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L’omnivore, le morfale et l’affamé

Les chiffres sont sans doute à affiner, mais le problème est bien réel. L’autre jour, on nous apprenait qu’un tiers des Suisses étaient en surpoids, direction obésité, et pour les femmes, on approchait même du 50 %. Des statistiques du même genre ont été publiées pour la Grande Bretagne, un Chinois sur 10 serait trop gros, et je ne doute pas que la France ne navigue dans ces eaux-là.
Les régimes amaigrissants sont le plus souvent d’une utilité limitée: si notre métabolisme a tendance à être réglé sur: “bien enveloppé”, on finit fatalement par retrouver l’enveloppe.

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Ils et elles sont toujours plus nombreux à être obèses.

Alors?

Ce n’est pas le régime, qu’il faut changer, c’est le système alimentaire tout entier, la conception même qu’on se fait de la nourriture dans la société post-industrielle - je ne suis pas la première à le dire, ni la seule. Un livre que je viens de lire et que je voudrais partager avec vous donne à ce propos des éléments que j’ai trouvés intéressants.

L’industrie agro-alimentaire: contradiction dans les termes?

Que je vous explique comment j’en suis venue à m’intéresser à l’alimentation.

À un âge où on a en principe encore une bonne partie de la vie devant soi, j’ai eu un cancer dont on m’a prédit que je mourrais en trois mois, puis, les trois mois étant passés, en deux ou trois ans.

À partir du moment où je me suis rendu compte que j’avais un peu de temps devant moi, j’ai cherché à repousser l’échéance. J’ai commencé à faire attention à un tas de choses dont je ne m’étais jamais souciée jusque-là, et notamment à mon alimentation.

Pour la première fois, je me suis penchée sur les cultures biologiques. Et très rapidement, j’en suis venue à me demander pourquoi tout le monde ne mangeait pas sainement. Question d’argent, m’a-t-on aussitôt dit. Les gens ne peuvent pas s’offrir les produits bio.
Le propriétaire de l’épicerie bio que j’avais dénichée dans un quartier obscur de ma ville m’avait proposé un test: j’achèterais un chou-fleur d’un kilo et demi au supermarché, je le cuirais à la vapeur. Prix: 1 franc suisse le kilo. J’achèterais un chou-fleur de 600 grammes chez lui et le cuirais dans la même casserole par la même méthode. Prix: 2,50 le kilo. Ce qui fut fait: à l’arrivée, il restait 600 grammes du chou-fleur du supermarché (fr. 1,50), et… 600 grammes du chou-fleur bio (fr. 1,50). Qui plus est, le goût du chou-fleur bio était incomparable. Mon mentor m’a alors expliqué les effets des nitrates, qui retiennent l’eau, gonflent artificiellement les légumes, etc., etc. À part ça, le chou-fleur qui n’avait l’air de rien venait d’un bled à 40 km, et celui du supermarché arrivait d’Espagne (800 km de parcourus).

Pour simple et limitée qu’elle fût, c’est une démonstration que je n’ai jamais oubliée. Elle m’a fait prendre conscience de la provenance des aliments. J’ai commencé à ne manger que les légumes, les fruits, les fromages, et même les viandes, qui étaient élevés ou cultivés à proximité. Et j’ai repris conscience du fait qu’il n’y a ni tomates ni fraises en plein hiver, mais que par contre il y a des sortes de pommes qui sont alors au sommet du goût, et ainsi de suite. J’ai compris que le légume qui a fait 1’000 km n’est qu’apparemment moins cher, parce qu’on ne tient pas compte du coût écologique.

Je ne sais pas si c’est ça qui a contribué à me faire retrouver la santé en dépit des prédictions, mais j’ai toujours pensé que cela y avait contribué.

Je me suis alors sérieusement demandé comment on pourrait changer les choses, et je me suis rendu compte que l’obstacle était de taille: l’industrie agro-alimentaire était très puissante. Les intérêts des grands producteurs alimentaires étaient aussi importants que ceux des fabricants d’armes, et ils n’aimaient pas qu’on leur marche sur les pieds. La guerre de la banane, ou de la tomate, pouvaient, en cas de nécessité, très bien avoir lieu.
“Pour que ça change, une seule méthode”, avait prédit mon vendeur bio, “le jour où l’agro-alimentaires verra qu’on peut faire de l’argent avec le bio, il se mettra à une production bio - plus ou moins en tout cas.”

Depuis, la production industrielle de l’alimentation a commencé à montrer certaines de ses limites (vache folle & Cie). Et comme prédit par feu mon épicier, le bio a commencé à être vendu en grande surface.

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Les grandes surfaces se réclament désormais volontiers de la nature, et de l’agriculture biologique.

Cela dit, dans toutes ces analyses et recherches j’avais négligé un facteur.

Le dilemme de l’omnivore

J’en arrive au livre que je voulais vous faire partager (ne me dites pas qu’il y en a d’autres du même genre, je sais, mettons que mon choix est subjectif): “The Omnivore Dilemma: the Natural History of Four Meals” (The Penguine Press, avril 2006).
Michael Pollan (www.michaelpollan.com), un Américain élevé au hamburger, s’est un jour posé la question: d’où venait sa nourriture? Et il a fini par être aussi bouleversé que je l’ai été moi-même en son temps. Sauf que lui, il a décidé d’écrire un livre en partant d’un principe qu’il formule ainsi: “À chaque bout de la chaîne alimentaire, on trouve un système biologique - un lopin de terre, un corps humain - et la santé de l’un est liée - littéralement - à la santé de l’autre.”

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Au départ de la chaîne alimentaire, la terre, qui demande la variété des cultures, et non les monoutilisations

Dans son livre, il a entrepris de faire une chose qu’il pensait être simple. Suivre un repas à la trace - de la terre à l’assiette. Le périple “simple” a duré 5 ans, et lui a valu de parcourir des dizaines de milliers de kilomètres.

Il le raconte avec humour - et avec une montagne de détails qui tuent (ce n’est qu’à peine une façon de parler…).

