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Un an avec l’Olympus E-10, 2e partie

Vous commencez la deuxième partie du test consacré au E-10. Vous pouvez lire la première partie ici.

La mise au point reste le point faible du E-10

La mise au point automatique du E-10 est performante…sur le papier, et au premier abord, surtout lorsqu'on vient d'utiliser un Nikon Coolpix 990. Au niveau technique, elle s'effectue en deux temps: l'appareil envoie un rayon infrarouge pour dégrossir le travail, puis le capteur lui-même prend le relais. C'est ce qu'Olympus appelle un système actif et passif.

Gros avantage, le système s'en sort relativement bien en basse lumière… sur des sujets "tranquilles". Mais de très près ou dès que le sujet bouge, le rayon infra-rouge peut tirer "à côté" du sujet (problème de parallaxe).

Disons qu'en gros, à moins de 2 m du sujet ou si ce dernier est en mouvement, 5 photos sur 10 peuvent être floues. En extérieur, la mise au point est, dans la plupart des cas, rapide, silencieuse et précise. On retrouve dans une certaine mesure les sensations que l'on ressent avec un objectif USM de Canon dans les mains.

Regrettons néanmoins que la mise au point en continu ne soit pas de la partie, ce qui fait qu'il est pratiquement impossible de prendre un enfant qui vient contre nous en vélo, à moins de passer en mise au point manuelle.

Un viseur un peu sombre, mais tellement meilleur qu'un viseur électronique…

Il est dommage que la retouche manuelle de la mise au point automatique ne soit pas possible. Pour régler manuellement la netteté, il faudra préalablement débrayer l'autofocus (ce qui est instantané) et faire le réglage à l'aide d'une bague sur l'avant de l'objectif.

En basse lumière, ce n'est pas toujours facile de faire ce travail. En effet, le viseur optique, très fin, doté d'un correcteur dioptrique pour les porteurs de lunettes et d'un volet obturateur pour éviter toute lumière parasite sur trépied, n'est pas un modèle de luminosité.

Le miroir n'est en effet pas présent dans ce type d'appareil. Il a fallu diviser la lumière en deux, une partie pour le viseur, l'autre pour le capteur. Gros avantage, le silence total puisque le miroir n'a pas besoin de se déplacer (et le film n'a pas besoin d'avancer). Olympus a pensé aux utilisateurs que cette absence de bruit pourrait perturber. Il est possible d'activer une simulation sonore de déclenchement d'un bon vieux reflex argentique. Cette simulation tient compte de la vitesse d'obturation et se trouve être agréable, et… débrayable.

Mais ne nous trompons pas: malgré son relatif manque de luminosité, un tel viseur reste excellent et à des années lumières de ces machins électroniques que nous offre parfois la concurrence ou même Olympus pour certains autres modèles.

Ce viseur optique, très complet, affiche 95 % de l'image réelle (sans décalage dû à la parallaxe, nous sommes en visée reflex) ainsi que tous les réglages importants,

  • vitesse d'obturation,
  • diaphragme,
  • type de mesure de la lumière (si l'on n'est pas en mode multizone ESP)
  • indication chiffrée de la correction d'exposition
  • rappel de mémorisation d'exposition
  • indication de balance des blancs manuelle (sur 7 niveaux ou réglable sur un blanc de référence)
  • rappel de mise au point correcte
  • indication de charge (et de nécessité d'employer) le flash
  • indication de mode macro.

À noter que si l'on appuie sur le bouton Info, l'écran ACL (qui peut être éteint pour économiser les piles) affiche sur le bas les mêmes indications, mais en cachant une petite partie de l'image. Un deuxième appui sur le même bouton Info affiche même une échelle de profondeur de champ.

La mise au point manuelle sur l'écran ACL est réalisable sans problème en basse lumière. Par contre, en mode autofocus, je regrette que l'image soit bloquée un très court instant, le temps que le E-10 mette au point automatiquement. La mise au point mémorisée, il est ensuite possible de recadrer avec une image à nouveau normalement "vivante mais saccadée" sur ce viseur.

Une mesure de la lumière sans défaut

Le E-10 dispose de trois modes de calcul de la lumière;

  • multizone (par défaut) ESP
  • pondérée centrale
  • spot

En mode multizone, le E-10 est pratiquement incollable si vous lui obéissez. En effet, si la lumière est insuffisante, il vous demandera de dresser le flash intégré. Il ne le sortira pas tout seul. Ce petit flash est performant, et évite dans la plupart des cas les yeux rouges. Et si le sujet est sensible à ce problème, vous pouvez demander l'anti-yeux rouges intégré d'une efficacité certaine.

