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George Clooney: pour la liberté de penser

Vous connaissez George Clooney, médecin dans la série Urgences, acteur de quelques comédies sans trop d’importance. Un de ces Américains typiques, pensait-on en bien des lieux jusqu’à il y a peu: tout dans l’apparence, peu dans la cervelle.

Eh bien, cet ex bellâtre est un honnête homme, et il le prouve. Ayant atteint le stade de vedette choyée et très bien payée, il a estimé qu’il fallait profiter de sa célébrité (“A Hollywood ces choses-là ne durent pas, on vous en prive très vite; autant y aller pendant qu’on peut”) pour dire à haute voix ce qu’il pense. Il a réalisé un film passé relativement inaperçu dans nos contrées (“Confessions of a Dangerous Mind”), et vient de sortir un deuxième opus, que l’on peut voir ou qu’on va pouvoir voir sur les écrans qui vous sont proches: “Good Night and Good Luck”.

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George Clooney a passé derrière la caméra, et le résultat est étonnant - et détonnant.

Au dernier festival de Venise, ce film a failli emporter le Lion d’or, mais Lion ou pas, il a fait un tabac.
“Good Night and Good Luck” est un hymne à l’honnêteté intellectuelle, au sens des responsabilités dont devraient faire preuve les médias. Tourné en noir et blanc, il n’a rien de voyant. Dans la rédaction de la chaîne américaine CBS, des journalistes et des producteurs essaient de faire leur métier: dire les choses comme ils les voient, sans s’autocensurer. Le propriétaire de la chaîne craint pour le pactole qu’amènent les annonceurs si le franc-parler est trop libre: rien que de très ordinaire. Le journaliste vedette de la rédaction, Edward Murrow, termine toujours ses papiers par la formule: “Good Night and Good Luck” (Bonne nuit et bonne chance).

Nous suivons la vie de la rédaction pendant les quelques semaines de 1953 où, de décision en décision, elle arrive à provoquer quelque chose qui paraissait impensable: faire tomber le sénateur McCarthy de son piédestal en faisant en sorte qu’il se discrédite lui-même.

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Le journaliste Edward Murrow (David Strathairn) et Fred Friendly, son producteur (George Clooney) se préparent à attaquer le sénateur McCarthy

Le maccarthysme

Excusez-moi cette incursion succincte dans l’histoire des États-Unis, mais je me dis que si par hasard quelqu’un ignore cet épisode, elle est nécessaire pour comprendre la valeur du film dont je vais parler. Ceux qui savent ce qu’est le maccarthysme peuvent sauter le paragraphe qui suit.

Le Robert donne du maccarthysme la définition suivante:
Politique de délation et de persécution menée aux États-Unis dans les années cinquante contre des personnalités taxées de sympathies communistes (cf. Chasse aux sorcières)”.

L’Europe de nos parents a vécu le phénomène du maccarthysme indirectement. Non que le sentiment anticommuniste n’ait pas existé. Mais il n’a le plus souvent pas pris le caractère obsessif qu’il a eu aux États-Unis, où l’on était par exemple persécuté en 1952 pour avoir eu un ami communiste en 1932, et ne l’avoir pas dit à une commission d’enquête, laquelle n’avait pas de véritable fondement constitutionnel, mais arrivait tout de même à vous faire emprisonner, à vous faire mettre sur une liste noire, à vous déshonorer - et parfois à vous faire mourir, puisque plus d’un persécuté s’est suicidé.

Les enquêteurs maccarthystes s’acharnaient particulièrement sur les médias: Hollywood en tout premier lieu, qui était pour McCarthy le repère No 1 du communisme aux États-Unis, le monde de la presse, de la littérature, du théâtre, de la télévision. Les artistes et les journalistes étaient des victimes de choix, de même que les employés fédéraux à tous les échelons. Tout le monde était au fond pour McCarthy un communiste potentiel. Et le pire était qu’il accusait les gens sans apporter de preuves, prétextant que s’il en avait trop dit cela mettrait en danger la sécurité de l’État américain (ça ne vous rappelle rien?).

Un nombre impressionnant de vies ont ainsi été brisées, et si je dis que le maccarthysme a touché indirectement les Européens, c’est parce que d’une part il nous a privés d’artistes de talent qui ont disparu dans la tourmente, d’autre part parce qu’il a poussé vers l’Europe des artistes comme Charlie Chaplin, et que cette émigration les a changés et nous a changés en nous rapprochant les uns des autres, et enfin parce que comme il y a toujours de ce côté-ci de l’Atlantique des gens prompts à imiter ce qui se passe de ce côté-là, quelque chose du maccarthysme a déteint sur les autorités des pays européens. Mais enfin, c’était moins virulent qu’aux États-Unis.

Au bout de quelques années les accusations inventées de toutes pièces, les outrages, les abus, la véritable torture morale auxquels étaient soumis les “suspects” étaient tels que des gens pourtant peu enclins à faire de la politique en sont venus à s’interroger sur la validité de ces commissions parlementaires qui brisaient les gens comme des jouets bon marché.

C’est à ce tournant-là que se place le film dont j’aimerais vous parler.

Le tournant

“Good Night and Good Luck” illustre un tournant à la fois dans la vie des médias et dans l’histoire des États-Unis. Le journalisme TV en était alors encore plus ou moins à ses débuts, et c’est la première fois qu’il va jouer un rôle de premier plan dans un conflit politique. Il n’existait que trois chaînes pour tout le pays, et regarder les nouvelles à la TV, cela commençait tout juste à se répandre. Le premier magazine d’actualités télévisées des USA s’appelait “See it now” (Voyez maintenant - sous entendu, jusqu’ici vous avez seulement entendu à la radio), et il a été diffusé entre 1951 et 1957. Il était présenté par un dur à cuire du journalisme d’investigation, un homme pour qui son métier impliquait l’obligation morale de dire les choses comme il les voyait après avoir fait de minutieuses recherches: Edward R. Murrow.

