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Petites et grandes manoeuvres sur Darknet

Darknet, c'est la face obscure d'internet. On y trouve tous les contenus numériques : les tubes des chanteuses gonflées à l'hélium, les derniers programmes de Microsoft, les machines à dollars d'Hollywood. C'est le plus grand supermarché du monde, où l'on aurait oublié d'installer des caisses à la sortie, mais où les vigiles sont de plus en plus nombreux - et de plus en plus méchants.

Le terme de Darknet, que personnellement j'adore, a été inventé par quatre responsables de Microsoft : Peter Biddle, Paul England, Marcus Peinado et Bryan Willman, dans une étude restée célèbre. C'est le nom qu'ils ont donné à un ensemble de réseaux et de technologies utilisés pour partager des contenus numériques. Avec une assomption initiale : Darknet n'est pas séparé d'internet, c'est (au plus) une couche (protocoles et logiciels) supplémentaire.

Comme tout ceci doit vous paraître bien abstrait, voici quelques-uns des noms sous lesquels vous connaissez Darknet : Napster, Gnutella, Kazaa, Shaeraza, eMule, BitTorrent, ou le très général P2P (peer to peer).

À ce stade, je dois apporter une précision : je ne plaide pas pour, ni contre, le piratage. En fait, je ne plaide pas du tout. Ce qui m'intéresse, c'est l'histoire du combat entre les éditeurs et les pirates, et son devenir.

Au départ, tout était simple pour les pirates. Il suffisait de mettre un serveur FTP (ou AppleShare) en ligne et d'en donner l'accès à qui voudrait. L'un venait déposer un fichier et tous les autres venaient le copier. Simple et facile. Bien entendu, cela n'a pas duré bien longtemps. Trop facile à tracer : tout détenteur de droits d'auteur qui repérait un tel serveur en trouvait l'adresse immédiatement (au pire, un WHOIS suffisait), faisait fermer le serveur sans difficulté et traînait (éventuellement) le propriétaire devant la justice.

C'est alors que la grande guerre de Darknet, les pirates contre les éditeurs, a commencé. Elle continue aujourd'hui. Et ne se terminera pas demain…


La première étape fut l'invention du P2P. L'idée de base est simple : au lieu de télécharger un fichier sur un serveur, le pirate le télécharge chez ses voisins. Chez tous ses voisins ! D'où ce nom de "peer to peer", d'égal à égal. Tous les utilisateurs sont égaux en piratage. Impossible (ou en tout cas monstrueusement difficile) de poursuivre des centaines ou des milliers de personnes, dont bon nombre n'habitent pas le pays où ont lieu les poursuites. Et comme il n'y a plus de serveur, il n'y a plus de coupable original à poursuivre. 

En 1999, Napster dominait fortement le monde du P2P. En échange d'une petite contribution, vous pouviez trouver à peu près tout ce que vous pouviez désirer sur leurs serveurs. Enfin, quand je dis trouver, je fais un abus de langage. Car Napster savait fort bien bien que le piratage est illégal (est-il besoin de vous rappeler que c'est du vol ?). Ses serveurs n'hébergeaient pas de fichiers mais uniquement des liens vers ces fichiers. 

L'argument des gestionnaires de Napster était simple : nous ne faisons pas de piratage, nous vendons simplement un service de localisation. Il n'est pas en notre pouvoir de vérifier le contenu de ces fichiers ni de nous substituer à la police. Tout ce que nous faisons, c'est faire payer nos clients pour obtenir une référence. Après tout, on trouve bien dans une encyclopédie les informations pour faire des bombes, et personne ne songe à interdire les encyclopédies…

Évidemment, c'était une bien grosse argutie. Qui n'a pas tenu très longtemps. Le premier coup fut porté par le groupe de rock Metallica®. Les rockers hurlants démontrèrent que Napster, chaque fois qu'on lui demandait le mot metallica, renvoyait systématiquement des liens vers des fichiers MP3 piratés. Ils obtinrent alors en justice que les requêtes contenant leur nom soient systématiquement refusées par les serveurs de Napster.

Ce fut la ruée sur le monstre blessé. Bientôt, Napster fut obligé de faire lui-même la police dans sa base de données, et de supprimer toute référence à des fichiers protégés par le droit d'auteur. Mission impossible, on s'en doute. Le nombre de clients de Napster s'effondra vers des abysses insondables. Aujourd'hui, Napster est un système à la iTunes qui ne doit pas marcher bien fort puisque "Napster is currently compatible with Windows XP/2000". Et uniquement ceux-là ! Macintoshiens, passez votre chemin…


Napster étant tombé à cause de sa base de données, Darknet trouva immédiatement la solution : supprimer la base de données centrale. Ce fut l'ère de Gnutella et ses clones. Qui sont de véritables réseaux de partage de données, où tous les utilisateurs sont égaux et où personne n'est propriétaire du système. Ajoutez à cela que de nombreux fichiers partagés sur ces réseaux ne sont pas illégaux (des distributions Linux par exemple) et il est difficile, pour les détenteurs de droits, d'imaginer comment faire cesser le piratage sur ces réseaux.

