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Agrandissez vos capteurs au lieu d’augmenter le nombre de pixels

Depuis le temps que je le répète! J'ai été l'un des premiers, sur Pommea.com (et cela dit en toute modestie, bien sûr, vous me connaissez) à hurler contre le capteur 3.34 mégapixels qui a équipé (et qui équipe encore) nombre d'appareils digitaux, et en particulier ce qu'en faisait le Canon PowerShot S20.

À l'époque, on réussissait enfin à placer un million de pixels supplémentaires sur un capteur de petite taille, mais je trouvais dans le Canon un appareil nettement moins bon que mon Camedia 2020 qui n'était pourvu que de 2 mégapixels.

La différence? L'Olympus donnait des images pures, même si la résolution était obligatoirement moins bonne. Le Canon, lui, nous donnait des images bruitées comme ce n'était pas permis. J'avais gardé cet appareil une semaine et l'avais ensuite rendu sans regrets à mon revendeur.

Récemment, les photos sorties de mon Nikon D1 de base (2.7Mp seulement) m'ont enthousiasmé, ne serait-ce que par la qualité du calcul de la lumière et par le plaisir de retrouver enfin un vrai appareil de photo dans mes mains. Je suis passé depuis sur un Fuji S2 Pro, suite à une panne intermittente (donc difficile à trouver et ça, je ne supporte pas) de l'alimentation du Nikon. Je suis ainsi passé à 6Mp, sur un capteur de la taille d'un film APS, l'image est là aussi excellente, le D1, pour autant qu'on n'agrandisse pas trop l'original, avec ces pixels de grande taille, n'avait pas à rougir face à son concurrent plus récent.

Le nouveau numéro de Chasseur d'images (248) vient me conforter dans mes convictions. Il jette un pavé dans la marre de la course effrénée vers le "toujours plus de pixels sur un petit capteur".

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Comme toujours, Guy-Michel Cogné met le doigt là où ça fait mal, et nous prouve dans son édito, que les choses vont devoir changer. Après la course au nombre de pixels, va-t-on passer à celle sur la plus grande taille de capteur?

Seule la difficulté de fabrication des gros capteurs (également bien expliquée dans le même numéro) et par là même leur très grande cherté va pendant quelques mois, voire quelques petites années, ralentir cette évolution.

En attendant, je vous propose la lecture de cet édito de Guy-Michel Cogné, et ne peux que vous conseiller la lecture complète du numéro de Chasseur d'Images, ne serait-ce que parce que le nombre de nouveaux appareils digitaux reflex haut de gamme est vraiment impressionnant, et risque bien de vous faire rêver.

La photo numérique arrive à un tournant

On ne multiplie pas les pixels impunément: à force de réduire la taille des capteurs tout en augmentant leur résolution, les fabricants arrivent à un point de non-retour. La conception actuelle des photoscopes doit impérativement être remise en cause!

Placez dans une vitrine quatre appareils identiques et apposez devant chacun une étiquette différente : "2 mégapixels", "3 mégapixels ", "4 mégapixels"… "5 mégapixels'

Questionnez maintenant un petit groupe de consommateurs et demandez-leur quel est le meilleur. Immédiatement, tous les regards se tourneront vers l'appareil qui annonce le plus grand nombre de pixels.

Les fabricants ont compris la leçon et se sont tous lancés dans une chasse effrénée aux pixels, cédant ainsi à la facilité. Depuis quelques mois, le grand jeu à la mode consiste à rafraîchir les gammes en offrant régulièrement un petit million de pixels aux appareils qui se vendent le mieux, afin de donner un nouveau souffle à leur carrière commerciale. Personne n'y échappe et la Photokina confirme la tendance: Canon Ixus Digital, Nikon Coolpix, Minolta Dimâge, Konica Revio… tous sont pris de la même frénésie.

L'industrie photo adopte, avec quelques années de retard, les mêmes méthodes que le monde informatique où un microprocesseur chasse l'autre. Pour beaucoup de consommateurs, il est insupportable de travailler encore sur un Pentium 100 quand des machines dix fois plus puissantes (en théorie !) le narguent dans les vitrines. De la même manière, le photographe expert ayant investi une fortune, il y a deux ans, dans un appareil "bi-mégapixels" le cache avec pudeur quand il s'approche d'un fraîchement converti qui mitraille avec un "6 Mpix".

Prendre un Coolpix 2500 et remplacer son capteur par un CCD de taille identique mais comportant un million de pixels supplémentaires est facile. En changeant le coeur de l'appareil, on le remet au goût du jour et on dope ses ventes pour un coût de développement inexistant. Accessoirement, on essaie même de gagner un peu d'argent en remontant le prix, alors que rien ne le justifie: les CCD sont soumis aux mêmes règles que les microprocesseurs et, en sortie d'usine, leur prix n'est pas lié à leur résolution, mais à leur rareté. Un modèle chasse l'autre et un 3 Mpix coûte, aujourd'hui, le même prix qu'un 2 Mpix il y a six mois

Jusqu'à maintenant, cette chasse aux pixels ne posait pas de grandes difficultés et, globalement, chaque nouveau pas en avant vers une résolution plus élevée apportait effectivement un petit plus sur la qualité des images. Mais les meilleures choses ont une fin et l'arrivée imminente des capteurs 5 mégapixels sur les photoscopes compacts pose un réel problème car on se trouve désormais aux limites de l'optique grand public.

