Profitez des offres Memoirevive.ch!
Âme de bronze, chapitre 6

Ame de bronze

image

Chapitres précédents:

 

Les chapitres précédents d’un roman policier sont trop difficiles à résumer. Nous y renvoyons le lecteur: le feuilleton paraît le dimanche et peut être consulté en ligne. 

 

VI

 

En vingt-quatre heures, j’avais parcouru des milliers de kilomètres; sur le moment, il me semblait avoir fait ce qui s’imposait. En arrivant au bureau le lendemain matin, j’avais la sensation d’avoir perdu mon temps en déplacements futiles.

«Je me suis occupée d’un renseignement pour Monsieur Panchault», m’a annoncé Sophie lorsque nous avons été installées avec notre quasi traditionnel thé du matin.

«Monsieur Panchault voulait un renseignement?»

«Sa banque s’apprête à faire des affaires avec une petite entreprise, et ils voulaient tout savoir sur elle. Ça m’a valu de déjeuner avec un grand dadais qui, en attendant de vieillir, a l’étoffe d’un jeune professeur Nimbus; il invente toute sorte d’instruments de mesure plus ingénieux les uns que les autres.»

«Vous vous êtes aussi occupée de ses finances, j’espère.»

Son regard était plein de reproches.

«Je vous en prie! Par contre, je n’ai pas retrouvé le débiteur de feu Carlyle. Cet Henri Dumoulin nous avait donné une adresse des plus aléatoires, il avait loué un bureau pour deux mois, on ne l’a plus revu. À la banque qui avait viré l’argent à Carlyle, il avait indiqué une autre adresse, bidon celle-là.»

«Il va falloir donner tout ça à Léon. J’aimerais voir ce type, et Léon le retrouvera plus facilement que nous.»

«Je l’appellerai. Et votre journée à Londres?»

«Rien de concret pour l’instant.»

Je lui ai raconté mon voyage.

«Vous n’oubliez pas que vous avez votre vol pour Vienne à deux heures?» m’a dit Sophie lorsque j’ai terminé.

«Vienne, moi? Ah mon Dieu, c’est aujourd’hui?»

«C’est ce soir.»

C’était le grand gala de l’Opéra, avec le Don Giovanni de Mozart mis en scène par Iris. Elle m’avait invitée et avait beaucoup insisté.

«Ici, j’ai beaucoup de collègues sympathiques, mais aucun ami. Il faut que tu viennes.»

J’avais cédé, m’étais acheté une robe pour la circonstance, un billet d’avion avec hôtel, et m’étais empressée de tout oublier. Chez nous, on apprenait à aimer l’opéra au berceau, et je m’étais réjouie; je n’étais jamais allée à Vienne, dont l’Opéra est un des rêves de tout mélomane, Don Juan de Molière est un des textes que je préfère dans la littérature française, revu et augmenté par les compères Da Ponte/Mozart, il est simplement somptueux. Et le voir mis en scène par Iris, la femme même qui me l’avait fait aimer… Tout cela m’aurait rendue folle de joie sans ce maudit Carlyle, dont le côté mystérieux (enfin, ne dramatisons pas, disons inexpliqué) me paraissait une menaçante épée de Damoclès.

J’ai soupiré.

«Dire que j’ai voyagé hier toute la journée… Et que je devrai sans doute retourner à Londres. Avec tout ce que j’ai à faire… On a de nouvelles marmites sur le feu?»

«Maître Clair a appelé: exceptionnellement, il s’occupe d’un divorce. Une amie d’enfance dont le mari est particulièrement sinistre. Maître Clair aimerait s’assurer que le monsieur a vraiment aussi peu d’argent qu’il le dit. Cela lui semble suspect, il voudrait qu’on fasse une enquête. Jusqu’à demain, je peux m’en occuper.»

Son demi-sourire était presque amical, et n’était-ce que Sophie n’invite pas à la familiarité, je l’aurais embrassée.

Je n’ai jamais cherché à jouer la comédie du pied d’égalité avec ma secrétaire, et on s'étonne souvent que je la vousoie.

Lorsque j’étais au lycée, nous avions quatorze ans, Iris nous vousoyait toujours.

«Vous savez Mademoiselle, vous pouvez nous tutoyer, tout le monde le fait», lui avions-nous dit.

«Ah bon,» avait-elle répondu. «Moi ce que font les autres, je ne trouve pas que ce soit un critère. La vraie question est: avez-vous le droit de me tutoyer?»

Nous avions ri pour toute réponse, elle était restée imperturbable et, lorsque nous avions fini de nous tordre, elle avait continué:

«Vous voyez. Le jour où vous aurez le droit de me tutoyer, je vous tutoierai. Jusque-là, je vous vousoie. C’est une question de respect mutuel.»

J’avais trouvé son principe plutôt chouette. Et quand la question du tutoiement s’était posée dans ma vie pratique, je m’en étais souvenue. Je respecte Sophie et, même si je l’appelle par son prénom, j’aime autant marquer ce respect. Elle, d’ailleurs, a toujours gardé ses distances. Elle ne m’a jamais appelée Marie. Je suis et reste Madame Machiavelli.

Le téléphone m’a tirée de ma rêverie.