Il est parti du fait que les gens n’aiment pas qu’on leur fasse la morale. Il considère désormais que les MacDo, c’est une aberration. Mais à son avis, l’approche qu’il attribue à José Bovet (bien que cela ait été fait avant lui), qui consiste à démolir les MacDo, n’est pas la bonne. Il préfère de loin celle de Slow Food, une organisation dont je vous parlerai peut-être une autre fois, qui a choisi une solution radicalement différente. Les protestataires sont arrivés devant le plus grand MacDo de Rome avec tables et chaises de jardin, casseroles et fourneaux - plus mamans et grand-mamans, qui se sont mises à cuisiner des petits plats faits maisons qu’on offrait aux clients du MacDo. Le message a été reçu 5 sur 5, et Michael l’estimait plus efficace. Il a par conséquent choisi une approche du même genre. Un jour il a acheté un repas typique au MacDo, puis il s’est mis en devoir de retracer le chemin qu’avait parcouru chacun des éléments qui le composaient, du plus évident (la viande du hamburger) au plus caché.

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Un repas MacDo peut faire pour ainsi dire le tour du monde avant d’arriver dans votre assiette.

Conclusion, crayon en main: entre la nature et l’assiette, un repas type du MacDo parcourt en moyenne 1’500 km, pour la seule raison que cela économise à MacDo une poignée de centimes sur la matière première. Les éléments qui le composent sont beaucoup plus nombreux que Michael n’avait pensé le jour où il l’avait acheté, et les lieux par lesquels il passe beaucoup plus inattendus. Des lieux où, d’ailleurs, il a souvent eu de la peine à entrer. L’agro-alimentaire n’aime pas qu’on mette le nez dans ses micmacs.

Il a fait le même exercice pour un repas acheté dans une chaîne de supermarchés américains, dans une chaîne de restaurants bio et enfin il a appliqué sa méthode à un repas qu’il a cuisiné lui-même avec des ingrédients de saison.

C’est passionnant.

Il ne prend aucune position morale. Certes, il constate que le repas maison est le meilleur de tous, et qu’au restaurant bio ça a plus de goût qu’au MacDo. Mais il n’essaie pas de convertir son lecteur. Il s’en tient aux faits. Il vous laisse conclure.

Et la conclusion s’impose vite: agro-alimentaire et nature sont antinomiques et une nourriture saine ne peut pas être soumise aux mêmes lois du marché que - mettons - un tapis ou une bagnole.

“Lorsqu’il s’agit de nous nourrir, dit-il, nous sommes prodigieusement inventifs; mais nos techniques entrent souvent en conflit avec la manière de procéder de la nature, par exemple lorsque nous essayons de rentabiliser au maximum nos terres en plantant des champs ou en élevant du bétail en de vastes monocultures. C’est là quelque chose que la nature ne fait jamais, elle pratique toujours, et pour de bonnes raisons, la diversité.”

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La nature aime la diversité: la monoculture lui est étrangère, ce qu’elle produit “naturellement”, c’est la variété.

Alors, manger ou pas? Telle est la question

On produit dans le monde suffisamment de nourriture pour nourrir tout le monde: et pourtant, la famine est un fléau qui ravage des régions entières. C’est parce que ces régions, pour des raisons diverses, sont si pauvres que les gens n’ont pas de quoi acheter leur nourriture. Lorsque les O.N.G. ou l’ONU leur en donnent, ils l’ont eux-mêmes achetée, la plupart du temps.

C’est là qu’est le nerf de l’obésité. L’argent. Mais pas seulement comme on le pense généralement.

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Michael Pollan, l’homme qui a couru après la bouffe 5 ans durant

Michael Pollan fait une démonstration lumineuse: la responsabilité de l’obésité des uns et de la famine des autres, revient au fait que les multinationales de l’agro-alimentaire sontcotées en bourse.

“Prenons la population américaine: elle augmente de 1 pour cent par an environ. Un individu ingurgite plus ou moins 750 kg de nourriture par an. Autrement dit, si vous êtes dans le business de la production agro-alimentaire, votre production peut légitimement croître de 1 pour cent par an. Mais Wall Street (et la Bourse en général) ne tolèrent pas une entreprise qui n’a qu’un taux de croissance de 1 pour cent. Ils veulent une croissance de 5 à 10 pour cent. Alors? Comment va-t-on atteindre de telles marges? Une des solutions, c’est de faire payer davantage pour les 750 kg de nourriture. L’autre, c’est de pousser les gens à manger davantage. Les multinationales de l’alimentation pratiquent les deux stratégies. Prenez l’exemple de Coca Cola, c’est un classique: un à deux sous de matière première, essentiellement de l’eau et du sirop de maïs. Mais sur un marché en constante expansion, cela se vend à un bon prix.”

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Il y a mille manières de pousser les gens à manger sans réfléchir. Un exemple: les chips, même bio - qu’on mange sans réfléchir en regardant un film, par exemple.

Alors, qu’est-ce qu’on fait?

Michael ne propose pas de recette autre que: réfléchir un peu à ce qu’on mange et ne pas aller chercher (littéralement) midi à quatorze heures. Le voyage pour composer son repas fait maison n’était pas si long, mais, il le reconnaît, il était ardu, lui aussi, parce que ce n’est pas facile de trouver près de chez soi les bonnes matières premières. La paysannerie traditionnelle, celle qui pourrait cultiver sainement une nourriture saine disparaît au profit des géants agricoles.

En somme, rien ne sert de pleurnicher comme on l’a fait cet hier sur toutes les chaînes radio et TV et dans pas mal de journaux sur l’épidémie d’obésité des jeunes (et son corollaire immédiat: le diabète).

Il vaut mieux, à mon avis, réfléchir à comment on mange. Il ne s’agit pas de renoncer à la bonne bouffe, au contraire - il s’agit de retrouver l’authenticité des produits de la terre. Cela est un peu plus difficile pour les citadins que pour les campagnards, mais cela vaut en tout cas mieux que de tapisser indûment les poches des actionnaires de l’agro-alimentaire. À elles aussi, un peu moins d’obésité ferait du bien.