Placer 5 millions d'éléments photosensibles sur un composant de seulement 1/1,8" est un casse-tête majeur: les photosites sont si petits (à peine plus de trois micromètres) qu'on se retrouve bien au-delà du pouvoir séparateur des objectifs!

Notre ami René Bouillot, avec lequel nous avons décortiqué les nouveautés de la Photokina, résume le problème en grommelant: "Ça ne peut pas marcher!". Se reprenant aussitôt: "En réalité ça marche… mais normalement, ça ne devrait pas marcher"! René a raison : on ne colle pas impunément 5 Mpix sur une surface inférieure à celle d'un ongle : pour que "ça marche", il faudrait des optiques capables de séparer près de 200 paires de lignes.., mais c'est là une contrainte bien éloignée du cahier des charges d'un appareil grand public.

Aussi… les photoscopes ultracompacts 5 Mpix de cette fin d'année risquent de ne pas être meilleurs que leurs prédécesseurs. Les premiers résultats que nous avons vus sont flatteurs pour ce qui est de la résolution, mais ils imposent moult sacrifices. En clair, les photos de mires vont être bonnes… mais vos images de sujets riches en détails fins peuvent être perturbées par un bruit important.

Nous arrivons donc aux limites des appareils actuels et, pour aller plus loin, il n'y aura pas d'autre solution que d'agrandir la taille des capteurs. C'est ce que prépare Olympus avec son futur système reflex. C'est ce que prépare Nikon avec ses futurs capteurs "taille APS". C'est ce que prépare Canon avec son Cmos "taille 24 x36". Certains des produits de demain sont déjà en vente, d'autres sont en préparation mais une chose est sûre: a la Photokina 2002, la photo numérique vient d'opérer un nouveau tournant.

Guy-Michel Cogné

Il n'y a rien à ajouter…

5 commentaires
1)
Diego
, le 12.10.2002 à 15:28

Tiers-mondiste de la photo numérique, je mitraille encore avec mon "vieux" Coolpix 800 qui rend à peu près les services que je lui demande.

Au contraire du consommateur "type", les mégapixels ne m’ont jamais fait fantasmer, je ne suis donc pas vraiment sensible à ce genre d’argument. Par contre deux paramètres qui m’ont particulièrement perturbé lors de mon passage de l’argentique au numérique. Ce que j’appelle le « temps de rideau », soit le temps entre le déclenchement et celui de la prise de la photo, et le temps d’enregistrement, soit celui entre la prise de la photo et le moment où l’appareil est de nouveau prêt à photographier.

Mon Coolpix est lamentable de ce côté là, avec des temps beaucoup trop grands à mon avis. Ma question donc : y a-t-il eu des progrès de ce côté sur les appareil de nouvelle génération, ou le numérique st-il toujours réservé aux natures mortes ?

2)
cuk
, le 12.10.2002 à 17:24

Diego, au niveau compact, il n’y pas de grand progrès.
Par contre, les reflex sont à ce niveau aussi bons que les argentiques.
Les Olympus E10 E20 aussi d’ailleurs. Bref, il faut mettre le (gros) prix pour arriver à équivalence à ce niveau.

3)
Fabrizio
, le 14.10.2002 à 17:35

Mouais…. Payer "les yeux de la tête" un appareil qui produit le même résultat (quoique…) qu’un compact à 200.- (par ex. le MiuII d’Olympus), je trouve cela de l’arnaque… OK, c’est pratique de sortir immédiatement ses photos sans passer par un labo, mais bon… faut pas exagérer. J’ai été tenté mais entre les prix "astronomiques", le temps d’attente entre le déclenchement et la prise de photo (inadmissible, c’est dû à la gestion de l’anti-bruit notament) je préfère garder mon argentique Nikon F70.

4)
cuk
, le 14.10.2002 à 23:50

Fabrizio, si tu y mets le prix, tous les problèmes dont tu parles sont éliminés.
Pour 3000 euros, tu as un appareil grande classe, équivalent à un appareil à 1000 Euros il est vrai, mais avec des avantages cerains. L’arnaque ce sont les appareils moins chers, (1000 euros) qui eux ne valent pas mieux que les compacts à 200 € dont vous parlez.

5)
AleX
, le 15.10.2002 à 09:22

Moi, je cherche un appareil 1 ou 2 Megapixel mais avec de belle images, un zoom optique et surtout des capacités de stockages raisonnables (5 ou 600 clichés).
Parce que un appareil qui stocke 20 photos, j’en vois pas l’utilité.
Le tous pour 200€ :-)
3 ou 400€ s’il fait stockage de données dans l’esprit de l’iPod.