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Manga Studio EX

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e frontier vient de publier une nouvelle mouture de son logiciel de production BD, Manga Studio 3.0, décliné en 2 versions Debut et EX.

Alors ne nous méprenons pas, il n'y a certes pas besoin d'un logiciel pour faire de la BD et ce logiciel ne prétend pas être la moulinette définitive, pourfendeuse des techniques traditionnelles. Les dessinateurs non informatisés ont de beaux jours devant eux et peuvent retourner rassurés à leur table lumineuse. À qui s'adresse donc ce logiciel ? Après quelques heures d'utilisation je dirais que la version EX est destinée à un public averti, qui possède un minimum de bases en dessin et qui souhaite produire de la BD noir et blanc, rapidement, en disposant d'éléments redondants comme des trames, des objets 3D, des photos, des textures, etc. Un pro trouvera moyen de rationnaliser la production des 256 prochains épisodes de "CaboumCity et l'invasion des sapajous". Pour les autres j'imagine que la version Debut sera un bon moyen d'aborder la BD sur ordinateur.

Au niveau du rendu, feuilletez n'importe quel manga et vous saurez de quoi Manga Studio EX est capable : du dessin au trait rehaussé de valeurs de gris, arrosé de lignes de forces. Maintenant rien n'empêche de maîtriser le logiciel à fond et de le pousser bien au-delà de ces limites…

Une configuration assez solide est souhaitable pour faire tourner ce gros pépère, mon G4 bi-pro avec ses 2Go de mémoire vive était parfois haletant, les pages devenant vite assez lourdes. Pour l'affichage, un écran de 20“ est confortable mais les palettes d'options sont nombreuses et un deuxième écran ou un écran plus imposant ne m'aurait pas déplu. Enfin pour dessiner vos mickeys : l'indispensable tablette graphique A5 ou A4 pour être bien à l'aise.

Création d'un nouveau document
Le ton est donné, il faut choisir entre une planche et une histoire, on est bien là pour faire de la BD et pas pour retoucher la photo de la tante Monique. La première fenêtre, bien complète, permet un paramétrage pointu du document, de la gestion dynamique de la taille des pages, mais aussi des limites de cases, des traits de coupe et autres repères d'impressions. La résolution quant à elle va de 300 à 1200 dpi. Le mode "histoire", propose en plus des réglages du mode page, un ensemble complet de gestion de projet : les options d'affichage du chemin de fer ou encore les informations relatives à la pagination, aux auteurs, titres, épisodes et planches. Petit détail méga manga : vous pouvez avoir un chemin de fer inversé façon japonaise.

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L'espace de travail
On est ici conforté dans l'idée qu'il s'agit bien d'un outil pro, l'interface est sans fioritures et le nombre d'options disponibles impressionnant. Globalement, les habitués de Photoshop ou Painter s'en sortiront mieux que la moyenne malgré les différences de compétence entre ces logiciels. Pour le reste, le manuel au format PDF bien conçu permet de commencer rapidement un projet.

À l'instar de certaines applications dédiées au dessin comme Painter ou l'excellent ArtRage, on peu ici tourner le document à volonté afin d'obtenir le meilleur angle de travail, simple et rapide.

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non, toutes les fenêtres et boîtes à outils ne sont pas affichées dans cette vue…

Les outils
Hormis les outils standards de sélection, là encore le dessin au trait est à l'honneur, de quoi crayonner et encrer confortablement. Ces mêmes outils gagneront en flexibilité si vous les utilisez sur un calque vectoriel, car vous pourrez régler à volonté l'encrage réalisé : modifier la trajectoire, épaissir ou désépaissir le trait, le contraindre à une épaisseur fixe, sera un jeu d'enfant. Attention cependant aus limitations de ce mode car le pot de peinture ou l'aérographe sont désactivés. Sans surprise, tout ces outils possèdent une bonne panoplie de paramètres personnalisables et mémorisables.

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La fenêtre de calques
Manga Studio EX la divise en plusieurs familles : les calques de guides, de contraintes, de case, de contrainte de case, de masques, d'option de page, de sélection et bien entendu de dessin. Chacune de ces familles peut comporter autant de calques que nécessaire et un double clic sur n'importe lequel d'entre eux affiche une boite d'options que l'on peut déplier en mode expert. Il faut parfois plus qu'un sac de petit cailloux blancs pour s'y retrouver.