J’ai passé deux heures à discuter avec divers interlocuteurs: recherche de domicile, contrôle de l’état financier, recouvrement de créances et j’en passe, j’avais toujours dix à vingt petites «affaires» en train.

Pierre-François était au tribunal, je ne pouvais pas lui parler de celle qui me tenait le plus à cœur. J’aurais pourtant bien voulu.

Vers onze heures, j’ai appelé Samuel Swift.

«Je ne sais encore rien de précis», a-t-il dit aussitôt.

«Je ne m’y attendais pas. Mais nous n’avions pas réglé les problèmes financiers.»

Nous avons passé quelques instants à discuter tarifs et à convenir d’un contrat.

«Je ne comprends pas bien qui va payer», a fini par remarquer Samuel. «Qui est votre client?»

«Mon agence. Depuis que j’ai découvert un lien entre Carlyle et un commerce de pornographie, je ne dors plus à l’idée que je contribue peut-être involontairement à un trafic que j’abhorre par-dessus tout. Il faut que je tire les choses au clair. Je ne veux pas que ma réputation parte aux ordures. J’aime mon métier, et si je me fais du souci pour rien, tant mieux. N’empêche que je veux en avoir le cœur net.»

«Je ne sais rien de plus qu’hier, mais il est tout de même une chose que je peux vous dire: Thomas Carlyle n’avait pas besoin de trafiquer avec quoi que ce soit pour avoir de l’argent. Son grand-père était quasi milliardaire, il a laissé pas mal de millions à chacun de ses trois ou quatre enfants. Et Thomas était fils unique, d’où je déduis, jusqu’à preuve du contraire, qu’il était bourré aux as, et même au-delà.»

«N’empêche qu’il y avait ses empreintes sur la valise de Berne. Vous me direz qu’on la lui avait peut-être volée. Peut-être. Jusqu’à preuve du contraire, je me méfie tout de même, parce qu’il m’a fait courir après un débiteur dont j’ai toujours pensé qu’il était louche, ou bidon.»

Ça l’a fait rire, je ne sais trop pourquoi.

«D’accord. Je vois votre point de vue. Je cherche. Quand revenez-vous me voir? Je n’aime pas donner les résultats de nos recherches par téléphone.»

J’ai soupiré.

«Décidément, je voyage, ces jours-ci. Hier à Londres, ce soir à Vienne, demain rebelote pour Londres, ça n’arrête pas.»

«Veinarde! Vous allez à Vienne?»

«Je vais même à l’Opéra, voir Don Giovanni mis en scène par une amie et chanté par de grands interprètes.»

«Je meurs de jalousie.»

«Pourquoi ne venez-vous pas avec moi? J’ai deux billets et mon compagnon est en Afrique.»

C’est sorti tout seul, sur une impulsion. Il a fallu à Swift dix bonnes secondes pour répondre.

«Vous plaisantez! Dans mon état?»

«Qu’est-ce qu’il a, votre état? Il y a même des gens qui font du sport de compétition, en chaise roulante. Il vous faut des soins particuliers? Quelqu’un pour vous coucher?»

«Pas du tout, je fais toutes ces choses seul.»

«Eh bien alors, si vous avez l’argent pour l’avion et l’hôtel», là je savais ne pas trop m’avancer, Swift avait de toute évidence les moyens, «vous venez. Demain matin on va encore boire un chocolat chez Sacher, et à deux heures on est chacun chez soi. Ah, j’oubliais: il vous faut un smoking, c’est obligatoire.»

«Vous me tentez…»

«J’espère bien.»

«Mais au lieu de virevolter élégamment dans la foule, vous devrez pousser ma chaise roulante.»

«Nous virevolterons ensemble. Elle n’a pas un moteur, cette chaise?»

«Si. Mais dans la foule…»

«Bon. J’ai une chambre à l’Hôtel Majestic. Ne me dites plus rien. À six heures vous y êtes ou vous ne venez pas.»

Il était pressé de raccrocher. Il y serait.

À la réflexion, je voyais bien que mon impulsion n’était pas totalement gratuite, et qu’une fois de plus mon inconscient avait devancé mon raisonnement. Carlyle devait avoir été un drôle d’oiseau. Vivant dans les palaces. Multimillionnaire. Me faisant récupérer une créance, certes de cent mille francs, mais dans des circonstances si bizarres. Je me souvenais de son créancier. Il avait été fuyant, m’avait fait attendre, avait disparu, reparu. Et une fois que l’argent avait été là, Carlyle avait eu l’air de s’en désintéresser complètement. Je ne l’avais plus revu – il m’avait même payée d’avance, et trop cher, avec ça. Il était pourtant revenu à Lausanne, Sophie l’avait croisé.

Je ne saurais dire pourquoi j’avais pensé que son argent venait d’un mauvais coup. Mais un mauvais coup de cent mille francs pour un multimillionnaire… Bref, je me réjouissais de pouvoir discuter avec Samuel Swift, qui m’avait l’air d’en savoir long sur Carlyle même sans enquête.

J’en étais aux dernières recommandations à Sophie avant de partir lorsque Samuel a rappelé: il logeait à l’Hôtel Majestic, il arrivait à cinq heures, il partait à l’instant.

«Machiavelli, vous êtes un génie.»