PS. Les partisans de la libre entreprise vont sans doute me moucher au nom du sacro-saint principe de la liberté du commerce. Allez-y les gars, cela ne change rien aux faits: 30% d’obèses en Suisse et des millions d’affamés dans le monde. Tout cela au nom de la libre entreprise, “une forme de commerce où rien n’est libre”, comme le disait le grand économiste John Kenneth Galbraith.

41 commentaires
1)
bill-gudule
, le 19.05.2006 à 00:12

Tiens ! ca me fait penser que j’ai oublié de dîner moi !

Mais après un tel article… je vais rien trouver qui convienne… :-(

Bref, merci anne : me vla parmi les affamés maintenant :-p

bill

2)
alec6
, le 19.05.2006 à 00:26

Excellent article ! Il faut vraiment que je me dépèche de faire le mien sur un sujet pas très éloigné…

Une petit rectification cependant : Bové et ses copains n’ont pas démoli le macdo, ils ont démonté proprement au tournevis et à la clef de 12 un macdo en construction à Millau… mais bon, ce n’est pas bien grave !

Je réinterveindrai demain, il se fait tard, néanmoins je conseille à ceux qui ne peuvent écouter l’émission en direct de s’abonner au podcast de Terre à Terre sur le site de France Culture qui, tous les samedi matin de 7h à 8h nous entretient de ces sujets là.

Bonne soirée

Alexis… comme d’ab !

3)
Mitch
, le 19.05.2006 à 00:27

OUR DAILY BREAD

De la balle ! Si le film vous a malheureusement échappé à NYON… une version DVD devrait être disponible fin 2006

4)
yfic17
, le 19.05.2006 à 00:32

Ce n’est pas toujours évident de faire autrement lorsque les dés sont pipés : par exemple comme Kokopelli qui se trouve en procés avec les semenciers.

5)
popin
, le 19.05.2006 à 00:34

Merci beaucoup pour votre article.
Juste une petite remarque sur coût de la « bonne-nutrition ». Il existe dans les pays riches une fracture nutritionnelle, qui est bien financière. Car malgré la démonstration du chou-fleur bio, manger sain coûte cher.

«La fracture alimentaire se creuse» dans libé

popin

6)
G4Beige
, le 19.05.2006 à 03:00

Franchement après avoir simplement mangé quelques fois dans un Mac Donald, je me suis rendu compte que ça ne valait pas un vrai menu…. Et qu’en plus leurs hamburgers ne valent pas de vrais hamburgers « faits main ».

Mais depuis, j’ai vu plusieurs reportages dont le délirant « Supersize Me », délirant parce que l’auteur est totalement inconscient d’avoir osé aller aussi loin… Un autre reportage à voir est « The Corporation »..

Quand on voit jusqu’où certaines sociétés vont pour le simple profit, ça fait peur….

Pour ceux qui se demandent l’éventuel rapport avec Apple pour un site Macophile, je pense qu’il est évident…… Avant, c’était le rêve de deux « Fous » qui décidaient de la stratégie de l’entreprise, alors que maintenant, ce sont les actionnaires qui décident de l’avenir du Mac….

Le capitalisme à l’américaine ne semble pas être la bonne solution… pas plus que le communisme à la russe ou à la chinoise…

Peut-être que l’avenir se trouve plutôt dans la même voie que les pays nordiques : un compromis entre l’intérêt des travailleurs et de l’entreprise, ce qui implique une gestion écoLOGIQUE des ressources.

Dans le mot écoLOGIQUE, il y a logique, donc ça implique la gestion logique de nos ressources… et de notre alimentation….

Comme dirait, à propos de certains aliments, un français connu pour son franc parler : « Mais c’est de la m…… »

7)
Inconnu
, le 19.05.2006 à 06:22

Merci pour cet article bien dans mes convictions.
A voir aussi, le film  » Super Size Me  » où il est fait état pour une prison pour jeunes dans laquelle on leur sert des plats veggy dont le prix est inferieur au prix des plats viandus-junk (provenant des entreprises liees a Heinz, la boite de la femme de John Kerry) des autres penitenciers.
Et sinon, c’est pas mal de se renseigner sur ceci (je suis vegetarien tendance poisson), dans un contexte + ethico-politique (le Quinoa brule du kerosene pour atterrir sur notre table mais ce qui est bien c’est qu’il rapporte plus a ses cultivateurs que s’ils cultivaient la coca).

@ Work || @ Home

8)
François Cuneo
, le 19.05.2006 à 06:30

Tout ça sans compter les conditions de travail mises sur pied par certains producteurs, en particulier en Espagne, tout ça pour qu’on paie nos fraises sans goût un peu moins cher.

Désormais, je regarde toujours la provenance. Et selon, je n’achète pas.

9)
Crifan
, le 19.05.2006 à 07:56

Sans compter l’effet des mutations, des conservateurs, colorants, exhausteurs de goûts et autres additifs sur la santé physique et psychique.
Le docteur Seignalet donne une piste intéressante dans son ouvrage « L’alimentation ou la troisième médecine »

10)
Roger Baudet
, le 19.05.2006 à 08:52

Génial, le coup du chou-fleur !

C’est vrai également que le trajet que parcourt un aliment industriel est hallucinant (plus de 400 kms pour un pot de yoghourt semble-t-il).

Petite anecdote : J’ai un jour dépassé un gros camion citerne en provenance de Bordeaux. Contenu écrit en XXL sur le monstre : liquide alimentaire ! Lequel d’entre-vous se faisait-il livrer ?

