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Le musée du mammouth

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Jean-André Deledda, pour Cuk.ch

Des mammouths dans le jardin

“C'est curieux, mais j'aurais plutôt associé les mammouths aux rhinocéros qu'aux éléphants”, ai-je avoué.
“Vous n'êtes pas la première. C'est une erreur que les gens font souvent”, m'a dit sur un ton paternel le spécialiste qui veille, en ce dimanche ensoleillé, sur cette salle d'exposition.

Je suis venue visiter la rareté des raretés: le premier Musée du mammouth de Suisse, à Niederweningen dans le canton de Zurich .

Vous ne savez peut-être pas où se trouve Niederweningen et vous êtes tout pardonné. C'est une bourgade modeste, une des têtes de lignes du RER zurichois, un de ces endroits où (sauf lorsque quelqu'un fait fonctionner sa tondeuse à gazon ou autre gadget du genre) on entend jusqu'au zzz zzz des abeilles.

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La place du village de Niederweningen par un dimanche ensoleillé.

Si vous aviez été un homo sapiens sapiens vivant dans la zone alpine entre il y a 45'000 et 16'000 ans environ (la dernière trace documentée de mammouth date de plus ou moins 14'000 avant notre ère), il se serait pu pourtant que vous sachiez assez bien où se trouve Niederweningen, pour une raison bien simple: cela a dû être un terrain de chasse superbe — et le gibier a dû y être de choix. Des mammouths en-veux-tu-en-voilà. Il n'y a pas de doute, ces grands herbivores adoraient le lieu qui allait devenir Niederweningen.

Les premiers signes d'habitat dans les profondeurs de cette bourgade datent d'alors. Et il n'y pas de doute non plus sur le fait que le mammouth était, pour ces gens-là, le garde-manger. La viande était consommée jusqu'à la dernière fibre, puis les os servaient à toutes sortes de choses: à confectionner des écuelles, des ustensiles, des armes, et même à construire des maisons. On a retrouvé des traces d'habitations en os dans toute la région (et il semble que dans le nord de la Russie il existe encore des maisons ainsi construites — en os).

Le village de Niederweningen a longtemps ignoré être au-dessus d'un tel trésor préhistorique. Je suppose que tant qu'il est resté dans les limites médiévales, construisant et reconstruisant toujours dans le même périmètre, tant que les maisons ne requéraient pas des fondations trop profondes, on n'a jamais rien trouvé de suffisamment conséquent pour que cela éveille l'intérêt. Le premier coup de semonce est venu en 1891. En voulant construire une maison qui avait besoin de fondations solides, on est tombé sur un premier squelette de mammouth, très bien conservé — et se distinguant par là d'autres restes de mammouths, car avant de s'éteindre ces bêtes-là ont vécu dans tout l'arc alpin et partout elles ont laissé des traces.

Depuis lors, des paléontologues du canton de Zurich, et même d'ailleurs, se sont penchés sur les mammouths de Niederweningen et ont essayé de tirer de savantes conclusions de la remarquable trouvaille faite par les ouvriers du bâtiment.

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Il y a du mammouth dans l'air…
Les mammouths sont désormais des citoyens de Niederweningen.

Les mammouths du XXIe siècle

Niederweningen en serait sans aucun doute resté là si en 2003, alors qu'on creusait pour construire un parking souterrain (eh oui, le village médiéval s'est agrandi), on n'était pas tombé sur un autre mammouth: un squelette presque complet, très bien conservé, daté d'il y a 45'000 ans. Les paléontologues sont accourus en masse, ont étudié la bête sous toutes les coutures, et Niederweningen s'est dit que cette fois on ne pouvait pas en rester là. Lors d'une séance du Conseil communal, on décidait la construction d'un Musée où l'on exposerait ce qu'on avait trouvé. On s'est aussitôt mis à la recherche d'argent pour la construction.

La détermination à ouvrir un musée a été encore renforcée par les faits. L'année dernière, nouvelle trouvaille remarquable sur un chantier. On a enfin compris: sous la terre fertile de Niederweningen, il doit y avoir un véritable cimetière de mammouths. Désormais, finis les trous inconsidérés: toute construction commencera par un sondage circonspect du terrain, toute reconstruction dans le périmètre du village sera faite en prenant les précautions qui s'imposent.

Histoire, pour les futurs habitants, d'être sûrs qu'il n'y aurait pas un mammouth perdu dans leur jardin.

Le musée du mammouth

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Au musée de Niederweningen, le mammouth
tel qu'il fut dans la plaine où est situé le village,
et tel qu'on le retrouve aujourd'hui.

Il est ouvert depuis début octobre, et que je vous dise tout de suite que jusqu'à fin novembre, vous pouvez y aller tous les dimanches après-midi, et que ça fait une belle excursion. Ensuite, ce sera un dimanche sur deux. Depuis la gare de Zurich, vous prenez le RER ligne S5 jusqu'à l'arrêt avant le terminus, Niederweningen Dorf. Après, on vous guide.

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Un bâtiment modeste, qui paraît petit. Mais entrez donc, vous verrez qu'on y passe facilement des heures. D'abord, on est accueillis par des spécialistes (ce fut mon cas), ou par des amateurs passionnés (et très bien informés). Le musée fonctionne sur le bénévolat, c'est pour cette raison qu'il n'ouvre que le dimanche. Mais on peut appeler et prendre rendez-vous — quelqu'un se chargera d'accompagner votre visite, même à un autre moment.

Ensuite, il y a un film, qui vous raconte toutes les péripéties qui ont amené à la découverte des mammouths de 2003-2004, ainsi que celles qui se sont ensuivies.

