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Quelques règles typographiques souvent méconnues : une brève suite

Étant un peu « à la bourre » et ne trouvant pas d'idées originales pour l'article que je devais publier aujourd'hui, je cherchais l'inspiration éventuelle en parcourant mes anciens textes. Et je suis tombé sur un article consacré au rappel de certaines règles typographiques souvent méconnues pour la rédaction d'un texte, et particulièrement d'un texte en langue française.

J'ai remarqué alors que je n'avais pas mentionné certaines règles qui peuvent paraître tout aussi importantes. Particulièrement dans le cadre de mon métier actuel d'enseignant, où je dois lire un nombre important de papelards officiels, qui respectent pourtant rarement lesdites règles… Celles que j'ai déjà énumérées dans mon article précédent sur le sujet, et pas mal d'autres, dont je vais brièvement rappeler certaines ici.

D'abord la formation des paragraphes. Pour les délimiter, on procède généralement à une « indentation » (le terme correct est en fait « retrait de paragraphe ») au début d'un nouveau paragraphe, comme dans cet exemple artificiel :

parapgraphes-retraits

Il est également courant de sauter une ligne, voire une demi-ligne ou un quart de ligne, comme dans cet article même ou comme dans l'exemple ci-dessus modifié en conséquence.

sauts

Les deux procédés sont admis dans les canons de la typographie (bien que le premier soit le plus recommandé). Mais on ne fait pas les deux simultanément, parce que c'est redondant… et fortement inélégant, du moins à mon avis. Et c'est d'ailleurs valable en anglais aussi bien qu'en français.

sauts-indentation

Mentionnons le cas particulier de la typographie anglo-saxonne : en début de chapitre ou plus généralement d'une section de texte, on ne procède pas au retrait du texte dans le tout premier paragraphe, celui qui suit le titre.

indentation-anglaise

Un petit mot rapide maintenant sur l'utilisation des caractères gras. Selon les canons de la typographie correcte, ils devraient être réservés aux titres de chapitres et de sections, quelle que soit la taille des caractères, comme dans l'exemple ci-dessus. Il est généralement conseillé d'utiliser une polices linéale (c'est-à-dire sans empattements, autrement dit « sans serif »), ainsi que le fait l'exemple précédent, mais ce n'est pas une obligation absolue.

L'utilisation des polices italiques (voire de polices simplement « penchées ») maintenant : elles ne devraient être utilisées que pour la mise en évidence de certaines parties du texte. Parfois pour des paragraphes entiers (traductions du passage précédent en une autre langue par exemple, comme c'est souvent le cas dans les textes bilingues français-néerlandais qu'on peut voir affichés à Bruxelles). À noter qu'on ne devrait jamais souligner un texte écrit par un moyen informatique : ce procédé n'était qu'un pis-aller utilisé du temps des machines à écrire… ou éventuellement au tableau noir :-)

De façon plus générale, les polices de caractères de type roman (avec empattements), sont utilisés dans de longs textes pour en faciliter la lecture, comme dans vos romans favoris. Les exemples fantaisistes ci-dessus utilisaient également une police romane (les « Latin Modern » utilisées dans le monde de LaTeX). Les polices sans empattements (linéales) sont idéalement réservées aux textes plus courts et plus espacés (comme la plupart des sites web, dont celui-ci !) et à la titraille, comme rappelé plus haut. Quant aux polices à chasse fixe, en anglais typewriter, dont chaque caractère occupe la même espace horizontale, elles sont généralement réservées à l'impression des codes informatiques, comme le magnifique code LaTeX ci-dessous qui a produit la première illustration de cet article.

\documentclass[12pt]{scrartcl}
\usepackage{lipsum}
\usepackage[french]{babel}
\begin{document}
\lipsum[1-3]
\end{document}

Pour conclure, parlons un peu des listes : saviez-vous que la typographie française n'autorise que les tirets longs (tirets cadratins ou demi-cadratins) pour indiquer le début de chaque item d'une liste non numérotée ? Les tirets courts (traits d'union) ne devraient pas être utilisés, pas plus que les points noirs et autres astérisques utilisés par les Anglo-saxons. D'autre part, chaque item de cette liste devrait être terminé par un point-virgule (une virgule s'il s'agit d'une sous-liste), sauf le dernier évidemment, qui sera terminé par un point (respectivement un point-virgule pour une sous-liste).

liste

L'exemple ci-dessus est extrait du très bon papier d'Eddy Saudrais, Le petit typographe rationnel, lecture chaudement recommandée, ainsi que celles déjà référencées dans mon précédent article sur le sujet !

27 commentaires
1)
pioum
, le 06.11.2014 à 07:13

Il est également courant de sauter une ligne

Pas de sauter une ligne, plutôt une espace après ou avant.