11)
Arnaud
, le 19.05.2006 à 09:15

Merci Anne pour cet article. J’ai personnellement commencé à me poser des questions sur ma nourriture, moins en terme Bio (je déjeune généralement chez le client et n’ai guère le choix sur la provenance des aliments) mais plus en terme de quantité et type de plats. Je suis arrivé à la conclusion que notre alimentation est beaucoup trop riche pour nos activités qui ne nécessitent que très peu d’efforts musculaires.
Je suis donc passé à un régime à base de salade et de légume, peu de pain, un dessert (parce que je suis quand-même gourmand), du fromage et de la viande deux fois par semaine (que j’achète chez mon boucher et dont l’origine mes connut : Salers).
Le résultat est très satisfaisant : j’ai perdu 6 kilos sans m’en rendre compte (plus de bouée !), je suis bien moins fatigué et surtout moins sensible aux rhumes et autres grippes.
Mon exemple n’est surement pas représentatif, mais me force tout de même à reconsidérer la légitimité de nos « patterns » d’alimentation (3 repas par jours, entrée+plat+dessert) que nous avons hérités d’une époque basée sur le travail physique…

12)
Arnaud
, le 19.05.2006 à 09:21

Juste une petite anecdote concernant les trajets délirant de notre nourriture : les crevettes. Aillant passé quelques temps en Suède et en Finlande, j’ai remarqué la grande consommation de crevettes dans les pays scandinaves (je vous conseille d’ailleurs les tartines de crevettes à l’aéroport Arlanda de Stockholm !). Et bien renseignements pris, il se trouve que ces crevettes sont pêchées en Norvège, mises dans des camions frigorifiques, envoyées au Maroc pour être décortiquées, puis mises à nouveaux dans des camions frigorifiques pour être finalement consommées en Suède : tout ça parce que la main d’œuvre est moins chère à Casablanca qu’à Oslo… Depuis que je sais ça, je ne mange plus de crevettes (oublié ma recommandation précédente :-)

PS : et que dire de la viande dont on nous dit fièrement qu’elle vient de Nouvelle Zélande ou d’Argentine !

13)
Inconnu
, le 19.05.2006 à 09:45

La charmante tenancière vaudoise du restaurant Turc de la Markthalle de Bern nous avais raconté à mon épouse et à moi avoir autrefois administré un Palace à la Réunion où le homard servi arrivait, sitôt péché, en avion depuis la Bretagne.
Finalement, et suite à des tracas digestifs, j’ai choisi de tirer un trait sur la viande.
On m’a aussi parlé du coût écologique des aliments:
Un poulet nourrit 4 personnes.
Le grain utilisé pour l’élever et l’amener à son poids adulte en aurait nourrit 20 (apport protéinique considéré). Dans le cas d’un boeuf, c’est encor epire… d’ailleurs, la plupart des « boeufs » sont des vaches dont le pis s’est tari.

@ Work || @ Home

14)
LID
, le 19.05.2006 à 10:12

L’obésité est effectivement un problème qui prend de plus en plus d’importance et si comme les chiffres semblent le montrer, l’Europe et en particulier la Suisse suit avec une vingtaine d’années de retard les courbes de poids des Américains, cela ne peut que nous préoccuper.

Si Anne avec beaucoup de pertinence propose une piste au niveau alimentaire, il y a une approche complémentaire qui ne doit pas être oubliée: C’est celle des dépenses énergétiques liées aux activités physiques. C’est même selon les spécialistes, médecins, ligues de la santé, OFS, etc.. un aspect prioritaire.

Lorsque l’on grossit, l’équilibre entre les calories ingurgitées et celle dépensées a été rompu en faveur des premières. La sédentarisation de notre société, le confort technologique qui nous soulage de nombreuses tâches, une orientation des loisirs où le nombre d’heures passées devant un écran (playstation, télévision, ordinateur) ne cesse de croître portent une très lourde responsabilité dans l’augmentation des problèmes pondéraux.

Il serait très intéressant de calculer ce qu’un franc investit dans le sport de masse permet d’économiser sur le budget de la Santé. Cela permettrait peut-être à certains politiciens irresponsables de réviser leur proposition de diminuer les moyens alloués au sport scolaire.

Sur ce, je vais aller manger une bonne carotte de mon jardin et faire une petite piste Vita pour digérer.

LID

15)
JCP
, le 19.05.2006 à 10:24

Tiens, je croyais que vendredi c’était le jour du poisson, pas de l’utopie.

L’alimentation actuelle est-elle un corollaire du progrès?

Est-elle pour autant inéluctable?

Est-il plus efficace de châtier les producteurs ou d’éduquer nos enfants?

Si nous vivions tous en petites communautés autarciques, le Mac existerait-il?

JCP

16)
alec6
, le 19.05.2006 à 10:25

… autre lien de causalité entre la « consommation » de télé et l’obésité : plus les enfants regardent la télé plus ils sont gros !

Ne pas oublier à ce propos les dires (écrits en fait) de Patrick le Lay PDG de TF1 sur sa volonté d’offrir à ses clients, Coca Cola par exemple, de la « cervelle de téléspectateur disponible » en adaptant les émissions à la pub. En bref le but affiché de TF1 est de vendre de la pub agrémenté d’émissions comme faire-valoir/conditionnement de la pub !

S’il ne l’avait ni dit et encore moins écrit dans son dernier livre, on crierait à la difamation et au complot !

Dans la même veine, les sachets de grignotis en tous genres sont de moins en moins goûteux afin de pouvoir en manger davantage ! ils sont en revanche salés… incitant à boire et parallèlement les vendeur d’eau nous proposent des boisons « citronée » « menthée », « light » et « sans sucre » bien sûr ! en fait légèrement sucrées à l’aspartame ou autre saloperie… Résultat ?
Accoutumance au sucré ! Moralité, quand vos enfants, petits, tout petits même, ont soif, donnez leur de l’eau plate et rien d’autre ! Le poids social est fort, je sais et ce n’est pas si facile !

Alexis… comme d’ab !

17)
Inconnu
, le 19.05.2006 à 10:54

LID, ce que tu dis ne peux que me rappeler la piste  » Hacker’s Diet  » que j’ai personnellement suivie pour passer d’un épais 105k aux 80k d’aujourd’hui en 2 ans.

Cliquez sur le lien ci-dessus et suivez « Science »-« Diet And Nutrition » dans le menu de gauche.

