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Partir…

Partir…

Ah, partir, larguer les amarres, quitter ce monde de brute pour une vie plus proche des vraies valeurs… Qui n’a pas rêvé, au moins une fois dans sa vie, de tout lâcher pour un autrement et ailleurs ? Les réponses apportées à cette envie sont diverses et on peut en citer trois :

1) L’année sabbatique, qui permet en fin de parcours de retrouver sa vie d’avant, mais en étant ressourcé.

2) Le départ définitif, qui peut connaître de belles réussites, mais aussi de cuisants échecs.

3) L’alternance entre deux activités, que passablement de gens pratiquent avec plus ou moins de bonheur.

Ah, partir...

Ah, partir...

Mais pourquoi chercher un autrement ?

Même si on a une vie professionnelle gratifiante, il y a quand même ce fait que notre société est organisée de façon mécanique, avec des horaires précis plus un rendement à fournir et à maintenir pour chaque individu. Le problème, c’est que nous sommes des êtres biologiques qui avons nos périodes de performances et nos périodes de contre-performances. Notre nature humaine ne s’accommode que très moyennement aux emplois du temps carrés. De plus, la rationalisation de la société fait que nous perdons bon nombre de repères dits « naturels ». Le chauffage, la climatisation, les ampoules électriques, la montre, les transports mécaniques ou encore internet nous font perdre nos rapports aux distances, au temps ou au climat. Cette distanciation vis-à-vis des éléments naturels finit par nous troubler. Autre point : le rapport aux choses et à l’argent devient de plus en plus difficile. Comment savoir ce qui nous est vraiment utile ou non pour notre bien-être personnel ? Exemple d’une question qui pourrait être posée sur Cuk : est-il raisonnable que je m’offre le nouvel iPhone 6 ? La réponse n’est pas simple et entraînerait certainement de nombreux commentaires, l’autre manière de poser la question étant ici : cet appareil est-il absolument utile pour augmenter ma qualité de vie ?

Pourquoi je vis maintenant un tiers de mon temps ailleurs

Partir quatre mois et plus en mer, sur un voilier et vivre le reste du temps à terre, en continuant dans nos professions respectives, c’est le choix que nous avons conclu avec mon épouse. Il nous a fallu deux ans pour organiser cette nouvelle existence et nous avons maintenant deux ans de recul sur ce projet mené à bien. Il ne s’agit aucunement pour nous d’une fuite, car nous aimons bien notre activité terrestre, mais c’est devenu un complément indispensable pour nous permettre de nous recentrer sur certaines valeurs. La mer à ceci de particulier qu’elle fonctionne avec deux horloges : le cycle du soleil, donc du jour et de la nuit et le cycle de la lune, qui conditionne les courants et marées. De plus, vivre sur un bateau oblige à ne consommer que l’énergie que l’on produit (par un panneau solaire par exemple). Le faible espace habitable interdit tout objet qui n’est pas indispensable à la vie à bord. C’est donc une sérieuse remise en question par rapport à nos habitudes terrestres. Et ça fait du bien!

Et alors, ça mène à quoi tout ça ?

Il ne s’agit pas de proclamer ici une nouvelle révolution, mais juste de permettre la réflexion pour chacun. De mon côté, je ne crache pas sur un système qui m’a permis de m’acheter un voilier, c’est-à-dire un objet particulièrement onéreux. Mais à partir de là, je me rends compte que d’avoir volontairement diminué nos temps de travail rémunérés pour accéder à une vie plus simple est un plus indiscutable. Je précise cependant que ce choix et commun à celui de bien d’autres personnes que j’ai pu rencontrer : il s’est fait après une carrière gratifiante et bien remplie et après avoir fondé et élevé une famille. L’espérance de vie est aujourd’hui bien supérieure à celle de nos aïeux. Elle permet donc de mener plusieurs types d’existences. C’est notre rôle de les remplis le plus intelligemment possible.

Complément à l’Humeur

La vie que nous menons aujourd’hui, avec mon épouse, occasionne des questions pour lesquelles nous n’avons pas encore toutes les réponses. C’est pour cela que nous sommes sur un projet de film appelé «Boat Movie» et dont vous trouverez les explications ici.

D’autre part, les commentaires sont là pour vous permettre de vous exprimer librement sur votre désir d’un ailleurs, ou sur le fait de vous enfoncer profondément dans vos pantoufles, ou encore pour justifier une carrière menée tambour battant, à moins que vous ne préfériez faire l’apologie de l’iPhone 6 comme accessoire indispensable à une bonne qualité de vie!

 

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Un lieu mythique pour tout marin, le Raz de Sein

15 commentaires
1)
Lebarron
, le 12.01.2015 à 00:33

Moi je n’aime pas l’eau, c’est donc un petit village reculé en montagne qui me sert de refuge et de contacts retrouvés avec la nature.