«C’est connu depuis bientôt cinq siècles. Mais ce n’est pas moi qui ai inventé les avions.»

«Non, mais vous avez secoué cette espèce d’apathie dans laquelle je vis en attendant que mes jambes se remettent à fonctionner normalement. Généralement, en dehors des moments où j’enquête, je suis un légume.»

«Un légume mélomane, heureusement.»

J’ai quitté le bureau. En marchant, je ne pensais pas à Mozart, mais à Carlyle. J’avais la sensation que la solution du puzzle était là, à portée de main, qu’un fait m’échappait. Si seulement… Si seulement quoi? Quoi? Quoi?

Je vais généralement déjeuner au Couscous. Il n’est pas rare qu’on m’y retrouve le soir, et les gens qui me cherchent vont souvent au Couscous voir si j’y suis. C’est un de mes restaurants préférés. D’abord parce que la cuisine y est vraiment bonne et le couscous particulièrement délicieux. Deuxièmement parce que l’algérie «Réserve du patron» est du très bon vin d’Algérie, et un très bon vin d’Algérie, c’est aussi bon qu’un bon bordeaux. Troisièmement parce qu’on vous met sur la table un pain bis à vous relever la nuit. Et enfin, parce que la patronne réussit à chaque fois à vous donner la sensation que c’est vous personnellement qu’elle attendait. Moi, je connais un resto comme celui-là à Amsterdam, un autre à Florence (vous entrez après cinq ans d’absence, vous ne vous êtes pas annoncée, et le patron se précipite, vous serre les deux mains avec effusion et s’exclame: «Ma chère Madame, venez par ici, je vous ai gardé votre table»). Le Couscous, bien sûr, c’est moins exceptionnel: il est à cinq minutes à pied du Rôtillon et à dix de chez moi. Pour aller du Rôtillon au Couscous, qui est rue de la Caroline, on monte l’escalier Bollard. Au coin de la Caroline et de l’escalier, il y a un salon de jeux où je n’ai jamais mis les pieds, mais d’où sortent toujours les bip-bip et les bruits de tilt mêlés aux exclamations des joueurs. À gauche de l’escalier, il y a un café techno qui était autrefois (un autrefois assez récent) un des hauts lieux du jazz lausannois. Je ne suis pas si certaine que leur cocktail électronique offre autant de lendemains qui chantent que les nuits fébriles que nous avons passées à écouter Daniel Bourquin, Léon Francioli, Irène Schweizer ou François Lindemann, sans parler des jazzmen de passage venus du monde entier, si nombreux que j’en oublie la liste.

Ce jour-là, j’étais pressée: dans deux heures, il fallait que je sois dans l’avion. J’ai dit au garçon de me commander ce qu’il préférait pourvu que ça aille vite.

Je me suis replongée dans mes soucis du moment.

«Ça va, Madame?»

«Pardon?»

La patronne faisait le tour des tables pour saluer les clients.

«Je vous demandais si ça allait, vous êtes un peu pâle et ça fait trois minutes que j’essaie de vous parler.»

«Bonjour. Excusez-moi, je ne suis pas dans mon assiette… Le décalage horaire, peut-être… J’arrive de Londres et je repars.»

N’importe quoi. La patronne a ri poliment.

«On comprend ça», a-t-elle dit de sa voix légèrement teintée d’accent suisse allemand. Nous nous sommes serré la main, elle s’est éloignée. Elle a fait trois pas et s’est retournée. J’ai surpris son regard.

«Vous n’avez rien mangé, Madame Machiavelli», m’a murmuré le garçon, une minute ou un quart d’heure plus tard.

J’ai avalé à toute vitesse, après tout j’étais pressée.

Dehors, il neigeait.

Je suis descendue d’un bon pas, ai traversé le jardin de l’Arrière-Bourg. Le paysage était irréel, blanc, ponctué de noir, avec la surface gris-violet du lac; les Alpes, de l’autre côté de l’eau, n’étaient qu’une ombre fantomatique. Les voitures roulaient lentement, et j’avais beau me dire que des sans-abri meurent de froid par un tel temps, Lausanne n’en avait pas moins un air de fête, un halo de pureté.

Je me demandais si les avions seraient à la hauteur. Mais il n’y a pas eu de problème. Mon zinc a décollé et atterri presque à l’heure. À cinq heures j’étais dans le froid polaire de Vienne, à six heures dans la chaleur du bar de l’hôtel. Samuel Swift est arrivé à six heures cinq, riant, poussé par un valet de chambre. Il avait l’air heureux. C’était un très bel homme, cela m’a frappée soudain.

«Comment vous avez réussi un coup pareil, je me le demande encore: depuis deux ans, je ne bouge guère de chez moi. Et je ne suis pas convaincu que l’Opéra acceptera ma chaise roulante.»

Je l’ai rassuré: Sophie les avait avertis, et j’ai trouvé un message en arrivant – on nous avait déplacés, j’étais au bord d’une rangée, Samuel serait à la place du strapontin.

Il s’est remis à rire:

«On connaît les Machiavelli, toujours de grands stratèges.»

Pas mal. Ce n’était pas une plaisanterie, mais si j’avais eu un briquet à offrir pour les bonnes reparties, j’aurais hésité.