Car ces réseaux ne sont pas, intrinsèquement, illégaux. C'est l'usage que certains en font qui l'est. La différence peut vous sembler subtile, mais elle est indéniable. Je vais essayer de vous l'illustrer : rien ne vous empêche de découper un fichier MP3 en petits morceaux et de l'envoyer, par email, à divers correspondants. Qui feront suivre. Vous imaginez la suite ? Ça passe de copain en copain et, en moins de deux, vous avez monté un réseau de piratage… Faut-il interdire le courrier électronique ? Personne n'y a songé. Pourtant, un réseau basé sur ce principe existe depuis toujours (je ne le citerai pas).

Difficile de faire cesser le piratage, mais pas impossible. La contre-attaque n'a pas tardé. Sur la base d'un simple constat : les seedeers et les leechers. Ooups, pardon, je traduis : les émetteurs et les récupérateurs (bon, c'est pas génial comme traduction, mais ça se comprend). L'idée est qu'il y a peu de gens à l'origine du piratage. On les appelle les seeders. Or ces gens ne sont pas cachés : leur adresse IP est accessible. Quand aux leechers, ceux qui récupèrent, tout le monde s'en fout, car ils n'auront jamais le courage ni le temps de passer du côté seeder…

Aujourd'hui, un certain nombre d'ordinateurs scrutent le web à la recherche de seeders. Quand ils en trouvent un, ils alertent qui de droit et le pirate reçoit un courrier, plus ou moins aimable (plutôt moins que plus, on s'en serait douté) de son FAI l'enjoignant de cesser son activité. Ces chercheurs de pirates sont des compagnies privées du genre MediaSentry ou des filiales des grands éditeurs, par exemple Universal ou Sony Music.


Mais cela ne suffit pas. D'abord, parce qu'avec la montée en puissance du haut-débit, il y a de plus en plus de seeders (de gens qui "rippent" un disque et le diffusent). Ensuite, parce que ce n'est pas très bon, médiatiquement parlant, de faire condamner en justice un gamin de 14 ans qui a "partagé" quelques centaines de morceaux de musique avec ses copains. Enfin, parce que Darknet s'est encore amélioré.

Revenons un instant sur ce dernier point, puisque c'est à cette guerre de l'épée contre la cuirasse que nous nous intéressons. Les dernières versions des logiciels de P2P, en particulier celles à base d'âne, font que leurs utilisateurs sont à la fois leecher et seeder. Pendant que le jeune François Tartenpion récupère sur Darknet le dernier tube de la poufiasse dont on voit la tête au début de cet article, il envoie en même temps ce chef d'œuvre au petit John Scully, sans même le savoir. Mieux : grâce à un système de points, il ne peut recevoir que s'il émet !

Bien évidemment, le clan des éditeurs a également fait des progrès. Cette fois-ci, ils ont essayé de retourner Darknet contre lui-même. Avec une idée de génie : ils ont introduit dans le réseau des machines qui offrent des mega et des giga de fichiers tous plus tentants les uns que les autres. À un petit détail près… Chaque fois qu'un utilisateur appelle un de ces fichiers, le fichier n'arrive jamais ! Et c'est là qu'est l'astuce géniale : Darknet privilégiant les meilleurs offrants, ces serveurs sont les mieux cotés. C'est ainsi que de nombreux, si ce n'est les principaux, serveurs de Darknet proposent… du vent.

Là encore, la contre-contre-attaque n'a pas tardé. Les "serveurs de vent" ont été identifiés et des listes circulent…


Aux dernières nouvelles, la bataille en est là. Darknet reste, et restera, une source d'approvisionnement de contenus numériques pour beaucoup.

La prochaine initiative de la défense est connue depuis longtemps : ce seront les DRM (Digital Rights Management). Les contenus seront protégés et ne pourront être lu que sur des machines autorisées. Inutile de faire appel à Mme Irma pour prédire que cette défense ne sera pas efficace à 100% (oh, quelle belle litote !).  Pour la raison suivante : une implémentation trop "dure" des DRM sera considérée comme inacceptable par une grande majorité d'utilisateurs (trop intrusive). Et une implémentation plus "soft" sera cassée.