Le principe est le suivant: L’auteur, fondateur d’Autodesk s’est retrouvé à 40 ans, multimillionaire, reconnu comem intelligent, etc. Mais gras comme un cochon. Aucun des regimes proposés ne lui semblait convenir et il a decide que comme dans le cadre de tout probleme à resoudre, il lui fallait une approche cartesienne qu’il a resumee ainsi:
« Je mange, je brule. »
C’est ainsi qu’en adaptant sa consommation a ses reels besoins et qu’en apprenant a doser son effort, il a pu quantifier ses exces et ses besoins pour asymptotiquement atteindre son poids ideal qu’il a depuis conservé.
Je l’applique comme lui sachant cependant que mes relatifs problemes de dos m’ont pousse a me mettre a la musculation ce qui explique que je ne fonds plus mais je me renforce desormais. Enfin, tant que je rentre dans mes jeans, ca va. :)
PEtite note sur mon inscription au fitness: j’etais fumeur depuis 1985 jusqu’en 2003.
Le paquet me coutait alors 5,- et me faisait 3 jours, soient 10 paquets par mois, ou 600,- par an.
Le fitness me coute 900,- / an mais Swicca m’en rembourse 300,- car ils considerent que frequenter ce genre d’endroit diminue tout risque de maladie.
Donc, Ca me coute aussi cher de fumer que de rester en forme.

@ Work || @ Home

18)
Gaël
, le 19.05.2006 à 11:29

Super article

Effectivement le BIO coûte cher ! Moi j’ai la chance d’avoir un père qui a un jardin et n’aime pas l’engrais chimique (que du fumier et du compost pour fetiliser).

Toutefois, il est bien souvent possible de se rendre dans une exploitation à taille humaine de votre région dont le propriétaire aura certainement des produits si ce n’est BIO, à tout le moins pas trop chimique, et ce à des prix raisonnable.

à+ et encore merci pour l’article

Gaël

19)
Inconnu
, le 19.05.2006 à 11:34

« Popin:
…Car malgré la démonstration du chou-fleur bio, manger sain coûte cher »…

Et une journée de chimio coûte ( ou rapporte?) 1500 euros, parait-il..

Merci Anne d’avoir apporter cette réflexion et cette info pour ce livre, sur Cuk.

Je vais y revenir un peu plus tard dans la journée. Il y a tellement de choses à dire… je vais trier.

Il y a aussi l’agriculture « Bio-dynamique », ou Demeter.

20)
Marloon
, le 19.05.2006 à 13:23

Bonjour à tous,
Suis un petit nouveau sur CUK… En premier merci à toute l’équipe de CUK pour tous les supers articles que vous publier tout le temps :-)
Deuxièmement une remarque sur le prix du BIO. Effectivement le BIO « industriel » (Coop, Migros, etc…) est cher. Les grandes surfaces ont très bien comprises comment obtenir de jolis bénéfices supplémentaires… Il suffit également de regarder les pubs pour les produits BIO de la Coop ou Migros. On nous montre des images qui n’ont rien à voir avec la réalité… Une ferme BIO est comme une autre ferme… sauf qu’on y utilise pas de produits chimiques et que les normes pour tenir les bêtes sont différentes…
Bref pour en revenir au prix du BIO, il y a toujours la solution du marché ou directement chez le producteur… Et là, souvent c’est encore moins cher que les produits « normaux » en grande surface…
Bon W-E à tous
Marloon

21)
J-C
, le 19.05.2006 à 14:13

Bonjour à tous!

J’y vais de ma petite recette precrite par mon médecin de famille… et qui a très bien marché: j’ai perdu pas mal, j’ai repris à peine…

A) Renoncer strictement pendant 60 jours aux « 4 P »
1- Pain
2- Pâtes
3- Pommes de terre
4- Patisserie

B) Renoncer définitivement à la gourmandise!

Bon courage quand même!

NB: je vais de ce pas me régaler de filets de sole sénagalais…

22)
Blues
, le 19.05.2006 à 15:21

Merci Anne pour cet article… merci aussi d’avoir dévoilé une partie intime de toi sur le Web (on aurait pas tous osé, hein !). Comme ce sujet m’intéresse, je prends aujourd’hui (ce n’est plus souvent le cas) du temps pour développer mon approche.

A mon avis, le respect de ce que l’on mange, et la façon dont on l’ingurgite vient en grande partie de ce que nous ont inculqué nos parents, donc de l’éducation reçue.

Par rapport « à la masse », perso j’ai eu et ai encore de la chance; car depuis mon enfance dans les années 60-70, ma famille (helino-helvete) a toujours fait très attention a la qualité et la quantité de ce qui passait dans nos estomacs; j’ai donc été éduqué en connaissance de cause : en appréciant la valeur de ce qui a été cultivé et élevé dans le respect des traditions, en évitant l’industriel (si possible-mais pas toujours évident-et souvent cher).

Je viens de la campagne; à l’époque pas mal de gens (même s’ils n’étaient pas agriculteurs -c’était notre cas-) prennaient du temps pour élever des poules, des lapins, etc…; entretenir un jardin potager et ainsi cultiver amoureusement leurs légumes (sans cochonneries chimiques); il faut avouer que de nos jours rare sont les familles qui ont encore ce temps là à disposition, de plus il faut trouver le « petit coin pour », la terre « correcte » jardinable se faisant aussi rare.

J’ai aussi une petite histoire à raconter pour mettre en évidence l’importance de ce qui passe par nos estomac et les avertissements que notre corps nous donne :
– à 18 ans, j’ai dû changer ma façon de me nourir au repas de midi. Ma mère me cusinait alors journalièrement des plats chaud superbement mijotés. J’étais alors apprenti typographe-plomb et je travaillais tout le temps debout pratiquement sans bouger, bizarrement vers 14 heures je m’écrasais (ou pire je m’endormais) sur mon plan de travail = très ennuyeux pour mon patron… après moultes recherches et discussions, une amie diététicienne m’a conseillé de ne plus manger chaud à midi… effectivement, elle avait raison, j’ai depuis là retrouvé mon énergie. J’ai donc changé ma nourriture composée depuis bientôt 30 ans tous les jours à midi que de légumes en salade accompagnés de Feta, Mozzarella, poisson cru, éventuellement fruits, yaourts, etc… (temps de préparation: 10 à 15 mn)

Au train au va notre société occidentale de mal-bouffe / chimico-genetico actuelle (Quick Lunch – MacDope – Coca – ) et de four à micro-ondes; Je vois très mal comment enfiler la marche arrière pour que la masse change sa façon de se nourrir (à part les quelques « cas » isolés qui ont pris conscience) et reprendre tous ce bazar à zéro…. Qui peut ou a envie de prendre le temps pour ?
On babille, on en parle, mais tellement d’intérêts financiers sont en jeux (les pharmaco-genetico / les pays comme l’Espagne ou la Hollande au quotas de productions forcés), perso je n’y crois pas trop et c’est dommage pour nos enfants et le futur de cette planète.