Associé au flash externe FL-40, le E-10 donne les photos en intérieur tout simplement superbes. Les portraits sont doux, la couleur est parfaite. À noter qu'il est possible de diriger le flash externe de manière indirecte, et d'utiliser le flash intégré pour dynamiser le sujet. Ces deux flashs travaillent en mode Auto-TTL ou en manuel.

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La synchronisation sur le deuxième rideau et la synchronisation lente sont de la partie, autant avec le flash intégré qu'avec le FL-40.

Un gros problème cependant: j'ai un nez d'une grandeur… respectable, et j'ai vraiment de la peine à atteindre le viseur du premier coup, flash monté. Je suis persuadé de ne pas être à ce point difforme, et je pense que bien des utilisateurs se trouveront perturbés par l'usage de cet accessoire. Ce problème est sensible en mode portrait surtout, le mode paysage étant bien moins touché par cet inconvénient.

Certains flashs non dédiés peuvent aussi fonctionner, mais ne profitent pas de tous les automatismes. Des flashs de studio peuvent être reliés par une prise synchro-flash.

À noter un petit problème ergonomique: le FL-40 vient se greffer sur le sabot porte-flash situé au-dessus du viseur. En mode paysage, aucun problème, par contre, en mode portrait, je ne sais où caser mon nez (un peu proéminent peut-être mais bon…).

Un gros capteur, beaucoup de pixel

J'ai expliqué dans notre article sur la photo numérique l'importance de la taille d'un capteur. Plus il est gros, plus il est performant. La quantité de photosites tellement vantée par les vendeurs ne fait donc pas tout. En effet, plus ces photosites ont de la place et peuvent s'étendre, moins l'image a des risques d'être bruitée en sortie.

Ici, nous avons le beurre et l'argent du beurre: un capteur de 16 mm de diagonale, et 4 millions de pixels (dont 3.9 millions sont effectifs).

Autant j'ai pu rouspéter sur le 3.34MP si petit qui équipe bien des appareils, autant ce capteur m'enchante. Les images sont d'une pureté pratiquement inégalée en numérique.

Le nouvel E.20 garde la même taille de capteur et rajoute 1 million de photosites. Je crains dès lors de voir réapparaître du bruit dans les zones sombres. Nous verrons bien puisque nous devrions pouvoir tester cet appareil tout bientôt.

Les résolutions sont très nombreuses nous avons à disposition:

  • Tiff non compressé (11.3 Mb) en 2240/1680
  • SHQ (super haute qualité) en 2240/1680, Jpeg peu compressé 1:2.7 (2.8Mb environ)
  • HQ (haute qualité) en 2240/1680, Jpeg 1:8 (1 Mb environ)
  • SQ (qualité standard) 1280/960, Jpeg 1:8 (340 Kb environ)

Sauf en mode Tiff, il est possible de descendre la résolution de l'image jusqu'au format 640/480.

Un mode RAW (images codées sur 10 bits par couleur (30 bits en tout), brut de CCD. 7.8 MB) est disponible, mais ses images ne sont lisibles qu'avec le CamediaMaster 2.5 livré avec l'appareil, ou avec le plug-in pour Photoshop dédié téléchargeable sur le site d'Olympus.

J'utilise personnellement le mode SHQ.

Les images sont époustouflantes.

Meilleures qu'en argentique en agrandissement 20/27.

Le rapport de 1.33 entre la largeur et la hauteur donne des images légèrement plus carrées qu'un film 135 (rapport 1.5). Les couleurs sont douces, les accidents de compression Jpeg inexistants tout comme le bruit sur les zones sombres. Une vraie merveille. Les tests en laboratoire faits par Chasseur d'Images sont éloquents: le E-10 est meilleur que le Canon D30 et meilleur que le Nikon D1, même s'il n'a pas leur pêche au niveau cadence de prise de vue.

La fidélité chromatique de cet Olympus est exceptionnelle. Il faut dire que si ce capteur semble excellent, le fabricant a toujours su tirer parti du signal obtenu pour donner le meilleur résultat possible à l'aide de ses circuits spécialisés de ses logiciels internes. Et comme l'objectif n'est pas mal non plus…

J'ai vendu mon équipement très haut de gamme argentique (Canon EOS1 N) pour cet appareil. Je ne le regrette pas, même si parfois, je suis un peu nostalgique quand je pense à la vitesse de mise au point de ce Canon, en particulier sur des sujets en mouvement rapide. L'Olympus ne peut réellement pas régater avec lui.

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Cette photo est une réduction de la photo originale que vous pouvez télécharger ici, pour la voir comme si elle sortait du E-10.
Attention, elle est compressée en Stuffit et pèse 2.5Mb.