Au fond, la véritable solution est sur le terrain économique. Tant que les prix de vente ne seront pas raisonnables, ou tout simplement qu'ils ne refléteront pas les coûts de production mais seront basés sur la recherche du profit maximal, le piratage aura un bel avenir devant lui.

Ce qui amusant, c'est que c'est un peu la conclusion à laquelle étaient arrivés les auteurs de l'étude Microsoft dont je vous parlais au début. Je cite : users must be very determined or price-sensitive to download movies from a darknet, when the legal competition is a rental for a few dollars (les utilisateurs doivent être très déterminés, ou très sensibles aux prix, pour télécharger un film depuis Darknet, alors son compétiteur légal, la location, ne coûte que quelques dollars). Tout la question est là : le prix du légal.

Quoi, vous ne croyez pas que les éditeurs recherchent le profit maximum ? Ah bon. Pourtant, le prochain album de Noir Désir est en pré-vente à la FNAC pour 20,99 €. Alors qu'Aviator, le film de Martin Scorsese, y est vendu 19,99 €.

Vous croyez, vous, qu'un film revient moins cher qu'un disque ?

36 commentaires
1)
Guillôme
, le 20.09.2005 à 00:20

Pendant que le jeune François Tartenpion récupère sur Darknet le dernier tube de la poufiasse dont on voit la tête au début de cet article,

Oulà, ça dérape. Une petite correction s’impose à mon avis…

2)
lolfr
, le 20.09.2005 à 01:22

Je venais également commenter ce léger dérapage.
Ce genre de remarque dessert plus qu’elle ne sert.

3)
Jerricho
, le 20.09.2005 à 01:24

Si je peux me permettre une précision : l’album de Noir Désir dont le prix tourne sur amazon autour de 19 euros est la double version CD et DVD ce qui consiste en un peu plus qu’un simple CD… C’est pas du tout pour foutre ma m*, juste parce que j’aime beaucoup Noir Désir…
Pour le fond de l’article, je me prononce pas : je ne me suis pas encore fait mon idée (non par sur l’article, mais sur le sujet…).
Quoiqu’il en soit, merci pour ce tour d’horizon :-)

4)
gus2
, le 20.09.2005 à 02:05

Pour information, il existe au moins une alternative pas trop cher aux US pour les films. Il s’agit de NetFlix.
En gros pour $30 par mois ils vous envoient 5 DVD. Quand vous avez fini de regarder un DVD, hop dans une boite a lettres et ils vous renvoient le suivant dans la liste. C’est simple, rapide et pas tres cher. Le seul souci que j’ai pu y voir c’est qu’il faut prévoir les films a l’avance.
Mais je ne doute pas que d’ici peu on pourra directement les télécharger…

Et enfin un dernier mot pour dire que le principe du réseau Pair à Pair c’est de doner le contrôle du réseau à l’utilisateur. Avant tout était géré par les opérateurs comme France Telecom, Sprint, UUNET,… mais maintenant c’est l’utilisateur qui gère son réseau. Beaucoup pensent que c’est comme cela que le réseau doit se développer. Pour ma part, je ne suis vraiment pas pour ce genre d’architecture. Pas du tout d’un point de vue légal ou autre, mais plutôt d’un point de vue administratif.

5)
benoit
, le 20.09.2005 à 03:17

Pourtant, le prochain album de Noir Désir est en pré-vente à la FNAC pour 20,99 €. Alors qu’Aviator, le film de Martin Scorsese, y est vendu 19,99 €

Aviator a déjà amorti tout ou en grande partie ses couts par son exploitation salle et TV.

Benoit

6)
Phfred
, le 20.09.2005 à 07:41

Et que dire de certains films ou certaines musiques carrement introuvables (pas assez rentable a reediter 20 ans apres par exemple) ailleurs que sur le darknet (ou certaines rom pour mame)

7)
Inconnu
, le 20.09.2005 à 08:29

En vrac:
1) Je n’ai pas vraiment apprécié la présence d’un disclaimer au début. Il est clair que tu ne plaides pas, et les habitués le savent et témoigneront. Dis plutôt que tu défèques sur les majors et leur soupe, ça aura le mérite d’être « clair ».

2) Le dernier Noir Desir à 21€ ? Combien sur l’ITMS ?
Ceci dit, il faut bien payer pour sortir Bertrand Cantat de la taule ou il s’est retrouve… Apres avoir tabasse sa gouree, certes, mais aussi apres avoir publiquement denonce Univers-sale aux « victoires de la musique » (je me permets juste de poser une correlation… histoire de faire travailler votre imagination). Notez que si le « dernier » Noir Desir est fourgue a ce prix, c’est l’Univers-Sale qui en profite le plus: « Un pour tous et dix pour cent », comem le chantait Vian.