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Début d'une journée ordinaire de 1953 à la chaîne CBS: le présentateur et journaliste vedette face à son producteur

C’est à partir de son émission que Murrow, en accord avec son producteur Fred Friendly, et avec l’appui réticent de Bill Paley, le directeur de CBS, lance ce qu’on peut appeler la première bordée contre le sénateur McCarthy. Ils font un reportage sur la mise à pied d’un soldat réserviste de l’armée américaine d’origine yougoslave dont le père aurait eu des contacts avec des communistes - plusieurs années auparavant s’entend. Ils dénoncent le caractère absolument arbitraire d’accusation par ailleurs souvent fantaisistes.

Aussitôt, Murrow lui-même a été accusé de communisme, en réponse à quoi le journaliste et ses collègues ont préparé et pu diffuser un reportage qui mettait à nu les méthodes de McCarthy. Le sénateur n’avait pas l’habitude qu’on lui tienne tête, il a voulu se défendre et a demandé un droit de réponse: l’émission l’a laissé venir, l’a laissé parler en direct et il s’est enfoncé, s’est discrédité lui-même. Nous assistons au spectacle, car dans le film McCarthy n’est pas reconstitué, on le montre toujours tel qu’en lui-même, à travers des documents d’époque.
Et Murrow conclura en déclarant, dans son émission:

Nous ne nous laisserons pas entraîner par la peur dans un âge de déraison… Souvenez-vous que nous ne sommes pas les descendants d’hommes pusillanimes. D’hommes qui auraient craint d’écrire, de parler, de s’unir et de défendre des causes qui, sur le moment, pouvaient paraître impopulaires.

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David Strathairn, qui sait jouer de son expérience au cinéma et au théâtre. Ce rôle lui a valu plus de trente nominations à des prix divers. Il en a gagné une demi-douzaine, dont celui du Festival de Venise. Et il pourrait gagner l'Oscar du meilleur comédien, il est en tout cas nominé.

C’est avec la déconfiture de McCarthy que se termine le film de George Clooney, et ce n’est pas un happy end. Murrow a payé son audace, il a dû quitter CBS, qui après cela a commencé à se dire que les émissions de variétés rapporteraient plus que les émissions “sérieuses” comme celles de Murrow. Et de fil en aiguille, avec des hauts et des bas, les États-Unis sont aujourd’hui gouvernés par un George Bush.

Années cinquante et années 2000 - un parallèle?

Le film de George Clooney n’invente rien. Les faits sont reconstitués et rendus après des contrôles minutieux, et on y fait un large usage de documents d’époque. Pour écrire le scénario, Clooney, qui est fils de journaliste, a travaillé comme un journaliste.

Nous avons cherché double et triple confirmation pour chaque détail. Nous avons rencontré tous les survivants, nous avons regardé des kilomètres d’archives TV, je voulais être certain que notre travail ne serait pas déprécié [par des inexactitudes]. … Il faut bien dire que la question n’a jamais été pour Murrow de savoir si un tel ou une telle étaient ou non communistes. La question était de savoir s’ils avaient le droit de se défendre face à leurs accusateurs, … en d’autres termes s’ils pouvaient exercer un droit qui leur était garanti par la Constitution.

Et si on n’avait pas encore compris que de s’attaquer à un tel sujet et à un tel journaliste - qui n’a jamais eu peur, jamais plié - c’est, dans le contexte actuel, une mise en cause fondamentale de ce que deviennent les États-Unis aujourd’hui, George Clooney ajoute: “On commence [par négliger les droits des citoyens], par enfermer des gens à Guantanamo. Ce sont peut-être vraiment des terroristes. Alors qu’on leur fasse un procès. Mais ou bien vous êtes un prisonnier de guerre et vous avez les droits de la Convention de Genève, ou bien vous êtes un criminel et vous avez droit à un avocat et à un procès dans les règles. Si nous renonçons à ces principes-là, nous portons atteinte à ce qui est essentiel en nous, à tout ce pour quoi nous nous sommes si longtemps battus.

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George Clooney, en total contre-emploi, une manière comme une autre de faire comprendre qu'il a des choses à dire, et pas seulement à jouer

George Clooney voit un parallèle entre la chasse aux sorcières des années ‘50 et la manière dont le gouvernement Bush exploite le 11 septembre aujourd’hui. Il voit un parallèle entre les mensonges qu’utilisent certains politiciens de droite et d’extrême droite pour discréditer leurs rivaux politiques. Son film implique qu’il voit un parallèle entre la manière dont la presse s’est comportée à l’époque, et la manière dont elle se comporte aujourd’hui. Et suggère par l’exemple qu’on pourrait aussi se comporter autrement.

Les comédiens

Edward Murrow est joué par un comédien extraordinaire, David Strathairn. Il a tourné dans près de 70 films, mais sa grande passion, c’est le théâtre où il travaille en parallèle, il a joué dans des dizaines de pièces. Il est de ces comédiens qu’on voit dans un rôle où ils sont si parfaits qu’on se dit que c’est parce que ce rôle-là correspond à leur personnalité. Et puis on les voit dans un autre rôle, tout à fait différent, et on repense la même chose - au bout de deux ou trois fois, on comprend que ce sont tout simplement des comédiens de grand talent. David Strathairn donne à Edward Murrow une intensité rentrée qui conquiert. Son producteur (dans nos contrées on dirait son chef d’édition), le célèbre Fred Friendly, est joué par George Clooney lui-même - et vous allez avoir une surprise. Le beau garçon fait tout ce qu’il peut pour se transformer en quinquagénaire grisonnant et rondouillard, en un mot Clooney s’est mis en scène dans un rôle secondaire et en parfait contre-emploi par rapport au “Beau George Clooney” des magazines people. Il y a une quinzaine de comédiens qu’il faudrait citer.