Moralité : on deviendra tous mutants ! :-)

23)
zitouna
, le 19.05.2006 à 15:41

Super article, Anne, qui rejoint mes préoccupations quotidiennes concernant notre alimentation, ça fait d’ailleurs un petit moment que je pense poster un petit sondage dans le forum cuisine du monde dont le sujet sera : que mangez-vous? Dans le sens de ton article.
J’ai pour ma part été sensibilisé sur la question par Jen-Pierre Coffe, à l’époque de sa chronique quotidienne sur Canal +. Mais la vraie révélation, ça à été le jour où j’ai acheté une « vraie » carotte: moche, sale, toute tordue chez un maraîcher (même pas bio) au marché… Quel goût! Que le bio soit écologiquement correct, c’est certain, mais ce qui fait la valeur gustative d’une laitue, d’une carotte ou d’une tomate, c’est aussi beaucoup un paramètre essentiel: sa fraîcheur! Un légume cueilli la veille et n’ayant jamais connu la « chaîne du froid » sera toujours plus goûtu que celui qui aura fait des centaines, voire des milliers de kilomètres et qui aura été refroidi, dérefroidi un certain nombre de fois! Une tomate, il suffit d’un seul passage au frigo pour lui tuer le goût! Depuis quelques années, je n’achète plus de légumes que chez les maraîchers, et pour les fruits, j’essaye de prendre au plus proche (en région parisienne, c’est un peu pôvre, les fruits). Pour reconnaitre un maraîcher, c’est pas compliqué: déjà, c’est marqué « producteur » quelque part derrière son étal, ensuite, en ce moment sur mon marché, c’est le seul marchand de légumes qui n’a pas encore de tomates (sauf en pieds à replanter!).
Pour ce qui concerne le bio, je suis de moins en moins sceptique mais quand même: le maté bio que je bois est en petits sachets individuels, emballés dans une boite en carton, elle même suremballée de cellophane! De même, la fabuleuse farine bio (je n’utilise plus que ça depuis que j’ai essayé!) est dans un sachet en plastique… Il reste encore des progrès à faire…
z

24)
henrif
, le 19.05.2006 à 16:09

Très bon sujet, merci Anne. Parlons aussi du système des AMAP :

« Une association pour le maintien de l’agriculture paysanne (AMAP) est, en France, un partenariat entre un groupe de consommateurs et une ferme locale, basé sur un système de distribution de « paniers » composés des produits de la ferme. C’est un contrat solidaire, basé sur un engagement financier des consommateurs, qui payent à l’avance une part de la production sur une période définie par le type de production et le lieu géographique. »

Solidarité avec les paysans, produits frais et sains de saison, relocalisation de l’économie, lien social, responsabilisation du consommateur, etc…

Voir (entre autres) http://fr.wikipedia.org/wiki/AMAP

Et n’oublions pas le combat contre la culture des OGM !

———————————————————

25)
Zitoune
, le 19.05.2006 à 16:38

Vraiment très instrutif !
Ce que je trouve inquiétant, c’est que les adultes d’aujourd’hui connaissent les règles alimentaires, même s’ils ne les respectent pas. Mais les enfants n’en ont parfois qu’une approche scolaire et théorique car dans leur famille, on mange tout et n’importe quoi. Quels repères pourront-ils transmettre à leur progéniture ?

26)
alec6
, le 19.05.2006 à 17:52

Blues, pour aller dans ton sens, entendu sur France cult (émission Terre à Terre) par un éminent biologiste :
Aujourd’hui l’homme a trois solutions devant lui : s’adapter [à toutes nos saloperies, NDLR], muter par le biais de la recherche génétique ou disparaître !
Je ne l’ai pas senti très optimiste !

Sinon, pour ce soir je vous conseille d’aller acheter de la pâte à pain chez votre boulanger (bio si possible, mais de toutes façons se sera meilleur!), de l’étaler, d’y mettre dessus par exemple, des oignons, des lardons et un mélange de crème +yaourt+fromage rapé (grana padano pour ma part) et rien d’autre ! et hop au four !
C’est bon, pas cher et si ce n’est pas complétement bio c’est autrement meilleur !

Bon je sais il y a une rubrique du forum pour ça, mais il faut bien se remonter le moral !

Alexis… parfois content !

27)
Karim
, le 19.05.2006 à 18:08

À ce sujet une interview de Claude Bourguignon, ingénieur agronome démissionnaire de l’INRA, dans CQFD n°31 :
SALE ÉPOQUE POUR LES VERS DE TERRE

28)
zitouna
, le 19.05.2006 à 18:32

Henrif, super, les AMAP, ça me branche bien cette affaire, en plus un nouveau point est en prévision pour mai à 150 m du boulot! Je vais aller y faire un tour…
z

29)
Okazou
, le 19.05.2006 à 18:57

Merci, Anne, pour cet article, avec toi, la qualité est toujours au rendez-vous. C’est effectivement notre vie (ou notre mort) qui est dans nos assiettes. « Qui se nourrit bien ne voit pas le médecin. » (proverbe créé en direct).

La « révolution » de plus en plus nécessaire commence effectivement dans notre assiette et nulle part ailleurs mais, comme tu le montres, l’obésité n’est vraiment qu’un volet des dégâts. L’obésité est en quelque sorte la partie émergée de l’iceberg (prononcer issberg, c’est du danois). La vision d’une société obèse devrait sauver quelques familles par son exemplarité.