Une mémoire tampon de 32Mb, et un déclenchement hyperrapide

Pour enregistrer les images à une vitesse convenable, Olympus a doté le E-10 d'une mémoire tampon de 32Mb, ce qui permet de prendre en qualité SHQ une rafale de 4 images, à la vitesse de 3 images par seconde (si la vitesse d'obturation le permet).

Cette mémoire tampon est surtout agréable en utilisation normale puisqu'on n'a pas besoin d'attendre que la sauvegarde de la photo soit terminée avant de déclencher à nouveau (en mode SHQ, l'enregistrement d'une image prend normalement 7 secondes). De même le bracketing( joliment appelé dans le manuel "Exposition automatique différenciée d’une vue par trois expositions automatiques") ne pose aucun problème.

Autre gros avantage: le temps d'attente entre le moment où l'on appuie sur le déclencheur et celui où la photo est réellement prise (parallaxe de temps) a été réduit à 60 ms, temps qui peut être comparé à celui des meilleurs reflex du marché.

Adieu l'inertie propre aux appareils numériques. On ne va pas s'en plaindre puisqu'associés à la bonne vitesse de mise au point, ces 60 ms nous permettent de photographier l'instant désiré, et non pas la seconde qui suit.

Une gamme de vitesse d'obturation et de réglage de diaphragme un peu juste

L'Olympus E-10 permet de prendre des photos en mode automatique de 2 secondes jusqu'au 640e de seconde. En manuel, on peut descendre à 8s, et la pose longue est limitée à 30 secondes. C'est surtout le 640e de seconde qui met un bémol à la photo sportive. Lorsqu'on compare cette vitesse au 16'000e de secondes du Nikon D1, cela fait un peu chiche. On aurait souhaité monter au moins au millième. L'Olympus E-20 corrige partiellement cette faiblesse, mais en utilisant un subterfuge diminuant la résolution.

Le problème peut être encore plus grand sur la neige, en plein soleil, lorsqu'on sait que le diaphragme ne se ferme que jusqu'à F 11. Il faudra parfois jouer avec la sensibilité du capteur, qui peut afficher en ISO 80, 160, et 320. En fait, le mode auto permettra à l'appareil d'utiliser cette sécurité pour s'en sortir dans presque tous les cas.

Je rappelle que sur les nombreuses photos que j'ai prises, quelques-unes ont été floues, mais aucune n'a été mal exposée (sauf lorsque j'ai oublié de sortir le flash). Donc au bout du compte, le système s'en sort bien. À noter que le flash est synchronisé sur toute la gamme des vitesses. Génial non?

De nombreux réglages

Il est possible de régler la netteté et le contraste de manière séparée, de choisir le type de sonorisation qui accompagne la mise au point ou le déclenchement, de régler le temps d'affichage pendant l'enregistrement d'une photo.

Pratique, un double appui sur le bouton d'allumage de l'écran ACL affiche la dernière image sans quitter le mode prise de vue. Il est possible également de jeter l'image à la volée si elle ne nous convient pas.

Une ligne de menu permet de démarrer la prise d'une séquence de photos, et de régler l'intervalle automatique entre deux déclenchements.

On pourra aussi juger de la qualité de l'exposition d'une photo en affichant un histogramme de cette dernière.

Regarder ses images

Visualiser une image sur l'écran ACL demande un peu de patience. Entre chaque niveau de zoom, il faut attendre 5 secondes sur une image SHQ. Une vue par index est disponible (4, 9 ou 16 vignettes) et le déplacement dans l'image se fait à l'aide des touches fléchées, de manière intuitive.

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Stockage, tout est possible

L'Olympus E-10 est polyvalent au niveau du stockage des photos. Livré avec une carte SmartMedia de 16Mb (trop petite), un deuxième orifice permet de glisser une carte CompactFlash ou un MicroDrive d'IBM. Actuellement, ce support est ce qui revient le moins cher. Il est possible, en mode SHQ (donc très haute qualité) de stocker environ 360 photos sur un MicroDrive IBM de 1Gb. De quoi voir venir.

Mais attention! Le disque de 1 Gb nécessite absolument l'achat d'un pack d'alimentation supplémentaire (voir plus bas). En effet, l'alimentation standard ne suffit pas à faire tourner ce MicroDrive et l'appareil s'affole. J'ai rencontré ce problème. Un responsable d'IBM m'a assuré que le 340 Mb fonctionne lui avec l'alimentation de base.

J'ai planté l'appareil doté d'un IBM 1GB une bonne dizaine de fois en un an, même en utilisant le pack d'alimentation: le disque dur se met à tourner dans le vide, et il n'est même plus possible d'éteindre l'E-10. Seule solution: dévisser légèrement le pack puis le revisser. Le problème est réglé, mais cette action m'a chaque fois fait craindre de perdre les photos stockées sur le disque. Cela n'a heureusement jamais été le cas.

