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Dégroupage (1) : du triomphe…

En 1966, avoir le téléphone en France était une épreuve de longue haleine : jusqu'à trois ans d'attente pour être raccordé. Il a fallu attendre 1974 et l'élection de Giscard pour que pour que la Direction Générale des Télécommunications ait enfin le droit d'emprunter afin d'effectuer les investissements nécessaires. Ce qui fut fait avec une grande énergie. Plus de 50 milliards de Francs furent empruntés de 1974 à 81. Et sur ces sept années, 14 millions de lignes furent crées dans le cadre du plan Delta LP.

Aujourd'hui, avoir le téléphone est simple… comme un coup de fil. 24, 48 heures maximum. Mais les règles ont changé : l'Europe est passée par là. La vieille nationalisation de 1889 est remise en cause : les services publics doivent devenir concurrentiels. Les arguments le plus souvent avancés sont : prix élevés, innovation par à-coups, entreprise plus centrée sur son métier que sur son client. Sans entrer sur le terrain politique, ces arguments ne manquent pas de poids.

De plus, la dynamique de la privatisation est globale, la refuser reviendrait à refuser de participer au jeu mondial de l'économie.

C'est ainsi que la DGT devint France Telecom le 1er janvier 1988, puis se transforma en SA en 96. Elle ouvrit son capital aux investisseurs, une première fois, partielle, en 1997, suivie d'une seconde en 98. En 2004, la part de l'État Français passa en-dessous des 50%. Parallèlement, de nouveaux opérateurs téléphoniques (Cégétel, 9 Télécom et quelques autres) entrèrent en jeu. Le passage au nouveau millénaire fut l'époque de la guerre des abonnements, des tarifs ultra-compétitifs (vers Tombouctou) et de la pré-sélection. Cette guerre n'est pas terminée aujourd'hui.

 

Enfin, mon introduction ne serait pas complète si je ne mentionnais pas deux autres phénomènes qui, vous le savez peut-être, convergent avec le téléphone classique. D'abord, le téléphone portable (natel pour nos amis suisses). Vous savez, c'est cette petite boîte magique que l'on colle à l'oreille en disant t'es où ? au lieu de allo. Dont le taux de croissance en a fait rêver plus d'un. Qui marche tellement fort que 79,2% des français actifs en sont aujourd'hui équipés (chiffres ART au 31/3/06). Vous noterez, au passage, que ce marché est proche de la saturation.

Deuxième phénomène, tout aussi important : l'accès à internet en haut débit. Les anciens se souviendront des modems analogique et du scrrrr tchi biiiii biiii biii… de la connexion ; les plus jeunes ne connaissent que les "box" qui sont de règle aujourd'hui. La croissance, là encore, est phénoménale : 43,3% sur un an en France.


Source ART

Toutes ces technologies sont en train de converger à cause du dégroupage. Heum, vous avez lu trop vite. Je répète : toutes ces technologies sont en train de converger à cause du dégroupage.

Le dégroupage ? Kézako ?

France Telecom est propriétaire du réseau téléphonique français. Cela va de la paire de fils en cuivre qui entre chez presque tous les Français aux gros centraux téléphoniques, en passant par les câbles qui relient tout le monde. Il n'est pas concevable, pour un nouvel entrant sur le marché du téléphone, de reconstruire l'infrastructure nécessaire à côté de celle de France Telecom. En revanche, d'autres choses sont possibles (les techniciens me pardonneront, j'espère, les grosses simplifications nécessaires dans ce qui suit.)

Reprenons les bases. Autrefois, vous aviez un modem analogique. Cette machine transformait vos données informatiques en sons et les envoyait dans la ligne téléphonique. D'où les scrrrr tchi biiiii biiii biii… Cette technologie est toujours utilisée pour les fax. Les débits étaient faibles et la connexion lente. Il fallait passer un appel téléphonique pour se connecter à internet et l'on payait cet appel à la durée (et à la distance) en plus des prestations du FAI. Ces modems ont atteint leur maximum théorique avec la norme V.90. Même si des progrès ont encore été réalisés (normes MNP 5, 6, 7 et suivantes), on peut considérer qu'aujourd'hui, cette technologie est mature (entendez obsolète, car non susceptible de gros progrès).