De part ma situation géographique je me trouve à la fois au cœur de l’agriculture productiviste et en même temps sur les lieux de naissance des mouvements paysans (dont la Confédération paysanne) qui luttent âprement depuis les années 1970 contre l’aberration que représente cette agriculture productiviste.

Si la France est LE pays agricole par excellence, en Europe, la Bretagne est la région de France qui produit le plus : 1 poulet sur 2, 1 œuf sur 2, 1 dinde sur 2, 1 porc sur 2, etc. Le département qui produit le plus de lait n’est pas normand mais breton, c’est l’Ille-et-Vilaine, championne également de l’industrie de transformation des produits agricoles. Jusqu’aux produits à base de soja (lait de soja breton, yaourts de soja bretons, tofu breton…) qui participent à la nouba marchande. Mais aussi le bison breton, l’autruche bretonne, le foie gras breton, le kiwi breton, le gruyère breton et la fêta bretonne ; autant de produits « locaux » qui font la nique à la tradition et liquident la culture ancestrale qui constitue le seul vrai trésor de chacun des peuples de la planète.
La vache Holstein, hollandaise et monstrueuse, a chassé depuis longtemps — comme partout ailleurs — la jolie pie-noire bretonne aux cornes acérées, petite vache douce, rustique et sobre qui, relativement à son poids et ses besoins, était une des meilleures laitières du pays.

Nostalgie ? Pas le moins du monde. Appel à la diversité, à la variété maîtrisée, au respect des cultures et des hommes.

S’engage aujourd’hui la guerre des mondes.
À un monde vulgaire et vénal qui ne retient que le plus rentable où qu’il se trouve, — le monde marchand — s’oppose désormais le monde subtil et honnête qui ne retient que le meilleur, partout où il se trouve — le monde des hommes.

• Est-il normal que l’Africain producteur local de volailles soit ruiné par l’éleveur breton de poulets dont la production parvient sur les étals africains, prêt à cuire, à un coût inférieur à celui du poulet local ? L’Africain doit sa ruine à l’Europe libérale, celle-là même que nous avons rejetée avec conscience et force un certain 29 mars.
Corrélativement, est-il normal d’exporter d’autres produits agricoles que ceux qui ne sont pas produits là où on les exporte ?
• Est-il normal que l’élevage hors-sol s’impose partout comme la norme quand on sait que les animaux ainsi élevés doivent être (et sont) bourrés de médicaments pour pallier les graves problèmes dus à la promiscuité, un mode de vie et un régime alimentaire contre-nature ? Et les problèmes graves induits sur les souches d’antibiotiques.
• Est-il normal que les lois et nos droits les plus élémentaires soient bafoués au nom de la sacro-sainte et toute puissante agriculture productiviste ? Est-il normal que les préfets (bras armé du gouvernement dans les régions) signent à tour de bras des autorisations d’extension de porcheries quand la loi les prohibe clairement ? La droite comme la gauche libérale (sous le pouvoir PS de Jospin les extensions illégales ont été légion dans toute la Bretagne) sont coupables. Nos élus libéraux nous font des enfants dans le dos à longueur d’année.
• Est-il normal que par la faute de ces extensions illégales les Bretons ne peuvent plus consommer l’eau du robinet chargée à outrance de nitrates et autres sous-produits de l’agriculture productiviste ?
• Est-il normal que les pollueurs ne soient pas les payeurs ?
• Est-il normal qu’un paysan qui a choisi l’agriculture biologique ne puisse produire bio parce que, à son vent (le vent est un élément important en Bretagne), son voisin productiviste asperge sa production de toute une pharmacopée dont une partie vient polluer par les airs des plants bio qui, eux, n’en ont pas besoin pour pousser ?
• Est-il normal que nos journalistes titrent à longueur d’année sur la responsabilité des particuliers (bain, lavage des voitures…) dans les pénuries récurrentes d’eau quand ils savent fort bien (ce sont des pros !) que la carte des pénuries recouvre presque parfaitement celle des productions de maïs, hybride de surcroît, auquavore à outrance ?
• Est-il normal que la filière maïs, exigeant force traitements chimiques et gaspillage colossal d’eau, ait chassé la filière herbe, économe en eau et se passant de traitement chimique, dans l’alimentation du bétail ?
• Est-il acceptable, enfin, que nous devions tous ces bienfaits à de monstrueuses subventions agricoles qui limitent voire interdisent le développement, notamment social, de l’Europe ?
On pourrait multiplier à l’envi les exemples des dégâts induits par le seul choix du productivisme en agriculture.

On bouffe de la merde et les citoyens les plus laxistes sur le sujet vous répondent que de toute façon la merde revient à la merde. Nous en sommes là.

Heureusement, en France, il y a les marchés. Je suppose que les Suisses ont les leurs.
Quand, au marché, vous achetez des marmandes et que le gars qui les produit, avec un regard complice, vous glisse, pour vous être aimable, un bouquet de basilic dans la main, alors vous comprenez que vous êtes les deux pieds dans le monde des hommes. Le retour du commerce comme il existe depuis que l’homme a inventé la société.

Fuyons donc les supermarchés tant qu’ils nous fourniront des variétés de fruits et légumes sans goût mais sans « défauts » et parfaitement calibrés. Quand vous êtes obligé d’affûter la lame de votre couteau avant de vous attaquer à une tomate (bien lavée de ses protections chimiques) vous vous dites que l’INRA (Institut National pour la Recherche Agronomique) bosse d’abord pour les producteurs et les transporteurs qui ont besoin de produits indestructibles, pas pour nous, pauvres crétins de consommateurs.

Les hommes au service du pognon contre celui des hommes, sont-ils encore des hommes ?

Rappelons dans les faits que nous sommes gourmands, faisons le marché.