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8)
piotr
, le 20.09.2005 à 08:36

J’abonde dans le sens de Phfred: Darknet m’a permis de télécharger des morceaux de musique introuvables par la voie classique et ce n’est pas faute d’avoir essayé.
Tout n’est pas sur Itunes ou Amazon

Piotr

9)
Franck_Pastor
, le 20.09.2005 à 08:38

Houlala, rien qu’à voir les première réactions, on sent le topic ultra-méga-sensible…

10)
Inconnu
, le 20.09.2005 à 08:55

En ce qui concerne la poufe, je suggère d’appeler un chat un chat et une femme objet comme il se doit.
Personnellement Cuk n’étant pas le ministere de l’information mais une communaute d’individus ouverts, j’accepte volontiers ce vocable. Je deplore uniquement que le cadrage de sa photo nous ait dissimule les cicatrices de cette silly-conne.

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11)
dzo
, le 20.09.2005 à 09:27

Merci pour le lien du site de Britney Spears ;)

12)
Inconnu
, le 20.09.2005 à 10:03

Le Noir Désir est sorti hier, je crois, je vais courir l’acheter aujourd’hui. J’aime bien l’idée du CD+DVD.Celui d’Iggy Pop est remarquable mais un peu cher (29,99 pour double CD + DVD). Pour les albums simples, sans bonus, y a l’iTMS à 9,99€.

Excusez mon ignorance, mais qui est la demoiselle sur la photo? Elle a l’air, disons, « sympathique ».

13)
Inconnu
, le 20.09.2005 à 10:04

Ah, OK, c’est donc la fameuse (et sulfureuse) Britney’s Pire :)
Merci pour l’info, je me sens moins con :)

14)
Inconnu
, le 20.09.2005 à 10:13

Excellent article.
Au fond, le Darknet applique à la lettre le credo original du Web : la toile qui permet de diluer au maximum les sources d’information. Souvenez-vous des principes de base d’Arpanet : créer un réseau de communication inatteignable et indestructible ainsi que de favoriser les échanges d’informations entre individus (des universitaires à l’époque). Comme il a toujours flotté un air utopique de partage libre des ressources, favorisé par le sentiment de virtualité des actions et d’impunité derrière son ordinateur, on peut vraiment dire que le Darknet est le digne successeur de l’Internet des origines…
Je pense que le combat entre la vision idyllique d’un Internet qui apporterait un nouvel épanouissement de l’humanité et son utilisation mercantile à des fins purement financières risque de continuer longtemps. Et tant mieux…

conf. une bonne description : ETIC sur le Web


^. .^ GerFaut
=U= http://equinoxiale.com
GerFaut c’est frais, mais c’est pas grave.

15)
alec6
, le 20.09.2005 à 10:22

Mirko : silly conne ! c’est bien trouvé ! mais même gratuit je ne l’écoute pas…

Pour en revenir au sujet, l’argument du prix n’est pas suffisant pour justifier le piratage, d’une part comme le fait remarquer Piotr le réseau permet de trouver de la musique, des films ou des séries introuvables par ailleurs (et à ce propos merci aux traducteurs qui sur toutes la planète nous pondent des sous-titres de qualité pour des séries ou des films qui jamais ne seront sous titrés et a fortiori doublés), d’autre part il permet aux « collectionneurs/consommateurs » de se constituer des bibliothèques de Babel de tout ce qu’on voudra simplement pour le plaisir de posséder et d’empiler CD sur CD… En d’autres termes si le seul moyen d’obtenir ces contenus était légal et payant, la consommation serait bcp moins importante.
Le manque à gagner n’est donc pas à la hauteur du piratage.

Ha ! j’oubliais, très bon article Olivier !

Alexis… tous les défauts !

16)
JMeng
, le 20.09.2005 à 11:47

Le prix n’explique pas le piratage, c’est vrai. Je pencherai pour une certaine culture du gratuit, une déviation issue de l’habitude des coups marketing qui cassent les prix, qui proposent la clim pour 1 euro seulement, la deuxième paire gratuite, le premier versement dans trois mois, etc…

Important aussi : toutes les histoires qui circulent autour des « riches » maisons de disques, les shows grandioses des artistes. Cette richesse qui en met plein la vue rend jaloux. On se dit qu’ils ont déjà plein d’argent, alors pourquoi devrai-t-on en donner encore ? Moi je sais pourquoi, mais dans les cours des collèges, des lycées, des écoles, je ne suis pas sûr qu’ils soient suffisament matures pour comprendre…

Enfin il y a la notion d’exploit : « J’ai réussi à l’avoir gratos ! », « Y’a marqué Copy Protected, mais moi j’ai réussi à le copier, comment je les ai grugés ! »… Autant de moments qui mettent en valeur celui qui sait, celui qui réussi. La société a voulu former des compétiteurs, des gagnants, des battants. Elle a maintenant sur les bras des gens qui agissent en individus, qui ne participent pas à la société autrement qu’en marchant sur les autres, pour être le meilleur.

