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Locarno fait son cinéma (2)

Au fond, je m’étais dit que cette deuxième chronique (vous pouvez lire la première ici) sur le festival du film de Locarno serait consacrée aux films suisses. Mais rien à faire: le point fort de ce festival reste, me semble-t-il, le thème “Newsfront”, c’est-à-dire la rétrospective sur le journalisme et les journalistes, et surtout le prolongement de la rétrospective jusque dans l’actualité. Je vais donc vous parler des films sur les journalistes que j’ai particulièrement aimés. Il faut croire que je n’étais pas la seule enthousiaste, car pour beaucoup de ces films, il a fallu faire des séances supplémentaires afin que tous les intéressés puissent les voir.

Kongekabale (Échec au roi)

Je commencerai par un film de fiction:Kongekabale, qu’on peut traduire par “Échec au roi” du Danois Nikolaj Arcel. Le mot fiction est en fait à prendre avec des pincettes, car on apprend vite que ce film est basé sur un roman de Nils Krause-Kjaer. Cet écrivain danois a écrit son livre peu après avoir quitté son job de responsable des relations publiques du Parti conservateur danois, qui était alors déchiré par un conflit féroce de pouvoir entre les différentes ailes du parti.

Le film montre ce dont sont capables des politiciens qui veulent le pouvoir à tout prix: leur première victime est la femme qui ferait le meilleur des premiers ministres. Ces messieurs n’en veulent pas, et leurs porte-parole organisent une campagne dont les arguments sont inventés de toutes pièces: le mari de la dame aurait détourné des fonds destinés à un hôpital au Cambodge. Le mari est à tel point persécuté qu’il se suicide, après quoi tout le monde admet qu’il était innocent.

Un journaliste, débutant bientôt lâché par sa rédaction, est le seul à vouloir découvrir la vérité. Je ne vous raconterai pas la fin, et comment le journaliste venge le pauvre suicidé, c’est magnifique. Le journaliste est le personnage central du film.

Il illustre magnifiquement ce que disait un des vrais journalistes présents au festival, Robert Fisk, un Anglais grâce auquel nous savons des choses sur la guerre en Irak que nous ignorerions sans lui – depuis 18 mois il est à Bagdad, en première ligne:“On ne peut pas considérer le journalisme comme n’importe quel job, employé de banque ou conducteur de bus par exemple. Il faut qu’à l’instar des professions médicales il y ait une part de vocation. Etre journaliste, avoir la chance de voir les choses, et n’être qu’un valet du pouvoir, ce n’est pas seulement scandaleux, c’est incompréhensible.”

How Arnold won the West (Comment Arnold a conquis l’Ouest)

Ce n’est pas précisément un film sur les journalistes, mais en même temps c’en est un: il raconte comment un illettré politique devient gouverneur d’un des plus grands états du monde (la Californie) à la suite d’une véritable conspiration. Et comment, bien que ce soit plutôt à l’arrière-plan, la presse est en partie sa complice. Il faut voir ces conférences de presse où à toutes les questions, Schwarzenegger a une réponse toute prête. Bien que le mot ne soit pas prononcé, le spectateur constate à quel point tout le processus de destitution du gouverneur élu par le scrutin populaire, et son remplacement par un homme qui, en aucun cas ne pourra faire mieux que lui, est antidémocratique. On assiste à une véritable dérive: la tête de l’élu ne vous plaît pas, on le remplace par un autre qui sait s’y prendre avec les écrans, mais ne connaît rien à la politique. On constate aujourd’hui que M. Schwarzenegger n’avait pas de solution miracle, et que les problèmes qui ont suscité le mécontentement populaire sont toujours là. Ce que le film montre aussi, c’est que l’élection d’Arnold S. a été obtenue avec beaucoup, beaucoup d’argent. La démocratie, dans tout ça, était bien anémique.

Control Room

J’ai déjà dit deux mots sur ce film dans ma première chronique, mais à ce moment-là il n’avait pas encore été projeté, donc je ne l’avais pas vu. Depuis, je l’ai vu deux fois et j’ai discuté avec sa réalisatrice.

Il s’agit d’un documentaire tourné à Doha, au Qatar, où étaient basées toutes les agences de presse et où se trouvait le quartier général américain (CentCom) pendant la conquête de l’Irak par les Américains.

La réalisatrice est mi-égyptienne, mi-américaine, c’est-à-dire à l’aise dans les deux mondes.

Elle donne à voir ce que les Américains n’ont jamais vu: comment fonctionne la chaîne TV Al-Jazeera, qualifiée par eux de “Porte-parole de Osama ben Laden” ou de “TV des Talibans”.