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Un couple de comédiens formidable, entouré d'une distribution fantastique.

Allez voir Good Night and Good Luck

Voilà un film qui s’interdit la démagogie, qui est tourné dans un noir et blanc magnifique, dont les acteurs sont superbes, et superbement dirigés.

Voilà un film qui ne fait la morale à personne, et qui pourtant arrive à dire que (aux États-Unis en tout cas), les médias actuels, en ayant renoncé à faire front, en devenant serviles face au pouvoir, ont failli à leur rôle, à leur devoir - et qu’ils ont ainsi laissé tomber leur public.

Voilà l’œuvre d’un homme intrépide, qui a utilisé sa célébrité, et l’argent qu’elle lui a apporté, pour prendre des risques, et faire un film courageux (ou même plusieurs, puisqu’il est aussi le producteur et l'un des comédiens d’un autre film dédié à la politique américaine, au Moyen Orient actuel cette fois, “Syriana”).

Allez le voir. Il vaut la peine.

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38 commentaires
1)
drazam
, le 07.02.2006 à 00:45

Merci Anne.
J’ai très envie d’aller le voir ce film pour plusieurs raisons :

George comme Brad, sont des mignons qui n’ont pas peur du contre-emploi, de l’innatendu, et de l’engagement apparemment. Les voir sur une affiche peut être un gage de confiance. Moche, en noir et blanc, tourné en huis-clos, fô le faire quand même !

Ce film a failli avoir un Lion d’or, mais il a un du succès et la reconnaissance jusque dans son pays d’origine, jamais à une contradiction près, sur un sujet délicat tout comme Brokeback Mountain, en (fin de ?) période conservatrice et puritaine.

Tu fais un parallèle entre le maccarthysme d’hier et notre époque Bush. J’en rajouterais un vu l’actualité brûlante sur la place et le rôle du journalisme dans nos belles démocraties.

___________________________________
signé encore ce « mudak » de drazam

2)
nicholas
, le 07.02.2006 à 00:46

Merci pour cette critique, mais tout de même, le coup de « l’américain typique : tout dans l’apparence, peu dans la cervelle », c’est tout de même ne pas connaître les américains, et céder à des clichés assez simplistes !!!
ceci étant dit, le film est excellent, les acteurs en effet magnifiques, au-delà de la politique, évidemment critiquable (qui pourrait remettre en doute que le maccarthysme fut une entrave aux libertés qui fondent nos démocraties), on peut imaginer toute sorte de critiques et les lier à ses propres convictions politiques du moment. Mais on peut aussi ne pas le lier à l’actualité et le regarder comme une oeuvre de cinéma, qui manie si bien l’image et « l’apparence » qu’il mélange à la perfection les documents originaux et les images de fiction, plongeant le spectateur dans une fiction étonnament réaliste, dans un huis clos télévisuel angoissant…. A voir si on aime le cinéma et les états-unis…

3)
yfic17
, le 07.02.2006 à 01:01

Merci Anne pour ce beau papier. Ca donne envie d’aller le voir.
Sinon, pour les libertés, je crois que les EU les ont sérieusement écornées depuis le 11 septembre.
Je pense qu’en France c’est partie de la même manière; avec du retard.

4)
satellio
, le 07.02.2006 à 04:43

Pour défendre la liberté, en effet, y a urgence, euh, y a George Clooney !

J’ai très envie d’aller voir ce film. En plus, il est maintenant avéré qu’il est typographiquement correct, et qu’il avait été injustement accusé d’Helvéticisme, ce qui ravira JCC ! ;-)

http://www.marksimonson.com/article/145/good-article-shame-about-good-night

—–
J’ai toujours pensé qu’il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis.

5)
abocc
, le 07.02.2006 à 05:00

 » Un de ces Américains typiques, pensait-on en bien des lieux jusqu’à il y a peu: tout dans l’apparence, peu dans la cervelle. »
Ainsi donc voici ce que sont les Américains ?
Et les Européens, juste le contraire ?

3… il a dû quitter CBS, qui après cela a commencé à se dire que les émissions de variétés rapporteraient plus que les émissions « sérieuses » comme celles de Murrow. Et de fil en aiguille, avec des hauts et des bas, les États-Unis sont aujourd’hui gouvernés par un George Bush. »

il a dû quitter CBS, qui après cela a commencé à se dire que les émissions de variétés rapporteraient plus que les émissions “sérieuses” comme celles de Murrow. Et de fil en aiguille, avec des hauts et des bas, les États-Unis sont aujourd’hui gouvernés par un George Bush.

Voilà des raccourcis arbitraires et dangereux qui transpirent l’arrogance. L’anti-américanisme a ceci d’avantageux qu’il est populaire et sans risque.
On regarde la culture américaine, en ridiculisant son manque de culture, tout en glorifiant, à juste titre un film non seulement courageux mais bien fait. Les cinéastes français ( et suisses) seraient-ils capables de tant de courage et de lucidité vis-à-vis d’un passé récent ? et les producteurs ? et les spectateurs ?

Les parrallèles sont souvent dangereux car extrèmement réducteurs, plus souvent encore quand ils se veulent moralisateurs.
Les intellectuels devraient faire preuve de plus de retenue eu égard aux nombres d’erreurs ensanglantées qui jalonnent leurs parcours. Cette dernière phrase n’étant en rien une attaque personnelle.
Je suis juste un peu lassé de voir avec quelle morgue on juge les USA et les américains aujoud’hui.
Ne serait pas un peu de facilite pour le Vieux Continent qui ne peut se parer que de vertus en paroles ?