La faiblesse inhérente de ces modems est qu'ils n'utilisent qu'une partie de la bande passante qui peut circuler dans les fils du téléphone. Pour faire circuler la voix par le téléphone, on n'a besoin que de 4 KHz. Or, une paire de cuivre peut faire passer beaucoup plus que 4 KHz. Imaginez : les fils du haut-parleur de votre chaîne hi-fi laissent passer 20 KHz sans férir ! De là est née l'idée de faire passer les données sur  toute la bande passante (c'est ça, le haut débit !). Seul inconvénient : il faut modifier le matériel. Chez les particuliers c'est assez facile, ils sont toujours prêts à payer pour une nouvelle technologie. Mais à l'autre bout de la ligne téléphonique, c'est plus compliqué, d'autant que des filtres "passe-bas" suppriment tout ce qui dépasse de la bande des 4 KHz du téléphone.

Qu'à cela ne tienne : les enjeux et la demande sont trop forts. De plus, la réglementation européenne est claire : il faut de la concurrence (l'Europe considérant que France Telecom conserve toujours un monopole de fait). C'est ainsi que les nouveaux opérateurs ont installé, dans les équipements France Telecom, leur propre matériel. Ce sont les fameuses plaques DSLAM (Digital Subscriber Line Access Multiplexer). Ce plaques ont été reliées, avec de la fibre optique, au backbone des opérateurs.

À ce stade, deux fonctionnements sont possibles :

  1. Le dégroupage partiel

Le principe est que France Telecom gère encore les conversations téléphoniques, mais que les données informatiques transitent par un autre opérateur.

Chez l'utilisateur, on ne touche à rien . En revanche, comme toute la bande passante de la ligne est utilisée, il doit installer un filtre pour que les données informatiques n'aillent pas dans son combiné téléphonique (ce serait bien pire que le scrrrr tchi biiiii biiii biii…).

Du côté de France Telecom, il y a nettement plus de travail. Pour chaque ligne d'usager, il faut séparer les données de la voix avec un filtre et envoyer les bits dans une pièce ou les autres opérateurs ont installé leur matériel. Les 4 KHz de la voix, eux, continuent dans le réseau du téléphone classique.

Un petit dessin valant mieux qu'on long discours : (cliquez dessus pour l'agrandir)


Source ART

Nota : URAD est l'acronyme d'Unité de Raccordement d’Abonnés Distante. En termes simples, c'est la bonne vieille ligne de téléphone qui part vers le reste du réseau téléphonique.

  1. Le dégroupage total

C'est bien plus simple : le concurrent de France Telecom prend tout en charge. Enfin, quand je dis simple… 

Chez l'utilisateur, tout passe dans la "box". Comme ça, même plus besoin de filtre. À l'autre bout, on récupère sa ligne que l'on tire (avec une rallonge) jusqu'à la salle des autres opérateurs. À eux, ensuite, de se débrouiller. 

Encore un petit dessin ? (cliquez dessus pour l'agrandir)


Source
ART

Restent de nombreuses questions et difficultés. Qui fait quoi, à qui appartient la responsabilité d'une opération ou d'un lieu, combien coûte telle ou telle opération. Il faut aussi trouver un endroit où installer la salle des autres opérateurs, dégager le personnel compétent pour faire les différents branchements, etc.

Inutile de préciser que les disputes sur les responsabilités, les coûts et les tarifs ont été - et restent - féroces. Car si la dérégulation du téléphone a permis aux nouveaux opérateurs d'entrer dans les répartiteurs de France Telecom, cela ne s'est pas fait sans peine. Même le choix des mots de l'ART est significatif des tensions : salle de colocation ou salle de cohabitation (ce qui se traduit par : tous les autres dans une pièce et défense de sortir !).

Internet, le téléphone et les sous

Pour l'usager, le gain a été considérable. Qu'il reste chez l'opérateur historique (pitoyable formule journalistique pour désigner France Telecom) ou qu'il passe chez un concurrent, l'ADSL et le dégroupage ont permis une explosion de l'offre, des débits et des services. En même temps qu'une chute vertigineuse des tarifs. Pour nos amis Suisses qui ne le sauraient pas, un abonnement à haut débit coûte 29,99 € par mois en France (environ CHF 46). Mais à ce prix là, vous avez l'internet, le téléphone, la télévision et la Vidéo à la demande (VOD). Dites les irréductibles, vous venez quand rejoindre l'Europe ?

Comment ça, et quid du téléphone ? Bravo à ceux qui ont tiqué ! Ils ont bien regardé les schémas ci-dessus et ont correctement conclu que les 4 KHz de bande passante du téléphone passaient à la trappe en cas de dégroupage total. Pourtant il est quand même possible de téléphoner. Vous connaissez Skype ? Alors vous savez qu'on peut téléphoner via internet ! Je vous ferai grâce des détails techniques.