Les journalistes arabes sont confrontés aux journalistes américains et européens, ainsi qu’au porte-parole de l’armée américaine, un lieutenant intelligent et sensible: plus le temps passe, plus il se pose de questions. La réalisatrice le suit, lui aussi, pas à pas.

Al-Jazeera ne fait pas semblant, comment tant de chaînes le prétendent, d’être “impartiale et juste”. Elle prend parti (tout comme, en dépit de leurs affirmations, l’ont fait, de l’autre côté, les chaînes américaines). Elle soulève des problèmes du genre:“Pour finir, il va falloir trouver une solution qui ne prétende pas soumettre quelqu’un à coups de bombes: démocratisez-vous, ou on vous tue. Qu’est-ce qu’on est censé faire, après cela? Dire: oui, merci?”

On s’aperçoit vite que les journalistes arabes font leur job comme tous les autres. Porte-parole d’Osama ben Laden? Pas du tout: “Nous recevons plusieurs cassettes par semaine de l’entourage de ben Laden. Nous les vérifions toutes pour leur authenticité, et si elles sont authentiques, nous ne diffusons que ce qui est politique – vous devriez entendre les prêches qu’on nous envoie. Nous diffusons des fragments tout comme la TV américaine diffuse des fragments de ce que disent des personnes qui intéressent l’opinion publique.”

Ce qui ressort bien de ce film, c’est l’exceptionnel événement que représente pour le Moyen-Orient la simple existence de cette chaîne TV: elle ne prend d’ordres de personne, n’accepte aucune censure. Et parce qu’elle a dit aux téléspectateurs de tous les pays arabes des choses qu’ils n’avaient jamais entendues, parce qu’elle les informe, elle est mal vue aussi des dirigeants dictatoriaux d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient.

“Les Américains nous traitent de vendus à Osama ben Laden, les pays arabes nous reprochent d’être vendus aux Américains: il faut croire que nous faisons quelque chose de juste, sinon tout le monde se ficherait de nous,” dit Hassan Ibrahim, journaliste politique britannico-soudanais, un des animateurs de la chaîne. Lui aussi, connaît les deux mondes (il a longtemps travaillé à la BBC). Et il le dit clairement:“Ne faisons pas semblant, l’objectivité, ça n’existe pas. On a toujours un point de vue.” Reconnaître cela, c’est sans doute une des meilleures garanties qu’un journaliste puisse offrir au public: oui, il a un point de vue. Et il le montre, pour que chacun puisse faire la part des choses et juger pour soi-même.

The Hunting of the President (La chasse au président)

 

Le président qu’on pourchasse, c’est Bill Clinton.

Ce film, venant après celui sur Arnold Schwarzenegger et sa campagne de Californie, donne à réfléchir. Nous vivons une époque étrange. Non seulement on change le gouverneur d’un État sur un mouvement d’humeur, non seulement on triche aux urnes au point que finalement, celui qui se retrouve à la tête du pays, c’est celui qui avait 500'000 voix de MOINS que l’autre. The Hunting of the President va plus loin: il y a eu une conspiration qui date d’AVANT son élection pour que Bill Clinton ne devienne pas président, et une fois qu’il l’est tout de même devenu, pour faire en sorte qu’il ne le reste pas. Les Républicains étaient à la Maison Blanche depuis si longtemps, qu’ils ne voulaient pas la lâcher. Leur projet, était et reste, en somme, de confisquer la démocratie à leur profit. Ils étaient et sont toujours (avec John Kerry) prêts à tout pour cela. On a accusé les Clinton de tout: la plupart des bruits d’aventures sexuelles n’étaient que du vent, mais on a aussi prétendu qu’ils s’étaient rendus coupables de malversations financières, on les a même accusés de meurtre. Hillary Clinton a dit un jour qu’ils avaient été victimes d’une conspiration, et tout le monde s’était écrié qu’elle était parano. The Hunting of the President documente précisément cette conspiration, financée à coups de millions par la droite dure.

Une enquête qui a duré trois ans et coûté 50 millions de dollars n’a rien révélé à la charge du Président, sinon une aventure fugace avec une stagiaire. Ce qu’on ne souligne jamais assez, c’est que pendant tout ce temps Bill Clinton est resté un homme d’État.

