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Hôtel des coeurs brisés, une enquête de Marie Machiavelli (Fin)

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Chapitres précédents:

Hôtel des coeurs brisés paraît depuis quatre à cinq mois, le dimanche. On le trouve dans les archives.


 

 

 

POSTFACE

 

 

«On gagnera ce match, même s’il faut mourir.»

Marc-Vivien Foé,

vingt-huit ans, le 23 juin 2003,à la mi-temps du match Cameroun-Colombie, quelques minutes avant d’être foudroyé sur le terrain par un arrêt du cœur.

 

«Son corps a dit stop.»

Miguel Indurain,

à propos de la mort, le 6 décembre 2003, à trente-deux ans, d’une crise cardiaque, du coureur cycliste Jose Maria Jimenez.

 

 

L’idée de ce livre date de 1998. L’affaire Festina avait frappé les esprits: pour la première fois, beaucoup d’amateurs de sport prenaient vraiment conscience de l’existence du dopage. Ce n’est pas qu’on n’en ait pas parlé auparavant. Il en a de tout temps été question. La prise de conscience aurait pu avoir lieu avant: en 1988, par exemple, il y avait eu le scandale de l’athlète canadien Ben Johnson aux Jeux olympiques de Séoul, qui avait eu un retentissement planétaire: Johnson avait été testé positif à une substance interdite, qu’on décelait probablement pour la première fois cette année-là. Il avait été privé de toutes ses médailles et avait été renvoyé chez lui comme un pestiféré. L’ampleur donnée au scandale avait en même temps contenu un message implicite: le cas est unique, ne cherchons pas ailleurs, on ne pourra pas dire que nous ne faisons rien contre le dopage, nous agissons. Ben Johnson a eu beau dire que d’autres que lui prenaient des substances interdites, sa voix s’est perdue dans le brouhaha. On en est resté à la fiction du cas isolé.

En mai 1990, le journal L’Équipe publiait (déjà !) une page prémonitoire sur l’érythropoïétine (EPO), constatant que plusieurs athlètes hollandais étaient morts d’embolie depuis l’introduction de cette substance. La page détaillait tous les risques de l’érythropoïétine, plusieurs années avant qu’un des sulfureux médecins italiens qui se spécialisent dans la préparation des athlètes de haut niveau n’affirme que l’EPO n’est pas plus dangereuse que le jus d’orange. Cette tentative de mise en garde n’a, visiblement, pas servi à grand-chose.

Il a fallu attendre 1998 pour que le dopage fasse définitivement irruption à la une de notre attention: il ne l’a plus quittée depuis.

À l’époque, plusieurs des journalistes sportifs que je côtoie dans l’exercice de ma profession s’étaient plaints: impossible de parler du dopage, d’être trop critique à cet égard sans risquer d’être banni des compétitions. Dans le milieu, celui qui parlait était pestiféré, exclu, peu importait que ce fût un athlète, un membre du staff ou un journaliste.

1998 est aussi l’époque où Marie Machiavelli a fait sa première apparition publique. Dans mon esprit, elle ne devait être l’héroïne que d’un seul livre (Âme de bronze). C’est à Raymond Vouillamoz, alors directeur des programmes de la Télévision suisse romande, que je dois l’idée d’en faire le personnage central d’une série. Il m’avait demandé d’écrire un scénario de fiction pour parler d’une manière différente d’un autre sujet difficile à traiter en documentaire: les biens en déshérence. Je ne sais trop comment, au cours d’une discussion où nous envisagions la possibilité qu’un enquêteur puisse fouiller dans le passé pour découvrir une facette inconnue du problème, l’idée a surgi: «On pourrait faire faire ça par Marie Machiavelli.» Âme de bronze n’avait pas encore paru, Raymond Vouillamoz l’a lu sur manuscrit, et le personnage lui a plu: «C’est une héroïne d’ici, un vrai personnage de proximité», avait-il dit, et nous avions décidé qu’elle serait l’enquêteuse de D’or et d’oublis. C’est le titre qu’ont porté le film, puis le roman que j’ai écrit par la suite, pour compléter le film.