Et pour que vous compreniez bien comment on a passé de l'époque des mammouths à aujourd'hui, vous pouvez suivre l'évolution de la région depuis le temps des mammouths jusqu'à la Renaissance par des tableaux illustrés, devant lesquels il y a des maquettes, des reconstitutions de petits animaux dont les os ont été trouvés avec ceux des mammouths, de la flore de l'époque pré- et post-glaciaire, des chronologies. Bref, avec des moyens modestes, avec la solidarité de toute une région et beaucoup d'ingéniosité, Niederweningen a donné au mammouth suisse une origine, une patrie, et même un domicile.

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Le musée du mammouth, bâtiment modeste, riche en contenus.

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Reconstitution fidèle du site
de la dernière fouille.
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Les os de mammouth servaient à tout:
instruments, utensiles, et même bijoux.
16 commentaires
1)
Franck_Pastor
, le 21.10.2005 à 00:18

À force de fréquenter ce site, je finis par croire que l’environnement de la famille Cuneo est le mien, et qu’il me suffit d’un saut de puce pour aller visiter des merveilles comme celle décrite ici (j’ai toujours aimé la paléontologie…)

Et puis je me rappelle que j’habite à 800 kms de Zürich…

2)
FT'e
, le 21.10.2005 à 00:20

Décidément, j’adore Cuk.

3)
pilote.ka
, le 21.10.2005 à 05:55

très instructif. Bravo

4)
Saluki
, le 21.10.2005 à 07:19

Anne, Bravo, tu fais revivre ces bestioles comme personne.

Il n’y a que sur Cuk que la diversité biologique permet de passer du jour au lendemain du virus au mammouth ;°)


Du MacPortable à l’Alubook, en quinze ans je suis devenu plus sage.

5)
Fabien
, le 21.10.2005 à 07:24

Pour ceux qui aiment les histoires de préhistoire, je vous conseil la lecture des romans de la série « Earth’s Children » (« Les enfants de la Terre ») de Jean M. Auel.
Très bien écrit et très instructif.

6)
François Cuneo
, le 21.10.2005 à 08:32

Il n’y a que sur Cuk que la diversité biologique permet de passer du jour au lendemain du virus au mammouth ;°)

heeeeu… en passant par le D2X tout de même:-)

7)
Franck_Pastor
, le 21.10.2005 à 08:53

Aux fans de BD et de préhistoire, je recommande la série « Vo’houna » d’Emmanuel Roudier, 3 tomes sur 4 déjà parus. Un bon moment de lecture !

8)
Le Corbeau
, le 21.10.2005 à 09:05

petit article raffraichissant et facile à lire qui nous change du tout électronique.
Encore que, ça n’avait pas des puces ces grosses bébêtes?

François,
selon la terminologie du site, le D2X est un test, pas vraiment une humeur.
Donc Saluki n’a pas tort…

Et la se pose à nouveau la question :
Mais qu’est-ce que vous attendez sur Cuk pour ouvrir une section culture & voyages??

9)
alec6
, le 21.10.2005 à 09:12

Merci Anne !

Un p’tit mammouth après le p’tit déj’… et hop ! comme le dit mon voisin, ça nous change du cheval de Troie… et du virus de la photo !

Dommage que la ligne 11 ne conduise pas si loin… quant aux kat-kats, ils se plantent à Dijon… hein Saluki ?

Alexis… tous les défauts !

10)
Inconnu
, le 21.10.2005 à 10:43

Article intéressant, mais :

“C’est curieux, mais j’aurais plutôt associé les mammouths aux rhinocéros qu’aux éléphants”

Ah bon ! Et pourquoi ça ?
– parlent pas un mot de français ces mammouths là ?
– sympa le musée, mais ils manquent un peu d’imagination architecturale. Z’auraient pu faire un bâtiment en os de mammouths…


^. .^ GerFaut
=U= http://equinoxiale.com
GerFaut c’est frais, mais c’est pas grave.

11)
Le Corbeau
, le 21.10.2005 à 11:50

ils manquent un peu d’imagination architecturale. Z’auraient pu faire un bâtiment en os de mammouths…

Au prix du kilo de mammouth?
Déjà qu’ils ont commencé en pierre de taille et fini en béton :-))
OK je ->

12)
JCP
, le 21.10.2005 à 13:31

Y avait une photo de Brélaz?

JCP

13)
nowall
, le 21.10.2005 à 13:36

Lausanne aussi comporte un spécimen de ce doux hérbivore.
De la famille des Politicus Pachydermus, cet individu mâle d’environ 60 ans, vivant dans une niche écologique restreinte, transume parfois à la place de la Palud ou à la Riponne les jours de Conseils.
Les paléonthologues locaux l’ont affectueusement surnommé *Daniel B. »…

14)
nowall
, le 21.10.2005 à 13:39

AAAAARGH, GRILLE PAR JCP!!!!!!!!!!

15)
JCP
, le 21.10.2005 à 15:02

Héhé, nowall!

L’intéressé était assis l’autre jour sur un des bancs de la passerelle du métro qui surplombe la Place de l’Europe (tu vois Okazou, on a même une place) à Lausanne.

Celle qui, pendant les travaux, à un pied quasiment dans le vide.

J’ai marché vite…

JCP

16)
Saluki
, le 21.10.2005 à 22:45

Je rentre de Roubaix à l’instant et je vois toute la perfidie de mon voisin Alec6 ;-)

Maître François, le Saluki ne pensait point à mal, mais à un simple raccourci…

Si vous avez des Mammouths en passerelle, et je comprends qu’on retienne son souffle car je la connais, nous avons en France des pachydermes au PS.

Le pire n’est jamais bien loin. Et je ne parle pas de TTE


Du MacPortable à l’Alubook, en quinze ans je suis devenu plus sage.