Un abonnement téléphonique normal, chez France Telecom, c'est 13,99 € par mois. Alors vous imaginez facilement que tout ceux qui peuvent accéder au dégroupage total et qui utilisent internet se ruent dessus : leur facture baisse d'un tiers. Bien sûr, tous ne le peuvent pas. Soit pour des raisons techniques (il n'y a pas de salle pour les concurrents dans le site France Telecom, les autres opérateurs ne sont pas encore arrivés…), soit pour des raisons financières. Même si la France est un des pays où le haut débit est le moins cher (voir cette étude de l'OCDE), c'est quand même deux fois le prix du simple téléphone. Le fracture numérique est d'abord celle du fric.

Mais me demanderez-vous, que fait France Telecom ? Ne peuvent-ils pas avoir leurs propres DSLAM et offrir les mêmes services ? Bien sûr que si, ils le font ! Mais pas aux mêmes prix. Certains vous diront que la qualité de service est bien meilleure. Peut-être. Mais pour le grand public, il n'y a pas photo et FT perd des abonnés à toute vitesse. On peut prédire, sans grande crainte de se tromper, que le dégroupage total sera bientôt la seule solution adoptée par ceux qui quittent France Telecom.

Et la bourse sanctionne : à mesure que le dégroupage total augmente, le cours chute. Attention : le graphique précédent et ceux qui suivent ne sont pas sur la même échelle de temps. Ajustez votre esprit et admirez comment les courbes se répondent.


Source Boursorama

D'ailleurs, si vous regardez les commentaires de Boursorama, celui qui domine le plus souvent est : encore des milliers d'abonnés perdus par France Telecom. Et ce n'est pas ma commune, bonne représentante des clients professionnels, qui sauvera FT : elle est chez Colt. Alors, convaincu ?

Vous ne devriez peut-être pas. Michel Volle (un polytechnicien expert en systèmes d'information et nouvelles technologies), qui a eu la gentillesse relire cet article(1), m'a fait remarquer que la Bourse est un univers parallèle. Où les règles de base de l'arithmétique ne s'appliquent pas comme chez vous et moi. À titre d'exemple, il m'a cité Renault et sa participation de 44% au capital de Nissan. En effet, si l'on regarde la capitalisation boursière (le nombre d'actions multiplié par le cours) de ces deux entreprises, on est très, très loin du compte(2)… . Comme il dit : suivre la Bourse, c'est suivre une foule dans tous ses errements.

Évidemment, il y a d'autres raisons à cette désaffection boursière . Une dette impressionnante, quoi qu'en régression (de 101 milliards d'euros(3) en 2002 à 47,8 milliards aujourd'hui), le souvenir cuisant de l'échec de l'alliance avec Deutsche Telekom et une politique souvent controversée. Sans compter que les bourses de Paris et New York ne sont pas dans les mêmes dynamiques spéculatives…

 ***

Mais il me semble que là, on s'éloigne un peu (beaucoup) du sujet et que vous devriez atteint votre seuil de saturation, du moins pour aujourd'hui. Je vous propose donc de continuer dans un prochain article où nous verrons les offres "muti-play", l'impact envisageable de ces offres et les limites de la révolution du dégroupage. En attendant, comme j'ai certainement commis des erreurs, j'invite de plus savants que moi à les corriger en commentaire.

Mais par pitié, pas de guéguerre militante sur la déréglementation et l'Europe. Les échanges de la semaine dernière ont suffit, ne croyez-vous pas ?


Notes : 

1- Article dont il n'est en rien responsable. Les erreurs sont de moi, et de moi seul.

2 - Lorsque j'ai relevé les cours mardi dernier, Renault pesait 23,2 milliards d'euros à Paris, alors que Nissan fait 48,37 milliards de dollars à New York. Si je sais compter, 44% de Nissan, c'est  21,28 milliards de dollars. Ça ne colle pas. Ou alors, l'euro est vachement surévalué !

2 - La dette de France Telecom est évaluée à 101 milliards d’euros en 2002, selon Jean-Jérôme Bertolus, Jean-Michel Cedro et Thierry del Jesus dans "Qui a ruiné France Telecom ?" paru chez Hachette en 2003, page 234.