C’est alors qu’un journaliste sportif a remarqué: Marie Machiavelli pourrait aussi enquêter sur le dopage.

Malheureusement, je ne connaissais rien du monde de la compétition, et il a fallu du temps pour que le projet se réalise. Tout en faisant maintes autres choses, j’ai commencé à me documenter. J’ai suivi des compétitions en compagnie d’experts qui m’expliquaient les tenants et les aboutissants de ce que je voyais. J’ai parlé avec des médecins, des sportifs, des ex-sportifs de pointe. 1998 a provoqué une (toute petite) fissure dans l’omerta qui entoure le cyclisme. Des biographies ont commencé à sortir: Willy Voet, Erwann Menthéour, Jerôme Chiotti, Christophe Bassons, pour n’en citer que quelques-uns, ont publié leurs souvenirs. Périodiquement, un repenti du dopage parle aux journaux. J’ai lu tout cela, ainsi que des livres de médecins et de journalistes qui dénoncent le dopage depuis longtemps, j’ai changé au moins sept ou huit fois mon histoire. C’est l’accélération des morts par arrêts cardiaques – effarante depuis quelque temps – qui a fini par me donner l’idée que j’ai été capable de mener jusqu’au bout. J’ai choisi le cyclisme parce que d’une part c’est sans doute le sport qui m’est le plus proche, et d’autre part parce que c’est le cyclisme qui m’a donné l’impulsion première, et que c’est dans ce sport-là que je me suis documentée le plus exhaustivement.

J’ai suivi en personne, avec mes collègues journalistes des sports, plusieurs Tours de Suisse, ainsi que diverses compétitions d’un jour, j’ai passé des heures devant mon poste TV à regarder le Tour de France, d’Italie, d’Espagne (une occupation qui en temps normal ne fait pas partie de mon quotidien), et, avec l’aide de quelques spécialistes, j’ai fini par comprendre les problèmes, les difficultés, les raisons qui poussent certains sportifs au dopage.

Après cinq ans où, quoi que je fasse d’autre, je n’ai jamais cessé de suivre les compétitions cyclistes de près ou de loin, je me suis attelée à la tâche.

Il va de soi que l’équipe Stylo n’existe pas. J’ai cherché à synthétiser en elle les problèmes que l’on perçoit dès qu’on approche le sport cycliste avec une oreille ouverte et un œil critique. Quoi qu’il en soit, je n’ai mis dans la bouche des personnages du monde sportif que des propos tenus par des personnes du milieu: les personnages sont peut-être inventés, mais leur situation, leurs réactions, leurs paroles ont toutes été empruntées à la documentation considérable que j’ai accumulée, ou aux discussions que j’ai eues avec les uns et les autres, à des propos saisis au vol, à la lecture des journaux. Par ailleurs, toute ressemblance avec des personnes réelles quelles qu’elles soient ne pourrait être que fortuite. De toute façon, la réalité dépassant presque toujours la fiction, j’ai écarté de mon récit un certain nombre d’événements vrais que je n’aurais jamais pu inventer, mais à propos desquels le lecteur ne m’aurait certainement pas crue.

Je tiens à remercier ici les «maîtres» qui ont fait mon éducation ès cyclisme, en tout premier lieu Bertrand Duboux, journaliste à la Télévision suisse romande, spécialiste des compétitions cyclistes qu’il commente avec brio depuis un quart de siècle; il a été généreux de son temps et de son savoir tout au long de ces cinq années. Mais je suis également reconnaissante à Richard Chassot, son consultant, à Jean-Jacques Loup, directeur sportif, et au grand Ferdy Kubler, vainqueur du Tour de France 1950, de plusieurs Tours de Suisse et champion du monde sur route 1951, dont j’ai réalisé en 2003 le portrait filmé et qui m’a fait comprendre l’état d’esprit d’un coureur, l’ivresse d’un sprint, etc. Tous ont répondu avec une patience exemplaire à mes questions incessantes, et m’ont véritablement initiée à la compétition cycliste. Sans eux, je n’aurais pas pu écrire ce livre.