2)
Franck Pastor
, le 06.11.2014 à 08:18

Une espace verticale, tu veux dire ?

Les seules possibilités que laissent ma classe de documents LaTeX (KOMA-script, féru de typographie) en matière d’espace verticale entre paragraphes, c’est le saut d’une ligne, d’une demi-ligne ou d’un quart de ligne.

Ces espaces sont généralement élastiques avec LaTeX : sur une page donnée elles peuvent être uniformément agrandies ou rétrécies — dans une certaine mesure — pour permettre un meilleur gris typographique de cette page.

D’après ce que j’ai vu, le saut d’une ligne est le plus couramment utilisé sur les texteurs « normaux » (hors LaTeX s’entend) puisque c’est lui qui correspond généralement au retour chariot dans leur configuration par défaut.

Ceci dit, tu as raison dans l’absolu et j’ai mis à jour l’article en conséquence : c’est vrai qu’on voit assez souvent d’autres espaces que le saut de ligne pur et dur.

3)
chris72
, le 06.11.2014 à 08:39

petite question à un enseignant :

« papelards » c’est aussi dans les règles ?

4)
M.G.
, le 06.11.2014 à 09:15

« papelards » c’est aussi dans les règles ?

Merci pour ce premier commentaire ;-)

Cela dit, même s’il est plutôt argotique, papelard est aussi admis dans le langage familier.

5)
M.G.
, le 06.11.2014 à 09:25

Comme Franck Pastor, j’ai toujours été très sensible au respect des règles typographiques.

Pour apporter ma pierre à l’édifice, un document très didactique mis à jour régulièrement : Petites leçons de typographie

En fait, plus une mise en pages est simple plus elle sera lisible. L’éditeur que nous a concocté Noé sous WordPress pour la rédaction des articles dans Cuk en est un exemple réussi ;-)

6)
Franck Pastor
, le 06.11.2014 à 10:29

« Paperlards » est certainement familier, mais en aucun cas grossier. Je n’imaginais même pas qu’il puisse choquer quelqu’un !

L’article de Jacques André figure en bonne place dans les sources d’inspiration mentionnées dans mon premier article sur la typographie. Clair, accessible, bien rédigé, un régal. À recommander sans réserve !

8)
Marcolivier
, le 06.11.2014 à 12:27

@406: il me semble que cette manière d’écrire (non justifié) est une pratique plutôt anglo-saxonne, alors que le français justifie (fin des lignes alignée) ses textes. Mais à confirmer par les experts du site ;o).

9)
Migui
, le 06.11.2014 à 12:52

Merci, Franck, pour ces informations précieuses!

Il est généralement conseillé d’utiliser une police linéale (c’est-à-dire sans empattements, autrement dit « sans serif »), ainsi que le fait l’exemple précédent, mais ce n’est pas une obligation absolue.

Personnellement, je trouve qu’utiliser une police différente pour les titres n’a pas beaucoup de sens, ça brise l’unité visuelle: une bonne fonte devrait être aussi lisible et agréable en gras qu’en normal.

C’est peut-être aussi l’occasion ici de rappeler que les fontes avec sérif ne doivent jamais être utilisées pour des présentations: les parties minces des lettres en deviennent pratiquement invisibles de loin, ce qui rend la lecture plus difficile.

Autre chose: beaucoup se croient obligés de mettre deux espaces après un point. Mais à ma connaissance, les règles typographiques de base n’en prévoient qu’une seule.

10)
Puzzo
, le 06.11.2014 à 13:13

Une question : je vois souvent parmi mes collègues des gens qui écrivent par exemple :

Export des données : PDF/ Word

Personnellement, j’écrirais plutôt PDF/Word ou éventuellement PDF / Word mais jamais comme la première version.

Y a-t-il une règle à ce sujet ?

Merci pour ton article Franck.
Je viens de faire adopter Antidote au travail… ce sera bientôt mis en place et je m’en réjouis :)

11)
Blues
, le 06.11.2014 à 14:03

En Suisse romande (je ne sais si aussi dans d’autres contrées), il y a une post-formation spécifique dédiée à ce travail méticuleux de fourmis : il s’agit du/de la correcteur(trice). Cette formation s’adresse en général à des personnes des arts graphiques (typographe surtout) fondu de la langue française.
Il est clair que l’avènement des correcteurs software (Pro-lexis-Antidote, etc..) est en train de « tuer » cette profession (j’ai déjà 3 ami(e)s qui ont été licenciés dans diverses imprimeries ces dernières années).
Dommage que la « pate » du pro humain ne soit plus reconnue, car je continue à penser que l’automatisation de ces tâches ne fait qu’empirer la qualité de rendu des textes que l’on peut lire dans les journaux. livres, etc… Mais bon, OK, il faut vivre avec son temps.