6)
abocc
, le 07.02.2006 à 05:02

Désolé pour le deuxième post consécutif, mais je voulais signer de mon nom pour éviter tout reproche ultérieur.
Alain Boccard (Chypre)

7)
Okazou
, le 07.02.2006 à 06:19

« […] on peut imaginer toute sorte de critiques et les lier à ses propres convictions politiques du moment. Mais on peut aussi ne pas le lier à l’actualité et le regarder comme une oeuvre de cinéma, qui manie si bien l’image et « l’apparence » qu’il mélange à la perfection les documents originaux et les images de fiction, plongeant le spectateur dans une fiction étonnament réaliste, dans un huis clos télévisuel angoissant….

Bien sûr ! Comme on peut acheter un chou à la crème, le vider de sa crème et ne manger que la pâte à chou…
Ou encore lire Descartes et en conclure que la reliure est belle… Certes.
Enfin s’imposer le port d’œillères pour ne voir du monde que ce que l’on a envie d’en voir. Tiens ! C’est justement ce qu’ont fait les médias zaméricains (salut drazam !) pendant les dernières guerres zaméricaines (bis repetita placent) et notamment après le trop fameux 11 septembre.
Quand un Clooney nous dit : « On commence [par négliger les droits des citoyens], par enfermer des gens à Guantanamo. Ce sont peut-être vraiment des terroristes. Alors qu’on leur fasse un procès. Mais ou bien vous êtes un prisonnier de guerre et vous avez les droits de la Convention de Genève, ou bien vous êtes un criminel et vous avez droit à un avocat et à un procès dans les règles. Si nous renonçons à ces principes-là, nous portons atteinte à ce qui est essentiel en nous, à tout ce pour quoi nous nous sommes si longtemps battus. », il ne nous parle pas de McCarthy, il nous interdit de regarder ce film comme un événement qui ne concernerait que les USA en 1953. C’est donc lui faire injure que de réduire son film à la seule dimension de son expression artistique ou même historique. C’est surtout aller à rebours de la plus élémentaire honnêteté intellectuelle car, comme le dit fort bien Anne, et c’est la phrase clef de son papier : « “Good Night and Good Luck” est un hymne à l’honnêteté intellectuelle, au sens des responsabilités dont devraient faire preuve les médias. » Et chacun d’entre nous.

Fermez le ban !


Au nom de l’Europe, j’ai voté NON !
… et la gauche libérale aurait tort de l’oublier.

8)
Okazou
, le 07.02.2006 à 06:31

« Je suis juste un peu lassé de voir avec quelle morgue on juge les USA et les américains aujoud’hui. »

Une p’tite sieste ?

Plus sérieusement. Où est la morgue ? Où est l’arrogance ? Où est l’antiaméricanisme ? Tu ne prendrais pas tes désirs pour des réalités et ta vessie pour une lanterne ? Ça brûle, disait Pierre Dac.

On dirait furieusement que toute critique des zaméricains te fait venir de l’urticaire. Serais-tu formaté (j’insiste : formaté) en miroir des antiaméricains (primaires) comme une manière de proaméricain (primaire) ?

Et aurais-tu oublié que la clique de Bush, ce ramassis de salauds d’envergure, a traité les braves Français que nous sommes (!) comme des moins que rien plus bas que terre et proféré contre nous diverses menaces bien réelles sous le prétexte qu’on ne marchait pas dans sa combine ?
Je suis sûr qu’alors tu as protesté avec la plus vigoureuse énergie contre ces bons Américains qui nous veulent tant de bien. Tu les a traité d’arrogants antifrançais, certainement.

Un peu d’eau dans ton vin américain, ou même un glaçon…


Au nom de l’Europe, j’ai voté NON !
… et la gauche libérale aurait tort de l’oublier.

9)
Okazou
, le 07.02.2006 à 06:33

George Clooney est le chouchou de ma chérie qui, contrairement à moi, est très cinéphile. Elle n’a pas mauvais goût, la belle. Elle a vu le film à sa sortie et ses impressions étaient très favorables. Son autre chouchou c’est Woody Allen. Elle ne fréquente décidément que le meilleur des USA sachant éluder les scories.

La période décrite était chaude. Le pays profondément raciste, antisémite (au sens large : Juifs et Arabes), anticommuniste et nationaliste jusqu’à l’outrance. Tous termes qui définissent un fondement d’extrême-droite. Il y a encore aujourd’hui de beaux restes ; on ne se débarrasse pas, au détour d’une loi, de l’imprégnation des perversions d’une culture.

L’ambiance US, de nos jours. (ceci n’est pas un titre de chapitre mais un lien à cliquer)

L’antiterrorisme a simplement remplacé l’anticommunisme. À l’évidence deux motifs mensongers pour mettre en place un régime totalitaire profitant de la peur des populations pour orienter la politique vers un régime d’extrême-droite.

George Clooney, lui, appartient à l’autre Amérique, celle qu’on aime et dont il ne faudrait pas imaginer qu’elle n’est composée que d’intellectuels de la Côte Est. En bon Américain épris des valeurs des pères fondateurs de la démocratie américaine il ne peut supporter que les forces d’extrême-droite étouffent son pays sous une chape de plomb. Il établit un lien évident entre un McCarthy et un Bush et nous produit un film qui restera dans les annales du cinéma comme les documentaires de Michael Moore — Fahrenheit 9/11, Palme d’or à Cannes —, autre défenseur des valeurs démocratiques. Un certain cinéma américain, repaire de l’humanisme. Merci les gars !
Le 8 mars, les femmes américaines convergeront vers Washington, à l’occasion de la Journée de la femme, pour faire cesser la guerre en Irak. Merci les filles !

Pour ma part, j’établis un parallèle très serré entre le comportement des medias zaméricains sous le McCarthysme et celui de nos medias français (franchement crapuleux) pendant le référendum sur le projet de texte constitutionnel de l’Union Européenne.