34 commentaires
1)
Kalagan
, le 15.06.2006 à 00:20

Moi ce qui m’affole c’est cette ruée vers le triple et même quadruple play, où l’on perd toute la qualité de service du téléphone et de la télé classiques et ce, sur des réseaux qui ne sont pas faits pour faire transiter des paquets en continu. Il n’y a en plus aucune création de nouveau modèle économique, on transpose ce qui existe déja et avec une qualité moindre. Pour sans convaincre, interrogez les 3/4 des « boxiens », il vous diront que leur téléphone fonctionne une fois sur 20.
Créons quelque chose, gagnons en qualité, et après nous verrons !

2)
Okazou
, le 15.06.2006 à 00:56

« suivre la Bourse, c’est suivre une foule dans tous ses errements. »

… en bêêêêêlant !


Au nom de l’Europe, j’ai voté NON !
… et la gauche libérale aurait tort de l’oublier.

3)
François Cuneo
, le 15.06.2006 à 05:41

Merci de ces explications.

Je suis juste un peu limité: les salles de cohabitation, elles sont à quel niveau? Central de quartier, central régional? Plus loin encore?

Merci de m’éclairer, et vivement la suite!

4)
Olivier Pellerin
, le 15.06.2006 à 08:55

François, tu trouveras à cette adresse la carte des répartiteurs pour l’Ile de France.
Un truc amusant : si tu regardes ceux de Paris (les machins de trois lettres sur fond rouge), tu reconnaîtras les noms qui servaient à la vieille époque de la numérotation à 7 chiffres et lettres. Du genre « Auteuil 45 23 ». Le central Auteuil existe toujours, c’est AUT (dans le 16e.).

5)
Joël (exGlimind)
, le 15.06.2006 à 08:56

De plus, la dynamique de la privatisation est globale, la refuser reviendrait à refuser de participer au jeu mondial de l’économie.

Justement, c’est celà même!

Super intéressant, merci.

Glimind

6)
Inconnu
, le 15.06.2006 à 09:22

@Olivier: tu as inversé les deux images du dégroupage. Quand on clique sur une, c’est l’autre qui s’affiche et vice-versa. ;)

8)
kako21
, le 15.06.2006 à 10:34

J’ai travaillé pendant plus de 30 ans dans les télécommunications (pas chez FT) plus particulièrement sur le réseau téléphonique commuté RTC.
Dans les années 60-70, les communications utilisaient bien souvent des lignes aériennes avec leurs poteaux en bois, leurs isolateurs en verre et les nappes de fils en cuivre. La qualité de la phonie était triburaire de la météo (givre, humidité, plombs des chasseurs…). Eh bien, aujourd’hui, quand je téléphone en « voix sur IP » par l’intermédiaire d’une BOX, j’ai souvent l’impression de revenir 40 ans en arrière : bruits, échos, crachements, coupures, etc.
A la fin des années 1990, j’ai participé à des essais prototypes de voix sur IP. Un ingénieur du constructeur à qui je faisais remarquer la piètre qualité de la phonie m’a fait la réponse suivante : « les gens ont maintenant l’habitude du téléphone portable, ils s’habitueront aussi ».
Donc une évolution technologique devrait entraîner un recul de la qualité. Que dirait-on si les HD-DVD ou BR donnaient des images de la qualité des films argentiques Super 8 ?
Par ailleurs, ce que j’ai du mal à comprendre, c’est que FT qui possède un réseau commuté classique de très bonne qualité, propose de la voix sur IP par l’intermédiaire de ses filliales donc deux réseaux // qui se font concurrence…

9)
Guillôme
, le 15.06.2006 à 11:39

Tout d’abord [B]ToTheEnd[/B], félicitation pour ton article, gros boulot de synthèse.

Une remarque sur la chute des parts de marché de FT et le célèbre « toutes choses égales par ailleurs »…
1- FT était en monopole et avait 100% du marché
2- La déréglementation ne pouvait que faire perdre des parts de marché. FT est condamné à perdre des clients, c’est inéluctable.
3- L’enjeu ou la question n’est pas combien de clients FT perd mais à quelle vitesse! Or, je suis convaincu que FT réussit à perdre ses clients lentement et que c’est positif. Coréler perte de clients et cours de bourse me semble injustifié.

Concernant la qualité téléphonique, on ne peut pas avoir qualité et prix. J’ai le choix entre les deux, et je préfère le prix. Au niveau qualité des box, celle de Free s’est grandement améliorée en téléphonie à tel point que je m’interroge sur le dégroupage total (non effectué pour la sécurité procuré par la ligne FT en cas de pépin pas si nul que ça).