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Les calques de contrainte sont très pratiques puisqu'il permettent de créer des lignes de forme libre qui peuvent guider le tracé à main levée du pinceau, qui viendrait par exemple épouser un guide "courbe" autour d'un objet. Ils peuvent d'une manière générale contraindre n'importe quel déplacement d'objet. Ces guides, un des points forts du logiciel, sont modifiables de manière dynamique point par point à n'importe quel moment du travail, idéal pour faire des courbes concentriques décrivant un mouvement par exemple, ou suivre des tracés complexes tout en gardant le contrôle des pleins et des déliés.

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Les calques de contrainte de cases, une bonne idée qui permet de construire les cases d'une planche très simplement. Dès que l'on crée le calque, un rectangle équivalent à la zone image de la planche apparaît. Il ne reste plus qu'à le découper avec le "cutter de case" qui crée automatiquement l'espace entre chaque case, réglable ça va de soi.

Les calques de cases peuvent être dessinés individuellement ou être obtenus d'un bloc après avoir converti un calque de contrainte de case en calque de case. Prenons l'exemple d'un calque de contrainte de case contenant 3 cases, convertissons-le en calque de case et nous obtenons 3 calques de case. En double-cliquant sur un des "calques de case" on ouvre un document complètement autonome qui peut contenir à son tour autant de calques que nécessaire.

Les calques de dessin se déclinent en 2 grandes familles, bitmap ou vectoriel. Chacun des deux possèdes des avantages, mais malheureusement certains outils sont désactivés suivant le mode de dessin choisi. N'imaginez pas utiliser le pot de peinture sur un calque vectoriel et inversement n'espérez pas corriger une courbe avec l'outil approprié sur un calque bitmap. On peut cependant transformer un calque vectoriel en bitmap et vice versa, bien que la manipulation comporte certaines limitations comme la gestion approximative des à-plats par les calques vectoriels, qui se transforment en bonne ou mauvaise surprise suivant le cas.

La conversion d'un calque bitmap en calque vectoriel peut prendre de quelques secondes à plusieurs minutes en fonction de la complexité du dessin; ce type d'opération peut agacer l'illustrateur impatient équipé d'un vieux coucou.

 

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Faites un crayonné, passez le calque en bleu, créez un nouveau calque pour l'encrage et hop comme sur une table lumineuse.

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Pour créer des perspectives ? Affichez les règles de perspective et manipulez la ligne d'horizon et les points de fuites, il ne vous restera plus qu'à dessiner le bâtiment qui ira dedans !

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à droite l'encrage vectorisé est modifié grâce à trois outils bien pratiques

Les objets
Comme vous l'avez compris, Manga Studio EX est avant un outil de production, et c'est afin d'améliorer la productivité que des panoplies d'objets prêt à l'emploi, pour beaucoup paramétrables, sont stockées dans deux grandes bibliothèques, les trames pour l'une et les photos, objets 3D, modes de dessin pour l'autre.

Les trames
Il y a de quoi trouver son bonheur; plus de 3000 trames nous dit e-frontier. Elles sont rangées par genres dans une bibliothèque. Vous voulez un fond d'explosion, de désintégration cosmique, de petits cœurs ou de nuages ? Hop en un glissé-déposé votre page blanche s'habille d'un magnifique cumulonimbus ! Beurk me direz-vous ! Certes ! vous répondrai-je, cependant chacun peu convertir en trame dans Manga Studio EX ses propres images scannées ou réalisées dans un autre logiciel. Mais halte aux idées préconçues, il y a vraiment énormément de trames proposées — 3000 on vous dit — et la plupart d'entre elles sont réglables, ce qui démultiplie les possibilités.

Les trames mécaniques traditionnelles sont quand à elles entièrement paramétrables même une fois appliquées à l'image, de quoi bien régler les niveaux de gris de ses planches. Je note une limitation technique indépendante de la volonté de l'éditeur : l'affichage. Demandez à un écran d'afficher une trame point à 50 lignes à 12% et elle se transforme en bel aplat gris qui fausse complètement la perception de votre image qui se veut justement tramée.

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Les objet 3D
Toujours dans l'idée de faciliter la production, vous pourrez modéliser vos décors ou objets dans un logiciels de 3D puis les importer au format obj dans Manga Studio EX. Après l'importation, une fenêtre dédiée s'ouvre automatiquement donnant accès à toutes sortes d'options. Il va de soi que l'on peut manipuler l'objet à sa guise, déplacer la ligne d'horizon, changer l'éclairage, choisir le traitement graphique, définir l'épaisseur des lignes en fonction de la distance et j'en passe, bref avec un peu de patience on doit pouvoir sortir des choses très sympathiques, le plus difficile étant l'intégration avec votre style graphique.