Saviez-vous que nous Suisse romand avons notre propre guide du typographe avec en partie nos propres règles ? :D

Allez, malgré que je ne sois pas la « bête » en français, je signe : Blues, typographe plomb de formation, un métier nouvellement nommé « polygraphe »

13)
jacksonV
, le 06.11.2014 à 18:42

Merci pour cet article. Une «règle» typographique que je trouve difficile à tenir, c’est celle qui concerne la longueur des lignes. Selon certains, des lignes de 66 à 77 caractères seraient plus faciles à lire. C’est aussi mon impression. Mais j’ai de la peine moi-même à m’y tenir.

14)
PSPS
, le 06.11.2014 à 19:02

En marge de cette excellente mise au point, je souhaite ajouter que, pour se conformer à la typo française, il convient d’insérer un (ou une ?…) espace insécable devant les ponctuations doubles (; : ! ?).

Or sur l’iPad, à ma connaissance, seuls Word et PowerPoint se montrent capables d’un tel exploit. Et ce n’est pas faute de relancer les développeurs de Textilus…
Heureusement, depuis ce soir, Microsoft met l’usage de ses applis à dispo, gratuitement !

15)
Franck Pastor
, le 06.11.2014 à 19:28

Puzzo : pour ma part j’écrirais tout simplement « PDF, Word ». :-) Ceci dit, d’après cette liste de recommandations, il ne faut pas d’espace autour du signe oblique. Donc ce devrait être « PDF/Word » semble-t-il.

Blues, oui, dans le précédent article on avait pas mal discuté de ces différences, François et moi notamment :-).

Laurent Vera, ce lexique est en effet la référence absolue, tout ce que j’ai lu sur le sujet l’affirme, et je ne l’ai toujours pas en mains… Faudrait que je me décide à l’acquérir.

PSPS : il y a au moins aussi LaTeX qui fait cela, et il y aurait moyen de l’utiliser sur iPad. Comme je n’en ai pas, je ne peux guère en dire plus.

16)
Blues
, le 06.11.2014 à 19:48

seuls Word et PowerPoint se montrent capables d’un tel exploit.

euh … faut quand pas oublier des logiciels professionnels comme InDesign et Xpress (et Illustrator) qui eux font encore bien mieux que Word et PowerPoint réunis ;)
A propos des ponctuations et des espaces

17)
PSPS
, le 06.11.2014 à 22:33

Euh… InDesign, Xpress et Illustrator pas vraiment disponibles sur iPad… À ma connaissance :-)

18)
M.G.
, le 06.11.2014 à 22:36

Laurent Vera, ce lexique est en effet la référence absolue, tout ce que j’ai lu sur le sujet l’affirme, et je ne l’ai toujours pas en mains… Faudrait que je me décide à l’acquérir.

Dans ma bibliothèque depuis des années !

Horrible détail : la Une de couverture est l’exemple typique de ce qu’il ne faut pas faire. Ironie de l’éditeur ?

19)
Franck Pastor
, le 06.11.2014 à 23:00

Autre chose: beaucoup se croient obligés de mettre deux espaces après un point. Mais à ma connaissance, les règles typographiques de base n’en prévoient qu’une seule.

En effet. Deux espaces après le point, c’est la typographie anglo-saxonne qui veut ça, en fait.

@406: il me semble que cette manière d’écrire (non justifié) est une pratique plutôt anglo-saxonne, alors que le français justifie (fin des lignes alignée) ses textes. Mais à confirmer par les experts du site ;o).

Tous les ouvrages et revues anglais ou américains que j’ai en bibliothèque ont des textes justifiés. L’invasion actuelle des textes « alignés au fer à gauche » est plutôt à mettre sur le compte du web, et ce serait une conséquence du fait que les coupures de mots en fin de ligne (« césures ») y sont très peu répandues… La version actuelle de cuk.ch est un des rares contre-exemples.

20)
M.G.
, le 07.11.2014 à 08:17

La version actuelle de cuk.ch est un des rares contre-exemples.

Le « Gris typographique » qui en résulte est très agréable à l’œil :-)

Merci WordPress. Merci Noé.

21)
Marcelpahud
, le 07.11.2014 à 11:30

Merci pour cet article fort intéressant. Je n’écris plus très souvent, mes études étant terminées depuis un certain temps. Mais j’ai toujours veillé à respecter tout cela au mieux :-)

Concernant l’espace insécable, Pages est capable de le faire. Sur iPad je ne sais pas cependant. Ce que Pages, à ma connaissance, ne sait pas faire, c’est l’espace fine.