J’aimerais aussi remercier nommément tous les cyclistes, entraîneurs, soigneurs, en exercice ou à la retraite, auxquels j’ai parlé, mais la plupart d’entre eux ne se sont confiés qu’après que j’ai juré de ne pas révéler leur nom. Je n’en nommerai donc aucun – mais je leur suis néanmoins reconnaissante de m’avoir fait confiance.

Je remercie le Dr Pascal Chatelain, cardiologue, qui a veillé à ce que je n’écrive pas trop de bêtises dans le domaine de la cardiologie. Je suis seule responsable de celles qui pourraient rester.

Je remercie Roger D. Masters, chercheur et professeur à l’Université de Dartmouth, à Hanover dans le New Jersey, à qui je rends hommage en lui empruntant (avec son autorisation) une bribe de sa superbe recherche sur les rapports entre Machiavel et Léonard de Vinci, parue en 1998: elle vaut une lecture.

Et je remercie enfin l’infatigable avocat conseil de Marie Machiavelli, Me Marco Mona, qui, d’aventure en aventure, suggère des pistes et veille à ce que je ne me trompe pas en matière de procédure.

Automne 2004

 

Post Scriptum

 

Cela fait cinq ans que ce livre a paru. On pourrait croire qu'entre temps, les autorités sportives auraient tout fait pour que des faits semblables à ceux racontés dans Hôtel des coeurs brisés ne se répètent plus jamais. Mais le dopage reste un problème, ce qui fait que ce roman reste d'une étonnante actualité. 

J'aurais préféré qu'il «parle d'un temps que les jeunes ne peuvent pas connaître», comme dit la chanson. Hélas - il pourrait avoir été écrit en 2009.

Automne 2009

 

 

Sources

 

 

Je donne ici quelques-unes de mes sources écrites. La plus importante est la presse quotidienne. Pendant les années où j’ai préparé l’écriture de ce roman, j’ai lu régulièrement:

 

L’Équipe

La Gazzetta dello Sport

 

ainsi que les pages sportives et/ou la chronique judiciaire de:

 

Le Monde, Paris

La Repubblica, Rome

Il Corriere della Sera, Milan

The Guardian, Londres

The Independent, Londres

Der Tages-Anzeiger, Zurich

 

J’ai également puisé dans les règlements et les textes des instances sportives internationales et suisses, de l’Agence mondiale antidopage, de la Fédération des médecins helvétiques, de l’Office de la santé publique suisse, du Ministère français de la santé, etc.

 

J’indique par ailleurs, parmi les livres que j’ai lus, quelques-uns de ceux qui m’ont été particulièrement utiles:

 

Armstrong, Lance. It’s not about the Bike: my Journey back to Life (Il n’y a pas que le vélo dans la vie). London: Jonathan Cape, 2000.

Ballester, Pierre & Walsh, David. L.A. Confiden­tial: les secrets de Lance Armstrong. Paris: La Martinière, 2004.

Bassons, Christophe. Positif. Paris: Stock, 2000.

Bourgat, Dr Michel. Tout savoir sur le dopage. Lausanne: P.-M. Favre, 1999.

Chiotti, Jérôme: De mon plein gré. Paris: Calmann-Levy, 2001.

Escande, Jean-Paul. Des cobayes, des médailles, des ministres. Chevilly-Larue: Max Milo, 2003.

Maitrot, Éric. Le scandale du sport contaminé. Paris: Flammarion, 2003.

Masters, Roger D. Fortune is a River: Leonardo da Vinci and Niccoló Machiavelli’s Magnificent Dream to Change the Course of florentine History. New York: Simon & Schuster, 1998.

Menthéour, Erwann. Secret défonce. Paris: J.-C. Lattès, 1999.

Mondenard, Dr Jean-Pierre de. Dopage aux Jeux olympiques: la triche récompensée. Paris: Amphora, 1996.

Mondenard, Dr Jean-Pierre de. Dopage: l’imposture des performances. Saint-Quentin-en-Yvelines: Chiron, 2000.

Sudres, Claude. Dictionnaire international du cyclisme.  6e éd. Saint-Jean-de-Vedas: C. Sudres, 2004.