«Vous êtes vraiment une fée. Si vous êtes aussi redoutable dans vos enquêtes, vous devez faire peur à certains.»

«Je suis pas mal pour tout ce qui concerne l’argent. J’ai une formation d’agent d’affaires, à la base. Parce que je suis une femme et qu’il y a peu de femmes dans le métier, on m’a demandé ici et là de retrouver des enfants fugueurs. Mais là je dois dire que, sans l’aide de deux ou trois messieurs, je n’y serais souvent pas arrivée. Pour arracher les adolescents aux sectes, il faut parfois user de force physique.»

Je me revoyais, tenant en respect un gourou de quatre sous avec mon revolver pendant que Daniel Girot le forain emmenait le gosse.

«Même les œuvres d’art volées, j’arrive souvent à savoir où elles sont – encore que, côté récupération, mon taux de réussite soit modeste. Là où les choses me dépassent absolument, c’est lorsqu’il y a mort d’homme. Je dois d’ailleurs admettre que c’est la première fois que cela m’arrive, avec Carlyle.»

Nous étions installés à quelque distance du bar et buvions une flûte de champagne, comme il se doit avant d’aller à l’Opéra.

«Je n’en dors pas, depuis que j’ai vu la dépouille de Carlyle dans cette bibliothèque. Pas seulement parce que c’était le premier assassiné de ma vie et que ça m’a fait un certain effet. Il y a tout ce qui ne colle pas. Pourquoi un homme issu d’une famille aussi respectable, un type aussi spectaculairement gentleman sous tous rapports irait-il se mêler d’un trafic quel qu’il soit? Pourquoi s’est-il fait tuer? Il n’avait plus de portefeuille, d’accord. Mais si c’était pour nous faire penser qu’on l’avait tué pour le voler, c’était raté – il avait encore son stylo et ses boutons de manchettes en or massif. Alors, pourquoi?»

«Vous savez, c’était un homme singulier. Très cultivé. Toujours impeccable…»

«Mais? Je sens venir le mais… Quelle était sa particularité?»

«Il avait un besoin maladif, très bien dissimulé au premier abord, de dominer. Ce qu’il voulait, c’était tenir les gens psychologiquement. Je ne l’ai pas revu depuis Trinity, mais j’en ai entendu parler, et cela allait toujours dans le même sens. Ceux qui étaient en classe avec lui à Eton, lorsqu’il n’était qu’un garçonnet de dix ans, disaient déjà que pour dominer il était diabolique. Il déployait un charme irrésistible, et il avait un visage d’ange dont il se servait avec maestria: vous ne vous aperceviez de rien, vous vous laissiez enchanter par lui, et tout à coup vous étiez à sa merci. Si vous ne faisiez pas ce qu’il voulait, il vous détruisait.»

Une pause. J’ai senti qu’il s’apprêtait à dire quelque chose de difficile.

«À Trinity, il a poussé un de nos camarades au suicide. Systématiquement.»

«Votre camarade s’est suicidé?»

«Oui. C’était un garçon fragile, d’une grande culture. Tout le monde l’aimait. Peu à peu Carlyle a pris de l’ascendant sur lui, et lorsqu’il l’a eu en son pouvoir, je ne sais trop comment, il l’a écrasé, pressuré jusqu’à ce qu’il ne lui reste plus rien, plus aucune autre solution que d’aller se jeter sous un train.»

Un frisson l’a parcouru.

«Vous n’avez pas dénoncé Carlyle?»

«Il n’y avait aucune preuve tangible. Nous étions plusieurs à le tenir pour responsable, mais cela s’était fait dans l’esprit, uniquement dans l’esprit. Aucun de nous n’a gardé le contact avec lui, après. Nous avions tous confusément peur, je pense.»

«Vous avez appris quelque chose de nouveau à son sujet, depuis hier?»

«Une histoire de femme qui va exactement dans le même sens que le reste, une ou deux de ses adresses. Derek cherche sur place en ce moment même, et lorsque Derek cherche…»

Nous avons souri ensemble en évoquant la silhouette punk.

«Le taxi est là, werte Herrschaften», nous a susurré un valet sorti du siècle dernier. Mentalement, j’ai prié pour que la chaise roulante se plie, et que le déplacement ne soit pas trop difficile. Mais j’ai constaté en sortant que le «taxi» était une voiture de l’hôtel spécialement aménagée.

«Félicitations. Vous êtes bien équipés!»

«Nous recevons beaucoup de clients âgés, et certains marchent difficilement.»

Le valet bien stylé a poussé le service jusqu’à faire le (très bref) voyage avec nous et ne nous a quittés que dans le hall d’entrée, non sans avoir murmuré discrètement:

«Nous serons là à la fin du spectacle, gnädige Frau.» Et il a disparu, littéralement.