Dans les deux cas il y eut un très grave déni de démocratie soutenu, entretenu et développé par les « journalistes » soumis. S’ils n’étaient pas à l’origine du déni, ils l’ont bien entretenu et développé.
Le plus grave étant que les medias français recommenceront comme les medias zaméricains recommencent, semble-t-il ad libitum, à chaque conflit. En tout cas, chaque fois que le pouvoir en place opte pour un traitement totalitaire, non démocratique, des problèmes du pays.

Nous n’oublierons jamais le « Nous sommes tous Américains » de la une du Monde (Colombani est nuisible au Monde) qui présageait de l’engagement de nos troupes aux côtés des troupes zaméricaines dans un combat illégal autant qu’injuste mais toujours très mortel pour les populations, notamment civiles, que l’on méprise.

Journaleux complices !


Au nom de l’Europe, j’ai voté NON !
… et la gauche libérale aurait tort de l’oublier.

10)
Inconnu
, le 07.02.2006 à 06:57

Anne, j’avais déja très envie de voir le film et ton article m’a renforcé dans mon idée. Alors j’ai cherché une salle à côté de chez moi qui joue ce film, hé bien il n’y en a pas. Seule une salle d’un cinéma d’art et d’essai le passe à Aix en Provence, à 75Km de chez moi. Heureusement que j’habite à côté de la 2e ville de France, mais qui est malheureusement un desert culturel. Ce film est sortie il ya tout juste un mois, mais il n’est pas resté longtemps sur les écrans. Il faut dire qu’avec la sortie du 3e épisode des Bronzés, il n’y a de place que pour eux :( J’attendrais donc sagement la sortie en DVD de ce film (Good Night and Good Luck, pas les Bronzés!)

11)
Anne Cuneo
, le 07.02.2006 à 07:39

le coup de « l’américain typique : tout dans l’apparence, peu dans la cervelle », c’est tout de même ne pas connaître les américains, et céder à des clichés assez simplistes !!!

Ainsi donc voici ce que sont les Américains ?
Et les Européens, juste le contraire ?

C’ETAIT POUR RIRE!!!
Non, sérieusement, j’ai dit ça sur le ton ironique, parce que j’entends dire cela sans arrêt par les anti-américains à tout crin. Soyons au clair, puisque sur le plan de l’humour j’ai raté mon coup: j’admire l’Amérique, et je suis vraiment triste parfois de voir ce qui s’y passe.
Mais attention! Critiquer l’Amérique, ce n’est pas impliquer qu’ici c’est mieux. C’est différent. A part ça, les valeurs que défend George Clooney sont aussi menacées dans nos pays que dans le sien. Si je ne pensais pas ça, je n’aurais pas écrit le papier.

Voilà des raccourcis arbitraires et dangereux qui transpirent l’arrogance. L’anti-américanisme a ceci d’avantageux qu’il est populaire et sans risque.
On regarde la culture américaine, en ridiculisant son manque de culture, tout en glorifiant, à juste titre un film non seulement courageux mais bien fait. Les cinéastes français ( et suisses) seraient-ils capables de tant de courage et de lucidité vis-à-vis d’un passé récent ? et les producteurs ? et les spectateurs ?

D’accord pour le côté un peu trop saisissant du raccourci, mais tu as tort de le prendre pour de l’anti-américanisme. J’ai un problème sur lequel je ne m’étalerai pas ici aujourd’hui avec la globalisation, mais qu’elle soit le fait de la Chase Manhattan Bank ou de l’UBS ne fait pas de différence, pour moi.
Je ne ridiculise en rien la culture américaine, qui est ce que j’admire le plus dans ce pays – je dévore ses écrivains et ses films à longueur d’année, j’écoute et réécoute ses musiciens.
Quant à savoir si les Suisses seraient capables de courage et de lucidité vers un passé récent, la réponse est OUI, heureusement. Je te renvoie à un film récent: “Surava », de Erich Schmid, qui parle de la chasse aux sorcières en Suisse à travers l’exemple du journaliste bâlois Surava. Certes, il n’a pas eu les moyens de distribution d’un Clooney, mais il a été largement vu, a gagné des prix (= meilleure diffusion), a été applaudi et a fait réfléchir beaucoup de monde. Ce n’est qu’un exemple, il y en a une longue liste.
Je te signale en passant Grounding, dans un autre registre, tout aussi critique, bien que d’une autre manière. Il a trouvé un producteur, il trouve un public très nombreux, on se presse dans les salles.
Ce n’est pas seulement de l’anti-américanisme simpliste qu’il faut se garder – là-dessus je suis d’accord avec toi -, mais de la tendance très humaine à l’hypersimplification que nous avons tous en nous.

Anne

12)
Saluki
, le 07.02.2006 à 07:44

A Paris, nous sommes mieux lotis: il passe dans douze salles (les douze salopards?) des réseaux Mk2, UGC et Gaumont.

Ce n’est pas si mal quand on voit que « les Bronzés » ne sont à l’affiche que de 28 salles !

Il y a donc effectivement « urgence » à y aller avant qu’ils ne passent à la trappe.


Du MacPortable à l’Alubook, en quinze ans je suis devenu plus sage.

13)
Crifan
, le 07.02.2006 à 08:10

Merci Anne pour ce beau papier.

14)
Emilou
, le 07.02.2006 à 08:26

L’éclectisme de qualité sur Cuk fait de ce site toute sa valeur. Merci Anne pour ton humeur et ton intervention dans ces commentaires.

15)
Puzzo
, le 07.02.2006 à 08:53

Merci Anne! Ton article arrive juste à temps pour nous, les Suisses puisque le film sort cette semaine ou la semaine prochaine!

Je sais enfin quel film aller voir dans les jours qui viennent.

16)
C@naille
, le 07.02.2006 à 08:59

Là, je décroche…

Je suis de ceux qui croient que la menace communiste existait réellement.

Mc Carthy était peut-être un idiot dans un pays de cowboys, mais chasser les sorcières c’est tout de même moins grave que de tuer les pauvres gens.