Voet, Willy. Massacre à la chaîne. Paris: Calmann-Lévy, 1999.

Zimmermann, Urs. Im Seitenwind, autobiografischer Roman. Zürich: Edition 8, 2001.

 

 

 

«Hôtel des coeurs brisés»

a été réalisé par Bernard Campiche Éditeur, avec la collaboration de Huguette Pfander, Marie-Claude Schoendorff, Daniela Spring et Julie Weidmann.  Couverture: photographie de Anne Cuneo 

Tous droits réservés © Bernard Campiche Éditeur Grand-Rue 26 – CH-1350 Orbe

10 commentaires
1)
Anne Cuneo
, le 15.11.2009 à 10:09

Chers lecteurs,

Hôtel des coeurs brisés est terminé, vous vous en apercevez. Il reste un dernier roman policier déjà publié en livre à mettre en ligne, mais, même si vous avez envie de le lire, on va tout de même faire une pause de quelques semaines avant de recommencer.

Une fois que le dernier roman déjà imprimé aura été mis ici, de deux choses l’une: ou j’aurai fini le «Machiavelli» que je viens de commencer, ou le feuilleton s’arrêtera en ce qui me concerne.

Dites-moi svp ce que vous pensez de tout ça, votre avis m’intéresse… ;-))

2)
Saluki
, le 15.11.2009 à 10:31

Anne.

Merci de ces cadeaux immenses. J’attends une rencontre cukienne où nous nous croiserons pour les dédicaces des livres que j’ai acheté: Bâle n’est pas loin de la vallée alsacienne où je travaille de temps en temps.

;°)

3)
bobi
, le 15.11.2009 à 10:40

Merci aussi de ces ouvrages ou le suspense vaut la qualité de l’information et la pédagogie. Pour un “simple” polar, c’est beaucoup. D’autres pourraient en tirer ombrage!! Pour moi, un seul mot: encore !!! Bobi

4)
Inconnu
, le 15.11.2009 à 12:45

J’avoue que c’est ma drogue hebdomadaire. Ch’suis accro. On serait vite amoureux de Machiavelli.

Bravo pour ces polars, je me délecte de l’écriture, du scénario … et bravo pour l’idée même du feuilleton.

En un mot, merci.

5)
fxc
, le 15.11.2009 à 16:28

Merci Anne.

6)
Anne Cuneo
, le 15.11.2009 à 20:48

Merci pour vos remarques. On fait une pause de deux ou trois semaines, et je mettrai en ligne le 5e Machiavelli. Le 6e n’est pas encore écrit… Je vous rappelle que si vous voulez vous procurer les quatre premiers sur papier, vous pouvez les commander. Il y a un formulaire pour les commandes sur le site de l’éditeur.

7)
Marc2004
, le 21.11.2009 à 16:33

Merci Anne. Je me suis bien habitué à cette Marie machiavelique…

Le site de l’éditeur étant vraiment ringard (excusez moi), je viens de commander (pour les mettre dans ma bibliothèque) “le sourire de Lisa” et “hôtel des coeurs brisés” chez Amazon.fr (la commande y est plus facile).

La livraison n’est pas très rapide, d’autres achats chez Amazon sont eux déjà arrivés. La fameuse lenteur Suisse, sans doute…

Merci encore.

8)
Anne Cuneo
, le 22.11.2009 à 20:22

Le site de l’éditeur étant vraiment ringard (excusez moi), je viens de commander (pour les mettre dans ma bibliothèque) “le sourire de Lisa” et “hôtel des coeurs brisés” chez Amazon.fr (la commande y est plus facile).

La seule chose “ringarde” chez Campiche, c’est que tu ne paies pas par carte, mais sur facture – il n’a pas assez de commandes pour installer le paiement par carte, car il joue plutôt le jeu, et encourage à passer par le distributeur, ou par un libraire, plutôt que par Amazone…

9)
jibu
, le 23.01.2010 à 08:12

Bonjour Anne, alors, plus de bouquins?

10)
jibu
, le 13.03.2010 à 19:28

Aller, je ressaie… un petit livre pour le dimanche matin Anne?