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On peut importer différents objets 3D puis les combiner dans la même fenêtre

Les bulles et le texte
Le texte, c'est un comble, fait franchement figure de parent pauvre. D'aucuns, le sourire en coin, dirons que ça n'est pas étonnant, à quoi bon du texte dans un manga ? Oui enfin c'est pas une raison et avant de faire exploser Caboum City à coup d'arme ThermoGloubiboulguienne on peut avoir une histoire qu'on va lire dans des belles bulles non mais alors.

Donc terrible constatation, les outils de gestion de texte n'offrent presque rien de plus qu'un simple traitement de texte, les rares options en plus ne méritent même pas d'être citées. Où sont toutes les options de déformations de textes dont on dispose par exemple dans Photoshop ? Et les textes sur chemin vectoriels ?

Après avoir fait le deuil du texte, on peut espérer se débrouiller pour avoir au moins de jolies bulles. Las, déception bis, la boîte de création de bulle propose 18 modèles stéréotypés, insuffisament personnalisables. Le "world of baloons" est complètement amateur en comparaison des étonnantes possibilités graphiques qu'offre le logiciel. Là j'avoue être très déçu et ce sera le cas de tous les dessinateurs qui souhaitent comme il se doit gérer globalement leurs planches, les bulles et le texte faisant partie intégrante de la démarche graphique. Une BD avec des bulles moches c'est comme un film avec une bande son de radio de poche.

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c'est tout ce qu'on a en rayon repassez plus tard…

Oui mais alors tu voudrais quoi ? Eh bien je voudrais une fenêtre qui me permette de dessiner complètement mes modèles de bulles avec des outils vectoriels qui font un peu défaut, de la forme au traitement du trait, à la forme de la flèche. Je voudrais un outil de texte qui me permette des déformations, du texte sur chemin, rien d'incroyable en fait.

En conclusion essayez-le ! L'outil est assez complet et réserve de bonnes surprises malgré un manque de maturité au niveau de la gestion du texte. Mais rien ne vous empêche de créer ces bulles ailleurs et de les importer ou encore de les dessiner à main levée. Les pros trouveront de quoi bien s'amuser mais également de quoi tracer en cas de charette. Quant aux autres, il ne faudra pas qu'il s'attendent à des miracles car le logiciel ne sait ni écrire un bon scénario, ni faire un bon découpage, ni dessiner…

Je tiens à remercier l'éditeur et notamment Fahim et Daryl, de m'avoir transmis une version complète de la version EX pour les besoins du test dès que celle-ci fût disponible pour OS X. Ce dernier m'a proposé de tester Shade et Poser (complémentaires de Manga Studio entre autre pour la création de perso en 3D) à suivre :)

6 commentaires
1)
François Cuneo
, le 21.04.2006 à 05:56

Il y a des jours où je regrette tellement de dessiner comme une enclume…

2)
fxprod
, le 21.04.2006 à 07:33

pareil que François, c’est pour cela sans doute notre passion pour la photographie…….écrire avec la lumière!!!

J’en suis même marteau….

une heure de vidéo, des heures de montages
c’est pas juste!!!

3)
AleX54
, le 21.04.2006 à 08:37

>Il y a des jours où je regrette tellement de dessiner comme une >enclume…

Pareil aussi, c’est génial.
Reste à essayer le scénar… :-(

4)
David Klaus
, le 21.04.2006 à 08:54

C’est marrant, je dessine aussi comme une enclume.
Il y a des jours où j’aimerais bien savoir dessiner des personnages, rien que pour se changer les idées en inventant un monde à part.

En tout cas, ce logiciel a l’air très complet. Merci pour le test !

5)
Inconnu
, le 21.04.2006 à 09:01

J’ai poussé ma prof de dessin au suicide :)
Je me rattrape sur la photo et la vidéo, mais ce n’est pas la même chose.

6)
Jer-o-nimo
, le 24.04.2006 à 16:54

Moi, je dessine comme une enclume, mais j’en ai fait un style. :)

Dis, il y a pas de version demo pour Mac, non? Ou j’ai mal vu…

Jer-o-nimo, switched on october, 14, 2004.