J’ai lu le livre de Richard Clarke “Against all Enemies” (il doit avoir paru en français entre-temps) sur la guerre au terrorisme avant et après George Bush: ce n’est pas pour ça que le livre est écrit, mais le portrait de Bill Clinton qui se dégage en filigrane, et que le film confirme, c’est celui d’un homme qui s’informe, d’un véritable serviteur de l’État, qui ne travaille pas premièrement à son enrichissement personnel et qui se fait des ennemis parce qu’il refuse d’opérer selon le principe du favoritisme des copains.

Je sais qu’ici je vais faire gueuler tous les antiaméricains viscéraux. De faire ces constatations, ce n’est pas dire qu’on est d’accord sur la manière dont cet homme-là a servi l’État. Mais il reste néanmoins important de voir que tout a été entrepris par ceux qui sont au gouvernement aujourd’hui, pour que des hommes désintéressés sur le plan personnel (Al Gore l’était sans aucun doute aussi) ne tiennent pas les rênes du pays – avec eux, c’est certain, il n’y aurait pas eu de guerre en Irak.

Le bilan

C’est là le grand mérite du Festival de Locarno 2004: il a permis des réflexions de ce genre, et de nombreux débats. Plusieurs tables rondes, autour desquelles se sont assises des sommités du journalisme mondial, ont prolongé le cinéma et permis la discussion. Et contrairement à ce qu’on pense souvent, films et débats ont permis de constater qu’on ne peut pas dire des journalistes:“Tous pourris” (comme le font certains commentaires à ma première humeur de Locarno). Il y a ceux qui ont la vocation, et ceux qui sont prêts à tout pour s’enrichir. C’est grâce à ceux qui se donnent à fond que l’on finit par savoir ce que les gouvernements veulent nous cacher. Carl Bernstein, le célèbre journaliste du Washington Post dont le travail acharné a exposé les mensonges du président Nixon et l’a forcé à la démission mettait en garde:“Il ne faut pas condamner le messager parce qu’il amène un message qu’on n’aime pas. Il faut changer le message, et chaque citoyen a ce pouvoir-là, avec son bulletin de vote.”

10 commentaires
1)
ToTheEnd
, le 17.08.2004 à 01:43

[Ce qui suit n’est que mon avis et rien d’autre… Il n’a même pas la prétention d’apporter une solution, tout au plus un constat. J’espère qu’il ne fâchera personne. Ok?]

Héhéhéhé… je me sens un peu visé dans le dernier paragraphe (que très légèrement, je veux pas faire de parano)…

Sans vouloir faire de polémique, Bernstein travaille aujourd’hui pour le USA Today, un journal qui n’a pas tellement remis en question la politique de Bush et de ses acolytes ces 4 dernières années… (Bernstein exprime souvent ses convictions, mais pas forcément dans le journal dans lequel il travaille… cherchez l’erreur).

Bien sûr, aujourd’hui à la veille des élections, tout le monde s’excite là-bas et même des journaux comme le Washington Post (pro républicains jusqu’à la mort) ont fait leur mea culpa le 12 août dernier vis-à-vis de la façon dont ils ont traité les informations « sponsorisées » par Bush & Co.

On ne sait jamais, dans 3 mois il risque d’y avoir de gros changements à la maison du Texas (heu, je voulais dire blanche).

Le fait est qu’il y a encore 1 an, 72% des ricains pensaient qu’il y avait un lien entre Hussein et les attentats de septembre 2001… il sont encore plus de 50% aujourd’hui… encore un fois, il faut chercher l’erreur. Je sais que le ricain à un niveau intellectuel bas à force de manger des burgers, mais pour arriver à convaincre autant de gens, il faut quand même bien biaiser l’information ou je me trompe?

En conclusion, ce festival de Locarno a peut-être permis à beaucoup de journalistes de se gargariser entre eux… Mais pour ce qui est d’apporter un changement dans la façon dont l’information est traitée et diffusée aujourd’hui, je pense qu’on est encore loin du compte.

Si on doit commencer à regarder 4 films par année pour avoir une autre vision de l’actualité et bien je ne trouve pas qu’on est sur la bonne voie.

Journalisme: repose en paix. Cinéma: oui, avec des Popcorn et du Coca, merci.

T

2)
Franck_Pastor
, le 17.08.2004 à 07:00

Il n’y a pas qu’aux Etats-Unis que la plupart des gens votent pour celui qui présente le mieux, qui passe le mieux à la téloche, qui parle le mieux. Le programme ? Ils s’en foutent. Si les médias y sont effectivement pour quelque chose, le public est aussi largement demandeur, à mon avis.