Après ces réflexions personnelles sur le piratage, j’aimerai ajouter une remarque sur le DRM : Si je peux écouter, alors je peux enregistrer et donc rediffuser. On trouve des films sur le darknet qui ne sont que des enregistrements vidéo d’une projection en salle. Avec le DRM, on verra apparaitre des « repiquages » audio, simple récupération du son à la sortie de la carte audio, donc dépouillé de toute information numérique telle que le DRM. C’est certainement déjà le cas, d’ailleurs.

Un site intéressant bourré de réflexions sur la musique et sa diffusion :
http://mymusic.typepad.com/

17)
Inconnu
, le 20.09.2005 à 12:22

Jmeng, j’ai lu quelque part qu’il est question de « watermaker » (d’y inclure un filigrane numérique) en temps réel dans les cinémas (quand ils seront passées en projection numérique, ce qui nous laisse du temps). Cela permettrait de remonter à la source de la copie et de forcer les propriétaires de cinéma à mieux lutter contre les enregistrements pirates.

18)
nowall
, le 20.09.2005 à 12:32

Très bon article. Je partage l’avis du chroniqueur quant à l’hypocrisie des majors.
Je ne me souviens plus des valeurs exactes, mais je sais que le pourcentage des Compilations versus Nouveaux artistes a chuté drastiquement ces dernières. Les majors arguent que c’est le fait du P2P, et les internautes qui le pratiquent arguent que c’est précisément l’inverse.

Bref je poste juste pour dire qu’à mon avis les majors ont perdus d’avance. Ils peuvent essayer de contrôler Bittorrent, ou emule, à supposer qu’ils y arrivent, un autre protocole surgira, comme se fut le cas après la mort de Napster. Et même maintenant, il existe des réseaux parallèles, plus confidentiels (KDX, Carracho etc).
Le seul moyen de TOUT contrôler serait qu’ils investissent dans un système similaire à Echelon, et encore, meme en logguant TOUT les seeders/leechers, je vois mal comment ils pourrait envoyer en procès des millions de gens.

Quant aux DRM, laissez-moi rire. ça peut protéger un temps oui, mais très vite des malins trouveront une parade (cf le DRM made in Apple sur l’ITMS, à peine sorti, qlq semaines plus tard il y avait un patch pour le supprimer). Et à l’extrême, on ne pourra jamais empêcher qqn de sortir en analogique puis reconvertir en numérique « propre »

Les majors ne peuvent que limiter les dégâts.

La seule solution viable pour eux et de proposer des artistes (je veux dire des vrais, pas des produits-paquets de lessive), de baisser leur prix.

Quelqu’un pourrait-il nous dire ce que que coute réellement un CD ou un DVD?
Je pense pas grand chose. La galette de CD qlq centimes, avec le gravage soyons gentils et montons à 2 franc. la pochette mettons 4.-, 1.- de frais de port, soyons fous et donnons 15% de droits à l’artiste… vous imaginer la marge que se fait la maison de disque?? je donne ces chiffres au pif, si vous en avez des précis je suis preneur

19)
Inconnu
, le 20.09.2005 à 12:38

Renaud, le filigranage cinématographique est loin du compte:
1) soit tu appliques une modif d’ordre steganographique sur un plan et la, elle saute a la re-compression
2) soit tu appliques une suite de modifs particulières genre: dans la frame 1232 le point de coord x,y a la couleur FF6D4A et dans la frame… et la, une subtile modif de vitesse ou de reencodage pal/ntsc (ou les framerates sont differents) viendra foutre ce truc en l’air
3) soit tu modifies les 2 mais comme de toutes facons, il faut aussi prendre en compte l’angle de vue…
Non, le truc, ce serait de faire du bon cinema, pas « du faste et du furiousse » ou du « riddickule » pour qu’on ait envie de voir ca en vrai.
Un type qui pond un screener a partir d’un bon film devrait etre paye car il fait de la pub a un film que les sceptiques iront volontiers voir ou acheter par la suite.
A la place, tu as une foultitude de couenneries genre aviator, spiderman2 ou je ne sais quoi d’autre, avec d’epouvantables acteurs comme ben affleck (il a d’ailleurs -mal- joue dans 2 de mes films favoris sans m’en oter le plaisir) et c’est la hype ou les critiques suspectes (va les lire sur imdb, tu comprendras) qui y achemine les sous de leurs spectateurs.