2)
ToTheEnd
, le 12.01.2015 à 00:33

Je confirme que « partir » a souvent fait partie de mes rêves… Et parfois, pour un temps, je l’ai fait. Je pense que je le ferai encore…

Ceci dit, mon iPhone 6 participe à ma qualité de vie. Il m’aide dans des tâches professionnelles mais aussi sur le plan privé pour plein de choses… Et puis je peux le laisser de côté pendant des heures comme cet après midi et ne pas m’en préoccuper… Bref, ce n’est qu’un outil… Un peu « précieux » mais un outil;-)

T

3)
Diego
, le 12.01.2015 à 09:09

Comment ? Utiliser le moyen le plus chez et le moins confortable pour aller d’un point A à un point B, et qui plus est en ne s’intéressant ni au point A, ni au point B, mais uniquement à l’espace et au temps qui les sépare ? Est-ce bien raisonnable ?
Non bien sûr, mais le raisonnable manque d’émotion ?

Sinon, je réfléchis à un truc intelligent à dire, mais ça me vient pas spontanément :-(

[mode JeMeLaPetememeSansQobuz]
La mer elle m’a pris, je m’en souviens, c’était pas un lundi. C’était en apercevant les Needles, sur l’ile de Wight, au lever du soleil d’une nuit de grande marée où, folie de jeunesse, j’avais opté pour la route du raz Blanchard. Ce n’était ni ma première traversée, ni mon premier voyage, mais c’est celle-là. Ni la traversée du Victoria Harbour, ni le passage sous le Golden Gate, ni même l’atterrissage à Horta, qui pourtant est immanquablement chargé d’émotion.
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Mais partir, ça peut aussi être de bonnes chaussures et un sac à dos, et François en connait un qui est en plein dedans. Ça peut être un camping car, sorte de bateau sur roues qui fait plus de bruit mais reste stable au mouillage.

En ce qui me concerne, c’est d’abord rencontrer des gens qu’on n’aurait pas pu approcher « de chez nous », c’est voir des choses qui mettent en perspective ce qu’on a sous nos yeux tous les jours, c’est s’émerveiller de moments qu’on sent instantanément comme uniques, bref c’est indispensable et ça devrait être obligatoire.

Un dernier mot : Je te remercie Roger de ne pas avoir utilisé le mot aventure. Les seuls à mon sens qui méritent ce terme sont un autre type de voyageurs, au autre type de gens qui partent, et dont on ne veut pas chez nous. Les prétendus aventuriers qui peuplent nos journaux et nos 20h sont des nantis qui s’ennuient, ça n’a rien a voir.

4)
Argos
, le 12.01.2015 à 09:34

Je suis parti en 2000 après plusieurs missions à l’étranger. A la fin de la dernière, dans le Caucase, j’ai décidé de rester. Pourtant c’était chaotique. Insécurité galopante, électricité deux heures par jours en hiver, restrictions nombreuses. Mais une chaleur chez les habitants, de vraies relations humaines, une vie parfaitement libre et des marchés où la qualité des produits est incomparable, où les tomates sont parfumées, où tout a du goût. J’ai donc acheté une belle maison sur la colline au dixième du prix helvétique.

Depuis, beaucoup a changé, les rues le soir sont plus sûres qu’à Genève, et certains traits commencent à ressembler à l’Europe.

Ce qui a contribué à mon choix, c’est internet. Pouvoir communiquer en direct avec mes amis, recevoir instantanément toutes les informations, lire Libération chaque matin en mangeant les croissants produits juste un peu plus bas par la boulangerie française, écouter France musique, télécharger Callas remastered en 24 bits.

Et la Suisse, finalement, n’est qu’à quelques heures d’avion…

5)
Roger Baudet
, le 12.01.2015 à 10:49

Que voilà déjà de beaux exemples!
En effet, pas besoin de forcément se mouiller les pieds pour vivre un « autrement ».
Par contre, ce qui se confirme ci-dessus, c’est bien parce que les techniques de communication ont évolué qu’il est plus facilement possible d’aller voir ailleurs.

6)
Diego
, le 12.01.2015 à 13:31

Par contre, ce qui se confirme ci-dessus, c’est bien parce que les techniques de communication ont évolué qu’il est plus facilement possible d’aller voir ailleurs.

C’est par contre politiquement de plus en plus compliqué.

Exemple : Le saviez-tu ?
En Turquie, toute carte SIM émise par une un opérateur non turc présente sur les réseaux turcs pendant plus de 3 mois est désactivée. C’est beau non ?

7)
ToTheEnd
, le 12.01.2015 à 13:35

En Turquie, toute carte SIM émise par une un opérateur non turque présente sur les réseaux turques pendant plus de 3 mois est désactivée. C’est beau non ?