10)
Inconnu
, le 15.06.2006 à 14:22

Guillôme: c’est Olivier qui a écrit l’article pas ToTheEnd. Mais on l’aime bien notre TTE, on ne va pas t’en tenir rigueur.

Je confirme ce que disait Kalagan: le téléphone sur IP marche pas tout le temps, parfois je dois rebouter la livebox pour que ca marche.

11)
Le Corbeau
, le 15.06.2006 à 14:53

Mais me demanderez-vous, que fait France Telecom ? Ne peuvent-ils pas avoir leurs propres DSLAM et offrir les mêmes services ? Bien sûr que si, ils le font ! Mais pas aux mêmes prix.

Ben il manque juste un détail :
si ce n’est pas au même prix, c’est volontaire et inscrit dans la loi pour faire chuter FT
Les opérateurs qui dépassent une certaine part de marché voient leur prix arbitrairement fixés par l’ART soit disant pour favoriser la diversité de l’offre et éviter d’écraser les petits.
donc des prix chers pour les abonnés, doux pour les opérateurs
En attendant, ce sont les gogos de petits porteurs qui ont bu la tasse en croyant que FT s’en sortirait grace à sa technologie et à son réseau
alors que le dégraissage artificiel de sa clientèle a rendu sa structure disproportionnée.

12)
Guillôme
, le 15.06.2006 à 15:04

[B]Olivier Pellerin[/B], félicitation pour ton article, gros boulot de synthèse. Désolé, je ne sais pas pourquoi j’ai fourché et que j’ai félicité ToTheEnd… il doit y avoir une explication rationnnelle :D

13)
Olivier Pellerin
, le 15.06.2006 à 15:55

Le Corbeau : as-tu une référence de la loi dont tu parles ? L’ART est intervenue à plusieures reprises pour réajuster des prix, oui. Mais c’étaient des prix de mise à disposition de la boucle locale ou des prestations que FT facture aux autres opérateurs. Je n’ai pas connaissance que l’ART soit intervenue sur le prix de l’appel téléphonique classique. Je me trompe sans doute, peux-tu m’éclairer ?

guillôme : y’a pas d’mal. Moi aussi, je ne dis pas non à une petite bière de temps en temps. Quoi que, pas aussi souvent que TTE.

14)
Le Corbeau
, le 15.06.2006 à 16:44

bon,
Je n’ai plus les textes en tête mais à partir du moment ou je critique, il faut bien avancer des arguments :-)
un petit surf sur le site de l’ARCEP (ex-ART)
art-telecom
montre que cet organisme gère les prix et se vante d’avoir obligé FT à revoir ses prix pour les écoles qui ne sont pas des opérateurs.
on y trouve très également

le Décret no 2004-1301 du 26 novembre 2004 relatif aux dispositions applicables aux opérateurs
exerçant une influence significative sur un marché du secteur des communications électroniques en application des articles L. 37-1 à L. 38-3 du code des postes et des communications électroniques

avec notamment l’article D 315 sur les prestations de détail
dont le prix est soumis à approbation de l’ART
j’avais trouvé des textes plus explicites que cette mise à jour de textes plus anciens à l’époque ou je m’étais penché sur la chose mais c’est galère pour les retrouver.
Notes que ce n’est qu’un petit point de détail par rapport à ton article dont j’attends la suite avec impatience

15)
Chichille
, le 15.06.2006 à 17:41

scrrrr tchi biiiii biiii biii… Le croirait-on ? J’avais oublié ! Et pourtant, lors de mes premiers branchements, je me demandais si c’était bien normal tout çà. J’avais du mal à croire qu’une technique moderne, informatique et tout et tout puisse donner l’inpression d’être revenu au poste à galène.

Comme ça, même plus besoin de filtre.

Donc, promis-juré, grâce à la voix sur IP je peux ôter mon filtre ? Ce que mon opérateur (Neuf Cégétel) ne m’a jamais dit, le bougre. Mais chez les opérateurs, ce qui marche nettement plus mal que la technique, c’est la communication. Dans l’e, y compris pour la qualité du son. Mais il vrai que je ne joue qu’en double (téléphone + internet, point).
Un conseil en passant. Lorsque vous ne parvenez-pas vraiment pas à résoudre un problème, écrivez au PDG. Il finit par trouver quelqu’un de compétent qui vous appelle personnellement chez vous pour vous renseigner et vous aider. Et en plus, elle avait une voix de jolie femme…

Bof ! Bof ! Bof !