Ici, je pourrais décrire la première partie de Don Giovanni, mais dans le registre lyrique mon «style» s’ampoule et se ridiculise. C’était merveilleux. La salle, les robes et les fracs, la musique de Mozart, les voix… La mise en scène d’Iris était inattendue et parfaitement extraordinaire. Les chanteurs étaient en costumes vieillots, mais décidément vingtième siècle, et ainsi libérés des corbeilles, des crinolines, des épées et des perruques, ils avaient un allant qui donnait encore plus de nerf à une action qui est déjà, de par elle-même, une perpétuelle course-poursuite. Alors que le plus souvent j’assiste aux opéras en spectatrice extérieure, consciente d’être face à une forme théâtrale qui se survit (magnifiquement), largement dépassée par le cinéma que je lui préfère tout compte fait, Iris réussissait à m’entraîner dans l’action. Elle traduisait les actes de Don Giovanni, souvent vus par les commentateurs comme d’admirables cris de liberté, en termes modernes: et avec les critères de la vie quotidienne du vingtième siècle finissant, le «héros» n’était plus qu’un vulgaire coureur, qu’un menteur maladif, qu’un obsédé chronique de l’odor di femmina, prêt à tout pour satisfaire ses pulsions les plus incontrôlées. C’était comme si Iris me prenait par la main, me parlait personnellement. Était-ce parce que j’avais été son élève? Parce qu’elle nous avait expliqué Don Juan comme nul autre ne l’avait fait? Je la revoyais telle qu’elle était à l’époque où elle était notre prof, avec ses bas fuchsia, son rouge à lèvres assorti, les cheveux et la jupe outrageusement courts.

Ce n’est que vers la fin du premier acte que j’ai eu l’illumination. De Don Giovanni, elle avait fait son violeur – un obsédé sexuel, un séducteur de bas étage qui, lorsqu’il ne peut pas obtenir satisfaction par des propos de pacotille, use de la force. J’aurais pu y penser dès le début, puisque l’opéra commence par une scène de viol semblable à celle qu’Iris a subie. Mais la lumière ne s’est faite que lorsque Anna l’a décrite, presque dans les mêmes termes qu’Iris:

«Era già alquanto avanzata la notte

quando nelle mie stanze ove soletta

mi trovai per sventura, entrar io vidi,

in un mantello avvolto,

un’uom che al primo istante

avea preso per voi,

ma riconobbi poi

che un inganno era il mio! (…)

 Tacito a me s’appressa

e mi vuole abbracciar:

sciogliermi cerco

ei più mi stringe; io grido!

Non vien alcun; con una mano

cerca d’impedire la voce,

e coll’altra m’afferra stretta

così che già mi credo vinta

(La nuit était déjà assez avancée/ lorsque dans mes appartements, où seule/ je me trouvais par malheur, je vis entrer/ dans un manteau enveloppé/ un homme que d’abord/ je pris pour vous,/ mais je me suis vite aperçue/ que j’avais fait erreur./ (…) Sans un mot il s’approche/ et il veut m’enlacer:/ je cherche à m’en débarrasser/ il serre encore; je crie!/ Personne ne vient; avec une main/ il cherche à étouffer ma voix,/ et avec l’autre il me tient si serrée/ que je me sens vaincue.)

Iris avait mis le paquet. Elle soulignait son point de vue avec brio, avec la complicité de Mozart et de son librettiste Da Ponte, et avec les moyens grandioses d’un des théâtres les plus prestigieux du monde. Fugitivement, je me suis demandé si ces belles dames et ces beaux messieurs se rendaient compte qu’on leur racontait là un drame personnel. Mais les visages autour de moi n’exprimaient que plaisir et concentration. Au contraire, même sans rien savoir, les spectateurs ressentaient ce qu’il y avait dans la mise en scène d’intime, et c’était cela qui forçait la sympathie de ce parterre d’étrangers. Ils ne connaissaient pas l’histoire d’Iris, mais l’émotion passait même sans qu’ils en reconnaissent la nature.

Ça ne la dé-violait pas, comme elle avait dit ce jour-là, mais c’était une belle revanche. J’espérais que cela l’aidait à guérir, si tant est qu’on puisse guérir d’un viol.

Les applaudissements de l’entracte laissaient présager un véritable triomphe.

«C’est un ami à vous, qui a fait cette extraordinaire mise en scène?» Le visage de Samuel exprimait une stupéfaction admirative.

«Une amie», ai-je dit en me levant.

«Ce spectacle est un coup de génie, j’ai la sensation que jusqu’ici je n’avais jamais rien compris à Don Juan.»

«Il y a quelques instants, j’ai eu exactement la même pensée.»

«Si vous préférez sortir seule et ne pas vous embarrasser…»

«Écoutez, Swift, si vous dites encore une fois un truc comme ça, je vous sors, je vous amène au milieu du croisement, et je vous abandonne à tout jamais. C’est clair?»

«Parfaitement clair.»

En nous dirigeant vers les grands salons, je lui ai raconté Iris, le viol non compris.

«Nous sommes devenues de bonnes amies et elle m’a invitée ce soir. Elle avait peur d’être seule. Vous voulez une flûte de champagne?»

«Évidemment, cela se fait.»

«Attendez-moi là bien sagement, je vous l’amène.»

Et j’ai disparu avant qu’il ne dise qu’il était désolé.

Lorsque je suis revenue, une flûte dans chaque main, il était si absorbé dans la contemplation d’un point devant lui qu’il ne m’a d’abord pas enregistrée. J’ai suivi son regard et j’ai poussé un petit cri: vêtue d’une somptueuse robe du soir brodée noir sur noir, très courte et extrêmement décolletée sous un châle de tulle transparent, chaussée de talons aiguilles rouges, les lèvres carmin, le visage très blanc, Olga se tenait là, seule, perdue dans ses pensées, insensible aux (nombreux) regards.