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20)
George Abitbol
, le 20.09.2005 à 13:31

Ceci dit, il faut bien payer pour sortir Bertrand Cantat de la taule ou il s’est retrouve… Apres avoir tabasse sa gouree, certes, mais aussi apres avoir publiquement denonce Univers-sale aux « victoires de la musique » (je me permets juste de poser une correlation… histoire de faire travailler votre imagination).

Auriez-vous la bonté de quelque peu nous expliciter la « fulgurance » de ces propos… Car si j’y comprend bien ce que je dois y comprendre, je ne peu qu’halluciner ! Car :

1. Je ne vois pas pourquoi il faudrait payer pour faire sortir Bertrand Cantat (d’une taule où, ceci dit en passant, il s’est mis tout seul…). Et payer à qui d’abord ? A la world-compagny façon Guignols de l’info ?

2. Quel rapport entre la mort de Marie Trintignant et la prise de position de Noir Désir ? Un horrible complot ourdi par Jean-Marie Messier pour faire taire le beau chevalier blanc Cantat ?

3. Quelle est la définition exacte de « gourée » ? j’ai beau chercher, je ne trouve pas…

21)
nowall
, le 20.09.2005 à 13:32

Mirko, comment oses-tu critiquer ben affleck?????
c’est tellement un grand, magnifique, extraordinaire, flamboyant.. nase ;-)

le Bernard Menez américain (à part que Ben est bien mieux payé…).

moi je dis, le P2P c’est la faute à Bernard Menez!

22)
JMeng
, le 20.09.2005 à 13:37

La société qui m’emploie a développé une technologie de reconnaissance automatique des contenus audios et vidéos. Cette technologie est utilisée depuis maintenant 5 ans pour permettre aux radios françaises d’afficher la pochette de l’artiste qu’elles diffusent sur leur player internet.

Il suffit de cinq secondes maximum pour que le morceau soit identifié. Le procédé ne repose sur aucun marquage préalable. Les données viennent enrichir une base permettant d’extraire des classements, des profils de stations, des quotas francophones, etc…

On encode ensuite ce qu’on reçoit par la voie hertzienne ou satellite, pour le diffuser via internet à travers des players accessibles depuis les sites des radios. Avec un décalage de dix secondes environ sur la diffusion hertzienne, on peut même se permettre le luxe de synchroniser l’affichage de la pochette avec le début du morceau.

Donc pas besoin de « marquage », on peut détecter directement.

Dans le cadre de la lutte contre le piratage, on a proposé aux éditeurs de contenus musicaux de mettre en place un système similaire sur les serveurs relayant internet à l’échelle mondiale. Si un fichier en transit vers un utilisateur se révèle être une oeuvre protégée, on est capable d’afficher chez l’utilisateur indélicat un pop-up lui proposant l’achat légal de la licence correspondante. Techniquement, c’est faisable, nos démonstrations fonctionnent pleinement. Mais politiquement et financièrement, c’est plus difficile. Il faudrai mettre d’accord des centaines d’acteurs tout autour de la planète…

Autre hic : pour contrecarrer ce contrôle, il suffit d’encrypter les fichiers. Un simple utilitaire ZIP le fait. Mais le but est de bloquer les téléchargements fait par les usagers qui n’y connaissent pas grand chose. Ils représentent à peu près 80% des utilisateurs et ce n’est pas rien.

Le site est moche, il date un peu et ne dit pas grand chose :
(le contenu intéressant est hélas accessible sur abonnement seulement)
http://www.yacast.fr

23)
Inconnu
, le 20.09.2005 à 13:40

Si on lit un contenu sur ordinateur, pas la peine de passer par l’analogique. Certains programmes sont capables d’aller chercher directement dans le buffer de la carte son, et donc avec une qualité sonore identique (sauf que le fichier en sortie est non comprimé, donc une recompression pourrait avoir un effet ‘désastreux’.

24)
nowall
, le 20.09.2005 à 13:59

oui. ou alors un simple Snapz Pro ou WireTap qui lit le son du Mac

25)
Dan DT
, le 20.09.2005 à 15:32

@ George

Dans ma gazette d’aujourd’hui, il est écrit que la part des bénéfices de Cantat reviendra directement aux enfants de marie Trintignant

Je peux scanner/retranscrire l’article complet si vous voulez

n’empêche que le 1/4 des bénéfs du groupe ça doit pas monter très haut :-)