Quelqu’un peut me dire combien de morts atroces au goulag pendant que quelques cinéastes se faisaient embêter par Mc Carthy ?

C@naille (!)

17)
Inconnu
, le 07.02.2006 à 09:24

il y avait un film sur la mccarthysme dans les années 90, la liste noire avec Robert de Niro. Trés bon film sur le milieu hollywodien à cet époque.

18)
François Cuneo
, le 07.02.2006 à 09:27

Quelqu’un peut me dire combien de morts atroces au goulag pendant que quelques cinéastes se faisaient embêter par Mc Carthy ?

Je propose que l’on ne réponde pas à ce genre d’argument à la limite de l’instultant pour ceux qui ont souffert à cette époque.

Je crois que nous avons toujours prouvé que nous étions capable de voir ce qui était insupportable des deux côtés de la barrière.

Evitons le dérapage, merci.

19)
arsenelupin_ac
, le 07.02.2006 à 10:09

A propos d’USA (et merci à Anne de relever cet excellent film de ce courageux Clooney), je vous propose le livre de Steve Hodel sur l' »affaire du Dahlia Noir ». Il vous montrera qu’il n’y a pas très longtemps Los Angeles n’était pas vraiment la cité des anges…

20)
alec6
, le 07.02.2006 à 10:31

Oups !

Merci François d’avoir répondu intelligemment à C@naille, j’allais lui foncer dans les plumes !

Pour en revenir à l’antiaméricanisme, il est à noter que les Etats Unis sont le seul pays qui n’accepte pas de critique de qui que ce soit, on appelle ça de l’antiaméricanisme. Comme le fait remarquer Anne, critiquer les autres n’exclu pas d’être soi même criticable. En France, entre les raffles de Vichy, les bombardement de Sétif (15 000 morts), les expéditions punitives à Madagascar (80 000 morts en 1947, qui s’en souvient ?), les Pétain, les Papon et autres Sarkozy… nous n’avons pas de quoi frimer au « pays des droits de l’homme ».
Je me demande même si malgré tout, nous n’avons pas à envier parfois la liberté d’expression et de presse d’outre Atlantique…

Voici Un lien au hasard…

Alexis… Tous les défauts

21)
nowall
, le 07.02.2006 à 10:57

A voir dans le même registre « le Mystificateur » (Metropolitan Import) qui relate fidèlement l’histoire – vraie – de Stephen Glass, un journaliste américain de presse très en vue du journal élitiste The New Republic, pendant les années Clinton, qui a pendant 4 ans écrit des articles totalement falsifiés voire à 100% imaginaires, en réussissant l’exploit de passer à travers tout le système de vérification de sources, occasionnellement en créant de faux répondeurs téléphoniques pour ses sources imaginaires, cartes de visites, sites web etc, avant de se faire pincer (sa descente aux enfers lorsqu’il se rend compte que sa duperie lui échappe et qu’il fait tout contre vents et marées pour faire croire qu’il n’est pas en tort prend aux tripes)
Un très bon film, avec des acteurs plus que crédibles, qui plus est assez bien réalisé (flashback, mise en abîme). A voir si possible en VO sous-titrée car le doublage français est catastrophique.
Dans les bonus une interview du vrai journaliste et des vrais protagonistes plutôt intéressante

22)
alec6
, le 07.02.2006 à 12:09

ha ! j’ai oublié l’essentiel : très bon film et excellent article, merci Anne.

Alexis… Tous les défauts

23)
Inconnu
, le 07.02.2006 à 12:59

Merci Anne pour cet article qui titille la réflexion.

^. .^ GerFaut
=U= Equinoxiale
GerFaut c’est frais, mais c’est pas grave.

24)
ToTheEnd
, le 07.02.2006 à 13:32

Je l’ai toujours dit, j’adore les USA… c’est juste que c’est un pays mal habité!

Quelle période bien sombre et cette humeur me confirme que GC est un homme à suivre.

Vu que ça fait des années que je ne vais plus au cinéma, j’attendrai tranquillement la sortie en DVD…

T

25)
Caplan
, le 07.02.2006 à 14:38

Très très intéressant!

Je me réjouis de le voir!

Merci Anne!

26)
alec6
, le 07.02.2006 à 18:44

Tiens ?

Je m’étonne que le sujet « pour la liberté de penser » n’est pas digressé sur le sujet des fameuses caricatures danoises… qui enflamme (au propore et au figuré) quelques pays lointains où les libertés de presse et d’expression ne courent pas les rues…
Nos vilains zaméricains et leur maccartisme sont de pâles amateurs en comparaison…

Vaste débat !

Alexis… Tous les défauts

27)
Saluki
, le 07.02.2006 à 19:01

Mon bon Alec6,
Tu n’as même pas parlé des miniatures persanes… ;°)

Hier soir, Le Monde, tant décrié par ailleurs, reprenait quelques descriptions de caricatures issues du Moyen-Orient.
Elles n’avaient rien à envier aux nordiques.
Comme quoi, comme dans le piteux parallèle McCarthy/goulag, l’abject n’excuse/n’explique/ne justifie jamais l’infect.


Du MacPortable à l’Alubook, en quinze ans je suis devenu plus sage.

28)
Anne Cuneo
, le 07.02.2006 à 19:50

Je m’étonne que le sujet « pour la liberté de penser » n’est pas digressé sur le sujet des fameuses caricatures danoises… qui enflamme (au propore et au figuré) quelques pays lointains où les libertés de presse et d’expression ne courent pas les rues…

J’ai fait la critique d’un film, voulu rendre hommage au courage d’un type qui pourrait se contenter de bronzer sur la plage, plus rien ne l’oblige à travailler, il aurait pu s’en foutre – et il a choisi de faire un film difficile, deux même si j’en crois ceux qui ont vu Syriana (le film qu’il co-produit et dans lequel il joue un rôle annexe), qui est paraît-il une condamnation assez féroce de la manière dont l’administration Bush agit au Moyen Orient, de risquer donc son fric et sa paix personnelle.
Je ne sais pas pourquoi il faut parler de tout dans tout. Mettons que j’ai pris Clooney comme exemple – exemple de ce qu’on peut faire avec les moyens dont on dispose. Les caricatures, c’est un autre problème, très important, l’actualité le démontre, mais enfin, ce n’est pas mon sujet.