«Quelle superbe figure tragique», a murmuré Samuel. «Elle dégage le drame et la sensualité.»

«J’aurais dû penser qu’elle serait là. C’est Olga Vannery, une grande amie d’Iris. Elle est toujours ainsi, habillée de noir, exsudant la sexualité.»

À cet instant, Olga a tourné la tête de notre côté, et nos regards se sont croisés. J’ai esquissé un sourire, elle s’est illuminée et s’est avancée vers nous.

«Quelle bonne surprise!»

Nous nous sommes embrassées, j’ai fait les présentations.

De près, j’ai vu que c’était vrai: elle dégageait une grande tristesse. Nous n’avons échangé que des banalités: je ne l’avais pas revue depuis le procès du violeur presque un an auparavant, aucun autre sujet de conversation ne venait, et il aurait été déplacé de parler du viol d’Iris à l’Opéra de Vienne, devant un étranger. Notre seul refuge était de nous pâmer devant la qualité de la mise en scène. Cela m’a permis de constater que Samuel parlait un excellent français.

Au bout d’un instant il s’est excusé, et a dirigé sa chaise vers les toilettes. Confusément, je me suis demandé si j’aurais dû l’accompagner. Allons, Marie, c’est un grand garçon, il a sans doute l’habitude.

«Tu as changé d’ami?» a demandé Olga avec sa tête à claques ordinaire. Elle était très amaigrie, cela lui donnait une allure fragile qui contrastait avec son caractère, et accentuait encore sa beauté de femme fatale.

«Non, c’est ma soirée de bienfaisance. Et toi? Tu es venue seule?»

«En fait j’aurais dû être accompagnée, mais comme à sept heures et demie mon compagnon n’était toujours pas arrivé, je lui ai laissé un mot à la réception de l’hôtel et un billet à la caisse. Un contretemps de dernière minute, sans doute.»

Ça sonnait faux. Elle devait s’être brouillée avec son amoureux. On murmurait à Lausanne, où tout finit par se savoir, qu’elle avait une vie sentimentale mouvementée. Mon regard a effleuré son avant-bras, nu sous le tulle: il était couvert de bleus.

«Tu t’es fait mal?» ai-je dit, juste pour dire quelque chose.

Elle m’a regardée avec un sourire indéfinissable.

«Non. Moi j’aime les hommes qui m’empoignent sans ménagement.»

C’est alors que j’ai enregistré quelque chose que je voyais pourtant depuis un instant: son autre bras était presque aussi marqué. Un maquillage adroit et le châle de tulle atténuaient par ailleurs sans vraiment les cacher des bleus sur son cou, dans son décolleté. Il ne l’avait pas «empoignée sans ménagements», son bonhomme, il l’avait battue comme plâtre.

«Il t’est arrivé quelque chose, Olga?»

«À moi? Pas du tout.»

«Mais…»

«Ne t’en fais pas pour moi. Je ne suis pas un mimosa. Personne ne me viole, moi. D’ailleurs le viol n’est qu’une question de point de vue, comme Don Giovanni l’explique si bien. Je vais retourner m’asseoir.» D’un geste elle a ôté son châle de tulle. «Je te souhaite une excellente fin de soirée.»

Je l’ai regardée s’éloigner, très droite, sa belle robe ondoyant autour d’elle. Non seulement elle ne cachait pas ses meurtrissures, elle les exhibait. Drôle de femme, décidément.

À deux pas, Samuel observait tout cela d’un œil narquois. Il a approché sa chaise.

«Vous n’aimez pas cette femme», a-t-il constaté.

«Il n’y a rien à faire. J’ai pourtant beaucoup essayé, pour l’amour d’Iris. C’est impossible. Son jules l’a battue jusqu’au sang, et même cela, elle arrive à le transformer en supériorité intellectuelle. Elle a réussi à me donner la sensation que je suis un vermisseau sous ses pieds parce que moi, les hommes me traitent avec douceur.»

J’ai empoigné sa chaise et nous sommes retournés dans la salle.

Il m’a fallu du temps pour me calmer, mais le spectacle a fini par me conquérir: il faut dire qu’il était irrésistible. Iris exorcisait peut-être son démon personnel, mais elle le faisait avec brio, et avec humour. La douleur profonde ne perçait que par éclairs, d’autant plus forts, tel le moment où Anna chante en duo avec Ottavio:

«L’empio crede con tal frode

Di nasconder l’empietà!

Si malvagio! Traditore!

Tutto, tutto già si sa.

Trema, trema scellerato

Saprà tosto il mondo intero

Il misfatto orrendo e nero,

La tua fiera crudeltà.

Odi il tuon della vendetta

Che ti fischia intorno, intorno!

Sul tuo capo in questo giorno

Il suo fulmine cadrà.»

(Avec de tels mensonges l’impie/ croit cacher son impiété/Traître malfaisant/ Nous savons tout de toi./ Tremble scélérat/ Le monde entier bientôt saura/ les méfaits et les noirceurs/ de ton orgueilleuse cruauté./ Entends la vengeance qui tonne,/ et qui siffle autour de toi./ Sur ta tête aujourd’hui/ Sa foudre tombera.)

