’échec d’audience lui semblait dû à certaines maladresses du réalisateur mais surtout au désintérêt du public. Preuve que les Français ne se sentaient pas concernés en 2008.

Maintenant, ils savent !

4)
Lebarron
, le 14.01.2015 à 13:13

La guerre des images, sur le net les amateurs de complots sont à l’œuvre, il y a un boulot de pédagogie énorme à faire.
Montrer des images de décapitation est une décision difficile à prendre, j’ai peur qu’elle ne soit prise que pour faire de l’audience, nous sommes des voyeurs en puissance tout d’abord, des primitifs, l’émotion ne laisse la place à la réflexion que tardivement.

5)
François Cuneo
, le 14.01.2015 à 14:30

Je revendique le droit de ne pas voir.

Cela ne signifie pas que je ne sais pas, mais je ne veux pas voir.

Le jour où je vois une exécution à la télévision, pendant le journal, je crois que je porte plainte.

Parce que sinon, si c’est pour savoir, l’étape suivante est de nous blesser un peu nous aussi, pour voir ce que l’on ressent.

On peut être conscient des souffrances sans les éprouver soi-même.

Et comme l’écrit Lebarron, on est très vite en plus dans le voyeurisme.

6)
Jean-Yves
, le 14.01.2015 à 16:55

… je donne une vision assez décousue de moi-même.

Si ça peut rassurer, j’ai aussi parfois cette impression, même avec des proches. J’en ai pris mon parti en considérant que plus le temps passe, plus nos fonctions cérébrales sont encombrées, d’autant qu’il n’y a pas de touche “Reset” pour effacer ce que l’on aurait tendance à pousser vers d’obscures cases “À oublier d’urgence”.

Comme Lebarron et François Cuneo, je ne veux pas voir ça.
La suggestion des mots parle déjà beaucoup à mon imaginaire, et la vue d’images n’ajouterait rien à mon jugement mais encombrerait encore ces obscures cases qui ont pourtant leur utilité.

Avec le recul de ce commentaire, pas sûr que cela serait une bonne idée, cette touche “Reset” ;-)

7)
ToTheEnd
, le 14.01.2015 à 17:49

j’ai peur qu’elle ne soit prise que pour faire de l’audience, nous sommes des voyeurs en puissance tout d’abord, des primitifs, l’émotion ne laisse la place à la réflexion que tardivement.

Et oui, tout le problème est là…

Je revendique le droit de ne pas voir.

Mais les médias se foutent bien de savoir ce que tu as le droit de voir ou pas. Dans leur quête de partage de l’information à fournir aux sans dents de l’information, tout est bon… surtout quand l’audimat est en jeu.

Et comme les médias se jugent entre eux et qu’ils sont tous à la même enseigne, on assiste régulièrement à des débats médias/médias pour savoir si oui ou non ou peut être ils ont été trop loin dans telle affaire ou une autre.

C’est un peu comme si une bande de criminels basée à Paris et une autre à Marseille se réunissaient pour savoir si dans leur dernière attaque de banque respective, ils auraient été trop loin ou pas et s’il fallait entamer des poursuites judiciaires ou non. Il serait rigolo un monde comme ça.

Pendant toute cette tragédie qui a été relayée durant des heures avec bien souvent, aucune info fournie à l’exception de commentaires et de conjectures en tout genre pour plaire à tous les voyeurs qui sont en nous, Boko Haram a attaqué et massacré 2’000 personnes à Baga au Nigéria selon Amnesty International. Femmes, enfants et bien entendu hommes ont été passés à la Kalach… c’est tout de même 117 fois plus de morts que le bordel à Paris mais visiblement, pour les journalistes, c’est plus facile de faire leur boulot en bas de chez eux qu’à 2’500km de là. Ou c’est peut être une question d’audimat?

Mais ils ne sont que des messagers du Dieu info… ou peut être sont-ils un peu des intégristes du Dieu info? Tout est possible.

T

8)
M.G.
, le 14.01.2015 à 18:51

J’ai bien peur que ToTheEnd m’ait coupé l’herbe sous le pied sur ce coup-là ;-)

Montrer des images de décapitation est une décision difficile à prendre, j’ai peur qu’elle ne soit prise que pour faire de l’audience,

Il est sûr que le premier qui ose se fera massacrer par les copains, la Haute Autorité et tout le tintouin ! C’est pourquoi ce genre de scoop n’a jamais été diffusé, malgré le gain d’audience espéré (ça les démange grave). Je rappelle que ma copine de Paris Première m’a traité de fou rien qu’à l’idée d’y penser !

Je revendique le droit de ne pas voir.

C’est ton droit, en effet, et personne ne devrait t’imposer cette vision. D’autres, en revanche, se repaissent de ces images et savent où les trouver, crois-moi. La différence, c’est que ni toi ni moi ne ferons l’effort d’aller les chercher. Pour les autres, c’est la justification d’un geste en accord avec leurs croyances.

Comme Lebarron et François Cuneo, je ne veux pas voir ça.

Voir ou ne pas voir, là est la question.

Je vis en pays à 95 % musulman. Je mange donc de la viande hallal depuis cinquante ans et je ne m’en porte pas plus mal ;-)
À l’abattoir, les bovins y sont systématiquement égorgés depuis toujours, sans passer par la phase « merlin » des abattoirs français.
Critiquer le mode d’abattage hallal au nom de la souffrance des animaux (ce fut le cheval enfourché par le FN au moment où c’était à l’ordre du jour) me laisse dubitatif quant au sérieux de la démarche. Les Français savent-ils comment est abattu un veau qu’ils retrouveront dans leur assiette ? Il est entravé, suspendu par les pattes de derrière puis, la tête en bas, égorgé. Son agonie dure de longues minutes, pendant lesquelles il ne cesse d’appeler sa mère. C’est atroce mais c’est le tribut à payer pour obtenir un belle viande blanche, provenant d’un animal totalement exsangue.

C’est aussi un de mes souvenirs, dans une ferme normande, à l’époque où les bouchers pouvaient encore abattre eux-mêmes leurs bêtes. Comme quoi…

Boko Haram a attaqué et massacré 2’000 personnes à Baga au Nigéria selon Amnesty International. Femmes, enfants et bien entendu hommes ont été passés à la Kalach…

C’est qui Boko Haram ? C’est où Baga ? C’est quoi le Nigéria ?
Tout le monde s’en moque. Pourtant, nous avons parfois des images, souvent atroces. Mais c’est tellement loin de notre cocon familial !

C’est pourquoi je reproche au réalisateur de « TIMBUKTU » sa retenue coupable de ne pas aller jusqu’au bout des exécutions. Il nous aurait montré ainsi l’horreur dans toute sa puissance de suggestion. Au cinéma, tu paies ta place et tu n’es pas obligé d’emmener les enfants !

9)
guru
, le 18.01.2015 à 04:02

Pour ne pas voir, il suffit de fermer les yeux… Mais savoir sans voir, ça ne provoque pas le chamboulement nécessaire pour la suite, la rébellion et, éventuellement, l’action. Bon dimanche depuis les « Killing Fields » à Phnom Penh.