16)
zitouna
, le 15.06.2006 à 17:55

Très bon article, Olivier, vivement la suite!

Donc une évolution technologique devrait entraîner un recul de la qualité. Que dirait-on si les HD-DVD ou BR donnaient des images de la qualité des films argentiques Super 8 ?

C’est effectivement moins bon, mais comme personne ne se souvient de la qualité d’une projection en Super 8… Je vais encore faire mon vieux ronchon, mais « c’était mieux avant! », toujours le même débat: vinyle, ou CD? Argentique ou numérique? Bœuf bourguignon ou macdo? Graine kokopelli ou monsanto? (argh, je sens que je dérape, là!) Le « progrès » est-il toujours synonyme de gain qualitatif? bof bof bof…
zzz
Eh, LE Mudak, tu dors?

17)
Olivier Pellerin
, le 15.06.2006 à 18:15

Le Corbeau : l’ART « s’attache à vérifier que les offres tarifaires
proposées par France Télécom sont réplicables par des opérateurs alternatifs efficaces » ( source ). Autrement dit, elle l’empêche de faire de l’abus de position dominante.

Les décrets du Code des Postes contiennent des dispositions « relatives aux opérateurs exerçant une influence significative sur un marché du secteur des communications électroniques » ( source ). Dont le 315. Qui oblige FT à faire vérifier ses offres par l’ART, qui peut les refuser, toujours dans la même logique.

Il est clair qu’il y a volonté d’ouvrir le marché. Je le dis dans l’article. Que cela fasse partir des clients de FT, c’est évident. Mais je n’y vois pas ce que j’ai cru lire dans ton commentaire : que l’ART forcerait FT à avoir des prix trop élevés. Il est vrai que je t’ai lu un peu vite…

18)
alec6
, le 15.06.2006 à 18:17

Bonnes remarques Z ! au passage, merci de me faire découvrir Kokopeli dont je ne connaissais pas l’existence mais seulement les griefs… qui mériteraient une humeur encore une fois (la main mise sur les semences par les « vendeurs de graines », qui entre autres ont réussi à faire interdire à la vente de nombreuses variétés naturelles de fruits et légumes…).
Bon je m’éloigne totalement du sujet pour me perdre dans les digressions qui font couler la sueur sur nos claviers de cukiens…

L’agent A

19)
Alexandre92
, le 15.06.2006 à 18:20

Cher Olivier,

Je confirme ce que nous dit le Corbeau. En particulier sur le prix de l’abonnement Internet, c’est l’ARCEP qui refuse que France Telecom baisse ses prix pour permettre à la concurrence de se développer. Car comme ils ont le réseau, ils sont tout à fait capables de faire ce que propose Free à 20 Euros par mois au lieu de 30.

Ca fonctionne de manière un tout petit peu biaisée : l’ARCEP oblige FT à leur présenter un portefeuille d’offres tarifaires de toute sorte et de tous montants pour leur imposer ensuite un prix de vente public… et curieusement l’ART (puis ARCEP) a toujours choisi les prix les plus élevés.

C’est un syndrome étonnant : la concurrence est sensée faire baisser les prix mais là elle les maintient artificiellement hauts pour permettre à chacun de vivre…

20)
zitouna
, le 15.06.2006 à 18:45

Kokopelli, c’est sur MacDigit que j’en ai entendu parler la première fois, toujours aller faire un tour chez JCC! on y apprends et vois plein de choses… Je ne suis pas encore prêt (mentalement, scientifiquement, physiquement…) à adopter une semence, mais ça me tente bien quand même. En attendant, j’ai profité de les avoir rencontré à Courson pour acheter quelques graines et le pavé , pour me cultiver…
z (qui digresse, qui dit « graisse »)
Eh, D, tu dors ou quoi?

21)
Olivier Pellerin
, le 15.06.2006 à 19:21

Alexandre92 : j’ai peur que nous soyons partis sur un malentendu. Oui, FT pourrait faire des prix « mammouth » et écraser les concurrents. Soit en facturant trop cher ses prestations « B2B », soit en faisant des offres grand public « de la mort qui tue ».

L’ART l’en empêche, nous sommes tous d’accord. L’Europe et la privatisation « ambiante » sont les moteurs de cette volonté, encore et toujours d’accord. Je ne crois pas avoir dit autre chose dans l’article.