Anne

29)
Chichille
, le 07.02.2006 à 21:16

Je ne ferai qu’un reproche à Anne : c’est d’avoir écrit le papier que je voulais écrire, car je suis ressorti de la projection absolument ébloui par la manière dont Clooney et son équipe se sont hissés à la hauteur d’un très beau sujet.

Il y a (au moins) une double morale au maccarthysme : d’abord que la démocratie vit dangereusement, précisément parce qu’elle s’interdit les moyens utilisés par ses adversaires. Mais lorsque les démocrates font preuve de rigueur et de courage, tout est possible.

Je tiens en outre à appuyer totalement Okazou lorsqu’il écrit :

« Quand un Clooney nous dit : « On commence [par négliger les droits des citoyens], par enfermer des gens à Guantanamo. Ce sont peut-être vraiment des terroristes. Alors qu’on leur fasse un procès. Mais ou bien vous êtes un prisonnier de guerre et vous avez les droits de la Convention de Genève, ou bien vous êtes un criminel et vous avez droit à un avocat et à un procès dans les règles. Si nous renonçons à ces principes-là, nous portons atteinte à ce qui est essentiel en nous, à tout ce pour quoi nous nous sommes si longtemps battus. », il ne nous parle pas de McCarthy, il nous interdit de regarder ce film comme un événement qui ne concernerait que les USA en 1953. C’est donc lui faire injure que de réduire son film à la seule dimension de son expression artistique ou même historique. C’est surtout aller à rebours de la plus élémentaire honnêteté intellectuelle car, comme le dit fort bien Anne, et c’est la phrase clef de son papier : « “Good Night and Good Luck” est un hymne à l’honnêteté intellectuelle, au sens des responsabilités dont devraient faire preuve les médias. » Et chacun d’entre nous. »

(Je suis plus réservé sur certains aspects de son intervention n° 9, mais je préfère m’en tenir au positif.)

A can@aille, je dirai simplement que si McCarthy a moins de morts sur la conscience que Staline, c’est seulement parce qu’il n’en a pas eu l’opportunité et les moyens. Mais il était fait pour ça et les procès qu’il a conduit rappellent quelque peu les procès de Moscou.

Bof ! Bof ! Bof !

30)
alec6
, le 07.02.2006 à 21:18

Oui, anne, ce n’est peut-être pas plus mal, mais j’avoue être toujours tenté par les digressions qui sont, il faut bien le dire, la qualité première de ce site !!

Pour en revenir à Clooney, je voudrais mentionner un téléfilm extraordinaire dans lequel il joue l’un des rôles principaux et pour lequel il est producteur, Point Limite de Stephen Frears (2000). Ce film est le remaque du film de Lumet de 1964 dans lequel, suite à une erreur informatique, des bombardiers us s’en vont nucléariser Moscou.
La différence est que ce téléfilm est tourné comme une pièce de théâtre, en temps réel, dans des studios proches, en noir et blanc… unité de lieu, de temps et d’action. Pour un film à suspense, l’artefact n’en était que plus efficace !

Je n’avais jusque là aucune opinion particulière au sujet de Clooney, n’étant pas un fan d’Urgences (hormis le film de Depardon !) et encore moins d’acteurs holywoodiens (ou autres). Son engagement en tant que producteur dans un film on ne peut moins marketing m’avait plutôt séduit et laisser supposer que cet acteur, jusque là inconnu avait des choses à dire !
La sortie de son film sur le Maccarthisme le prouve amplement !

Malheureusement je n’ai pas pu encore aller le voir…

Alexis… Tous les défauts

31)
Okazou
, le 07.02.2006 à 22:51

« En France, entre les raffles de Vichy, les bombardement de Sétif (15 000 morts), les expéditions punitives à Madagascar (80 000 morts en 1947, qui s’en souvient ?), les Pétain, les Papon et autres Sarkozy… nous n’avons pas de quoi frimer au « pays des droits de l’homme ». »

Oui, alec6, nous le savons et n’oublierons pas.
Il y a pourtant pire que ça. Pire que ces chiffres qui nous semblent considérables mais ne sont rien en regard des millions de morts sournoises, sans appel aux armes, que nous, occidentaux pilleurs et gaspilleurs, provoquons parmi les pauvres du reste du monde (vous savez, ces 5 milliards d’empêcheurs de vivre comme des cons) jour après jour, au quotidien, par… notre seule façon de vivre aujourd’hui.

On en a conscience ou pas mais nous sommes tout sauf innocents de ces morts-là.

•••

Tiens, puisque nous parlons de mode de vie assassin (sachons au moins pour quelles excellentes raisons, vitales assurément, nous les tuons), voici un petit message qui m’est parvenu et qui nous livre un des aperçus de notre débauche :

« Je vous invite à consulter ce site
En effet, une fois de plus va se dérouler ici la « Croisière blanche »: Pendant 4 jours, 400 4×4 et quads vont labourer les chemins enneigés de montagne, malgré la loi et les avis défavorables du Parc des Ecrins et de l’ONF.

Il nous faut 200.000 signatures avant fin Mars pour contrer la forte pression du lobby des constructeurs, vendeurs et pratiquants. A noter que le Préfet autorise et que le Conseil Général subventionne( avec l’argent de mes impôts…)

J’ai eu l’occasion , dans le passé, de me balader sur leur itinéraire, avant puis après leur passage…C’est à pleurer, de rage et de honte.
Si vous estimez que cela en vaut la peine, diffusez au maximum. Merci pour la planète. »


Au nom de l’Europe, j’ai voté NON !
… et la gauche libérale aurait tort de l’oublier.