L'E-20 corrige ce problème et permet de travailler, sans pack et sans risque avec un disque de 1Gb.

Je précise qu'en vacances, j'ai pris 300 photos en un jour, sans me culpabiliser parce que j'allais ruiner le budget du ménage. Un vrai plaisir. Le passage sur le disque de votre Mac prendra pas mal de temps, la liaison USB n'étant pas un foudre de guerre. Le Nikon D1 a résolu le problème en proposant une connexion FireWire. Olympus ferait bien de s'en inspirer.

Une offre logicielle minimaliste (sous MacOS X, on s'en fiche)

L'Olympus E-10 est livré avec une offre logicielle un peu légère par rapport à la concurrence. En effet, mis à part l'excellent manuel PDF décrit plus haut, un programme d'installation dépose les extensions et les drivers nécessaires pour faire monter, sous MacOS 9, l'appareil sur le bureau à l'aide du câble USB fourni.

Sous MacOS X, l'appareil est automatiquement reconnu en montant sur votre Finder, et le logiciel iPhoto, fourni gratuitement par Apple, dialogue parfaitement avec lui.

Pas de Photoshop Element, pas de PhotoDeLuxe. Peut-être Olympus imagine-t-il que l'utilisateur du E-10 dispose de toute manière de Photoshop? Il n'a peut-être pas tort.

En attendant pour ce prix, cela fait un peu pingre. Sans compter qu'il faudra passer obligatoirement par l'achat d'un chargeur et d'accumulateurs si l'on ne veut pas faire l'acquisition de la poignée dédiée. L'appareil est économique au niveau énergétique, mais on se ruinerait malgré tout en piles alcalines ou lithium, comme avec tout appareil numérique, si l'on ne passait pas par la solution des accumulateurs rechargeables.

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La poignée dédiée, pas donnée!

Et puisqu'on parle prix, sachez que l'Olympus E-10 affublé de sa poignée est maintenant beaucoup plus accessible, ayant perdu pratiquement 50% de sa valeur marchande en un an, l'E-20 venant reprendre la place occupée en haut de gamme.

Ainsi, l'Olympus devient vraiment une bonne affaire.

En conclusion

Malgré quelques petits défauts, surtout au niveau de la mise au point, Olympus nous offre ici un appareil qui séduira tout passionné d'images. Ce reflex à vrai viseur optique peut remplacer un équipement argentique moyen de gamme pour un tout petit peu moins de 2500 euros, poignée comprise. Vous passerez néanmoins votre chemin si vous êtes un adepte de photo sportive.

Pour le reste, la qualité des photos est impressionnante, les possibilités de l'appareil très complètes, le tout emballé dans une interface qui ne dépaysera aucun utilisateur ayant une petite connaissance d'un appareil de photo normal.

Lorsque vous aurez compté l'achat d'un MicroDrive IBM, la facture s'élèvera de 400 euros supplémentaires. Ce n'est pas donné, mais si vous pouvez vous le permettre, vous ne le regretterez pas.

Reste à savoir s'il vaut la peine de craquer pour l'E-20 qui offre une résolution encore supérieure, une compatibilité parfaite ave le MicroDrive, et une vistesse d'obturation moins chiche mais en résolution diminuée mais à un prix musclé.

A mon avis pas, mais j'attends de pouvoir tester cette petite merveille très rapidement.

2 commentaires
1)
rocco
, le 27.03.2002 à 00:00

Commentaire j’ai lu votre analyse avec intéret ayant le meme appareil depuis un an et venant de l’argentique.je lui trouve un défaut supplémentaire le rendu au flash qui offre parfois une dominante rouge.Pour information j’ai testé un week-end un e 20 ,il me semble aprés avoir effectué 150 photos comparatives que ce dernier se différencie essentielement par son prix. L a différence de qualité d’image est trés très faible

2)
Cube forever
, le 27.12.2002 à 00:55

Les prix ont encore baissé. Je viens d’en acquérir un pour un peu plus de mille euros et j’en suis heureux.
Un conseil: profitez de cette baisse de prix, en consultant les sites comparatifs, si vous en trouvez, car il me semble qu’il va disparaître au profit de l’E-20 qui, à mon sens, n’apporte rien de plus pour un prix plus important.
Cela fait plus de 20 ans que je ne photographie qu’avec des Olympus, mon premier fut un OM 1, merveille de légèreté et de précision, que je possède encore. Un Olympus ne se revend pas !
Ce sont véritablement des merveilles, ce qui s’explique car cette société fabrique du matériel optique de très haute précision à usage scientifique.
Olympus forever !