Mais la question que je me pose, c’est pourquoi FT ne fait pas d’offre Wanadoo seul et au prix courant du marché (vers les 30 euros, pour de l’illimité en multi-play).

Là où j’ai réagi sur le commentaire 13 du corbeau, c’est que j’ai cru lire que l’ART forçait FT à être plus cher que ses concurrents. Ce n’est pas explicitement dit, mais la citation et le commentaire qui suit me l’ont fait croire.

22)
Chichille
, le 15.06.2006 à 20:01

« c’était mieux avant! »

Oui et non… mais ça devient de plus en vrai. Je constatais récemment avec une amie que nous étions peut-être parmi les Terriens les plus chanceux depuis les origines. Nous avons connu une époque « globalement positive » où le progrès matériel était dans l’ensemble un vrai progrès et s’accompagnait d’un certain progrès moral au niveau social. Au niveau des individus, l’Homo sapiens reste apparemment très égal à lui-même depuis 100 ou 200 000 ans…

J’avoue me poser pas mal de question sur le monde de mes enfants et encore plus de mes petit-enfants.

Et en plus, je ne sais pas si je peux adopter une graine sur mes balcons. Une variété très rampante et très naine, peut-être…

Bof ! Bof ! Bof !

23)
Alexandre92
, le 16.06.2006 à 07:52

Olivier,

Je vous rejoins dans l’analyse que vous faites des propos du Corbeau… et rejoins Le Corbeau dans ses propos. Demandez leur avis aux services de FT qui négocient leurs tarifs avec l’ARCEP…

(mode off topic) La concurrence est une chose formidable qui est sensée faire baisser les prix au bénéfice du consommateur…
L’ouverture à la concurrence des services de livraisons des paquets en France a conduit…à une requête officielle des concurrents potentiels de La Poste disant « il faut que La Poste augmente ses prix sinon on ne peux pas être concurrentiels ni rentables »…
La Poste, monopole en place (et qui en tant que monopole spolie ses clients), ne serait pas assez chère pour permettre à la concurrence de s’installer ?
Je n’invente rien et vous retrouverai les sources de ces déclarations courtelinesques… (/mode off topic)

Malgré tout la concurrence dans l’accès à Internet a permis au marché de se développer et d’entrer dans une phase de concentration maintenant. AOL France est à vendre et Free et Neuf Cegetel se préparent à s’empoigner pour racheter les 500 000 abonnés que cela représente : la place de second du marché est en jeu…

Quel que soit celui qui gagne, on va donc se retrouver avec quatre mastodontes en France : FT, Neuf Cegetel et Free… et puis Alice qui ne pourra pas tenir longtemps à ce rythme d’insatisfaction des clients et d’errances techniques. Club Internet n’a pas atteint et ne pourra plus atteindre une taille critique par rapport aux autres et se revendra à terme.
Alors transformer un monopole en oligopole n’est pas la vision que j’ai de l’ouverture à la concurrence…

Désolé si 1- je fais des commentaires qui seraient plus adéquats avec la partie 2 de votre exposé et si 2- finalement c’est p’tet bien tout ce commentaire qui est « off topic »

24)
Chichille
, le 16.06.2006 à 08:05

@ Alexandre 92

Tes commentaires me paraissent au contraire particulièrement bien venus.

Incidemment, je signalerai que, outre la mauvaise foi de ceux qui ont quelque chose à y gagner, il règne dans certains milieux (le Medef, par exemple…) une véritable auto-intoxication. Je me souviens d’y avoir vu – j’ai de mauvaises fréquentations ! – une amie, responsable de communication, m’expliquer que le privé c’était forcément mieux géré que le public (le privé, c’est « professionnel »), tout en envoyant au diable le service après-vente de Darty et une agence immobilière, sans faire le rapprochement qui s’imposait entre sa théorie et son expérience.

Cela dit, certains grands pontes du capitalisme commence à dire des choses intéressantes sur les excès et autres travers du capitalisme d’eujourd’hui. Il faudra que j’en fasse un petit florilège.

Mais je sens que je dérape, là…

Bof ! Bof ! Bof !

