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Les trésors du Trésor public 2, le retour

J'ai reçu plein de témoignages (disons… trois au moins) me disant leur plaisir de lire les trésors du Trésor public de la semaine passée.

L'un d'eux, émanant d'un lecteur qui a, il y a bien longtemps, déjà participé aux humeurs de Cuk.ch (il s'agissait d'un pastiche hilarant de Forum sur le net que je ne saurais que trop vous recommander si vous ne lisiez pas notre site à l'époque) et qui veut garder l'anonymat pour des questions de modestie, m'a fait parvenir deux lettres absolument certifiées authentiques, envoyées en 2000, à certaines de nos administrations (un peu longue cette phrase, j'en conviens).

Je ne résiste pas à vous les faire lire, les voici donc, accompagnées des commentaires de son auteur:

À François Cuneo

Bonjour!

En découvrant les lettres "trésorières" que vous avez publiées sur Cuk, je me suis souvenu avoir commis deux missives, chargées d'une égale affection. Je vous les livre, pour votre lecture personnelle, et pour prolonger la gaudriole. La première date d'août 2000, la seconde d'octobre de la même année.

__________

Administration de la taxe d'exemption de l'obligation de servir
Direction de la police et des affaires militaires
Papiermühlestrasse 17
3000 Berne 22 Cher Office,

J'accuse réception de ton courrier du 18 août, par lequel tu me presses de m'acquitter de la taxe pour l'année écoulée, fixée à 558 fr. Ne te bile plus, ma grande, je veillerai à satisfaire ta gourmandise. Tu seras cependant avisée de patienter un tantinet. De par mon statut actuel de psychologue stagiaire, mon salaire actuel souffre le martyr. Il n'excède pas, par mois, 1000 fr. bruts. Quant à mon épouse, elle ne perçoit pas de rétribution. Sort ingrat, elle passe le plus clair de ses journées, en compagnie de notre progéniture brâmante, à préparer des biberons et changer des couches.

Tu ne te vexeras donc point si, avant de te régler, je destine en priorité l'essentiel de mon pécule à des fins alimentaires. Mes petiots quémandent des roudoudous, ma chienne exige son canigou et ma caisse maladie ne pense qu'à ses traites. Dès que se seront apaisées ces tourmentes revendicatrices, promis, je songerai à toi.

En revanche – ne le prends pas mal – tu pourras te brosser avec les 50 fr. d'émoluments que tu me réclames parce que, tout de même, faut pas abuser dans le racket. Il se trouve que ce montant-là est réservé à mon abonnement annuel à PlayBoy.

Ici, il fait un temps dégueulasse. J'espère qu'à Papiermühlestrasse tu as le beau.

Je te prie d'agréer, mon Trésor, l'expression de mes sentiments distingués.

__________

Office bernois de la circulation routière et de la navigation
Direction de la police et des affaires militaires
Hauptstrasse 1
2552 Orpund

Cher Office,

J'accuse réception de ton courrier du 20 septembre, par lequel tu me pries de présenter mon Motocycle BE-59482 Marque Suzuki GSX-R 750 No. matricule 416.277.618, à la vigilance experte de tes examinateurs, le 18 octobre à 11 h 10. C'est fort aimable à toi de te soucier de l'état de fonctionnement général de mon motocycle, et je t'en remercie. Mais le matricule 416.277.618 n'est pas très chaud à l'idée de cette party-cambouis, et moi-même j'en frissonne. Sache-le, nous n'en serons donc pas.

Car, vois-tu, la date que tu avances est audacieuse. L'adage populaire le clame tous les 18 octobre: "Le climat de la Saint-Luc sied peu aux eunuques". Que l'évocation de cette sagesse saisonnière ne t'induise pas en erreur: je dispose, à satisfaction, de mes attributs virils les plus intimes. Mais à cette date, je ne prends plus le risque de confier ma couenne, mes fesses et mes adiposités aux aléas venteux, et pour tout dire souvent frigorigènes, d'une selle de moto. Coquetterie de frileux, je n'emballe mon épiderme que dans la soie calorifique d'une enveloppe Thermolactyl. Et je ne me sépare de mon cachez-nez que pour butiner dans les radiateurs.

Donc, voilà, nous ne verrons pas. Je rendrai les plaques d'immatriculation de ma moto en début de semaine prochaine, afin de la laisser se reposer les bielles. Et dans l'immédiat, j'entends me siroter une bergamote brûlante.

Cher Office, tu seras fort aimable de me signaler que tu as pris note de mes indispositions pré-hivernales. Dans l'intervalle, je t'adresse mes salutations douillettes.

Tout de même, l'administration est peu joueuse: je me souviens avoir reçu un simple rappel avec menaces de poursuites à la suite de la première lettre, et une nouvelle convocation, tôt l'année suivante, à la suite de la seconde. Il me reste beaucoup de progrès à faire: l'humour au 16e degré, je ne capte pas encore…

Salutations administratives.

P.C.

Je suis tout bonnement admiratif par rapport à ce genre de missives. En effet, je ne suis pas particulièrement froussard, mais l'administration me glace. J'ai tendance à dire "Oui Monsieur, d'accord Madame" lorsque j'ai affaire à ses fonctionnaires.

C'est un peu comme le passage à la douane (eh oui, pauvres Suisses hors de l'Europe que nous sommes, nous avons encore des douanes pour passer dans les pays voisins): même si je n'ai rien à déclarer, j'ai le pied qui tremble sur l'embrayage.

Il faudra que je songe à faire l'acquisition d'une voiture automatique.

2 commentaires
1)
Bigalo
, le 09.02.2003 à 12:46

Bravo pour les courriers, mais l’anonymat est relatif, si l’immatriculation indiquée est réelle ;-))

2)
Khertan
, le 09.02.2003 à 13:55

:) nice :)

La prochaine fois je leur fais ca pour la taxe d habitation … (3 mois de revenu … huhu)