Le triomphe prévu s’est réalisé. J’ai perdu le compte des rideaux. Iris et le chef d’orchestre sont venus saluer plusieurs fois. Elle était radieuse.

Elle m’avait écrit pour m’expliquer comment aller, après le spectacle, au restaurant où elle dînait avec les chanteurs et tout le gratin. J’avais expliqué tout cela à notre taxi et il nous attendait devant le théâtre pour nous y conduire. Je me demandais si j’allais me retrouver à côté d’Olga. Mais lorsque nous avons été assis à la grande table ronde présidée par Iris, Olga avait disparu.

Iris est venue m’embrasser, je lui ai présenté Samuel.

Elle a jeté un regard circulaire dans la pièce.

«J’avais invité Olga, elle a dû être empêchée…»

«Elle était au théâtre tout à l’heure, pourtant.»

Elle s’est illuminée.

«Elle est venue voir le spectacle? Alors c’est l’essentiel.»

«Tu lui as parlé, récemment?»

«Non, pas depuis deux ou trois semaines. Pourquoi?»

«Elle avait l’air étrange.»

«Olga a souvent l’air bizarre, il suffit de n’y prêter aucune attention, ça passe.»

Elle a été happée par des inconnus, et je me suis trouvée nez à nez avec son fils, splendide en habit.

«Arnaud! Mon dieu Arnaud, mais tu es un homme!»

«Si tu veux me baby-sitter, je ne dis pas non, mais je ne serai peut-être pas aussi sage qu’autrefois.»

Nous nous sommes embrassés en riant, et je l’ai présenté à Samuel.

Nous étions à la gauche d’Iris, à deux ou trois couverts d’elle. Parallèlement à sa droite, après le directeur de l’Opéra et sa femme, deux places sont restées vides: Olga et son compagnon, sans doute. À la manière dont Iris jetait des regards épisodiques vers l’entrée, j’ai compris combien elle aurait voulu qu’Olga soit là. Mais Olga n’est pas venue.

Au bout d’un instant j’ai constaté que, même à cinq mètres de distance, il se passait quelque chose entre Samuel et Iris. J’ai observé plus attentivement. Iris était en discussion animée avec le directeur de l’Opéra. Mais elle souriait plus souvent qu’à son tour à Samuel, dont les yeux ne la quittaient pas. Ou me faisais-je des idées? Comme pour répondre à mon interrogation intérieure, Samuel a remarqué:

«J’ai commencé par prendre le fils de Madame Moretti pour son frère; la ressemblance est frappante, mais elle a l’air si jeune…»

«Ce sont les femmes de la nouvelle génération, mon ami. Appétissantes même au-delà de l’âge de procréer.»

«Et… il y a un mari?»

«Il y a eu un mari, puis il y a eu un amant, que personnellement je méprise profondément car il l’a plantée là au moment où elle avait le plus besoin de lui, après un gros pépin. Qu’y a-t-il, Samuel? Elle vous plaît? Si vite?»

«A-t-on jamais aimé si l’on n’aime à l’instant

«Jamais ou presque, sans doute», ai-je répondu en me souvenant de ma bouffée de chaleur la première fois que j’avais croisé Rico dans l’escalier du Rôtillon (même s’il faut avouer qu’après cela il m’avait fallu du temps pour réaliser que l’amour, c’était ça).

«Bon, alors, elle est libre, d’après vous?»

«Je ne l’ai pas revue depuis plusieurs mois, mais l’essentiel est qu’à mon avis vous lui avez tapé dans l’œil.»

«C’est par curiosité qu’elle regarde de notre côté. Elle se demande si je suis votre nouveau partenaire, elle s’apitoie peut-être.»

«Cessez de m’énerver, Swift. Votre zizi est en état de marche, lui, n’est-ce pas?»

Il a rougi jusqu’aux oreilles, mais a répondu bravement:

«Heu… Oui. Vous avez une façon d’exprimer les choses…»

«Bon, alors arrêtez de jouer à l’infirme une fois pour toutes.»

Leur histoire n’était pas destinée à commencer ce soir-là. Lorsque nous nous sommes levés de table, Iris a été happée par les obligations. J’ai fini par m’approcher d’Arnaud pour lui dire que nous partions.

«Tu diras à Iris que je l’embrasse, qu’il faut qu’elle m’appelle dès qu’elle arrive à Genève, que Samuel a le béguin pour elle et qu’il est en chaise roulante en attendant que quelques coups de scalpel le remettent sur ses pieds. C’est un type très bien, il n’est pas pauvre, il a fréquenté les meilleures écoles.»

«Excellent, je lui dirai.»

Il est venu prendre congé de Samuel, avec lequel il a échangé quelques phrases badines – sa manière de tâter le terrain, sans doute, pour voir si Samuel était vraiment un type bien, et s’il avait le sens de l’humour.

Il m’a semblé que Swift réussissait l’examen.

 

 

© Bernard Campiche éditeur, CH 1350 Orbe (Suisse)

«Ame de bronze» a été réalisé par Bernard Campiche avec la collaboration de René Belakovsky, Béatrice Berton, Marie-Claude Garnier, Marie-Claude Schoendorff et Daniela Spring. Photo de couverture: Laurent Cochet.