Ouais… le fait que ce pays ait des frontières au contact de la Syrie et Irak n’est pas totalement étranger à cette mesure.

T

8)
Diego
, le 12.01.2015 à 13:58

@TTE : c’était déjà le cas à l’époque où Bashar était fréquentable et où l’Irak, c’était les gentils et l’Iran les méchants …

Je crois que ça a plutôt à voir avec le fait que les services de renseignement turcs doivent avoir de la peine à obtenir les coordonnées d’un abonné de la part de leurs collègues étrangers !

9)
François Cuneo
, le 12.01.2015 à 16:57

En effet Diego, j’en ai un en plein dedans, et je me réjouis qu’il rentre.

Avoir des nouvelles d’un gars qui marche tout seul à travers la Nouvelle Zélande et n’avoir de nouvelles de lui qu’épisodiquement, disons que ce n’est pas tout à fait rassurant.

Quant à moi, j’aime bien rester à la maison:-)

10)
Smop
, le 12.01.2015 à 17:08

Partir d’où et surtout partir pour aller où ? Partir est-ce fuir ou aller quelque part ? De bonnes questions à se poser … avant de partir !

Entre 27 et 30 ans, je suis parti vivre en Australie puis en Afrique du Sud. A 35 ans, je suis parti pendant quatorze mois, cette fois en couple et en voilier autour de l’Atlantique. Plus tard, à 39 ans, je suis encore parti, toujours en couple, passer quatre ans à Tahiti. A chaque fois mû par le même désir de (presque) tout recommencer à zéro, poursuivant la seule chose qui me semble donner un sens à la vie, le changement. Je partirai très probablement encore.

Mais part-on vraiment ?

Aujourd’hui, à 49 ans, avec le recul que permet l’âge et le temps qui passe, j’ai le sentiment que partir c’est avant tout emporter avec soi sa bulle. Au fond, le paysage, l’environnement changent, mais ni nous-mêmes ni notre façon de vivre. Finalement, je me demande si le départ n’est pas plus perceptible par ceux qui restent que par ceux qui partent.

11)
Roger Baudet
, le 12.01.2015 à 17:39

Finalement, je me demande si le départ n’est pas plus perceptible par ceux qui restent que par ceux qui partent.

Joli et certainement vrai. Quant à la notion de «bulle», tout dépend de comment on voyage. Le bateau est en lui même une bulle où, chaque soir, on retrouve la brosse à dents à la même place. C’est l’équipage qui décide s’il veut aller à la rencontre de l’autre ou non. Mais la mer a ses réalités et parfois, la bulle est bien secouée :-)

12)
ToTheEnd
, le 12.01.2015 à 20:28

c’était déjà le cas à l’époque où Bashar était fréquentable et où l’Irak, c’était les gentils et l’Iran les méchants …

Sûrement mais le fait est que la Turquie se trouve sur un point de passage géographique sensible. Désactiver une carte SIM après 3 mois, il y a forcément une raison technico/légale pour gêner certaines activités… Je rappelle que la Suisse a aussi été forcée de faire quelque chose d’ennuyeux pour certaines personnes après les attentats de 2001: il n’était plus possible d’acheter des cartes SIM sans présenter ses papiers d’identité.

Partir d’où et surtout partir pour aller où ? Partir est-ce fuir ou aller quelque part ? De bonnes questions à se poser … avant de partir !

Très pertinent! Ça m’a rappelé ce qu’un vieux copain disait au sujet des départs: « Quand tu pars, tu pars avec tes problèmes. »

La moralité sous-jacente c’est que beaucoup de gens qui veulent partir c’est pour échapper à des problèmes dans lesquels ils se sont mis tout seul… autrement dit, on retrouve les mêmes problèmes ailleurs car on en est la source.

T

13)
Argos
, le 13.01.2015 à 09:29

Moi je suis aussi parti parce que je trouvais la Suisse triste et parfaitement ennuyeuse. Et depuis, je ne me suis plus ennuyé un seul jour. Nombre de mes amis, qui rêvent d’aller en Suisse, ne pourront jamais comprendre que je me sens bien mieux chez eux. C’est vrai que faire la fête dans le jardin jusqu’à point d’heure sans que des voisins furieux appellent la police est un extraordinaire avantage.

14)
ToTheEnd
, le 13.01.2015 à 18:30

C’est vrai que faire la fête dans le jardin jusqu’à point d’heure sans que des voisins furieux appellent la police est un extraordinaire avantage.

Je pense que c’est la première fois qu’il m’est donné de lire un message de ce type pour justifier le départ d’un pays. Impressionnant.

T

15)
Modane
, le 13.01.2015 à 19:02

Je n’aime pas voyager. J’aime juste partir. Je pourrai partir quatre fois, revenir dans la demi-heure, je serais comblé. Après, pour le voyage, la musique suffit. Jouer est le plus séduisant des voyages…