26)
Jerricho
, le 20.09.2005 à 15:52

Juste un petit cri du coeur, s’adressant essentiellement à mirko (N°7) : arrêtez de faire toujours intervenir la personnalité physique derrière l’artiste… Ce sont deux personnes complétement différentes comme la personne civile de Houellebecq et le Houellebecq auteur. Pour moi, ça a été la seule façon de me sauver de mon admiration pour Cantat et Noir Désir. J’admire l’artiste et le respecte ; j’éloigne et condamne la personne physique. La personne qui dénonce Universal, c’est l’artiste. La personne qui tue sa compagne, c’est la personne civile. Il ne sert à rien de chercher des liens entre eux car il n’y en a pas. On ne comprend pas l’acte de Cantat en cherchant dans sa musique et on ne comprendra pas la musique de Cantat en cherchant dans l’histoire et la personnalité de Cantat. C’est une chimère.
Un CD de Noir Désir, c’est une oeuvre d’artistes (pour ceux qui ne voient pas de quoi je parle et ce que je veux dire, lisez l’interview instructive donnée dans le Temps de samedi dernier), c’est ça et rien d’autre. Ce qu’ensuite les majors en font, ça dépasse ce cadre. Le prix d’un CD ne touche pas l’artiste, ce n’est qu’une considération matérielle : dans 6 mois, ce même CD sera à 15 euros sur Amazon, puis 10 et en fin 5. L’oeuvre restera. Alors STP, mirko, évite de parler de coalition de Cantat, d’artiste, de major, ou je ne sais quoi (le sais-tu toi-même ? Ton post n’est pas limpide…).

27)
Inconnu
, le 20.09.2005 à 16:00

Salut Jerry
Cantat a fait de la chouette musique en tant qu’artiste, il a soufflé dans les bronches de Meissier en tant que rebelle, ce qui n’est pa pareil dans le sens ou le fait de le dire sortait de son message artistique.
Ensuite, ce qu’il a fait a Marie T. (dont je me fiche comme de ma deuxieme paire de capotes), n’est du ressort ni de l’artiste ni du politicien en herbe.
Ce qu’il appert de tout ceci c’est qu’il y a un disque bien cherot qui va sortir (et que je ne compte pas acheter ni meme douneloader vu que mes trucs, c’est plutot Police et Zappa) et que la pub en est deja faite.
En ce qui concerne mes convictions, je ne condamne ni les personnes, ni les dires: seulement les faits.
Je ne faisais que souligner une amusante coincidence.
Si tu prends ca pour un coup de gueule, c’est peut etre que la vraie vie t’ennuie en ce jour un peu gris ? ;)

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28)
Jerricho
, le 20.09.2005 à 16:01

Quelqu’un pourrait-il nous dire ce que que coute réellement un CD ou un DVD?
Je pense pas grand chose. La galette de CD qlq centimes, avec le gravage soyons gentils et montons à 2 franc. la pochette mettons 4.-, 1.- de frais de port, soyons fous et donnons 15% de droits à l’artiste… vous imaginer la marge que se fait la maison de disque?? je donne ces chiffres au pif, si vous en avez des précis je suis preneur

Steve Jobs a l’air d’avoir donné une sorte de réponse : les majors se font plus de marge sur les ventes via Itunes, donc le coût total d’un CD doit être assez important.

Le lien : ici

29)
Jerricho
, le 20.09.2005 à 16:34

Si tu prends ca pour un coup de gueule, c’est peut etre que la vraie vie t’ennuie en ce jour un peu gris ? ;)

C’est bien possible… ;-) Mais suis-je le seul morose avec les premières feuilles de l’automne ?

30)
Inconnu
, le 20.09.2005 à 16:44

Ce qui me rend morose, c’est que l’automne commence demain… theoriquement :(

@ Work || @ Home

31)
Olivier Pellerin
, le 20.09.2005 à 16:53

JMeng : quand bien même ta solution technique marcherait (1), ça ne durerait pas plus longtemps que le temps nécessaire aux développeurs d’écrire un patch pour crypter les échanges…
Mais il y a une chose qui me gêne beaucoup plus : c’est cette idée qu’un logiciel « écoute » ce qui passe sur internet. Ca ne vous gêne pas, vous, qu’on ne respecte pas le secret de la correspondance, même électronique, même si cette intrusion n’est que logicielle ? Je sais, je sais… Vous aller me dire « Échelon » ! Mais Échelon, c’est pas un abus ?

(1) N’oublie pas que les fichiers transitent par paquets, dans le désordre, et par différents chemins. Il faudrait donc, pour avoir la certitude que c’est un MP3 ou un AVI illégal, que le logiciel soit situé sur les serveurs des FAI, des universités, des entreprises…

32)
JMeng
, le 20.09.2005 à 17:59

La popularité croissante de Bit Torrent et de son mode de transfert « découpé » a certainement été pour quelque chose dans le fait que ce projet n’est pas allé plus loin que la démo. Il y a deux ou trois ans, les fichiers transférés d’un seul bloc étaient plus fréquents. Les temps changent…

A propos du respect de la vie privée, ce type de système ne cherche que ce qu’on lui demande de chercher. On travaillait ainsi sur une liste assez courtes d’oeuvres, essentiellement des nouveautés.

