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À propos de l’édito du dernier numéro de Chasseur d’images

Chasseur d'images est LE journal consacré à la photographie sous tous ses aspects. Des tests fouillés à me flanquer des complexes, une connaissance technique largement au-dessus du lot, des cours de photographie touchant chaque mois un nouveau sujet, des galerie où l'on présente le travail aussi bien de professionnels aguerris que d'amateurs, qui le sont aussi.

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Bref, c'est du tout bon journalisme.

Un domaine dans lequel le journal excelle également, c'est l'annonce d'appareils qui ne sont pas encore sur le marché.
Dans le dernier numéro du journal (241), Guy-Michel Cogné, son rédacteur en chef, pousse un coup de gueule, une humeur en fait, que je ne résiste pas à vous présenter ici.

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Excusez-moi de vous faire de la pub!

La mondialisation de l'information n'est pas un mythe et la presse est de plus en plus considérée par les firmes comme un outil à la disposition du marketing dont l'unique rôle serait de répéter les infos, quand on lui dit... et comme on lui dit! Une conception du journalisme avec laquelle nous ne sommes évidemment pas d'accord!

Au moment où vous lirez ces lignes, les journalistes de Chasseur d'images seront à Orlando. Non pour savourer la douceur hivernale de la Floride, mais pour tenter de ramener une nouvelle moisson d'infos à propos des nouveautés qui, dès le printemps ou l'été prochain, envahiront les vitrines. À moins que, d'ici là, nous n'ayons sagement choisi de rester chez nous!

Tiens donc... y aurait-il de l'eau dans le gaz à la rédaction ? Un mouvement de grève en vue ? Ou la trouille de prendre l'avion à destination du sol américain ? Non, rien de tout ça : tout simplement un certain découragement face aux nouvelles pratiques des firmes japonaises en matière d'information.

À plusieurs reprises déjà, je vous ai parlé des difficultés que nous rencontrons pour exercer correctement notre métier. Depuis la vague Internet, les sociétés tentent de reprendre la maîtrise complète de l'information: embargos, chantage, rien n'est trop fort pour empêcher la presse de parler des produits en préparation. Les filiales ne découvrent les projets qu'à la dernière minute, au prix d'une insoutenable pression sur leurs dirigeants, menacés de chômage en cas de fuite. Et les journalistes sont tenus à l'écart des lancements le plus longtemps possible.

Le phénomène concerne toute la presse spécialisée. Qu'il s'agisse d'automobile, d'informatique ou de photo, les pratiques sont les mêmes : secret absolu jusqu'au jour J! A l'instant choisi, la firme lève le voile et, simultanément dans tous les pays, des chairmen portent la bonne parole.

Qu'y a-t-il à redire à cette volonté de scénariser l'information ? Rien... sauf si, au moment où démarrent les conférences de presse, le site Internet du fabricant lâche l'info à son tour

À quoi bon dans ce cas réunir les journalistes pour leur faire la lecture de ce qu'ils auraient pu découvrir seuls sur leur propre écran? A quoi servent les articles de gens dont l'unique rôle ne consiste plus qu'à colporter l'information qu'on a bien voulu leur confier? À quoi bon attirer le public sur un Salon s'il n'y voit rien de plus que sur son ordinateur?

Le rôle de "petits rapporteurs" ne nous convient pas. N'y voyez pas un caprice, mais une réaction qui va dans le sens de l'intérêt des Lecteurs : si les journaux deviennent les porte-parole des marques, vous ne lirez plus, bientôt, que des "supports", titre que s'attribuent déjà trop de revues.

En réaction aux nouvelles pratiques des marques, Chasseur d'images préfère prendre le maquis. Nous n'attendrons pas les grands-messes pour lâcher ce que nous savons.., et tant pis si quelque PDG vedette perd la primeur de son information.

Mais la partie n'est pas gagnée, car les stratèges du marketing ont prévu ce cas de figure ! Anticipant la réaction des franc-tireurs qui ne respecteraient pas le jeu de la complicité et conscients de leur incapacité à verrouiller totalement l'information, ils viennent de trouver un nouveau jeu, le teasing!

Quelques jours avant l'autorisation de paraître une animation mystérieuse apparaît sur Internet : "Le 5janvier Apple change le monde!", "Le l2janvier la révolution numérique Minolta" "Le 31 janvier, Fuji dévoile le Super CCD-111". Des teasing destinés à préparer le terrain et que reprennent les médias complices, sans voir le ridicule d'infos qui se résument par "Il va bientôt se passer quelque chose, mais on ne sait pas quoi!".

Après avoir repris l'information en main, voilà que les marques tentent de gérer a rumeur ! Gageons que la prochaine étape consistera à rédiger les bancs d'essais à notre place. Dans certains pays, c'est déjà commencé... mais je sens qu'avec votre aide, un certain village gaulois résistera toujours.

Guy-Michel Cogné

Permettez, Cher Guy-Michel, que je fasse un ou deux commentaires sur votre éditorial.

Je comprends bien la frustration qui vous habite et dont vous faites part avec brio dans cet article.

Je tiens néanmoins à vous rassurer. Ce que j'aime particulièrement dans votre journal, ce sont les tests magnifiques, les cours techniques, le côté artistique qui prédomine toujours.

Evidemment, j'adore aussi lire ce qui va se passer dans deux mois, comme j'aime bien savoir le temps qu'il va faire demain. Mais pour moi, vous pouvez enlever ce domaine de votre journal et je le lirai toujours avec avidité.

Franchement, lorsque vous testez un exemplaire de présérie Olympus E-20 (au fait, j'ai testé le E-10 ici, ça m'intéresserai que vous me fassiez part de ce que vous pensez de cet article) alors que son logiciel n'est pas finalisé, j'aime bien. Mais je préfère largement le test définitif lorsque vous regardez l'appareil de série sous tous ses angles un mois plus tard.

De toutes façons, l'appareil ne se trouvera souvent que bien plus tard dans les vitrines des magasins.

Cette façon de cacher l'information a selon moi un but bien précis: éviter les stocks chez le distributeur et le revendeur. L'acheteur lisant une annonce de produit va certainement retarder son achat alors que l'objet de l'annonce ne sera disponible que plusieurs mois plus tard. En attendant, le risque est grand de ne plus rien vendre.

Difficile à gérer pour tout le monde vous ne trouvez pas?

Merci de ne pas vous décourager et de continuer votre travail de grande qualité.

François Cuneo

PS. Merci aussi à OmniPage Pro X testé ici qui m'a permis de copier cet édito en moins d'une minute, avec seulement un retour de chariot erroné. Il faut dire que le logiciel est excusable: les deux points étaient passés dans l'article original en début de ligne suivante!

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