Franck (un peu désabusé)

3)
François Cuneo
, le 17.08.2004 à 08:52

Hihi, l’administration Bush qui met en doute ce matin la légitimité du référendum au Venezuela!

Il y en a qui n’ont pas peur du ridicule!!

4)
marcsublet
, le 17.08.2004 à 12:42

Hihi, l’administration Bush qui met en doute ce matin la légitimité du référendum au Venezuela!

Il y en a qui n’ont pas peur du ridicule!!

C’est pas du ridicule, c’est du foutage de gueule ! Y’en a marre de ce c***ard hyper-libéral et qui est prêt à tout pour s’enrichir lui et ses potes actifs dans le pétrole, les armes et le pharma…

shub

5)
al1
, le 17.08.2004 à 14:24

« celui qui se retrouve à la tête du pays, c’est celui qui avait 500’000 voix de MOINS que l’autre »

C’est pas pour polémiquer, on a tous en gros le même point de vue sur Bush, on sait que c’est un enfoiré, un tricheur qui n’aurait jamais dû être président, mais ce chiffre, il vient d’où ? Comment peut-on savoir, si 500 000 voix n’ont pas été prises en compte, pour qui ils auraient voté ? Vous direz que je chipote, mais je trouve important de donner des arguments à peu près irréprochables, sinon c’est anti-productif. Mais peut-être que je suis pas au courant, merci de ne pas me laisser mourir idiot ! ;o)

Deuxième remarque, je suis d’accord avec TTE, « Si on doit commencer à regarder 4 films par année pour avoir une autre vision de l’actualité et bien je ne trouve pas qu’on est sur la bonne voie »

Le vrai journalisme n’est jamais au 20h, y’a trop de monde qui regarde.

Troisième remarque, les vacances étaient trop courtes, mais c’est pas de votre faute !

6)
Franck_Pastor
, le 17.08.2004 à 14:34

al1, sur le total du nombre de voix prises en compte, en Floride comme ailleurs, Bush avait quand même 500 000 voix de moins que Gore, malgré les magouilles de son frère en Floride. Mais il a été élu quand même président, car les électeurs n’élisent pas directement leur président : en fait, les électeurs américains élisent un certain nombre de « grands électeurs » par Etat, et ce sont ces « Grands Electeurs » qui élisent le président.

Et il faut savoir que le nombre de Grands Electeurs dans un Etat n’est pas forcément proportionnel à la population de cet Etat !

Ainsi il peut y avoir une majorité de grands électeurs républicains, sans qu’il y ait une majorité d’électeurs républicains… Et Bush a été élu ainsi. Comme le démocrate Kennedy lui-même d’ailleurs en son temps, alors qu’il avait moins de voix que son rival d’alors, un certain Nixon…

7)
marcsublet
, le 17.08.2004 à 15:25

En gros le système américain est archaïque et démodé (50.1% des voix = 100% des voix des grands élécteurs), ils feraient mieux de voter à la proportionnelle…

Mais on ne touche pas aux traditions !!! Comme par exemple la Constitution… ils ne modifient pas les amendements, mais ils en rajoutent…

shub

8)
Anne Cuneo
, le 17.08.2004 à 18:49

Bien sûr, TotheEnd, que c’est à toi que je pensais, dans la mesure où tu avais déjà exprimé ta désapprobation le plus clairement de tous.
Je suis désolée de devoir te dire que je trouve ce que tu dis cette fois-ci encore plus à côté de la plaque. Il y a des journalistes à la botte, et il y en a qui ne le sont pas. Ce n’est pas si difficile de les repérer si on accepte de poser sur le monde un oeil qui n’est pas systématiquement négatif et désabusé.
Mais ce n’est pas ici que je vais polémiquer. Des arguments comme les tiens ne donnent pas envie de discuter.
Je voudrais simplement rappeler que quels que soient les manquements de la presse, des centaines de journalistes sont en prison à travers le monde pour avoir dépeint la réalité toute crue, et que des dizaines d’entre eux (journalistes et cameramen) sont morts en service ces derniers temps.
Al1: le chiffre de 500’000 résulte du comptage exact des voix données à chacun des candidats qui a été fait après les élections: c’est l’obstination de journalistes (hem) qui a permis ce recomptage, que l’administration Bush a tout fait pour empêcher. Le film de Michael More (encore un journaliste!) Farenheit 9/11 explique bien comment le tour de passe passe a été exécuté. En plus, il y a la manière de faire, bien expliquée par Franck.