32)
nicholas
, le 08.02.2006 à 00:41

Bonjour, je voulais juste répondre à okazou, au cas où,
citation :
 » Bien sûr ! Comme on peut acheter un chou à la crème, le vider de sa crème et ne manger que la pâte à chou…
Ou encore lire Descartes et en conclure que la reliure est belle… »

Je persiste et rappelle que l’on peut aussi regarder ce film pour ce qu’il est sans le lier à des convictions politiques de gauche, ni sans faire de disgressions sur l’actualité, et même si
 » C’est donc lui faire injure que de réduire son film à la seule dimension de son expression artistique ou même historique. », je dois bien dire que cela ne me dérange pas de ne pas être entièrement d’accord avec un cinéaste et l’on peut encore apprécier les qualités autre que « politiques » d’un film. Il y a aussi du bon chez les gens qui ne sont de notre avis… et puis chez moi, les boulangeries vendent les choux vident, donc vous comprenez :-)

33)
Saluki
, le 08.02.2006 à 12:58

« Il nous faut 200.000 signatures avant fin Mars pour contrer la forte pression du lobby des constructeurs, vendeurs et pratiquants. »

C’est beau la foi. Et surtout la synchro, la Croisière Blanche c’était fin Janvier !

J’ai fait cette randonnée il y a une quinzaine d’années. Et si le passage des véhicules poussait de la neige il détériore moins les chemins qu’un seul grumier.
Si ça n’a rien apporté au Béninois, ça ne leur a rien enlevé. Sans aucun cynisme. Avant de baver sur le vilain occidental que la purge soit appliquée aux régimes corrompus qui encaissent les financements pour eux-mêmes.
Ma marraine me tançait gentiment, si je ne finissais pas ma soupe, en disant que les petits chinois n’en avaient pas autant.


Du MacPortable à l’Alubook, en quinze ans je suis devenu plus sage.

34)
C@naille
, le 08.02.2006 à 17:59

Je propose que l’on ne réponde pas à ce genre d’argument

Pour un thème sur la « liberté de penser », bravo !

Anne Cunéo a beaucoup de talent, son article est très bien fait et plaisant à lire. Elle ne m’a cependant pas donné envie d’aller voir ce film.

Je suis profondément agacé par les chevaliers blancs qui trouvent une satisfaction en prétendant laver au présent toutes les taches du passé.

L’auto-flagellation n’a jamais rendu l’homme meilleur.
Shakespeare l’avait déjà remarqué « Pleurnicher sur les tords du passé est le meilleur moyen de générer de nouveaux tords » (Désolé, ça sonne mieux in ingliche).

J’ai parmi mes ancêtres beaucoup de salopards, des truands, des collabos avec l’occupant romain, des vandales violeurs, des maures assassins, des bandits de grand chemin, des quarantehuitards colonialistes et même de mauvais citoyens.
Je n’aurais jamais assez de lessive.
Alors du balai!
Je tire la chasse (aux sorcières) et ma révérence.

C@naille (…)

35)
Okazou
, le 08.02.2006 à 18:37

« Tiens ?

Je m’étonne que le sujet « pour la liberté de penser » n’est pas digressé sur le sujet des fameuses caricatures danoises… qui enflamme (au propore et au figuré) quelques pays lointains où les libertés de presse et d’expression ne courent pas les rues…
Nos vilains zaméricains et leur maccartisme sont de pâles amateurs en comparaison…

Vaste débat ! »

Pour mieux recaler ton jugement, alec6.

Une petite balade chez les pastèques.

Il est temps que l’occident cesse de faire de la religion musulmane une religion terroriste.
La religion musulmane est à combattre comme toutes les religions, sans afficher de préférence, si tant est qu’elle empiète sur le droit absolu de ne pas croire.


Au nom de l’Europe, j’ai voté NON !
… et la gauche libérale aurait tort de l’oublier.

36)
VRic
, le 08.02.2006 à 18:52

Pour en revenir à l’antiaméricanisme, il est à noter que les Etats Unis sont le seul pays qui n’accepte pas de critique de qui que ce soit, on appelle ça de l’antiaméricanisme.

Meuh non, il y a aussi Israël. Peu de chances d’élever le débat tant qu’il se trouvera des régimes assez obscurantistes pour mentionner leur religion dans leurs textes fondateurs ou l’amalgamer à leur système économique.

37)
drazam
, le 08.02.2006 à 20:49

La religion l’opium du peuple? Ca me dit vaguement kek’chose… ‘ttendez, je consulte mon petit livre carmin…

__________________________________
signé encore ce « mudak » de drazam

38)
colonel moutarde
, le 09.02.2006 à 09:17

C’était mieux avant… sans doute si l’on se réfère à cet excellent film que j’ai eu le plaisir de voir hier soir. Une époque (révolue ?) et pas si lointaine où les journalistes de télévision faisaient encore leur travail de journaliste, en enquètant, en vérifiant leur source, en prenant le temps d’analyser et de poser un regard neutre sur l’actualité. Grâce à CNN, l’actualité est devenue immédiate, voire anticipative (par exemple le débarquement des GIs en Somalie ou la guerre du Golfe II), et toutes les télévisions se sont engoufrées dans la brêche, pour être les premiers, pour l’audience et les annonceurs, quitte à raconter n’importe quoi (Timisoara, Outreaux),n’importe comment, et si possible dans le sens du gouvernement !

Heureusement, il reste une certaine presse écrite de qualité (je ne parle pas des journaux bleus ou orange) qui peut se permettre de garder un regard objectif et critique sur le monde.

Jetez votre télé ! Lisez et faites l’amour avec votre copine !