 

 

10 commentaires
1)
Franck Pastor
, le 28.09.2008 à 08:36

Des trucs parasites se sont insérés dans le source de ton article, Anne…

et on s&rsqu o;étonne souvent que je la vousoie.

j’avais toujours dix à vingt petites «affaires» en train.

yle=”text-indent:19.8pt;tab-stops:40.95pt”>

Tu utilises quoi pour entrer tes articles ? TinyMCE ? Moi, j’utilise le HTML, et pourtant j’ai ce même type de truc bizarre qui apparait de temps en temps (surtout en phase de correction, quand je prévisualise souvent).

Et sinon, on ne dit pas « voussoyer » plutôt que « vousoyer » ?

2)
Franck Pastor
, le 28.09.2008 à 09:34

Et dans l’encart de présentation de cet épisode :

Chapitre 6 du romand policier d’Anne Cuneo, Âme de bronze.

J’aime bien cette coquille ! :-)

3)
Anne Cuneo
, le 28.09.2008 à 11:41

A vrai dire, c’est François qui fait ça, y compris le romand policier… Celui-là, je ne l’avais pas vu, mais les signes cabalistiques, je n’ai pas osé aller les enlever parce que j’avais peur de démolir quelque chose dans le formatage. Je me propose de rencontrer François pendant une heure pour qu’il me montre comment entrer mes textes moi-même, mais nous n’avons pas encore trouvé cette heure, depuis le temps…

4)
rIO
, le 28.09.2008 à 13:14

Les choses se mettent en place… Un regal ! Vraiment une excellente idee de publier ce feuilleton.

5)
François Cuneo
, le 28.09.2008 à 21:36

Bon.

Alors, je prends le texte d’Anne.

Il est écrit en Nisus.

Je le passe dans Word, et l’exporte en HTML (Nisus le fait aussi, mais je perds les retraits).

Je l’ouvre ensuite dans DreamWeaver.

J’enlève les polices spéciales, les tailles etc…

Je copie le code,

Je le mets dans le HTML pur sur notre admin

Je passe ensuite en TinyMCE pour faire quelques retouches.

C’est aussi simple que ça:-)

Sauf que j’ai rouvert UNE fois le texte dans Safari, sous TinyMCE, et c’est là que les trucs ont dû se faire, c’est toujours comme ça dès qu’un article est un peu long sur Safari…

7)
Franck Pastor
, le 28.09.2008 à 21:48

Donc ces trucs parasites ne se produiraient qu’avec Safari ?

Je le passe dans Word, et l’exporte en HTML (Nisus le fait aussi, mais je perds les retraits).

Question du pinailleur en typographie : pourquoi faire des retraits, si les paragraphes sont déjà séparés les uns des autres par des lignes blanches ? Ça semble redondant. D’ailleurs, le hasard faisant bien les choses, je parle brièvement de ceci dans mon article de demain. :-)

8)
ToTheEnd
, le 29.09.2008 à 01:00

Alors, je prends le texte d’Anne. Il est écrit en Nisus. Je le passe dans Word, et l’exporte en HTML (Nisus le fait aussi, mais je perds les retraits). Je l’ouvre ensuite dans DreamWeaver. J’enlève les polices spéciales, les tailles etc… Je copie le code, Je le mets dans le HTML pur sur notre admin Je passe ensuite en TinyMCE pour faire quelques retouches.

Et puis saigner un poulet au dessus d’un feu avec Drazam qui fait des incantations derrières, tu as essayé? Il est en train de devenir Marabou professionnel sur son île.

T

9)
François Cuneo
, le 29.09.2008 à 06:53

Franck, oui, ça fait seulement ça dans Safari.

Dans FireFox, jamais. Et dans Safari, ce qui est terrible, c’est que tu corriges, et paf, quand tu sauves, ça devient pire ailleurs, ça se pourrit lentement.

Noé m’a expliqué que la chose était vraiment en beta pour Safari, sans aucune garantie, et tout à fait fonctionnelle sur FireFox. C’est sur le site des développeurs m’a-t-on dit.

Pour les retrraits, personnellement, je n’en mets jamais, mais là, il y a des retraits, je les mets. Mais c’est vrai que dans le texte original, les paragraphes sont moins espacés. Faudra donc voir pour la suite. On ne fait pas tout à fait ce qu’on veut avec le HTML, en tout cas pas moi.

TTE: Drazam devient marabou professionnel? Ah ben comme ça on a des nouvelles! Il va bien sinon?

10)
Franck Pastor
, le 29.09.2008 à 17:30

Franck, oui, ça fait seulement ça dans Safari.

Dans FireFox, jamais. Et dans Safari, ce qui est terrible, c’est que tu corriges, et paf, quand tu sauves, ça devient pire ailleurs, ça se pourrit lentement.

Oui, c’est une vraie plaie. Ça semble moins se produire si on referme la fenêtre de prévisualisation entre chaque modification de l’article. Si on la laisse ouverte, par contre, c’est de pire en pire.

Ça va peut-être me faire passer plus vite que prévu à Camino, rien que pour voir si ce comportement ne s’y présente pas…