Anne

9)
ToTheEnd
, le 17.08.2004 à 22:21

Mmmhh… J’ai du bien mal m’exprimer si d’une part mes arguments ne donnent pas envie de discuter et de l’autre qu’ils sont à côtés de la plaque…

Franchement, je ne pense pas être aussi négatif et désabusé… Le fait est que le monde journalistique dans son ensemble influence de plus en plus de gens sans se soucier de sa source, des conséquences et des influences.

Dans mes remarques, je ne dis pas qu’ils sont TOUS pourris. Au contraire, je fais remarquer que s’il faut aller voir le film de quelques-uns par année, ça ne va pas contre balancer tout ce qu’on reçoit à longueur de journée dans la gueule et ce, sur toute l’année…

Ce qui me fait halluciner, c’est qu’on est tous témoin de cette dérive, y compris les journalistes, mais on se laisse aller et on ne fait rien. On fait juste remarquer qu’il y a quand même de la résistance…

J’aimerais faire un parallèle avec un autre monde: la médecine. Qu’est-ce que les gens penseraient ou diraient si, petit à petit, il y avait de plus en plus d’erreurs de la part des médecins? Que de plus en plus de diagnostiques étaient faux? Si les médecins communiquaient des résultats aux malades sans les avoirs vus? Etc, etc. Est-ce qu’on resterait là, au bord de la route à dire: « Oui, mais certains sauvent des gens et risquent leur vie à la guerre. » Et alors? Il faudrait tous aller à la guerre pour se faire bien soigner?

Je n’ai pas d’ami médecin et pas franchement d’intérêts dans cette profession qui connaît elle aussi, parfois, des dérives. Toutefois, cette profession a eu le courage de se donner un cadre dans lequel elle évolue et j’aimerais en reproduire une simple phrase ici: « L’Ordre des Médecins veille au maintien des principes de moralité, de probité, de compétence et de dévouement indispensables à l’exercice de la médecine et à l’observation, par tous ses membres, des devoirs professionnels ainsi que des règles édictées par le Code de Déontologie prévu à l’Article L. 4127-1 du présent titre. »

Je ne dis pas qu’il n’y a pas de brebis galleuses chez les médecins, néanmoins, ils ont un cadre qui définit assez bien ce qu’ils ont le droit de faire ou non. C’est au moins une base, même si aujourd’hui, après 150 ans d’existence, elle a peut-être du plomb dans l’aile.

Il paraît que le président Lula (Brésil) a donné son aval à un projet de loi qui devrait permettre la création d’un conseil fédéral de journalisme. Réaction des journaleux? Le gouvernement veut « orienter, discipliner et fiscaliser la profession ».

Bien sûr, Lula est le nouveau Hitler dans la région et il veut mettre un peu d’ordre via son « ministère de la propagande » dans une profession qui a déjà perdu tout contrôle sur elle-même depuis belle lurette.

Pour moi c’est simple (et c’est le moment de conclure), je suis désolé que certains journalistes soient emprisonnés ou tués pour nous rapporter de l’information dans notre fauteuil. Je le suis encore plus que tant que le journalisme ne se remettra pas en cause, il n’obtiendra pas le soutien du public qui bouffe tout et n’importe quoi chaque jour via sa télé, journal et radio.

Tant que le monde restera aveugle, nous ne sauverons personne.

T

10)
Inconnu
, le 20.08.2004 à 09:17

TTE, on peut caricaturer grand nombre de professions, des politiciens (pas un vrai métier, je vous l’accorde) aux garagistes en passant par les avocats et les journalistes, mêmes les vendeurs de micro informatique. Dans l’ensemble, les gens font bien leur boulot, avec déontologie. Il y a des brebis galeuses, nous en avons déja parlé concernant les journalistes (métier que je connais bien, mes parents et grand parents l’ayant exercé pendant 4 décennies).

Les remises en question se font, et pour les journalistes, la nouvelle guerre du Golfe a été l’occasion de remettre un tant soit peu les choses à plat. En France, le livre sur le journal Le Monde a secoué ce petit monde, même s’il n’a pas pour autant réglé les problèmes. Quand tu regardes avec objectivité la situation des journalistes depuis l’aprés-guerre, ils ont gagné la crédibilité et le « droit » de critiquer le gouvernement en place, chose qui n’était même pas pensable à une autre époque. Les journalistes ont pris conscience de leurs devoirs, de leurs pouvoirs, de leurs responsabilités, même si le grand public n’en est pas toujours conscient. Par ailleurs, je fais la part des choses entre les journalistes TV et ceux de la presse écrite, dans laquelle il y a plus de pluralité et moins de besoin de « paraître ».