Un mot sur José Bové, tout de même. Il est français et ses actions citoyennes sont parfaitement adaptées à son pays.
Démonter un MacDo est une action nécessaire quand les dés sont pipés et la justice partisane, ce que ne peut comprendre Michael Pollan s’il fait l’impasse sur le contexte national.
Arracher des plants transgénique est nécessaire quand les firmes transnationales autorisées en douce par le pouvoir — c’est Jospin et Voinet, sa ministre de l’écologie, tous deux libéraux dans l’âme, qui, d’autorité, ont signé l’autorisation des essais transgéniques de plain champ et c’est le libéral Jospin qui a foutu José Bové en tôle comme s’il était un malfrat — plantent leurs saloperies en plein air dans le secret le plus absolu.
Détruire les plants génétiquement modifiés dans les stations de l’INRA, établissements publics, qui travaillent pour les transnationales dans un mélange des genres fort dangereux où le contrôle démocratique n’est pas garanti, est un geste de résistance dont profite toute la population.

José Bové milite avant tout pour une démocratie véritable. Comme lui, résistons et refusons toute collaboration ou complicité, même passive avec les tenants d’un monde marchand.


Oui, un autre monde est possible.

30)
Okazou
, le 19.05.2006 à 19:32

Entre deux messages je viens de lancer un riz pilaf à ma façon (voir recette sur le forum) pour accompagner un joli coquelet que je passerai à la broche tout à l’heure. Il est au four et il embaume.

En France (en Europe ?), il n’est pas autorisé de vendre des viandes hachées dont le taux de graisse dépasserait 30 %, ce qui est énorme.
Le steack haché français normal contient un taux de graisse de 15 % et le steack allégé en contient environ 5 %.

Les petits steacks hachés surgelés des hamburgers de MacDo contiennent le maximum de graisses légales : 30 %

Si vous donnez ce genre de saloperie à vos enfants, vous en faites des accros à la graisse et de petits obèses en mauvaise santé.

Le hamburger de MacDo ? Une tranche de gras entre deux éponges. Produit d’une société malade.


Oui, un autre monde est possible.

31)
zitouna
, le 19.05.2006 à 19:34

Oui, un autre monde est possible…
Vaut mieux, car celui-là est bien mal barré!
z

32)
zehouai
, le 19.05.2006 à 20:21

Je viens de me régaler avec la lecture de cette humeur fort bien écrite et documentée.
Ce sujet ouvre un large débat dont les commentaires ci dessus sont les échos logiques.
Ancien technicien laitier, j’ai tourné le dos à cette industrie pour différentes raisons personnelles, et éthiques aussi. Je ne regrette pas et suis très heureux d’avoir remis mes connaissances à jour grâce à cette lecture.

33)
Anne Cuneo
, le 19.05.2006 à 20:33

C’est un fait exprès, chaque fois qu’une de mes humeurs est en ligne, la journée se passe avant que je ne rencontre un ordinateur (le mien, en l’occurrence).
Merci à tous pour vos contributions, qui complètent bien mon esquisse – je m’étais dit que mieux valait ne pas faire trop long, je pensais bien que nous nous complèterions. Il y a aussi pas mal de bons conseils – très bien les 4 P, je crois que je vais essayer… ;-)))

Anne

34)
Anne Cuneo
, le 19.05.2006 à 23:28

C’est vrai également que le trajet que parcourt un aliment industriel est hallucinant (plus de 400 kms pour un pot de yoghourt semble-t-il).

Tu sais quoi, Roger? Je peux te présenter un joghourt qui, du moment où le lait est sorti de la vache au moment où il arrive dans ton frigo, a parcouru non 400, mais près de 1’600 km!
La transformation et la mise en pot est paraît-il BEAUCOUP MOINS CHERE en Italie (côté sud)… Après quoi, le yoghourt revient “chez lui”.

Anne

35)
alec6
, le 20.05.2006 à 08:06

et encore ! si le yaourt est aux fruits, tu peux doubler la mise, voire la tripler s’il s’agit d’un yaourt de marque, Danone par exemple…

36)
alec6
, le 20.05.2006 à 08:19

J’oubliais !
La Bretagne est le premier producteur d’Emmental (appelé à tort en France le Gruyère) ainsi que de saucisson de montagne…
Comment ? il n’y a pas de montagne en Bretagne ? Qu’à cela ne tienne ! Un petit tour dans le massif Central en camion réfrigéré, un coup de tampon au passage à la sucursalle et le tour est joué, plus ou moins 1000 km en supplément !

37)
Anne Cuneo
, le 20.05.2006 à 09:45

Alec6: CQFD…
La nature et l’agro-alimentaire qui doit faire les même profits que l’acier parce que la Bourse le veut, c’est une aberration.

38)
enrico3
, le 20.05.2006 à 10:56

Revenons au bon vieux temps de la chasse et de la queuillette. Bon, il faudrait exterminer toute l’humanité sauf env. 10 millions d’individus, et nous pourrions tous (enfin – tous … les 10 millions restants) mener une vie saine et agréable comme celle de nos ancètres du paléolithique. Rien de mieux qu’un BBQ après une chasse à l’auroch pour la santé.

39)
pastor joseph
, le 20.05.2006 à 13:08

Je vais finir par croire que ma femme a raison, qui me force à faire un potager nature chaque année depuis 22 ans !

Plus sérieusement, voilà un article comme je les aime, et qui vous conforte dans vos convictions.

Bravo, Anne !

joseph

40)
Arnaud
, le 20.05.2006 à 15:35

Pour suivre alec6, la Bretagne est aussi le principal producteur de fromage à Raclette en France (…) et les Ardennes le premier producteur de viande séchée des Grisons (toujours en France)… Vous n’avez qu’à aller au Carrefour le plus proche de chez vous pour le vérifier!

41)
bruchot
, le 25.05.2006 à 07:51

A lire imperativement. ca fait peur de voir qu’ils cherchent à tromper le consommateur.
« N’avalons pas n’importe quoi ! » de Fabiola Flex

Produits allégés, sans sucre, enrichis en vitamines… Jamais, en apparence, l’industrie agroalimentaire ne s’est autant souciée de notre santé. La réalité, hélas, est tout autre comme le démontre Fabiola Flex dans cette enquête impertinente qui l’a conduite à rencontrer nombre de responsables marketing et à analyser dans le détail la réalité scientifique qui se cache derrière des allégations trompeuses. Au bout du compte, il apparaît que ces grands de l’alimentaire ne valent pas mieux que les spécialistes de la « junk food » !

bruchot