Pour ce qui est du texte justifié, je le préfère largement moi aussi. Néanmoins, il semblerait que cela représente une difficulté supplémentaire pour les personnes dyslexique. Lorsque je présente donc un texte à mes élèves (dont plusieurs souffre de dyslexie), je tâche de le mettre en page en utilisant un interligne d’au moins 1,5 et justifié à gauche…

22)
M.G.
, le 08.11.2014 à 10:43

Pour ce qui est du texte justifié, je le préfère largement moi aussi. Néanmoins, il semblerait que cela représente une difficulté supplémentaire pour les personnes dyslexiques. Lorsque je présente donc un texte à mes élèves (dont plusieurs souffrent de dyslexie), je tâche de le mettre en pages en utilisant un interligne d’au moins 1,5 et justifié à gauche…

Je pense que la difficulté de lecture d’un texte est la même pour le commun des mortels, même si les dyslexiques souffrent évidemment d’un souci supplémentaire.

Deux exemples concrets, de livres au format identique :

1°) Un que je n’ai jamais pu lire sans utiliser une règle pour passer de ligne à ligne : « Ma Vie » de Bill Clinton (Odile Jacob – juin 2004).

1 000 pages de 78 caractères/ligne et 46 lignes/page.

2°) Un autre, parfaitement lisible sans artifice : « Steve Jobs » de Walter Issacson – (JCLattès – novembre 2011).

700 pages de 68 caractères/ligne et 38 lignes/page.

Des lignes trop longues, un interligne trop serré donnent un texte très vite illisible, l’œil ne parvenant pas à suivre d’une ligne sur l’autre !

La bonne méthode pour faciliter la lecture d’un texte imprimé : Augmenter les marges pour diminuer le nombre de caractères par ligne et, dans le même temps, augmenter l’interligne, ce que vous faites pour vos élèves.

Après, justifié ou pas, tout dépend de la puissance du logiciel qui donnera ou pas un « Gris typographique » agréable. Un texte tout « mité » sera désagréable à lire.

Pour terminer, l’utilisation de fontes de caractères à empattements est vivement recommandée pour améliorer le suivi de l’œil sur la ligne. Le « Times » a été inventé pour ça ;-)

23)
M.G.
, le 08.11.2014 à 22:33

@Blues et ceux qui l’auraient oublié, un article passionnant :

TYPO-PRINT 01: Historique et évolution des techniques d’impression

Je viens de retrouver les fichiers suivants sur mon disque dur :
« typo-print01_evolution.pdf »
« typo-print02_mispag-polices.pdf »
« typo-print03_reliure.pdf »

Les deux derniers illustrent la suite du premier article.

Ils datent tous de 2004 ;-)

Oui, cela fait dix ans. Ils font partie de mes Big Data à moi et ne sont stockés dans aucun « Cloud » ;-)

24)
Blues
, le 10.11.2014 à 08:39

Sisi, ils sont encore tous sur le Cloud de Cuk 8| Noé a fait (archivé) cela très bien, puisque tous « mes écrits » sont encore visibles sur notre site favori.

01 > Historique et évolution des techniques d’impression
02 > La mise en page et les polices de caractères et
03 > Reliure et problèmes techniques liés à la PAO En supplément souvenir : voir les links des 3 PDF de cette « saga » TypoPrint > qui sont à télécharger au bas de cette page (juste avant le démarrage des commentaires)

25)
M.G.
, le 10.11.2014 à 11:43

Sisi, ils sont encore tous sur le Cloud de Cuk 8| Noé a fait (archivé) cela très bien, puisque tous « mes écrits » sont encore visibles sur notre site favori.

Ça, je le savais, puisque c’est là que j’ai retrouvé ton article de 2004 (en fait, il y en a 3, chacun avec le pdf qui va bien). Merci à Noé de nous avoir conservé toutes ces archives ;-)

26)
Blues
, le 10.11.2014 à 14:11

Excellent, j’suis content que ce soit encore là… Il y avait encore en sus 2 articles qui sont proches et qui se nomment « Comprendre l’image numérique: vectorielle et bitmap, les modes de couleur, le scanner et les résolutions », même si des choses sont dépassées, d’autres valent encore le détour :

Voir la partie 01 ici (avec un PDF à télécharger au bas de la page)
Voir la partie 02 ici (avec plusieurs PDF à télécharger au bas de la page)

Comme dit, certains conseils, liens, mode de faire ou de produire sont obsolètes; pour le reste je pense qu’en grande partie, ça tient encore la route

27)
jibu
, le 11.11.2014 à 08:38

Concernant le commentaire sur les espaces.
J’ai remarqué qu’il faut en mettre le plus souvent possible afin que les logiciels de recherche (Evernote) retrouve les mots, si le mots recherché est coller avec un caractère spécial style /, il ne proposera pas l’occurrence.