Pour Echellon, c’est différent. Je pense qu’ils collectent tout ce qui contient au moins un mot-clé « sensible » et qu’ils ne regardent que ce qui en contient plusieurs. Sinon, ce sont des millions de messages qui s’agiteraient en couinant « je dois être écouté pour vérification ! ».

Nous stockons la musique et les publicités depuis quatre et trois ans respectivement. Notre base de donnée dépasse déjà plusieurs téra-octets. Cela concerne à ce jour 16 radios et 26 télévisions (avec la TNT, le cable et les satellites), 24h/24.

Je n’ose pas imaginer l’unité de mesure permettant d’évaluer l’espace de stockage d’un système comme Echellon, qui mémoriserai à l’échelle de la planète. On rejoint l’idée reprise dans l’humeur : comment attaquer en justice des millions de personnes en même temps ?

La masse protège l’individu…
Sauf celui qui servira d’exemple…

33)
dzo
, le 20.09.2005 à 18:09

Le marquage des copies 35mm existe depuis une dizaine d’années. Il s’agit du numéro de la copie encodé dans une sorte de symbole formé de petits points (ouai, ok c’est pas super clair dit comme ça). Chaque bobine (un film en contient en moyenne 5) contient 2-3 images marquées. Comme le film avance à 24 images par seconde, notre oeil ne perçoit normalement pas le marquage, même si certaines personnes comme moi arrive à le voir (surtout depuis que les symboles sont rouge).

34)
Dan DT
, le 20.09.2005 à 18:25

@ Aridon

Pourquoi se casser la tête, je connecte mon enregistreur DAT en optique sur mon lecteur de salon ou la sortir optique de mon G5 et rulez ;-)
Jamais eu d’échec :-))

35)
carabas
, le 21.09.2005 à 23:48

Pour revenir au début de ces réactions: je ne vois pas en quoi le fait d’appeler les choses par leur nom constitue un « dérapage »…

36)
VRic
, le 24.09.2005 à 00:35

Steve Jobs a l’air d’avoir donné une sorte de réponse : les majors se font plus de marge sur les ventes via Itunes, donc le coût total d’un CD doit être assez important.

Ben non. Ça ne dit rien sur le coût d’un CD: pour l’éditeur le coût de fabrication d’un objet est non-nul alors que celui d’une vente dématérialisée est nul, voilà tout.

Quel que soit le montant de la vente, la marge sur un coût nul est infinie, donc forcément supérieure au cas du CD. Dans une vente dématérialisée, il ne reste qu’un coût d’infrastructure de distribution indépendant de chaque vente éventuelle et de plus reporté sur un intermédiaire.

Quand bien même le distributeur facturerait ses frais d’infrastructure séparément de sa « part », ces frais ne seraient pas non plus engagés par l’éditeur, juste « déduits » des ventes, et ne changent donc pas le calcul: la marge des éditeurs sur l’ITMS est probablement de 100% en termes de distribution (c’est-à-dire après frais de « production » au sens shobiz, qui eux ne dépendent pas des ventes puisqu’ils sont évidemment réalisés avant que le produit puisse exister: une fois le contenu « produit », chaque exemplaire physique continue à coûter de l’argent à fabriquer, y compris les invendus de Montréal pendant rupture de stock à Tourcoing).

C’est précisément la raison pour laquelle le modèle obsolète de vente de supports physiques au lieu des données qu’ils contiennent disparaîtra quand ces ânes auront enfin réalisé que ce n’est qu’un immense gaspillage d’énergie, de matières premières, de temps, d’efforts, et évidemment d’argent. En plus d’être l’unique cause de la « disparition » des contenus anciens et des innombrables ventes ratées qu’ils représentent.

Même l’éventuel financement des nouveaux circuits de distribution par les éditeurs n’est pas un coût mais une économie, toutes les industries qui « intègrent » la distribution (comme le pétrole) le faisant par profit, l’alternative étant de payer des intermédiaires.

Concernant le coût des CD pressés, lorsque j’en ai eu besoin il y a 3 ans c’était de l’ordre de 2 € HT par exemplaire avec boîtier cartonné imprimé en quadri et CD imprimé en bichro, pour une petite série de 1000 (dégressif selon quantité et certainement encore plus bas pour les maisons de disques, surtout si elles le font sans intermédiaire comme les gros éditeurs de livres et périodiques).