25)
Le Corbeau
, le 16.06.2006 à 09:25

Olivier,
effectivement, le principe dans le décret est pourtant clair simple et… hypocrite
On ne fixe pas les prix, on oblige les opérateurs considérés comme dominants a présenter leurs gamme tarifaire à un organisme chargé de les valider ou non.
On n’impose pas un prix… on refuse celui qui est présenté
Comme tu l’a remarqué dans un de tes commentaires, les prix sont tirés par le bas pour les opérateurs (c’est d’ailleurs dans plusieurs articles du décret ou il faut justifier du coût réel qui, contradictoirement doit obligatoirement être raisonnable par rapport à quoi??) et vers le haut pour le détail (curieusement il n’y a aucune précision pour les prix de détail dans le D315)

Si c’etait FT qui était seul à l’origine des prix, peux tu me dire qu’est-ce qui empêche l’ART de refuser de valider les prix trop hauts, comme elle l’a fait pour les écoles (et comme elle s’en vante sur son site, ce qui prouve bel et bien qu’elle fixe de manière détournée les prix) et comme tu le constates toi même, elle le fait pour les prix vers les opérateurs alternatifs

Si FT avait réellement la possibilité de choisir ses prix, crois tu qu’elle aurait laissé la concurrence s »installer aussi facilement en pratiquant pendant longtemps des tarifs sans aucun rapport avec le marché?
La validation tarifaire est une des armes dont dispose l’ART pour arriver au but cité dans tes sources.

26)
zitouna
, le 16.06.2006 à 11:59

« L’ouverture à la concurence, c’est mieux pour le consomateur! »

Je ne sais pas pour chez vous, en Suisse, mais en France, pendant presque un siècle, pour obtenir le n° de téléphone d’un abonné, il fallait composer le 12 sur son cadrant…
Maintenant, ouverture à la concurence oblige, il suffit de mémoriser l’un des nombreux n° A SIX CHIFFRES!!!!! pour la même chose!!!!!
Super le progrès! Vive la concurence!
On vit vraiment une époque formidable…
z (qui se marre, qui se marre)

27)
alec6
, le 16.06.2006 à 13:49

et tu oublies de dire que le 12 était gratuit et que les autres sont payants !

L’agent A

28)
zitouna
, le 16.06.2006 à 14:17

A, on ne va pas se laisser aller à parler de bêtes détails matériels, ne sois pas mesquin, s’il te plais! (d’autant, que sur la fin, pour bien préparer le terrain, le 12 était payant)
8-)
z

29)
alec6
, le 16.06.2006 à 16:06

Tiens au fait, je m’étonne que le débat n’est pas glissé vers l’affrontement privé vs public, usagers vs consommateurs, privatisation vs renationalisations, Kapital vs …

Les claviers auraient-ils fondus depuis la dernière empoignade ? Tout a été dit ?

Hé hé hé hé hé…

L’agent A, Zizanomètre de service !

30)
Chichille
, le 16.06.2006 à 16:30

je m’étonne que le débat n’est pas glissé vers l’affrontement privé vs public

J’ai fait une petite, toute petite, tentative dans la contribution n° 24, mais ce ne devait pas être à la bonne heure.

Il y a aussi le forum sur les échecs (« l’homme en noir ») qui est resté extraordinairement raisonnable. Pourtant…, pourtant…, échecs…, capitalisme…, socialisme… Je n’insiste pas, mais suivez mon regard.

Bof ! Bof ! Bof !

31)
Claude Mouginé
, le 16.06.2006 à 19:14

Bonjour à tous,

Super article, clair, didactique, bref, on en redemande.

Citation d’Olivier :
« Mais la question que je me pose, c’est pourquoi FT ne fait pas d’offre Wanadoo seul et au prix courant du marché (vers les 30 euros, pour de l’illimité en multi-play). »

Mais ça existe ! J’ai un abonnement Wanadoo 8 Meg mini (20 Meg maxi) connexion illimitée que je paye 29,90 euros par mois. Mais ils m’ont présenté ça comme une offre récompensant la fidélité (je suis client depuis 1995). Donc je ne sais pas si tout le monde peut en profiter…

Bon week

32)
zitouna
, le 16.06.2006 à 19:15

Les claviers auraient-ils fondus depuis la dernière empoignade ? Tout a été dit ?

Laisse tomber, les thuriféraires du Kapital sont tous devant leur TV, une canette de cervoise tiède dans la main droite, la zapette dans la gauche, les chips sur les genoux, en train de regarder la balle au pied…

z (qui attends le tour avec impatience…;-)

33)
Olivier Pellerin
, le 16.06.2006 à 20:00

Alexandre 92 et Le Corbeau (et tous les autres) : désolé, mais je ne suis pas en mesure de poursuivre l’échange. Petit problème de santé.

34)
alec6
, le 16.06.2006 à 21:51

Ben … soigne toi bien !

L’agent A, anti… coagulant !